jeudi 20 décembre 2007

Mentionner le Nom d’Hashem, tête couverte

Mentionner le Nom d’Hashem, tête couverte

Question

Une personne qui se lève en pleine nuit, et qui se lave les mains pour boire un verre d’eau. Peut elle simplement placer sa main sur sa tête pour réciter la Bra’ha, ou bien doit elle obligatoirement se couvrir la tête avec une Kipa ou autre ?

Réponse

Avant tout, nous ne devons expliquer l’obligation de se couvrir la tête pour un homme.

Il est prouvé dans la Gmara et les Poskim, qu’il n’y a pas une réelle obligation pour un homme, de marcher en permanence la tête couverte.

Effectivement, il est enseigné dans la Gmara Shabbat (118b) :

Rav Houna, fils de Rav Yehoshoua’ dit : « Je mérite La Bénédiction, car je n’ai jamais marché 4 Amot (environ 2 m) avec la tête découverte. »

Dans la Gmara Kiddoushin (31a), Rav Houna, fils de Rav Yehoshoua’ explique cette restriction en disant : « La She’hina (la Présence Divine) se trouve au dessus de ma tête ! »

L’auteur du Kol Bo[DP1] , explique que cet enseignement n’est pas un DIN (une réelle obligation), mais un comportement de grande piété (Midat ‘Hassidout). L’auteur du Or’hot ‘Haïm[DP2] (Hala’hot Tefila chap.48) rapporte la même opinion au nom du MaHaRaM de Rottenbourg[DP3] . La majorité des autres Rishonim sont du même avis.

Cependant, le TaZ[DP4] (Touré Zahav) écrit qu’il y a un réel interdit pour un juif de marcher la tête découverte. En effet, selon le Taz, puisque les non juifs ont pour usage de se découvrir la tête lorsqu’ils s’assoient, il y a là la transgression de l’interdit de « Vous n’imiterez pas leurs usages ».

Mais selon l’opinion de MARAN[DP5] , dans le Beit Yossef, lorsque l’on pratique un usage des non juifs, mais qui peut avoir chez eux une connotation autre que religieuse, comme par exemple, le fait de se découvrir la tête à cause de la chaleur, ou de la fatigue, ou autre, il n’y a pas de transgression de l’interdit de « Vous n’imiterez pas leurs usages ».

Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita écrit que de notre époque, le fait d’avoir la tête couverte, fait toute la différence entre celui qui sert Hashem, et celui qui ne Le sert pas. En effet, nous pouvons constater que malheureusement, la majorité des gens qui ne se couvrent pas la tête, sont des personnes qui rejettent les principales valeurs de la Torah. Il y a donc aujourd’hui beaucoup plus qu’un simple comportement de grande piété dans le fait de marcher, la tête couverte.

Toutefois, lorsqu’une personne se trouve chez elle, et qu’elle se lève la nuit, elle n’a pas de réelle obligation, selon le DIN, de marcher avec la tête couverte.

De même, lorsque l’on se trouve à la piscine ou à la plage (sans mélange d’hommes et de femmes, évidement !!!), où l’on n’a pas l’usage de marcher avec la tête couverte, il n’y a dans ces endroits, aucune réelle obligation selon le DIN, de se couvrir la tête.

Il nous reste maintenant à expliquer le DIN, lorsqu’il s’agit, non plus seulement de marcher, la tête découverte, mais de mentionner le Nom d’Hashem, avec la tête découverte. (Il faut préciser que ce DIN concernerai même les femmes)

Il est enseigné dans le traité Soferim (chap.14, Hala’ha 15) :

Une personne, dont les vêtements sont partiellement déchirés, et dont la tête est découverte, peut lire le Shema’. Certains disent que si ses vêtements sont partiellement déchirés, il peut lire le Shema’, mais pas si sa tête est aussi découverte, car cette personne n’est pas autorisée à mentionner le Nom d’Hashem, avec la tête découverte.

Il en ressort que le fait de mentionner le Nom d’Hashem avec la tête découverte, fait l’objet d’une Ma’hloket (une divergence d’opinion hala’hic) dans la Mishna.

MARAN, dans le Beit Yossef (Ora’h ‘HaÏm chap.91) rapporte au nom de Rabbenou Yero’ham[DP6] , que du point de vue de la Hala’ha, nous tranchons qu’il est interdit de mentionner le Nom d’Hashem, avec la tête découverte. C’est ainsi que tranche MARAN également dans le Shoul’han ‘Arou’h (même chapitre).

Reste à répondre à notre question initiale : suffit il de se mettre la main sur la tête pour réciter une Bra’ha ?

Il est écrit dans le livre Teroumat Hadeshen[DP7] (chap.10) :

Le fait de placer la main sur la tête, n’est pas considéré comme se couvrir la tête, car la tête et la main font parties du même corps. Or, le corps ne peut pas se couvrir lui-même.

Nous constatons que le fait de placer la main sur la tête, ne représente pas un couvre-chef. C’est ainsi que tranche également MARAN dans le Shoul’han ‘Arou’h.

Mais MARAN ajoute, que selon l’explication d Teroumat Hadeshen, il semble que si une autre personne place sa main sur la tête de la personne qui désire réciter une Bra’ha, cette personne peut réciter sa Bra’ha, car ce n’est pas le même corps.

Conclusion

Lorsque l’on désir réciter une Bra’ha, on est tenu de mettre une Kipa ou autre chose sur la tête. On peut aussi réciter une Bra’ha, lorsque la main de quelqu’un d’autre nous couvre la tête. Mais se couvrir la tête avec sa propre main, ne suffit pas pour réciter une Bra’ha.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768

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[DP1]Kol Bo Auteur inconnu, probablement élève du Or’hot ‘Haïm – 13ème siècle

[DP2]Or’hot ‘Haïm Rabbenou Aharon Bar Rabbi Yaakov France 13ème siècle

[DP3]MaHARaM de Rottenbourg Morénou Harav Rabbenou Meïr de Rottenbourg Allemagne 13ème siècle

[DP4]TaZ ou Touré Zahav Rabbi David SEGUEL HaLevi Pologne 17ème siècle

[DP5]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[DP6]

Rabbenou Yero’ham France – Espagne 14ème siècle

[DP7]

Teroumat Hadeshen Rabbi Israël ISSERLEIN Autriche 15ème siècle

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