lundi 5 mai 2008

La transmission de la Torah Orale

La transmission de la Torah Orale

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah

Question

Qu’est ce que la Torah Orale, et comment s’est elle diffusée à travers le temps ?

Sources et développement

Toutes les Mitsvot ont été données à Moshé Rabbenou au Mont Sinaï, accompagnées de leurs explications, comme il est dit : « je te donnerai les Tables de pierre, ainsi que la Torah et la Mitsva… » (Shemot 24), et le Zohar Hakadosh commente : « La Torah », c’est la Torah Ecrite (les 5 Livres de la Torah) ; « La Mitsva », c’est la Mishna, qui est la Torah Orale.

C’est également le sens de la Bénédiction que nous récitons après être monté à la Torah : « Asher natan Lanou Ete Torato Torat Emete, Ve’hayé ‘Olam Nata’ Beto’henou… » (« …qui nous a donné Sa Torah, une Torah de vérité, et qui a implanté en nous une vie éternelle… »), « une Torah de vérité », c’est la Torah Ecrite ; « et « qui a implanté en nous une vie éternelle… », c’est la Torah Orale.

( Voir Shoul’han ‘Arou’h O.’H chap.139)

Il est rapporté dans la Midrash (Yalkout Shim’oni Parashat Vayele’h, allusion 945) :

Moshé Rabbenou a écrit toute la Torah – dans son intégralité – de sa propre main juste avant sa mort, et a donné un Sefer Torah à chaque tribu.

Par contre la « Mitsva » – que l’on a défini plus haut comme étant la Torah Orale, qui est l’explication de la Torah Ecrite – Moshé Rabbenou ne la pas mise par écrit, mais l’enseigna aux Anciens et à Yehoshoua’ Bin Noun – son disciple -, ainsi qu’au reste d’Israël.

C’est pour cela qu’elle se nomme « Torah Orale ».

Et même si Moshé Rabbenou ne mis pas la Torah Orale, part écrit, il l’enseigna dans son intégralité à son Beit Din – les 70 Anciens –, ainsi qu’à Yehoshoua’ Bin Noun, son disciple.

De nombreux Anciens (c'est-à-dire, des Sages) ont reçu la Torah Orale de la bouche de Yehoshoua Bin Noun.

Du temps des Juges d’Israël, les Anciens de chaque génération reçurent la Torah de leurs maîtres, et la transmirent à leur tour à leurs disciples, jusqu’à l’époque du prophète Shemouel (en l’an 2700, ou en 1060 avant l’ère vulgaire) qui fut le 1er des Prophètes d’Israël. Shemouel reçu la Torah de la bouche des Anciens, et la transmis à son tour à ses élèves – les Prophètes – qui la transmirent à leur tour – de génération en génération – jusqu’à ‘Ezra le Scribe, qui reçu la Torah Orale de la bouche des derniers Prophètes (‘Hagaï, Ze’harya et Mal’a’hi).

Les membres du Beit Din de ‘Ezra, se nomment « les Membres de la Grande Assemblée » (Anshé Kenesset Haguedola), dont le dernier est Shim’on Ha Tsaddik (en l’an 3580, ou en 180 avant l’ère vulgaire).

Shim’on Ha Tsaddik reçu la Torah Orale de tous les Membres de la Grande Assemblée, et c’est de sa bouche que ses disciples et les disciples de ses disciples reçurent la Torah Orale, durant 6 générations, jusqu’à Hillel et Shamaï (en l’an

3820, ou en 60 de l’ère vulgaire).

Hillel et Shamaï, leurs disciples, ainsi que les disciples de leurs disciples – durant 6 générations, jusqu’à Rabbi Yehouda Ha Nassi – sont les Sages d’Israël que l’on appelle les « Tanaïm ». C’est Rabbi Yehouda Ha Nassi – que nous appelons aussi Rabbenou Ha Kadosh – qui conclut la rédaction de la Mishna (en l’an 3940, ou en 180 de l’ère vulgiaire).

Depuis l’époque de Moshé Rabbenou, jusqu’à Rabbenou Ha Kadosh, on ne mis jamais par écrit les enseignements de la Torah Orale, pour les enseigner en publique, mais seulement, le Rosh Beit Din (le chef du Beit Din) de chaque génération, ou le Prophète de la génération, écrivait pour lui-même – afin de s’en rappeler – les idées initiales des enseignements qu’il avait reçu lui-même de ses maîtres, et il les enseignait oralement. De même, chacun notait pour lui-même ce qu’il avait reçu de ses maîtres, et enseignait à d’autres personnes – oralement – aussi bien les enseignements qu’il avait reçu de ses maîtres, que les enseignements qu’ils avaient eux même innovés sans les avoir entendu de leurs maîtres, mais uniquement au moyen des 13 techniques d’analyse avec lesquelles la Torah est étudiée. Par exemple, au moyen de la Guezera Shava (la mise en parallèle de 2 versets qui ont un mot en commun), ou bien ce que nous disons dans la Haggada de Pessa’h :

Rabbi El’azar Ben ‘Azarya dit : « Je suis comme un vieillard de 70 ans, et je n’ai pas encore mérité d’entendre un enseignement prouvant que la sortie d’Egypte doit être mentionnée (en lisant le 3ème paragraphe du Shema’ de ‘Arvit), jusqu’à ce que Ben Zoma fasse l’analyse du verset… »

Ce qui veut dire qu’il n’avait pas d’enseignement qui leur avait été transmis par leurs maîtres, et dans lequel on pouvait apprendre qu’il fallait mentionner le 3ème paragraphe du Shema’ dans le Shema’ de Arvit, et les Sages d’Israël étaient partagés sur cette question. Jusqu’à ce que Ben Zoma fasse l’analyse d’un verset et que les Sages d’Israël acceptent ses propos, car sur l’analyse en elle-même, il n’y a avait pas de divergence, puisque les 13 techniques d’analyse avec lesquelles la Torah est étudiée, ont été acceptés explicitement depuis Moshé Rabbenou, génération après génération.

C’est ainsi que la Torah Orale traversa toutes les générations, de façon constante, jusqu’à Rabbenou Ha Kadosh qui rassembla toutes les lois ainsi que toutes les explications et les commentaires que l’on avait entendu depuis Moshé Rabbenou, et que ses disciples et les disciples de ses disciples avaient transmis à chaque génération.

Rabbenou Ha Kadosh rédigea la Mishna, et l’enseigna à d’autres Sages en public, jusqu’à ce qu’elle se propage dans tout Israël.

Qu’est ce qui motiva Rabbenou Ha Kadosh à agir ainsi ? Pourquoi ne laissa t-il pas la Torah Orale dans l’état où elle était ?

Parce qu’il constata que les disciples se faisaient rares, que les persécutions se renouvelaient sans cesse sur Israël, que l’empire Romain s’étendait sur le monde entier en devenant très puissant, et que le peuple d’Israël se dispersait jusqu’aux extrémités du monde.

C’est pourquoi, il rédigea un ouvrage dans lequel les gens apprendront, et ainsi, la Torah ne sera pas oubliée d’Israël.

Malgré qu’il était normalement interdit de mettre par écrit, la Torah Orale (comme nous l’apprenons dans la Gmara Guittin 60b), Rabbenou Ha Kadosh leva cet interdit parce qu’il estima que le moment était un moment d’urgence et qu’il fallait agir pour Hashem, afin que la Torah ne soit pas oubliée d’Israël.

Rabbenou Ha Kadosh se consacra toute sa vie – lui et les membres de son Beit Din – à enseigner la Torah en public.

Parmi les grands sages de son Beit Din, nous trouvons Rabbi ‘Hiya, Rabbi Hosha’ya, Rav et Shemouel, et Rabbi Yo’hanan.

Rav rédigea la Safra et le Sifré, dans le but d’éclaircir et de faire connaître les principes de chaque Mishna, ainsi que son origine.

Rabbi ‘Hiya rédigea la Tossefta, dans le but d’expliquer les sujets de chaque Mishna.

Rabbi Hosha’ya rédigea les Baraïtot qui expliquent également les propos de la Mishna.

Les sages qui se levèrent après Rabbenou Ha Kadosh – aussi bien ceux d’Israël, durant 4 générations (environ 150 ans), aussi bien ceux de Babylone, durant 7 générations (environ 300 ans) – sont appelés les Amoraïm, qui sont les Sages de la Gmara (le Talmud).

Parmi les premiers Amoraïm d’Israël, nous trouvons Rabbi Yo’hanan et Rabbi Shim’on Ben Lakish (Resh Lakish), grâce auxquels 3 générations reçurent la Torah, jusqu’à l’achèvement du Talmud Yeroushalmi (le Talmud de Jérusalem), qui eu lieu environ 300 ans après la Destruction du 2ème Temple de Jérusalem.

En parallèle, nous trouvons à Babylone, Rav et Shemouel grâce auxquels 6 générations reçurent la Torah, jusqu’à Rav Ashé et Ravina, avec lesquels s’achève la rédaction du Talmud de Babylone, environ 400 ans après la Destruction du 2ème Temple de Jérusalem.

Si l’on remonte de Rav Ashé (qui est le dernier des Amoraïm) jusqu’à Moshé Rabbenou, nous trouvons pas moins de 40 générations qui ont toutes accepté la Torah Orale, l’une après l’autre, durant environ 1700 ans. Or, Moshé Rabbenou lui, a reçu la Torah de la Bouche d’Hashem. Ce qui revient à dire que toutes ces générations l’ont reçu eux aussi de la Bouche d’Hashem.

Toute la Torah Orale a été donnée de la Main d’Hashem, par Moshé Rabbenou.

Sur cette Torah Orale, nos maîtres ont ajoutés certaines institutions et barrières, afin de ne pas arriver à transgresser les paroles de la Torah.

Ils ont également ordonnés certaines Mitsvot, comme on l’expliquera plus tard.

Le tout fait partie de la Torah Orale (comme la Gmara Yoma 28a l’explique en disant qu’Avraham Avinou a accomplie même le ‘Erouv Tavshilin, comme il est dit : « … et mes Torot », la Torah Ecrite et la Torah Orale).

La Gmara a pour vocation d’expliquer les passages de la Mishna qui nécessitent explication, et d’expliquer également d’autres lois innovées par chaque Beit Din, depuis Moshé Rabbenou. De même, elle sert aussi à expliquer les traditions et les institutions des Sages de chaque génération, parmi les choses qui n’ont pas été données à Moshé Rabbenou au Mont Sinaï.

Tout les juifs ont acceptés sur eux et sont engagés – eux, ainsi que leur descendance après eux – à ne jamais dévier des enseignements de la Gmara.

Il ne s’agit pas ici de différence de coutumes ou rites, mais uniquement d’un engagement collectif à suivre les décisions et les enseignements de la Gmara.

Aussi bien pour ce qui est des Mitsvot de la Torah - comme par exemple, ce que nous enseignent nos Sages sur les 4 espèces de Soukkot, en nous disant que le « Peri ‘Ets Hadar » dont il est question dans la Torah, est le Etrog – aussi bien pour ce qui est des Mitsvot Derabbanan (instaurées par nos maîtres) - comme la Mitsva d’allumer ‘Hanouka ou le ‘Erouv tavshilin ou autre …

Dans la période qui suit l’achèvement de la rédaction du Talmud, les Sages d’Israël se nomment les Saboraïm, qui insérèrent dans le Talmud, des explications concises, ainsi que des décisions sur des lois pratiques. La période des Saboraïm s’étend sur environ 115 ans.

Les Sages qui se levèrent ensuite furent les Gueonim, durant environ 400 ans.

Parmi eux, nous trouvons Rav Sa’adya Gaon, Rav Natrounaï Gaon, Rav Haï Gaon, Rav A’haï Gaon et d’autres …

Ce sont eux qui ont maintenus la Torah à Babylone, comme en Israël, et certains parmi eux occupèrent le poste de Rosh Yeshiva, et diffusèrent la Torah publiquement.

Ensuite, le peuple d’Israël se dispersa à travers le monde, et d’autres Sages se levèrent après les Gueonim.

Ces Sages sont les Rishonim qui ont vécus à l’époque médiévale.

Parmi eux, nous trouvons le RIF ou Rabbi Its’hak El Fassi, Rashi ou Rabbi Shelomo Its’haki, et jusqu’aux derniers d’entre eux, comme le RaN ou Rabbenou Nissim, le Rashbets ou Rabbenou Shim’on Bar Tsema’h, ainsi que les autres Sages d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, de Pologne, ou d’autres pays.

Ces Rishonim rédigèrent des livres de Shou’t ou Sheelot OuTeshouvot (Responsa) à partir des problèmes Hala’hic qui leur étaient soumis, et ont commentés également les enseignements du Talmud. Ils ont aussi rédigés des ouvrages de morale, de discours rabbiniques (Daroush) et de Kabbala (mystique).

Les Sages qui se levèrent après eux, sont les A’haronim.

Parmi eux, nous trouvons MARAN ou Rabbi Yossef KARO (l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han ‘Arou’h), ainsi que ses compagnons d’étude ; notre maître le HYDA ou Rabbenou ‘Haïm Yossef David AZOULAÏ ; Rabbenou Yossef ‘HAÏM (l’auteur du Ben Ish ‘Haï), jusqu’aux décisionnaires contemporains.

Tout les juifs sont tenus de marcher selon les décisions de ces Sages, selon leurs institutions et usages, dans les lieux où ils résident, et en conformité avec les principes fondamentaux de la décision Hala’hic, transmis aux Sages d’Israël – comme par exemple le fait que nous allons d’après la majorité des décisionnaires lorsqu’il y a divergence d’opinion, ou autre…

C’est pour cette raison que les traditions d’Israël - lorsqu’il ne s’agit pas de principes de la Torah - diffèrent d’un pays à l’autre, car nos maîtres de ces différents pays - après l’achèvement de la rédaction du Talmud – ont opposés leurs opinions sur tout ce qui n’était pas explicité dans le Talmud.

Tous ces Sages ont maîtrisés les chemins de la Gmara, et ont mis à la lumière toutes ses complexités et ses sujets, car les chemins du Talmud sont très profonds, et l’homme doit véritablement souffrir sous la tente de la Torah durant toute sa vie, pour arrivé à mériter d’innové dans la Torah, à en expliquer ses secrets, pour extraire une loi des paroles du Talmud, ainsi que des enseignements des Sages qui l’ont précédés, tel que l’ordonne Hashem.

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