jeudi 2 octobre 2008

Modifications dans la ‘Amida des 10 jours de Teshouva

Modifications dans la ‘Amida des 10 jours de Teshouva

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

Question

Quelles sont les règles concernant les modifications de la ‘Amida des 10 jours de Teshouva ?

Décision de la Hala’ha

Durant toute l’année, nous terminons la 3ème Bera’ha de la ‘Amida quotidienne, par les termes « Hael Hakadosh » (« le D. Saint »), ainsi que la 11ème Bera’ha de la ‘Amida des jours de semaine par les termes, « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » (« le Roi qui aime la justice et le jugement »).

Mais durant les 10 jours, depuis Rosh Ha-Shana jusqu’à Yom Kippour, nous modifions ces 2 terminaisons par les termes « Hamele’h Hakadosh » (« le Roi Saint »), et « Hamele’h Hamishpat » (« le Roi du jugement »).

Si l’on a dit par erreur « Hael Hakadosh », au lieu de « Hamele’h Hakadosh », on doit recommencer depuis le début de la ‘Amida.

Mais cependant, si l’on a immédiatement corrigé en disant « Hamele’h Hakadosh », c'est-à-dire, avant que ne s’écoule le laps de temps que l’on appelle « TO’H KEDE DIBOUR » qui représente le temps qu’il faut pour dire « SHALOM ‘ALE’HA RABBI », environ 2 secondes, on est quitte et on doit poursuivre la ‘Amida sans recommencer depuis le début.

De même pour la Bera’ha de « Hashiva Shofetenou », si l’on a dit par erreur « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » au lieu de « Hamele’h Hamishpat », on doit reprendre depuis le début de la Bera’ha de « Hashivenou ».

Si une personne a dit par erreur « Mele’h Hoev Tsedaka Oumishpat », et qu’elle s’est corrigée immédiatement en disant « Hamele’h Hamishpat », c'est-à-dire avant que ne s’écoule le laps de temps que l’on appelle « TO’H KEDE DIBOUR » (Voir plus haut), cette personne est quitte, et ne doit pas reprendre, mais simplement poursuivre jusqu’à la fin.

Il ne faut pas se fier à certains Siddourim dans lesquels il est écrit que si l’on a dit par erreur « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » au lieu de « Hamele’h Hamishpat », il ne faut pas reprendre.

Ceci est faut selon la Hala’ha, car selon l’opinion de MARAN et de la quasi-totalité des Poskim, il faut reprendre même en cas d’erreur dans « Hamele’h Hamishpat ».

Nous ajoutons également des phrases à divers endroits de la ‘Amida :

« Zo’hrenou Le’haïm… » avant de conclure la 1ère Bera’ha de la ‘Amida (avant Mel’eh ‘Ozer…) ; « Mi’Hamo’ha… » avant de conclure la 2ème Bera’ha de la ‘Amida (avant Veneeman Ata Leha’hayot Metim…) ; « Ou’htov Le’haïm Tovim… » avant de conclure l’avant dernière Bera’ha de la ‘Amida (avant Vihalelou Vivare’hou…) ; « Ouvsefer ‘Haïm Bera’ha VeShalom… » avant de conclure la dernière Bera’ha de la ‘Amida (juste après Sim Shalom)

Si l’on a oublié l’une de ces phrases, on ne reprend pas la ‘Amida.

Sources et développement

Il est enseigné dans la Guemara Bera’hot (12b) :

Rabba Bar ‘Hinana dit au nom de Rav :

Durant toute l’année, nous disons dans la prière « Hael Hakadosh », et « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat », mais durant les 10 jours, depuis Rosh Ha-Shana jusqu’à Yom Kippour, nous disons « Hamele’h hakadosh », et « Hamele’h Hamishpat ».

Explication : Durant toute l’année, nous terminons la 3ème Bera’ha de la ‘Amida quotidienne, par les termes « Hael Hakadosh » (« le D. Saint »), ainsi que la 11ème Bera’ha de la ‘Amida des jours de semaine par les termes, « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » (« le Roi qui aime la justice et le jugement »).

Mais durant les 10 jours, depuis Rosh Ha-Shana jusqu’à Yom Kippour, nous modifions ces 2 terminaisons par les termes « Hamele’h hakadosh » (« le Roi Saint »), et « Hamele’h Hamishpat » (« le Roi du jugement »).

Rashi[DP1] explique que durant cette période, Hashem montre sa royauté en jugeant le monde.

Il est tranché dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.582 parag.1) et les Poskim (décisionnaires) que :

Si l’on a dit par erreur « Hael Hakadosh », au lieu de « Hamele’h Hakadosh », on doit recommencer depuis le début de la ‘Amida.

Mais cependant, si l’on a immédiatement corrigé en disant « Hamele’h Hakadosh », c'est-à-dire, avant que ne s’écoule le laps de temps que l’on appelle « TO’H KEDE DIBOUR » qui représente le temps qu’il faut pour dire « SHALOM ‘ALE’HA RABBI », environ 2 secondes, on est quitte et on doit poursuivre la ‘Amida sans recommencer depuis le début.

De même pour la Bera’ha de « Hashiva Shofetenou », si l’on a dit par erreur « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » au lieu de « Hamele’h Hamishpat », selon l’opinion de MARAN[D2] dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.582 parag.1) - qui tranche selon la grande majorité des Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), et parmi eux, les RIF[D3] , Le RaMBaM[D4] , le ROSH[D5] , Rav Sa’adya GAON[D6] , Rabbi Its’hak IBN GIAT[D7] , le Meiri[D8] , et de nombreux autres - on doit reprendre depuis le début de la Bera’ha de « Hashivenou ».

Il est vrai qu’une partie des Rishonim – comme les élèves de Rabbenou Yona[D9] , suivis par le RaMA[D10] et de nombreux Rabbanim Ashkenazim – tranchent que lorsqu’on a dit par erreur « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » au lieu de « Hamele’h Hamishpat », on est quitte et on doit poursuivre ‘Amida, malgré tout, la majorité des A’haronim Sefaradim – comme le Peri ‘Hadash[D11] , le Maté Yehouda[D12] , le Birké Yossef[D13] , le Maamar Morde’haï[D14] , le Nahar Shalom[D15] , le Peri Haadama[D16] , Le Shalmé Tsibbour[D17] , le ‘Hessed Lealafim[D18] , le Peta’h HaDevir[D19] , le Gaon Rabbi ‘Haïm FALLA’GI[D20] dans son livre Mo’ed Le’hol ‘Haï, et de nombreux autres – tranchent selon l’opinion de MARAN et de la majorité des Rishonim selon qui, il faut reprendre lorsqu’on a dit « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat au lieu de « Hamele’h Hamishpat ».

Bien qu’il faudrait appliquer ici le principe de « SAFEK BERA’HOT LEHAKEL » (« Lorsqu’on a un doute sur la récitation d’une Bera’ha, on va à la souplesse et on ne l’a récite pas »), et qu’il ne faudrait – apparemment – pas reprendre en cas d’erreur dans « Hamele’h Hamishpat », surtout que nous appliquons ce principe même à l’encontre de l’opinion de MARAN, malgré tout, nous maintenons ici l’opinion de MARAN et de la majorité des Poskim selon lesquels, il faut reprendre même en cas d’erreur sur « Hamele’h Hamishpat » car le principe de « SAFEK BERA’HOT LEHAKEL » ne s’applique pas dans un doute sur les Bera’hot de la ‘Amida.

Si une personne a dit par erreur « Mele’h Hoev Tsedaka Oumishpat », et qu’elle s’est corrigée immédiatement en disant « Hamele’h Hamishpat », c'est-à-dire avant que ne s’écoule le laps de temps que l’on appelle « TO’H KEDE DIBOUR » (Voir plus haut), cette personne est quitte, et ne doit pas reprendre, mais simplement poursuivre jusqu’à la fin.

A la lueur de ce que l’on a expliquer, il ne faut pas se fier à certains Siddourim dans lesquels il est écrit que si l’on a dit par erreur « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » au lieu de « Hamele’h Hamishpat », il ne faut pas reprendre.

Ceci est faut selon la Hala’ha, car selon l’opinion de MARAN et de la quasi-totalité des Poskim, il faut reprendre même en cas d’erreur dans « Hamele’h Hamishpat ».

Si une personne prie la ‘Amida durant les 10 jours de Teshouva, et qu’au milieu de sa prière, ou même si elle a terminé la ‘Amida, cette personne a le doute si elle a dit « Hael Hakadosh » ou « Hamele’h Hakadosh », dans ce cas là, l’opinion de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita est qu’il faut recommencer la ‘Amida depuis le début, puisqu’il est plus que probable que cette personne a dit « Hael Hakadosh », selon son habitude de toute l’année, et dans ce cas, la Hala’ha considère que cette personne n’a pas prié la ‘Amida, puisqu’elle a omis de citer les termes exacts de la prière.

Si cette personne a le doute si elle a dit « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » ou « Hamele’h Hamishpat » :

§ si elle se trouve au milieu de la ‘Amida, elle ne reprend qu’à partir de la Bera’ha de « Hashiva Shofetenou » et continue jusqu’à la fin

§ si elle a terminé la ‘Amida - c'est-à-dire après avoir dit le dernier IHYOU LERAYTSON IMRE FI, même si elle n’a pas encore reculée - cette personne doit reprendre sa ‘Amida depuis le début.

Les Ashkenazim, conformément à l’opinion du RaMA dans le Shoul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm chap.118, n’ont pas la tradition de reprendre la ‘Amida en cas d’erreur sur Hamele’h Hamishpat, aussi bien quand on s’en rend compte au milieu de la ‘Amida, aussi bien quand on s’en rend compte après avoir terminé la ‘Amida.

La raison réside dans le fait que même si on a dit la formule habituelle « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat », nous avons mentionné la Royauté (Mele’h) et le jugement (Mishpat).

Même pour un Juif Sefarade, qui doit reprendre la ‘Amida même dans le cas d’une erreur sur « Hamele’h Hamishpat » comme nous l’avons expliqué plus haut, il est bon qu’avant de reprendre sa ‘Amida du début, il émette la condition suivante :

« Si je suis réellement tenu de reprendre la ‘Amida, je prie en tant qu’obligation, mais si je ne suis pas tenu de reprendre la ‘Amida, qu’elle soit considérée comme NEDAVA (une prière offerte à Hashem) ».

La différence entre « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » (« le Roi qui aime la justice et le jugement »), et « Hamele’h Hamishpat » (« le Roi du jugement »), est que « Mele’h Ohev Tsedaka Oumishpat » veut dire qu’Hashem aime le fait que nous nous comportons dans le chemin de la justice et du jugement, alors que « Hamele’h Hamishpat » veut dire qu’Hashem lui-même rend le jugement dans le monde.

Les Gueonim[D21] ont également instaurés certaines phrases supplémentaires dans la ‘Amida quotidienne durant les 10 jours de Teshouva :

  1. « Zo’hrenou Le’haïm… » avant de conclure la 1ère Bera’ha de la ‘Amida (avant Mel’eh ‘Ozer…)
  2. « Mi’Hamo’ha… » avant de conclure la 2ème Bera’ha de la ‘Amida (avant Veneeman Ata Leha’hayot Metim…)
  3. « Ou’htov Le’haïm Tovim… » avant de conclure l’avant dernière Bera’ha de la ‘Amida (avant Vihalelou Vivare’hou…)
  4. « Ouvsefer ‘Haïm Bera’ha VeShalom… » avant de conclure la dernière Bera’ha de la ‘Amida (juste après Sim Shalom)

Puisque ces mentions n’apparaissent pas dans les enseignements du Talmud, et sont uniquement instaurées par les Gueonim, si l’on a oublié l’une de ces phrases, on ne reprend pas la ‘Amida.

Cependant, si l’on se rend compte de l’oubli avant de mentionner le Nom d’Hashem de la Bera’ha concernée (EX : on a oublié de dire « Zo’hrenou Le’haïm… » et on s’en rend compte en ayant dit seulement Barou’h Ata sans le Nom d’Hashem de la Bera’ha de Maguen Avraham), on revient en arrière pour dire correctement la phrase oubliée.

Mais si l’on a déjà mentionné le Nom d’Hashem de la Bera’ha concernée, on ne revient pas et on poursuit normalement.

En cas d’oubli, ces phrases peuvent être dites en terminant la ‘Amida, avant de dire ‘Ossé Shalom.


[DP1]RaSHI Rabbi Shlomo ITS’HAKI France 11ème siècle

[D2]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[D3]RIF

Rabbi Its’hak EL FASSI Algérie – Maroc 11ème et 12ème siècle

[D4]RaMBaM ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle

[D5]Rosh Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle

[D6]Gueonim Décisionnaires de la période post talmudique 8ème et 9ème siècle

[D7]

Rabbenou Its’hak Ibn Giat (Espagne 11ème siècle)

[D8]Meïri Rabbenou Mena’hem Ben Shlomo HaMeïri France 13ème et 14ème siècle

[D9]Rabbenou Yona de Gérone Espagne 13ème siècle

[D10]RaMA Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim

[D11]Péri Hadash Rabbi Hizkiyaou DA SILVA Israël 17ème siècle

[D12]Maté Yéhouda Rabbi Yehouda Ayash Algérie 18ème siècle

[D13]Birké Yossef notre maître le ’HYDA Rabbi ‘Haïm Yossef David Azoulaï, 18ème siècle

[D14]MAAMAR MORDE’HAI Rabbi Morde’haï KARMI (CREMIEUX ?) France 18ème siècle

[D15]Nahar Shalom Rabbi Shabetaï VINTOURA Italie 18ème siècle

[D16]

Rabbi Meyou’hass Ba’har SHEMOUEL Israël 18ème siècle Rishon Letsion (Grand Rabbin Sefarade d’Israël) Grand décisionnaire, il est l’auteur de nombreux ouvrages de Hala’ha dont le fameux Peri Haadama sur le RaMBaM, et autres…

[D17]Shalmé Tsibbour Rabbi Israël Ya’akov ELGAZI Turquie Israël 18ème siècle

[D18]Hessed Lealafim Rabbi Eli’ezer PAPO , auteur du célèbre Pélé Yo’ets. Rav de la ville de Silistra en Bulgarie 19ème siècle

[D19]Peta’h Hadevir Rabbi ‘HaIm Pontrimoli Turquie 19ème siècle

[D20]Rabbi ‘Haïm FALLAG’I Turquie 19ème siècle. Auteurs de très nombreux ouvrages comme Roua’h ‘Haïm, Mo’ed Le’hol ‘Haï, Nishmat Kol ‘Haï, ou bien Kaf Ha’Haïm, entre autres…

[D21]Gueonim Décisionnaires de la période post talmudique 8ème et 9ème siècle

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