lundi 27 octobre 2008

Lashon Ha-Ra

Lashon Ha-Ra

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita), et également pour la Refoua Shelema de mon ami Réfael Eliyahou Ben Esther ALLOUCH (Gérard ALLOUCH).

Question

Est-il vrai qu’une personne qui a pour habitude de proférer du Lashon Ha-Ra (médisance) contre son prochain, se verra privée de tous ses mérites qui seront crédités à son prochain, quand aux transgressions de son prochain, elles seront imputées à cette personne qui dit du Lashon Ha-Ra ?

Sources et développement

Il est dit dans la Torah : « Tu ne véhiculeras pas de médisance au sein de ton peuple. » (Vaykra.

Cet interdit représente la faute du Lashon Ha-Ra, qui consiste à rapporter : untel a fait ceci à untel, car même si l’on dit des vérités à l’encontre de son prochain, on transgresse une terrible faute (sauf si l’on dit les choses de la façon permise par la Halah’a, lorsqu’il y a une véritable utilité, ainsi que selon les autres conditions nécessaires pour ce point).

Rabbenou Ba’hyé[D1] , qui a fait partie des grands Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), écrit dans son livre ‘Hovot Halevavot (Sha’ar HaKeny’a chap.7) :

L’un des ‘Hassidim a dit que de nombreuses personnes se présenteront le jour Jugement devant le Tribunal Céleste, et lorsqu’on leur montrera leurs actes inscrits dans le Livre des Mérites, ces personnes seront surprises de constater plusieurs mérites sur des actes qu’elles n’ont jamais accomplis. On leur dira : « Ses mérites appartiennent - à l’origine – à la personne qui a proféré du Lashon Ha-Ra contre vous et qui a parlé du mal de vous. » De même, lorsque des mérites manqueront du Livre des Mérites pour d’autres personnes, on leur dira : « Vous avez perdu vos mérites au moment où vous avez proféré du Lashon Ha-Ra contres d’autres personnes. » De même, d’autres personnes trouveront des fautes qu’elles n’ont jamais commis et on leur dira : « Ce sont les fautes d’untel et d’untel qui vous ont été ajoutées lorsque vous avez dit du Lashon ha-Ra sur eux. » Fin de citation.

Cet enseignement apparaît également dans le livre MAGUID MESHARIM (Parasha de Vayakhel, titre « ‘Od Amar… ») dans lequel le Maguid (l’Ange) qui communiquait en permanence avec MARAN[D2] l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han ‘Arou’h, dit un jour à MARAN :

« Au sujet de tes opposants qui s’élèvent contre toi, tu ne dois pas y penser, car ils ne te feront aucun mal, au contraire, ils ne te feront que du bien, puisque celui qui profère du Lashon Ha-Ra contre son prochain, se voit destitué des ses mérites qui sont octroyés à la personne sur laquelle il a parlé… Ceci est vrai et authentique. Si les gens savaient cela, ils se réjouiraient en apprenant qu’on a proféré sur eux du Lashon Ha-Ra, comme si on leur avait offert des cadeaux en or et en argent… »

Il ne faut pas s’étonner du fait qu’une personne peut perdre ses mérites à cause du Lashon Ha-Ra qu’elle a l’habitude de proférer, car le RAMBAM[D3] écrit (chap.5 des Hal. Techouva) :

Voici ceux qui n’ont pas droit au Monde Futur : les hérétiques ; ceux qui nient la Torah… ; les personnes qui profèrent du Lashon Ha-Ra.

Nous constatons donc que le Lashon Ha-Ra a pour propriété de faire perdre ses mérites à l’individu. Il est donc juste que l’abondance qui a été octroyée à cette personne - par le mérite des Mitsvot qu’elle a accomplie - soit transmise à la personne sur laquelle le Lashon Ha-Ra a été proféré.

Le Gaon Rabbi Shelomo KLOUGUER[D4] z.ts.l justifie cet enseignement par les propos du Roi Salomon dans le livre de Kohelet (5-5) : « Ne permets pas à ta bouche de faire fauter ta chair; et ne prétends pas devant l’ange qu'il y avait inadvertance de ta part ; pourquoi Hashem devra-t-il s'irriter au son de ta voix et ruiner l'œuvre de tes mains ? »

Nos maîtres précisent dans le Midrash que ce verset s’adresse à la personne qui profère du Lashon Ha-Ra.

L’explication du verset est la suivante :

Du fait d’avoir proférer du Lashon Ha-Ra contre son prochain, de nombreuses fautes commises pas son prochain lui sont imputées, ainsi que de nombreuses Mitsvot accomplies par cette personne qui profère du Lashon Ha-Ra, sont créditées sur le compte de la personne sur laquelle le Lashon Ha-Ra a été proféré. Lorsque ce médisant se présentera devant le Tribunal Céleste, on lui ouvrira le Livre où ses fautes sont inscrites, et on lui lira des fautes qu’il n’a jamais commis, et la personne criera devant l’ange : « C’est une inadvertance ! Il y a erreur sur mon compte ! » Il criera également pour les Mitsvot qu’il a accompli, et qui ne figureront pas dans le Livre des Mérites, en disant que c’est aussi une inadvertance.

C’est donc ce que veut dire le verset : « … ne prétends pas devant l’ange qu'il y a inadvertance… », car Hashem « … s'irritera au son de ta voix… » pour avoir proférer du Lashon Ha-Ra contre ton prochain. C’est pourquoi, toutes ses fautes ont été transférées sur ton compte, et tes Mitsvot sont passées à son crédit. Hashem a donc ruiné l'œuvre de tes mains, et la confié à ton prochain, meilleur que toi, sur lequel tu as proféré des paroles humiliantes.

C’est pourquoi, chaque individu doit être très vigilant sur la faute du Lashon Ha-Ra, particulièrement lorsqu’il n’y a aucune utilité à parler, et doit se montrer très méticuleux à ne jamais parler de mal de son prochain, Hashem s’en souviendra et lui rendra en bien.

Si une personne a proféré du Lashon Ha-Ra contre nous, on ne doit pas se mettre en colère pour cela, au contraire, il faut se réjouir car des mérites pour lesquels on n’a fourni aucun effort, viennent d’être crédités sur notre compte. Qu’Hashem nous donne le mérite de nous préserver de la faute du Lashon Ha-Ra, et qu’il nous apprête un langage dédié uniquement à Son Nom.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 sheelot@free.fr

(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

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[D1]

‘Hovot Halevavot

Rabbenou Ba’hyé Ibn Pakouda Espagne 11ème siècle

[D2]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[D3]RaMBaM

ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle

[D4]Rabbi Shelomo KLUGUER Russie 19ème siècle. Auteur – entre autres - du Shou’t Ha Elef Le’Ha Shelomo.

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