dimanche 11 novembre 2007

Me'hayé Hametim à la vision d'un être cher (après 12 mois)

Me’hayé Hametim à la vision d’un être cher (après 12 mois)

Dans la précédente Hala’ha (que vous pouvez consulter en cliquant ici), nous avons expliqué que lorsque l’on voit un être cher, un ami intime ou un proche parent, que l’on n’a pas vu depuis 30 jours, on doit réciter la Bra’ha de Shehe’heyanou en le voyant.

La Gmara dans Bra’hot (58b), qui constitue la source de ce Din, poursuit en disant que si la séparation à durée 12 mois, on ne doit plus réciter la Bra’ha de Shehe’heyanou, mais celle de Me’hayé Hametim, c'est-à-dire :

Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Elohenou Mele’h Ha’olam Me’hayé Hametim.

Traduction : Tu es Bénis Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre Dieu, Roi du Monde, qui fait revivre les morts.

En effet, le délai de 12 mois représente le temps au bout duquel l’être humain commence à oublier la personne. Nous l’apprenons de la règle de deuil pour la perte d’un père ou d’une mère. Selon cette règle, l’endeuillé n’est plus soumis aux restrictions du deuil au bout de 12 mois, car nous considérons que l’oublie commence à s’installer en lui. Ce principe est déduit d’un verset des Tehilim : « J’ai été oublié, comme le cœur oublie le mort. »

Une personne que l’on revoit après 12 mois de séparation, est comparable, d’une certaine façon, à un mort qui « revient à la vie ».

Nous avions aussi précisé que la Bra’ha de Shehe’heyanou après avoir vu un être cher que l’on a pas vu depuis au moins 30 jours, ne peut être récitée que si cette personne nous est très cher et que la retrouvaille nous procure une réelle joie.

Le Din est le même en ce qui concerne la Bra’ha de Me’hayé Hametim au bout de 12 mois de séparation avec un être cher. Cette Bra’ha ne doit être récitée que si cette personne nous est vraiment cher, et que le fait de la revoir au bout de 12 mois, nous remplie de joie. (Ex : son conjoint, son fils, sa fille, un ami intime qui nous est très proche ….)

Cette Bra’ha de Me’hayé Hametim après 12 mois, tout comme la Bra’ha de Shehe’heyanou après 30 jours, sont toutes les 2 tranchées dans le Shoul’han ‘Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.225).

Cependant, dans la réalité, il est très peu probable que l’on soit confronté à la récitation de la Bra’ha de Me’hayé Hametim de notre époque, comme nous allons l’expliquer.

Dans la Hala’ha précédente, nous avons précisé concernant la Bra’ha de Shehe’heyanou lorsque l’on voit un être cher que l’on a pas vu depuis au moins 30 jours, qu’il était juste selon la Hala’ha de réciter cette Bra’ha même de notre époque, comme le tranche notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita.

Mais nous avons aussi mentionné d’autres opinions selon lesquelles, de notre époque, cet usage n’était plus en vigueur.

Parmi ces opinions, nous trouvons celle du Gaon Rabbi Eliyahou ‘HAZZAN z.ts.l[DP1] , dans son livre Shou’t Ta’aloumot Lev. Le Gaon fut consulté sur cette question, et il répondit :

« Le fait que de notre époque, les moyens de communications se sont beaucoup développé, avec le téléphone, le télégraphe, la poste présente dans chaque ville (N.D.T il faut ajouté les moyens de notre temps comme le fax, Internet, le téléphone portable …), il est donc certain que même si l’on n’a pas vu son ami depuis 30 jours, il est plus que probable que l’on a eu de ses nouvelles par l’intermédiaire des moyens de communication.

Il ne faut donc plus réciter la Bra’ha de She’heyanou au bout de 30 jours de séparation, ni celle de Me’hayé Hametim au bout de 12 mois. C’est ainsi qu’écrit notre maître le ‘HYDA[DP2] dans son livre Birké Yossef, au nom de son grand père le Gaon Rabbi Avraham AZOULAÏ z.ts.l (l’auteur du ‘Hessed LeAvraham). »

Cependant, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita émet une remarque sur les propos de l’auteur du Ta’aloumot Lev que nous venons de citer.

En effet, voici, de façon précise, les propos de notre maître le HYDA z.ts.l :

« J’ai entendu que l’on ne doit réciter la Bra’ah de Me’hayé Hametim après 12 mois de séparation, uniquement dans le cas où il n’y a eu aucune correspondance durant ces 12 mois, et que l’on n’a eu aucune nouvelle de la personne qui nous est cher. Mais si l’on a eu de ses nouvelles, ou qu’il y a eu correspondance durant ces 12 mois, on ne récite pas Me’hayé Hametim lors des retrouvailles. » Le ‘HYDA rapporte cela au nom de son grand père le Gaon Rabbi Avraham AZOULAÏ z.ts.l.

Il en découle que les propos du HYDA ne se rapportent qu’à la Bra’ha de Me’hayé Hametim, mais pour ce qui est de la Bra’ha de Shehe’heyanou après 30 jours de séparation, on est tenus de la réciter, même dans le cas où il y a eu échange de contacts ou correspondance quelconque. C’est ainsi que tranche l’auteur du livre Shou’t Hala’hot Ketanot[DP3] (chap.220), et voici ses termes :

« Il semble que l’on ne doit pas réciter la Bra’ha de Me’hayé Hametim lorsque l’on a reçu une lettre de son ami, ou que des gens sont venu nous apporté de ses nouvelles et nous dire qu’il se porte bien, car ce cas ne s’assimile pas à un mort que l’on oublie au bout de 12 mois (puisque l’on a eu des nouvelles de la personne). Mais la Bra’ha de Shehe’heyanou après une séparation d’au moins 30 jours, n’a été instituée que pour la vision du visage de l’être cher, vision qui nous procure une joie, cette Bra’ha doit être récitée même s’il y a eu contacts durant cette séparation de 30 jours. »

En conclusion :

La Bra’ha de Shehe’heyanou doit être récitée lorsque l’on voit une personne qui nous est particulièrement cher, et que l’on a pas vu depuis au moins 30 jours, et cela, même si l’on a eu des contacts avec cette personne durant ces 30 jours.

Par contre, la Bra’ha de Me’hayé Hametim que l’on récite après être resté séparé au moins 12 mois avec une personne qui nous est cher ; s’il y a eu des contacts téléphoniques ou autres durant ces 12 mois, ou que l’on a eu des nouvelles positives de la personne par personnes interposées, on ne récite pas la Bra’ha de Me’hayé hametim lors des retrouvailles au bout de 12 mois.

De notre époque, il est pratiquement impossible de rester 12 mois sans nouvelles d’un être cher, la probabilité de la récitation de cette Bra’ha est donc quasiment inexistante.

Mais l’on récite quand même Shehe’heyanou.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768

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[DP1]

Rabbi Eliyahou ‘HAZZAN Israël 19ème siècle

[DP2]HYDA Rabbi Haïm Yossef David AZOULAÏ Israël - Italie 18ème siècle

[DP3]

Rabbi Israël Yaakov ‘HAGUIZZ Israël 17ème siècle, gendre de Rabbi Moshé GALLANTI (le « Maguen »), et beau père du Peri ‘Hadash (Rabbi ‘Hizkiyahou Da SILVA)



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