mardi 1 janvier 2008

Se découvrir des parties du corps

Se découvrir des parties du corps

Question

Y a-t-il une obligation selon le Din de veiller à ne pas découvrir son corps, même lorsqu’on se trouve seul ? Si oui, jusqu’à quel point ?

Réponse

Il est enseigné dans la Gmara Yoma (47a) :

Nos ‘Ha’hamim enseignent : Une femme du nom de KIM’HIT avait 7 fils. Ils ont tous eu le mérite d’occuper les fonctions de Cohen Gadol (Grand Prêtre dans le Beit Hamikdash). Un jour, les ‘Ha’hamim vinrent lui demander quel mérite avait elle pour avoir eu ce privilège. Elle leur répondit : « Les murs de ma maison n’ont jamais vus les tresses de mes cheveux ! »

Rashi [DP1] cite sur place les propos du Yeroushalmi sur le verset des Tehilim :

« Toute la dignité d’une princesse, est à l’intérieur, et son vêtement est incrusté d’or. » Une femme pudique mérite d’avoir un enfant qui pourrait être Cohen Gadol, dont les vêtements étaient incrustés d’or.

Le sens de cet enseignement nous indique que KIM’HIT était tellement pudique au point de ne jamais découvrir ses cheveux, et cela, même devant les simples murs de sa maison. Tout ceci, par la grande notion de pudeur qu’elle avait vis-à-vis d’Hashem, dont l’univers entier est rempli de Sa gloire.

MARAN [DP2] écrit dans le Shoul’han ‘Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.2) :

On ne doit pas revêtir son habit en position assise (lorsqu’on se lève de son lit, et que l’on a dormi nu ou torse nu), mais on doit prendre le vêtement tout en restant couché, en y introduisant d’abord la tête, puis les bras, de sorte d’être couvert lorsqu’on se lève.

Nous pouvons en déduire que l’on doit s’efforcer de rester pudique, même là ou il n’y a personne, car l’univers entier est rempli de Sa gloire. De même que nous n’avons pas l’usage de nous dévêtir devant nos semblables, au même titre, nous devons veiller à ne pas nous dévêtir devant Hashem, excepté lorsqu’on se lave ou autre, car il est impossible de faire autrement, et il n’y a là aucun risque de transgression.

La Gmara Shabbat (118b) rapporte :

Rabbi Yossé se félicitait en disant :

« De toute ma vie, les murs de ma maison n’ont jamais vu les coutures intérieures de mon vêtement ! (Il ne s’était jamais dévêtu de façon impudique, même lorsqu’il était seul dans sa maison) ».

Le fait que Rabbi Yossé se félicitait de cela, nous indique que ce n’est pas une totale obligation selon le Din, mais seulement une mesure de piété.

C’est ainsi qu’explique longuement le Gaon Rabbi David YOSSEF [DP3] shalita dans son livre HALA’HA BEROURA (Tome1 page 22). Il écrit que ceci n’est pas une véritable obligation imposée par la Hala’ha, et il ajoute que son père, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita, approuve cette opinion.

Le fait que MARAN emploi les termes « On ne doit pas revêtir son habit… » n’implique pas qu’il y a là une interdiction, mais seulement un bon comportement que chacun doit adopter, selon ses possibilités. En particulier, à cause du fait que ce comportement aidera l’individu à prendre conscience, même lorsqu’il est seul, qu’un œil voit, une oreille écoute, et tous que tous ses actes sont consignés dans un livre. Cette attitude l’aidera aussi à craindre véritablement Hashem, et il n’arrivera pas à commettre des fautes, même dans l’intimité.

Que ce comportement soit imposé par la Hala’ha en tant que véritable obligation, ou bien qu’il ne soit qu’un bon comportement à adopter, ne fait pas de différence, et chacun se doit de l’adopter.

Cependant, dans une situation de nécessité, on peut autoriser, puisqu’il n’est pas une réelle obligation selon le Din.

Le Gaon Rabbi Menashé KLEIN shalita écrit dans son livre Mishné Hala’hot (Tome 6 chap.2) que ce comportement est une totale obligation selon le Din, puisqu’il est cité dans la Gmara et les Poskim (les décisionnaires), et qu’il est rapporté par le Shoul’han ‘Arou’h de façon générique, sans préciser s’il vise un grand homme ou n’importe qui. Le fait que Rabbi Yossé se félicitait du fait que les murs de sa maison n’ont jamais vu les coutures intérieures de son vêtement, ne montre pas simplement une grande piété de sa part, mais plutôt que les gens de sa génération n’étaient pas vigilants sur ce Din. Le Mishné Hala’hot tire aussi une preuve à partir de la Gmara Yoma qui cite l’exemple de KIM’HIT, dont les murs de la maison n’ont jamais vu les tresses de ses cheveux.

Mais en réalité, ses propos sont réfutables.

En effet, est il concevable que du temps de Rabbi Yossé, la majeure partie des gens négligeaient un véritable DIN, au point que Rabbi Yossé se félicite de ne pas le négliger ?!

De toutes les façons, les sens même de la Gmara indique que ceci n’est qu’une mesure de piétée.

Il n’y a pas non plus de preuve du cas de KIM’HIT, car non seulement ce cas n’indique qu’une grande pudeur et une grande piété, mais surtout parce que l’auteur du MENORAT HAMAOR (le Gaon Rabbi Its’hak ABOAB z.ts.l)[DP4] écrit que la Gmara emploie des termes volontairement exagérés lorsqu’elle dit que « les murs de sa maisons n’ont jamais vu les tresses de ses cheveux ». Ceci est techniquement impossible – explique le MENORAT HAMAOR – car il arrivait qu’elle se lavait ou qu’elle se peignait les cheveux. La Gmara a volontairement exagéré les termes pour indiquer la grande pudeur que KIM’HIT possédait.

Par conséquent, il n’y a là aucune obligation réelle selon le Din, mais seulement un bon comportement qu’il est souhaitable, pour tout individu, d’adopter, selon ses possibilités. Grâce à cela, une crainte d’Hashem pure va s’implanter dans son cœur, et il méritera beaucoup de bien.

Toute personne qui augmentera une telle pudeur, sera digne de la Bénédiction.

Ce n’est pas pour rien que MARAN cite un tel comportement dans son livre, le Shoul’han ‘Arou’h, qui ne traite généralement pas de simples bons usages à adopter, mais essentiellement de lois et obligations que l’homme doit respecter, alors qu’ici, MARAN prend la peine d’écrire cet usage si important et si juste pour tout individu, selon ses possibilités.

Cependant, dans une situation de nécessité, il n’est pas obligatoire de faire attention à cela, particulièrement, lorsqu’on se trouve dans un lieu où les gens ont l’usage d’être découverts, comme à la piscine ou à la plage, (si la piscine ou la plage sont fréquentées par des hommes et des femmes en même temps, il est interdit d’y aller, même si l’on est habillé !!!).

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768

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[DP1]RaSHI Rabbi Shlomo ITS’HAKI France 11ème siècle

[DP2]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[DP3]Rabbi David YOSSEF Auteur du Hala’ha Broura, Torat Hamoadim entre autres…, Directeur des Institutions Ye’havé Daat à Jérusalem, digne fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita, et Rav du quartier de Har Nof – Jérusalem

[DP4]Rabbi Its’hak ABOAB 15ème siècle Portugal – Israël. Auteur du Menorat Hamaor, et l’un des Poskim les plus important chez les juifs Sefarades. Maran le cite souvent dans le Beit Yossef, et avec beaucoup d’égards.

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