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dimanche 30 novembre 2008

Dire le Kaddish pour les parents disparus

Dire le Kaddish pour les parents disparus

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

Pour l'élévation de la Neshama de mon ami Refael Eliyahou Ben Esther (ALLOUCH)

Et aussi, pour l’élévation des Neshamot de nos frères sauvagement assassinés en Inde.

Qu’Hashem venge le sang des innocents.

Question

Quelles sont les règles et la signification du Kaddish que l’on dit à la mémoire des parents disparus ?

Décision de la Hala’ha

La tradition de dire le Kaddish pour l’élévation de la Neshama des parents décédés, est solidement fondée dans les Midrashim (commentaires) de nos ‘Ha’hamim.

Il est obligatoire de dire le Kaddish chaque jour et à chaque office durant les 12 mois de deuil.

Pour un père ou une mère, on doit dire le Kaddish durant 12 mois.

Cependant, on suspend le Kaddish durant toute la 1ère semaine du 12ème mois, puis, on reprend le Kaddish durant les 3 dernières semaines, jusqu’à la date du 1er anniversaire de la disparition.

Après 12 mois, il n’y a plus d’obligation de dire le Kaddish, mais si toutefois la personne le désire, elle est autorisée à le faire.

Selon la tradition, il est d’usage de monter à la Torah chaque année le Shabbat qui précède la date anniversaire de la disparition du défunt, à la montée du Maftir pour lire la Haftara.

Le fait de dire le Kaddish ne sert pas seulement – comme le pense la masse populaire – à sauvé le défunt du jugement du Guehinam, mais il a aussi une grande utilité puisqu’il contribue également à l’élévation de la Neshama du défunt, d’un niveau à l’autre dans le Gan ‘Eden lui-même.

Un enfant qui n’est pas Bar Mitsva et qui a perdu son père ou sa mère (que D. préserve son peuple Israël !), s’il a plus de 6 ans, qu’il a conscience que c’est Hashem que nous prions, et qu’il a le sens de l’hygiène physique, il est bon de l’éduquer et de l’habituer à dire le Kaddish, et l’on répond Amen à son Kaddish, car il va procurer une très grande satisfaction à l’âme de ses parents.

Lorsqu’une personne est décédée sans laisser de garçons pour dire le Kaddish, ou bien que ses enfants ne marchent pas dans le chemin de la Torah et refusent de dire le Kaddish pour leur parent décédé, il faut que la famille charge une personne – même étrangère – de dire le Kaddish durant toute l’année, et il est bon de rétribuer cette personne pour cela.

Sources et développement

La tradition de dire le Kaddish pour l’élévation de la Neshama des parents décédés, est solidement fondée dans les Midrashim (commentaires) de nos ‘Ha’hamim et plus particulièrement dans le traité Kala (chap.2) où l’on raconte :

Rabbi ‘Akiva se trouvait un jour seul dans le désert et révisait son étude. Il rencontra un homme qui était nu et aussi noir que du charbon. Cet homme courait rapidement comme un cheval, et il portait un gros tas de bois sur les épaules.

Rabbi ‘Akiva lui ordonna de s’arrêter. Lorsque Rabbi ‘Akiva lui demanda ce qu’il faisait ici, l’homme répondit : « Je suis mort, et chaque jour, les anges destructeurs qui sont responsables de moi, m’ordonnent d’aller couper du bois avec lequel on me brûle. Tout ceci parce que j’ai transgressé toutes les Mitsvot de la Torah. »

Rabbi ‘Akiva lui dit : « As-tu entendu de la bouche des anges qui sont responsables de toi, s’il existait une solution pour te libérer des tes souffrances ? »

L’homme lui dit : « Je les ai entendu dire un jour : si ce misérable avait un fils qui se tiendrait au sein de l’assemblée, qui dirait le Kaddish ainsi que « Bare’hou Ete A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h », et à qui l’assemblée répondrait « Yehé Sheméh Rabba Mevara’h… » ainsi que « Barou’h A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h Le’olam Va’ed », il serait immédiatement libéré de ses souffrances. »

Rabbi ‘Akiva le questionna au sujet de sa ville et sur le lieu où il résidait, et après s’être renseigné, Rabbi ‘Akiva trouva le fils de cet homme, mais l’enfant n’était pas circoncis. Rabbi ‘Akiva se chargea de lui faire la circoncision et le prit auprès de lui pour lui enseigner la Torah, mais l’enfant n’était pas réceptif à l’enseignement de la Torah jusqu’au jour où Rabbi ‘Akiva jeûna et pria pour lui durant 40 jours lorsqu’une voix céleste retentit et fit savoir à Rabbi ‘Akiva que sa prière avait été entendue. A ce moment là, Rabbi ‘Akiva alla lui enseigner la Torah et lui apprit la lecture du Shema’ et la prière, ainsi que le Birkat Hamazon.

Il le plaça ensuite au sein de l’assemblée et l’enfant dit le Kaddish ainsi que « Bare’hou Ete A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h », et l’assemblée répondit après lui « Barouh’ A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h Le’olam Va’ed ».

A cet instant précis, on libéra le mort de ses souffrances et il vint trouver Rabbi ‘Akiva dans le rêve en lui disant : « Que ton esprit trouve le repos dans le Gan ‘Eden puisque tu m’as apporté le repos et puisque tu m’as sauvé du jugement du Guehinam ! »

Ce Midrash est cité dans les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), dans les propos du Or Zaroua’[D1] Ha-Guadol (tome 2 fin du chap.50) ainsi que dans les propos du Ma’hzor Vitry[D2] (tome 1 chap.142).

Dans le Zohar ‘Hadash (A’haraé Mot page 49 colonne 2), on ajoute qu’en définitif Rabbi ‘Akiva apprit également à cet enfant à lire la Haftara à la synagogue, et continua à lui enseigner la Torah. L’enfant devint très grand dans la Torah jusqu’au niveau de recevoir l’ordination de « Rabbi ». A ce moment, le mort vint trouver Rabbi ‘Akiva dans le rêve et lui dit : « Rabbi ! Hashem te consolera comme tu m’as consolé, car au moment où mon fils a lut la Haftara, on me délivra du Guehinam ; au moment où mon fils a officié à la synagogue et a dit le Kaddish, on déchira définitivement ma sentence ; au moment où mon fils est devenu un Talmid ‘Ha’ham et que tu l’as ordonné « Rabbi », on me couronna de la couronne des Tsaddikim et on me plaça à leurs côtés dans le Gan ‘Eden. »

Le RIBASH[D3] (chap.115) déduit des propos du Or’hot ‘Haïm[D4] (tome 2 chap.601) que c’est de là que provient l‘usage de dire le Kaddish durant les 12 mois de deuil, ainsi que l’usage de monter à la Torah chaque année le Shabbat qui précède la date anniversaire de la disparition du défunt, à la montée du Maftir pour lire la Haftara.

C’est aussi ce que MARAN[D5] déduit des propos des Kol Bo[D6] (fin du chap.114 page 88, colonne 2) qu’il cite dans le Beit Yossef (Y.D fin du chap.376).

Rabbenou ‘Haïm VITAL[D7] écrit dans son livre Sha’ar Ha-Kavanot (Daroush du Kaddish page 15 colonne 2) au nom de notre maître le ARI zal[D8] , que le fait de dire le Kaddish ne sert pas seulement – comme le pense la masse populaire – à sauvé le défunt du jugement du Guehinam, mais il a aussi une grande utilité puisqu’il contribue également à l’élévation de la Neshama du défunt, d’un niveau à l’autre dans le Gan ‘Eden lui-même, et par conséquent, même les jours de Shabbat et de Yom Tov - où les Resha’im (impies) trouvent le repos et ne subissent pas le jugement du Guehinam ces jours là, comme l’explique le Zohar Ha-Kadosh (Terouma page 150 fin de la colonne 2) - il faut malgré tout dire le Kaddish ces jours là, comme le faisait le ARI zal lui-même chaque année lors de la date anniversaire du décès de son père, lors des 3 prières quotidiennes.

Tout ceci est basé sur le fameux enseignement de nos maîtres dans la Guemara Sanhedrin (104a) :

Un fils donne des mérites à son père.

Le Sefer Ha-‘Hassidim[D9] (chap.1171) que du fait que c’est le père qui a permis à son fils d’étudier la Torah et qui l’a éduqué à accomplir des bonnes actions, puisque c’est grâce au père que le fils a mérité d’accéder à tout cela, il est normale qu’ « un fils donne des mérites à son père ».

Selon le ‘Hessed Lealafim[D10] (note 1), même au-delà des 12 mois de deuil, le Kaddish garde toute son utilité, et il est bon d s’efforcer chaque jour – même après l’année de deuil – de dire au moins un Kaddish par jour.

Durant l’année de deuil, le fait de négliger ne serait ce qu’un seul Kaddish représente un manque de respect envers le père ou la mère, comme le rapporte le Gaon auteur du Ben Ish ‘Haï[D11] dans son livre Shou’t Rav Pe’alim (tome 2 section O.H chap.14).

Il semble utile de citer les terribles propos du Gaon auteur du Shou’t Divré Malkiel[D12] (tome 4 chap.96) :

« Celui qui néglige le Kaddish pour ses parents, témoigne sur lui-même qu’il n’y a pas d’âme en lui, et il est certain que durant la journée, toutes sortes de transgressions - par la pensée, la parole ou l’acte - ne manquerons pas de se dresser devant lui…. »

Pour un père ou une mère, on doit dire le Kaddish durant 12 mois.

Cependant, on suspend le Kaddish durant toute la 1ère semaine du 12ème mois, puis, on reprend le Kaddish durant les 3 dernières semaines jusqu’à la date du 1er anniversaire de la disparition.

En effet, il est enseigné dans une Mishna de ‘Edouyot (chap.2 Mishna 10) que le jugement des Resha’im dans le Guehinam dure 12 mois. Or, afin de ne pas considérer le défunt comme un Rasha’, on enlève une semaine de Kaddish (pour dire – d’une certaine manière – qu’il n’a pas autant besoin de Kaddish qu’un Rasha’).

Cet usage est cité par le Gaon auteur du Kenesset Ha-Guedola[D13] (Y.D chap.403) – qui a d’ailleurs lui-même instaurer cet usage dans sa communauté de dire le Kaddish durant 12 mois moins 1 semaine -, et également par notre maître le ‘HYDA[D14] dans son livre Birké Yossef (Shiyouré Bera’ha Y.D chap.376 note 8)

On rapporte aussi dans le livre ‘Shou’t Beit HaYotser (chap.45) que cet usage fut pratiqué par le Gaon ‘Hatam Sofer.

Cet usage est aussi cité par le Ben Ish ‘Haï (Vaye’hi note 14).

Durant la 1ère semaine du 12ème mois, Il ne faut suspendre que les Kaddishim qui font parties de la prière, mais le Kaddish (‘Al Israël) que l’on dit après une étude en public, il n’est pas nécessaire de le suspendre, même durant la 1ère semaine du 12ème mois.

L’endeuillé n’est soumis aux règles du deuil et ne doit dire le Kaddish que seulement durant 12 mois. Par exemple, le décès du père ou de la mère a eu lieu au mois d’Adar, on dira le Kaddish durant 11 mois consécutifs, et lorsqu’on arrivera au 12ème mois – qui est le mois de Shevat dans cet exemple – on suspendra le Kaddish durant toute la 1ère semaine, puis on le reprendra jusqu’à la fin du 12ème mois.

Même s’il s’agit d’une année embolismique – c'est-à-dire une année où il y a 2 mois d’Adar – malgré tout, on n’est soumis à l’obligation de dire le Kaddish (comme expliqué plus haut) et on n’observe les règles de deuil que seulement durant 12 mois, car la 1ère année, nous tenons compte uniquement du nombre de mois et non de la date. Par exemple, si le décès a eu lieu le 19 Av d’une année ordinaire, et que l’année suivante est une année embolismique, les enfants ne diront le Kaddish que jusqu’au 19 Sivan (moins une semaine, comme expliqué plus haut) et non jusqu’au 19 Tamouz.

C’est ce qu’on apprend à travers les propos de MARAN dans le Shoul’han ‘Arou’h (Y.D chap.391 parag.2) dont voici les termes :

Pour tous les morts, l’endeuillé peut participer à une festivité après 30 jours, mais pour un père ou une mère, après 12 mois, même s’il s’agit d’une année embolismique, c’est permis après 12 mois.

MARAN tranche ici selon l’opinion du ROSH[D15] (sur Mo’ed Katan 22a) au nom du RAVEYA[D16] .

Le fait que c’est le terme « 12 mois » et non « année » qui est employé ici indique que même s’il s’agit d’une année embolismique, le deuil est levé au bout de 12 mois.

Il en est donc de même pour le Kaddish.

Après 12 mois, il n’y a plus d’obligation de dire le Kaddish, mais si toutefois la personne le désire, elle est autorisée à le faire.

Même si selon le ARI zal, il ne faudrait dire le Kaddish chaque année qu’à la date anniversaire de la disparition et pas avant, malgré tout, le Gaon auteur du Shalmé Tsibbour[D17] (page 190b) ainsi que le Gaon auteur du Ben Ish ’Haï dans son livre Shou’t Rav Pe’alim (tome 3 section Y.D chap.32) attestent que selon l’usage, les enfants commencent à dire le Kaddish à partir du vendredi soir qui précède la date du Yar Tsaït (jour anniversaire de la disparition du défunt) jusqu’au jour anniversaire de la disparition inclus.

Si le jour anniversaire de la disparition du défunt tombe un Shabbat, l’usage veut que l’on commence à dire le Kaddish depuis le vendredi soir précédant.

Le Shabbat qui précède le jour anniversaire de la disparition du défunt, le fils du défunt monte à la Torah pour la lecture du Maftir ainsi que la Haftara en public.

Si le jour anniversaire de la disparition du défunt tombe un Shabbat, il est préférable de monter à la Torah pour lire la Haftara le Shabbat qui est le jour anniversaire de la disparition, mais si on en a la possibilité, il est bon de monter aussi bien le Shabbat précédant que celui-ci.

Un enfant qui n’est pas Bar Mitsva et qui a perdu son père ou sa mère (que D. préserve son peuple Israël !), s’il a plus de 6 ans, qu’il a conscience que c’est Hashem que nous prions, et qu’il a le sens de l’hygiène physique, il est bon de l’éduquer et de l’habituer à dire le Kaddish, et l’on répond Amen à son Kaddish, car il va procurer une très grande satisfaction à l’âme de ses parents.

Pour les Kaddish de la prière, il est convenable que l’officiant dise le kaddish avec lui, mais pour les autres Kaddish – par exemple celui que l’on dit après une étude en public – l’enfant peut les dire sans l’assistance d’un adulte.

Ce Din est rapporté – entre autres – par le Kaf Ha-‘Haïm[D18] (sur O.H chap.53 note 25).

Lorsqu’une personne est décédée sans laisser de garçons pour dire le Kaddish, ou bien que ses enfants ne marchent pas dans le chemin de la Torah et refusent de dire le Kaddish pour leur parent décédé, il faut que la famille charge une personne – même étrangère – de dire le Kaddish durant toute l’année, et il est bon de rétribuer cette personne pour cela. (Beit Yossef Y.D fin du chap.403)

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 sheelot@free.fr

(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

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[D1]Rabbenou Its’hak MiVienna, (Allemagne 13ème siècle Av Beit Din de Vienne (Autriche), élève du Ravyha, et auteur du livre Or Zaroua)

[D2]Ma’hzor VITRY Ouvrage rédigé par Rabbenou Shema’ya et Rabbenou Sim’ha, qui font partis des Tossafot – France 11ème et 12ème siècle

[D3]RIBASH

Rabbi Ist’hak Bar Sheshat Espagne – Algérie 15ème siècle

[D4]Or’hot ‘Haïm Rabbenou Aharon Bar Rabbi Yaakov France 13ème siècle

[D5]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[D6]Kol Bo Auteur inconnu, probablement élève du Or’hot ‘Haïm – 13ème siècle

[D7]

Rabbenou ‘Haïm VITAL

Israël 16ème siècle, élève du ARI zal

[D8]ARI zal

Rabbi Its’hak LOURIA AHKENAZI, Israël 16ème siècle, principal commentateur mystique de la Torah

[D9]

Sefer Ha’hassidim

Rabbi Yehouda He ‘Hassid Allemagne 12ème siècle

[D10]Hessed Lealafim Rabbi Eli’ezer PAPO , auteur du célèbre Pélé Yo’ets. Rav de la ville de Silistra en Bulgarie 19ème siècle

[D11]Ben Ish ‘Haï Rabbi Yossef ‘HAÏM Irak 19ème siècle Auteur de nombreux ouvrages, dont Shou’t Rav Pe’alim, ‘Od Yossef ‘haï et d’autres…

[D12]Divré Malkiel Rabbi Malkiel Tsevi TANEINBAUM Pologne 19ème siècle

[D13]Kenesset Haguedola

Rabbi ‘Haïm Benbeneshti Turquie 18ème siècle

[D14]Birké Yossef notre maître le ’HYDA Rabbi ‘Haïm Yossef David Azoulaï, 18ème siècle

[D15]Rosh

Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle

[D16]

Rabbenou Eliezer Bar Yoël HaLevi (RAVEYA, Allemagne 12ème siècle)

[D17]Shalmé Tsibbour Rabbi Israël Ya’akov ELGAZI Turquie Israël 18ème siècle

[D18]Kaf Ha’haïm Rabbi Yaakov ‘Haïm Sofer Irak Israël 20ème siècle

vendredi 28 novembre 2008

Divré Torah sur Toledot

quelques regards sur la Parasha de

Toledot

Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

1. La force de la prière

Its‘hak supplia Hashem en face de sa femme, car elle était stérile. Hashem l’exauça, et Rivka, sa femme, conçut. (Bereshit 25-21 Début de notre Parasha)

Cette « supplication » de Its‘hak est interprétée par Rashi comme une profusion intense de prières. Pour expliquer ce concept, le Maguid de Douvna indique que selon la procédure en usage dans les palais royaux, ceux qui plaident leur propre cause devant le souverain doivent être aussi brefs que possible. Les discours trop longs ne font que réduire les chances de succès. En revanche, celui qui soutient les prétentions d’un autre peut se permettre d’être beaucoup plus abondant dans son discours. Les justes suivent la même formule dans leurs requêtes devant Hashem. Lorsqu’ils prient pour eux-mêmes, ils sont concis et succincts, mais quand ils implorent pour d’autres, ils s’étendent considérablement.
Celui qui prie pour autrui tout en ayant besoin de la même chose est exaucé en premier, nous enseigne le Talmud (Baba Kama 92a).

Selon le Maguid de Doubno, celui qui prie pour son prochain dispose d’un autre avantage : Etant alors plus abondant dans sa prière, il peut bénéficier lui-même des bienfaits que procurent les longues prières, celles qu’il n’aurait pas osé prononcer pour lui seul.
Telle est la signification de notre verset : Comme il priait pour sa femme, Its‘hak pouvait s’exprimer à profusion. Il en est résulté que Hashem a accueilli sa propre prière, et qu’Il lui a accordé ce dont il avait besoin lui-même.

Le Rashbam interprète ce verset tout à fait différemment. Il interprète l’expression : « en face de sa femme » comme signifiant : « pour le bénéfice de sa femme ». Its‘hak ne s’est jamais inquiété de ne pas pouvoir avoir d’enfants, puisque Hashem avait dit explicitement à Avraham (17-19) : « Tu lui donneras pour nom Its‘hak. J’établirai Mon alliance avec lui, comme alliance perpétuelle pour sa descendance après lui. » Hashem avait ainsi clairement indiqué qu’il n’était pas destiné à rester sans progéniture. Son souci était cependant pour Rivka : Comme rien n’avait jamais été dit à son sujet, il était tout à fait possible que cette révélation divine eût à s’accomplir par une autre femme.
Cette interprétation est explicitement proposée dans le Midrash (Bereshith Rabba 63, 5), qui indique que Its‘hak s’est ainsi adressé à Hashem : « Maître de l’univers ! Puissent tous les fils que Tu me donneras naître de cette femme vertueuse ! » Il était un fait acquis qu’il aurait des enfants ; la seule question était : avec qui ?

Rav Dov Lumbroso-Roth

2. Depuis le ventre de leur mère

Les enfants se bousculaient en elle. Elle dit : « Si c’est ainsi, pourquoi dois je subir cela ! » elle alla consulter Hashem. (Bereshit 25-22)

RASHI : Lorsqu’elle passait devant des lieux d’idolâtrie, ‘Essav poussait pour sortir. Lorsqu’elle passait devant la tente de Shem (lieu de Torah), Ya’akov poussait pour sortir.

Question

Rabbi Issa’har Dov de Beltz demande :

On peut facilement comprendre le désir de ‘Essav à sortir du ventre de sa mère dés qu’elle passait devant des lieux d’idolâtrie, mais pourquoi Ya’akov voulait il sortir dés qu’elle passait devant un lieu de Torah, nos ‘Ha’hamim n’ont-ils pas enseigné dans la Guemara Nidda (30b) : lorsque le fœtus est dans le ventre de sa mère, un ange lui enseigne toute la Torah dans son intégralité ? Pourquoi Ya’akov voulait il donc sortir ?

Réponse 1

Ya’akov Avinou était prêt à renoncer même à l’étude la Torah de la bouche d’un ange, si cela doit lui coûter de résider dans le même environnement que ‘Essav.

Réponse 2

Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita explique que Ya’akov Avinou désirait acquérir les connaissances de la Torah par ses propres forces, dans l’effort et la difficulté. Or, la Torah que l’ange enseigne, ne demande aucun effort ni fatigue, et son importance est moins grande, car la Torah ne se trouve pas dans le ciel !

On raconte au sujet du Gaon Rabbi Arieh LEBOUSH (auteur du Shou’t Arieh Debé Il’aï) que même lorsqu’il n’était qu’un enfant, on pouvait déjà reconnaître en lui des signes de piété et des capacités intellectuelles très développées.

Un ‘Ha’ham demanda un jour au petit Arieh :

« Puisque ‘Essav poussait pour sortir du ventre de sa mère dés qu’elle passait devant des lieux d’idolâtrie, pourquoi ne sortait-il pas ? Qu’est ce qui l’empêchait de sortir puisqu’il était placé en premier vers la sortie (car lors de l’accouchement, c’est ‘Essav qui sortit le premier) ? »

Le petit Arieh répondit :

« Il est vrai que ‘Essav désirait fortement sortir du ventre de sa mère dés qu’elle passait près de lieux idolâtres, mais à la dernière minute, il se ravisait : si je sort du ventre de ma mère maintenant – se disait-il – qu’est ce qui empêchera Ya’akov de sortir et d’entrer dans des lieux de Torah ! C’est donc pour cette raison qu’il ne sortit pas, afin d’être sûr que Ya’akov ne se réfugierait pas en entrant dans un Beit Ha-Midrash de Torah ! »

Cette même question fut également posée au Maharal de Prague (Rabbi Leïb Bar Rabbi Betsal’el) lorsqu’il était lui aussi enfant.

Mais Il donna une réponse différente :

« ‘Essav n’avait aucun intérêt ni aucun désir de sortir sans Ya’akov. En effet, qu’est ce que ‘Essav aurait il fait dans un monde aussi vaste sans Ya’akov ? qui aurait il frappé ? A qui aurait il rendu la vie amère ? Sur qui aurait il sortit les pires calomnies ? Sur qui aurait il promulgué les décrets les plus méchants et les plus cruels ? C’est vrai qu’il poussait pour sortir, mais jamais sans Ya’akov ! »

3. « Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? »

‘Essav dit : « Voilà que je suis sur le point de mourir, qu’est ce que peut représenter pour moi le droit aînesse ?! » (Bereshit 25-32)

‘Essav et Ya’akov sont jumeaux, mais ‘Essav est l’aîné. Ya’akov cuisine un plat de lentilles, et en propose à son frère en échange de son droit d’aînesse, qui devait représenter plus tard le privilège pour chaque aîné d’Israël d’assister les Cohanim dans le culte des sacrifices dans le Beit Ha-Mikdash.

Ce jour là, ‘Essav revenait de la chasse, épuisé et affamé également pour avoir accomplit de nombreuses transgressions ce jour là.

Nos maîtres enseignent dans la Guemara Bera’hot (5a) :

On doit toujours mettre en conflit le Yetser Hatov (le bon penchant) et le Yetser Hara’ (le mauvais penchant). Si l’on réussi à le vaincre, tant mieux, sinon, on doit se mettre à étudier la Torah. Si cela suffit pour le vaincre, tant mieux, sinon, on doit lire le Shema’. Si cela suffit pour le vaincre, tant mieux, sinon, on doit lui rappeler le jour de la mort.

L’étude de la Torah a pour propriété d’affaiblir la force du désire de transgresser. Grâce à cela, l’individu peut vaincre son Yetser Hara’.

Si toutefois cela ne suffit pas à soumettre le Yetser Hara’, on doit lire le Shema’ afin d’accepter le joug de la Royauté Divine, et si cela ne suffit pas non plus et que le Satan se mesure encore à l’individu, il doit se rappeler à lui-même le jour de la mort, car lorsque l’homme pense à sa fin, il est certain que cela lui suffira à soumettre le Yetser Hara’, et qu’il accomplira la volonté d’Hashem.

Si l’on observe les versets de notre Parasha, nous restons stupéfaits :

‘Essav se rappelle à lui-même le jour de la mort, qui est un moyen très efficace pour se protéger de la faute, et immédiatement après cela, il dit : « … qu’est ce que peut représenter pour moi le droit aînesse ?! » Qu’est ce que j’ai à faire de tout le culte des aînés et des sacrifices !!

Le même moyen qui sert de remède aux Tsaddikim, « Les Tsaddikim s’en servent pour marcher », fait aussi « trébucher les Resha’im », comme il est dit dans le verset : « Manger et buvez car nous mourrons demain ! » (Isha’ya 22).

Le fait de penser au jour de la mort provoque chez les Resha’im un regain vers les fautes.

‘Essav a échangé le si précieux droit d’aînesse contre quoi ? Contre un plat de lentilles !!!

Comment peut il vendre son droit d’aînesse – le plus haut niveau spirituel qu’il possède – pour une chose si insignifiante !!

Et n’allons pas dire qu’Essav n’était pas conscient de la valeur incommensurable du droit d’aînesse, car il est dit tout de suite après ce verset : Il poussa un cri puissant et amère… « Il a prit mon droit d’aînesse… ». Nous en déduisons qu’Essav connaissait l’importance du droit d’aînesse. Ce cri était tellement puissant que nos maîtres enseignent que bien des siècles plus tard, Morde’haï dû pousser un cri aussi puissant pour effacer l’effet de celui de ‘Essav, comme il est dit dans la Meguila au sujet du cri de Morde’haï lorsqu’il apprit la nouvelle du décret d’extermination promulgué par Haman : Il poussa un cri puissant et amère… afin d’expier la « malhonnêteté » dont avait été victime ‘Essav.

Malgré tout cela, ‘Essav n’hésita pas à perdre son droit d’aînesse, et pourquoi ?

Parce qu’il ne pouvait pas surmonter le désir de manger qu’il ressentait à ce moment précis, et à cause de cette consommation, il perdit une chose éternelle.

La vie est remplie d’épreuves difficiles.

Il n’y a qu’à ouvrir les journaux pour lire différentes propositions alléchantes de vacances dans des endroits qui ne sont pas dignes d’un juif, ou des publicités de restaurants où la Casherout n’est pas observée de façon sérieuse, où la viande n’est pas ‘Halak (Glatt), et malgré cela, on ne prend pas conscience et on se laisse séduire par le plaisir d’un instant, et on perd des niveaux d’éternité.

Mais l’homme dont le cœur est ouvert et qui garde à l’esprit certaines réalités, ne se laisse pas séduire rapidement par la satisfaction d’un instant.

Ya’akov Avinou savait qu’à l’instant où s’emparera de ‘Essav le désir de la nourriture, par un bon plat comme il lui avait préparé, ‘Essav accepterait de renoncer même aux plus haut des niveaux.

C’est pour cela qu’il le séduit et qu’il lui acheta son droit d’aînesse.

Il en est de même pour tout individu.

Même si la chose ne se ressent pas de façon aussi concrète que chez ‘Essav, malgré tout, c’est exactement pareille lorsqu’on se laisse entraîner après l’aspect imaginaire des satisfactions de ce monde, en comparaison à la grandeur de marcher dans le chemin d’Hashem. En définitif, la perte occasionnée sera infiniment grande !

Heureux celui qui sait se préserver, et ne tombe pas dans les plaies du temps !

4. Naïveté rime parfois avec intégrité

La voix est celle de Ya’akov, mais les bras sont ceux de ‘Essav. Il ne le reconnut pas car ses bras étaient poilus comme ceux de ‘Essav, et il le bénit. (Bereshit 27-22)

Its’hak Avinou devenu aveugle et sentant sa fin arriver, demande à ‘Essav son fils d’aller à la chasse et de lui préparer un bon plat, afin qu’il le bénisse. Rivka – ne souhaitant pas voir ‘Essav l’impie bénéficier des bénédictions d’Its’Hak - demande à son fils Ya’akov de prendre la place de son frère. Ya’akov accepte difficilement et se déguise en ‘Essav, puis il se présente devant son père Its’hak avec le plat que Rivka avait cuisiné. Its’hak reconnaît la voix de Ya’akov, mais en le touchant, il pense que c’est ‘Essav puisqu’il a les bras poilus.

Question

Constatant des contradictions puisque la voix est celle de Ya’akov mais les bras sont ceux de ‘Essav, comment ce fait-il qu’Itsa’hak ne s’aperçoit pas d’une tricherie ? Même s’il n’avait que le doute, il aurait dû s’abstenir de donner sa bénédiction jusqu’à qu’il sache de façon certaine à qui il a affaire !

Réponse

Les commentateurs expliquent qu’en réalité, lorsque Its’hak proposa à ‘Essav de le bénir en échange d’un bon plat cuisiné, ‘Essav se doutait que Ya’akov allait prendre sa place en déguisant sa voix comme celle de ‘Essav.

‘Essav passa donc un accord avec son père Its’hak en lui disant que lorsqu’il se présentera devant lui avec le plat, il prendrait la voix de Ya‘akov.

Mais Ya’akov Avinou qui était un homme intègre, vit se réaliser en lui le verset

« C’est la naïveté des justes qui les guides » et lorsqu’il se présenta devant Its’hak, il parla avec sa voix naturelle et ne chercha pas à imiter la voix de ‘Essav.

Ainsi, lorsque Its’hak entendit la voix de Ya’akov (tel qu’ils avaient convenus) et que les bras étaient poilus comme ceux de ‘essav, il n’hésita pas à le bénir.

Shabbat Shalom

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769

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mercredi 26 novembre 2008

Le respect des parents après leur disparition

Le respect des parents après leur disparition

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

Pour l'élévation de la Neshama de mon ami Refael Eliyahou Ben Esther (ALLOUCH)

Question

La Mitsva de Kiboud Av Vaem (respecter ses parents) incombe t-elle les enfants même après la disparition des parents ?

Décision de la Hala’ha

Les enfants sont tenus d’honorer leurs parents aussi bien de leur vivant qu’après leur disparition.

Honorer ses parents après leur disparition est peut être encore plus grand et plus important que de les honorer de leur vivant.

Après le décès du père, pendant les 12 mois de deuil, chaque fois que le fils mentionnera une parole de Torah, un enseignement de Hala’ha, ou tout acte religieux particulier de son père, il devra dire la formule Hareni Kaparat Mishkavo (Que je serve d’expiation à sa place, c'est-à-dire, que l’on m’inflige tous les châtiments que son âme devra subir). Mais s’il mentionne simplement des anecdotes au sujet de son père, ou tout autre parole qui ne constitue pas un enseignement de Torah ou un acte religieux qui illustrait particulièrement son père, le fils n’est pas tenu de dire cette formule.

Il en est de même pour la mère, si pendant les 12 mois de deuil, le fils mentionne un comportement religieux particulièrement élogieux à l’égard de sa mère – par exemple le fait que sa mère avait l’usage de réciter la Bera’ha des Nerot de Shabbat avant l’allumage – conformément à l’opinion de MARAN l’auteur du Shoul’han ‘Arou’h (et non pas après comme le font beaucoup de gens par ignorance de la Hala’ha) - ou d’autres exemples d’attitudes dignes comme celui-ci, il devra dire la formule Hareni Kaparat Mishkava (Que je serve d’expiation à sa place, c'est-à-dire, que l’on m’inflige tous les châtiments que son âme devra subir).

Au-delà des 12 mois de deuil, on ne dit plus cette formule, mais on dit la formule « Zi’hrono (Zi’hrona pour une femme) Livra’ha (que son souvenir soit une bénédiction), ou bien « ‘Alav (‘Alea pour une femme) Hashalom (qu’il/elle repose en paix).

Dans la prochaine Hala’ha, nous traiterons – B’’h B’’n - du devoir de dire le Kaddish après la disparition des parents.

Sources et développement

On enseigne dans la Guemara Kiddoushin (31b) :

Nos maîtres enseignent : On doit les honorer (les parents) de leur vivant et après leur disparition.

Ce Din est tranché par MARAN[D1] dans le Shoul’han ‘Arou’h (Y.D chap.240 parag.9) en ces termes :

L’enfant est tenu d’honorer son père (et sa mère) même après leur disparition.

Voici les termes du Zohar Ha-Kadosh (Parasha de Be’houkotaï, page 115) :

Après la mort des parents, si tu prétends que l’enfant devient exempt du devoir de les honorer, sache qu’il n’en est rien, car même s’ils sont morts, l’enfant en n’est que d’avantage soumis à l’obligation des les honorer, puisqu’il est écrit : « Honore ton père et ta mère… » (Sans préciser de leur vivant). Si l’enfant marche dans un mauvais chemin, il est certain qu’il ne fait qu’humilier son défunt père et il est certain qu’il lui fait honte. Mais si l’enfant marche dans une bonne voie et améliore ses actes, il est certain qu’il honore son père par cela. Il l’honore dans ce monde aux yeux des gens, et dans l’autre monde auprès d’Hashem qui prendra son père en pitié et qui le placera près de Son trône de gloire… »

Citons également le RAMBAN[D2] (Torat Ha-Adam Notion de la Keri’a) :

Celui qui honore ses parents après leur mort, est encore plus digne de louange que celui qui les honore de leur vivant, car celui qui les honore de leur vivant, ne le fait que par crainte ou par ambition d’héritage, alors que celui qui les honore après leur mort, le fait de façon véritablement désintéressée (Leshem Shamaïm).

Il est rapporté dans une Baraïta citée dans la Guemara Kiddoushin (31b) :

Si quelqu’un cite un enseignement prononcé par son défunt père, il doit dire : « Ainsi a dit mon vénéré père. Hareni Kaparat Mishkavo (Que je serve d’expiation à sa place)

Rashi : Que l’on m’inflige tous les châtiments que son âme devra subir.

Ceci pendant les 12 mois de deuil, mais après les 12 mois de deuil, le fils dit simplement « Zi’hrono Livra’ha (que son souvenir soit une bénédiction) ».

Rashi[D3] : Il a déjà reçu ce qu’il devait recevoir car (même) le jugement des Resha’im (impies) du peuple d‘Israël dans le Guehinam, ne dure que seulement 12 mois.

Au-delà de cette période, cette phrase n’a plus de sens, puisque aucun mal ne peut être infligé à l’âme de son défunt père (même si certains Resha’im subissent un jugement plus long dans le Guehinam, en général, le jugement ne dure que 12 mois).

Il faut définir si le fait de dire cette formule Hareni Kaparat Mishkavo (Que je serve d’expiation à sa place) relève du devoir d’honorer ses parents après leur disparition, et dans ces conditions, on les honore de leur vivant en les nourrissant et en les habillant, alors qu’après leur disparition nous les honorons en les citant avec beaucoup d’égard, et avec des formules honorifiques comme celle-ci.

Selon cela, il faudrait dire la formule Hareni Kaparat Mishkavo (Que je serve d’expiation à sa place) dés lors où l’on cite n’importe quel propos des nos parents, même des propos profanes qui ne sont pas spécialement des enseignements de la Torah.

Ou bien faut-il considérer que cette formule Hareni Kaparat Mishkavo (Que je serve d’expiation à sa place) relève uniquement du fait que lorsque le fils cite des paroles de Torah ou de Hala’ha au nom de son défunt père, les lèvres du défunt s’agitent dans sa tombe (en signe de satisfaction) puisque toutes les Mitsvot et tous les mérites qu’un fils acquière dans ce monde, sont partagés avec son défunt père puisque c’est lui qui l’a mis au monde. De cette façon, le fils honore son père.

Dans ces conditions, cette formule ne doit être dite par le fils que lorsqu’il cite des paroles de Torah au nom de son père, et non lorsqu’il cite de simples propos sans caractère de Torah au nom de son père.

De même pour la mère, selon cela, il n’est tenu de dire cette formule que lorsqu’il fait mention d’enseignements ou de faits à caractères de Torah que sa défunte mère avait réalisé, et non lorsqu’il raconte de simples anecdotes au sujet de sa mère.

Ce point faut l’objet d’une Ma’hloket (divergence Hala’hic) parmi les Poskim (décisionnaires) :

Parmi les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), selon Rashi (sur Soukka 20a) et Rabbenou Yero’ham[D4] (Nativ 1 tome 4, cité par le Darké Moshé), il faut dire cette formule systématiquement à chaque fois que l’on mentionne les défunts parents, même pour des propos profanes, sans caractère d’enseignement de la Torah.

Parmi les A’haronim, nous trouvons également le Kitsour Shoul’han ‘Arou’h[D5] (parag.8) et le Ben Ish ‘Haï[D6] (Parasha de Shofetim Hal.14) qui tranchent qu’il faut dire cette formule systématiquement à chaque fois que l’on mentionne les défunts parents, même pour des propos profanes, sans caractère d’enseignement de la Torah.

Mais par contre, selon le Tossafot Rabbenou Isha’ya Ha-Zaken[D7] (sur KIddoushin), ainsi que le RAMBAM[D8] (chap.6 de Hal. relatives aux renégats Hal. 5), ainsi que MARAN dans le Shoul’han ‘Arou’h (Y.D chap.240 parag.9), cette formule doit être dite uniquement lorsque le fils cite un enseignement de Torah au nom de son père.

Le RAMA[D9] (sur Shoul’han ‘Arou’h Y.D chap.240 parag.9) écrit qu’il faut dire cette phrase également lorsqu’on cite la mère.

Il serai possible d’en déduire que selon le RAMA, on doit dire cette formule de Hareni Kaparat Mishkavo (Que je serve d’expiation à sa place) même lorsqu’on fait mention de simples propos qui ne sont pas des enseignements de Torah (puisque généralement, ce n’est pas la mère qui donne son enseignement de Torah à son fils).

Mais en réalité, il est possible de réfuter cette hypothèse car il est probable que selon le RAMA, même pour une mère, si l’on fait mention d’un enseignement ou d’un comportement de Torah qu’elle avait adopté, il faut dire cette formule de Hareni Kaparat Mishkava (Que je serve d’expiation à sa place).

Selon cela, il en découle que pour le père, on est tenu de dire cette formule de Hareni Kaparat Mishkavo (Que je serve d’expiation à sa place) uniquement lorsqu’on cite des paroles de Torah au nom de son père, et non lorsqu’on cite de simples propos sans caractère de Torah au nom de son père. De même pour la mère, si on cite de simples faits qui ne sont ni des enseignements de Torah, ni des attitudes religieuses, on n’est pas tenu de dire cette formule de Hareni Kaparat Mishkava (Que je serve d’expiation à sa place).

C’est ainsi que comprend le Gaon auteur du Shou’t Divré Moshé (Albershteim) (tome 1 section Y.D chap.67 et 68).

Telle est également l’opinion de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita qui écrit que l’on est tenu de dire la formule « Hareni Kaparat Mishkavo » ou d’autres phrases honorifiques comme celle-ci, uniquement lorsqu’on cite un enseignement Hala’hic au nom de son défunt père, comme les termes de la Baraïta - citée au début de nos propos - le précisent : « Si quelqu’un cite un enseignement prononcé par son défunt père… ». Or, le terme « enseignement » désigne exclusivement des paroles de Torah. Mais lorsqu’on mentionne de simples paroles prononcées par son défunt père, qui ne sont pas des paroles de Torah mais uniquement des propos profanes, il n’est pas nécessaire d’ajouter cette formule.

De même, lorsqu’on fait mention d’une bonne attitude adoptée par sa défunte mère, il faut ajouter cette formule. Par exemple, lorsqu’on raconte qu’elle avait l’usage de réciter la Bera’ha des Nerot de Shabbat avant l’allumage – conformément à l’opinion de MARAN l’auteur du Shoulh’an ‘Arouh’ - ou d’autres exemples d’attitudes dignes comme celui-ci.

Dans la prochaine Hala’ha, nous traiterons du devoir de dire le Kaddish après la disparition des parents.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 sheelot@free.fr

(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

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[D1]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[D2]RaMBaN

Rabbi Moshé Ben Na’hman ou « Na’hmanide » Espagne – Israël 13ème siècle

[D3]RaSHI

Rabbi Shelomo ITS’HAKI France 11ème siècle

[D4]

Rabbenou Yero’ham

France – Espagne 14ème siècle

[D5]

Kitsour Shoul’han ‘Arou’h (« L’abrégé du Shoul’han ‘Arou’h ») Rabbi Shelomo GANSFRIED. Europe de l’est 19ème siècle.

[D6]Ben Ish ‘Haï Rabbi Yossef ‘HAÏM Irak 19ème siècle Auteur de nombreux ouvrages, dont Shou’t Rav Pe’alim, ‘Od Yossef ‘haï et d’autres…

[D7]

Rabbenou Isha’ya Di Terani Italie 13ème siècle

[D8]RaMBaM ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle

[D9]RaMA

Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim