jeudi 21 mai 2009

Traditions de la fête de Shavou’ot

Traditions de la fête de Shavou’ot

Question

Quelles sont les traditions spécifiques à la fête de Shavou’ot ?

Décision de la Hala’ha

Nous avons la tradition de disposer des herbes et des fleurs dans la synagogue et dans les maisons, en souvenir de la joie du Don de la Torah.

Nous avons aussi la tradition de consommer des plats lactés le jour de la fête de Shavou’ot, pour diverses raisons (voir les « sources et développement »).

Puisque selon la Hala’ha il est interdit de consommer des plats lactés après avoir consommer de la viande, sans avoir attendu au préalable 6 heures de temps, c’est pourquoi, notre tradition est de consommer d’abord les plats lactés, et après s’être nettoyer et rincer la bouche (en mangeant un morceau de pain ou autre, et en buvant une boisson), on mange les plats de viande.

Il y a une Mitsva de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov, afin d’accomplir la Mitsva de Sim’hat Ha-’hag (se réjouir lors de la fête). De même, il faut également boire du vin en l’honneur de la joie de la fête.

Remarque importante

Nous pouvons constater que l’obligation de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov (selon certains Rishonim comme le RAMBN entre autres, cette obligation représente une Mitsva positive de la Torah elle-même), ne fait pas de distinction entre Shavou’ot et les autres jours de Yom Tov. Un simple Minhag de consommer des plats lactés ce jour là, ne peut en aucun cas avoir une priorité sur une totale obligation de consommer de la viande un jour de Yom Tov.

Ceci afin vient simplement rappeler à certaines personnes qui – sous couvert de Minhag – s’autorisent à ne cuisiner pour Shavou’ot uniquement des plats lactés (et ceci à tous les repas !!), en occultant totalement l’obligation de consommer de la viande ce jour là. Une telle attitude est totalement proscrite selon la Hala’ha, et reflète d’une totale ignorance.

Selon certains Poskim (décisionnaires), il faut attendre la tombée de la nuit, pour réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot, mais selon d’autres, il n’est pas nécessaire d’attendre, et l’on peut tout à fait réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot même avant la nuit.

Dans les pays où – même à cette époque de l’année – la nuit ne tombe pas trop tard (comme en Israël), il est convenable de prendre en considération l’opinion des Poskim selon lesquels, il faut attendre la tombée de la nuit pour réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot.

Mais par contre, les pays où - à cette époque de l’année – la nuit tombe tardivement (comme les pays d’Europe), il n’est pas nécessaire d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush de Shavou’ot. Dans la mesure du possible, il sera suffisant d’attendre la Shki’a (le couché du soleil). Dans ce cas, il est bon de consommer de nouveau un Kazaït de pain (27 g) à la nuit tombée.

Cette ‘Houmra (rigueur) de ne réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot que lorsque la nuit est tombée, ne concerne que le Kiddoush et non la prière de ‘Arvit. Il est donc tout à fait permis de prier ‘Arvit du soir de Shavou’ot, même lorsqu’il fait encore jour.

Il faut aussi réjouir les femmes en leur achetant de beaux vêtements ou de beaux bijoux ou autre. Il faut réjouir les enfants avec des friandises diverses.

Sources et développement

Il est rapporté dans la Guemara Betsa (15b) :

Rabbi Yehoshoua’ dit : la Mitsva de la journée du Yom Tov se partage en 2 moitiés :

Une moitié consacrée pour Hashem, et l’autre moitié consacrée pour vous.

C'est-à-dire, qu’il faut partager le temps du Yom Tov en 2 parties : une partie consacrée à la nourriture et autres, qui font parties de la Sim’ha (la joie de Yom Tov) de Yom Tov, et l’autre partie consacrée à l’étude de la Torah et à la prière.

C’est ainsi que tranche le RAMBAM (chap.6 des Hala’hot Yom Tov Hal.19).

Le RAMA écrit dans une note sur le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.494 parag.3) :

Nous avons la tradition de disposer des herbes dans la synagogue et dans les maisons, en souvenir de la joie du Don de la Torah.

De nombreux de nos maîtres les A’haronim apportent des fondements à cette tradition, qui rappelle également ce qui est enseigné dans la Guemara Shabbat (88b) :

A chaque parole qui sortait de la bouche d’Hashem (lors du Don de la Torah), le monde se remplissait d’un parfum de plantes, comme il est dit : « …Ses lèvres sont comme des roses desquelles se dégagent une myrrhe passante »

De même, nous avons la tradition de disposer des branches d’arbres dans la synagogue et dans les maisons, en allusion à l’enseignement de nos maîtres dans la Guemara Rosh Hashana (16a) : A Shavou’ot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre.

Cependant, l’auteur du ‘Hayé Adam rapporte que le Gaon Rabbi Eliyahou de Vilna (le Gaon de Vilna) fit annuler cette tradition de décorer les synagogues et les maisons d’herbes et de branchages, car aujourd’hui les Goïm – eux aussi – ont la tradition de disposer des branches d’arbres lors de leurs fêtes.

Mais notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit – dans son livre ‘Hazon Ovadia – Yom Tov (page 317 note 28) - que le Gaon de Vilna fit annuler cette tradition car selon son opinion Hala’hic, l’interdiction de la Torah de Ouv’houkotehem Lo Tele’hou (vous ne marcherez pas selon leurs usages…) est en vigueur de façon systématique sur tout usage non juif.

Mais selon l’opinion Hala’hic du MaHaRY KOLON (Morenou Harav Rabbi Yossef KOLON) cite par Maran dans le Beit Yossef (Y.D 178), ainsi que de nombreux autres Poskim, cette interdiction n’est en vigueur que lorsqu’il s’agit d’un usage que les non juifs adoptent comme un ‘Hok – une loi irrationnelle, sans raison (dans ce cas, il est à craindre la transgression de Darké Ha Emori, ainsi que la transgression d’une forme d’idolâtrie), ou bien lorsqu’il s’agit d’un usage de débauche, adopté par les non juifs.

Mais lorsqu’il s’agit d’un usage qui possède une raison différente, comme la tenue vestimentaire que portent les médecins non juifs, afin que l’on puisse comprendre qu’ils sont médecins, il n’y a aucun interdit à adopter ce genre d’usage.

Telle est l’opinion du RAMA dans l’une de ses notes sur le Shoul’han ‘Arou’h (Y.D 178-1).

Il faut donc expliquer que le Gaon de Vilna réfute apparemment cette définition.

C’est pourquoi, il faut maintenir cette tradition, car la tradition du peuple d’Israël a force de loi (lorsque cette tradition est fondée), comme l’exprime le Gaon Rabbi Yossef Shaoul NATANZON dans son livre Yossef Da’at (Y.D chap.348).

En particulier, lorsqu’on prend en considération le fait que cette tradition est très ancienne, puisqu’elle est déjà mentionnée dans les enseignements de nos maîtres du Talmud.

Le RAMA écrit dans cette même note que nous avons la tradition – dans de nombreuses contrées – de consommer des plats lactés le jour de la fête de Shavou’ot.

Les A’haronim ajoutent que certains ont la tradition de consommer également du miel et du lait, par allusion au Don de notre Torah qui est comparée au miel et au lait.

C’est pourquoi les juifs originaires de Alep en Syrie ainsi que d’autres pays du moyen orient, ont l’usage de consommer le jour de Shavou’ot du riz au lait (en arabe « Arz BeH’lib ») dans lequel on met également du sucre, puisque le sucre est lui aussi qualifié de « miel », comme le verset le dit (Shmouel I chap.14) : « Il la trempa dans un rayon de miel… » Rashi commente : il s’agit de roseaux qui poussent à proximité des étangs et que l’on appelle en arabe « Soukra ».

Le Mishna Beroura (sur O.H 494 note 12) rapporte une raison différente à la tradition de consommer des plats lactés lors de la fête d Shavou’ot.

En effet, à travers les 10 Commandements, ont été dévoilées à nos ancêtres toutes les parties de la Torah et de ses Mitsvot, comme l’écrit Rav Sa’adya GAON, que les 10 Commandements contiennent en eux toutes les Mitsvot de la Torah.

Or, lorsqu’ils sont descendus de la montagne pour retourner chez eux après le Don de la Torah, ils n’ont rien trouvé à manger, excepté des aliments lactés.

En effet, la viande nécessite une longue préparation, car il faut procéder à la She’hita (l’abattage rituel) avec un couteau qui possède une lame sans le moindre défaut, tel que l’ordonne Hashem, ainsi que la dénervation du nerf sciatique (Gid Hanashé) et le retranchement des graisses interdites (‘Helev), ainsi que le salage et le rinçage de la viande, et de nombreuses autres détails liés à la Casheroute des aliments.

C’est pourquoi, ils eurent recours aux plats lactés, et c’est à cela que nous faisons allusion.

D’autres explications ont été dites au sujet de cette tradition.

Puisque selon la Hala’ha il est interdit de consommer des plats lactés après avoir consommer de la viande, sans avoir attendu au préalable 6 heures de temps, c’est pourquoi, notre tradition est de consommer d’abord les plats lactés, et après s’être nettoyer et rincer la bouche (en mangeant un morceau de pain ou autre, et en buvant une boisson), on mange les plats de viande.

Il y a une Mitsva de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov, afin d’accomplir la Mitsva de Sim’hat Ha’hag (se réjouir lors de la fête), comme l’enseigne la Guemara ‘Haguiga (8b) : il n’y a de joie que lorsqu’on consomme de la viande de bétail.

Le Maguen Avraham (sur O.H 696 note 15) rapporte que l’obligation de manger de la viande à Yom Tov n’est en vigueur que du temps où le Beit Ha-Mikdash existe. Il tranche sur ce point selon l’opinion des Tossafot sur Moed Katan (14b).

Cependant, le RAMBAM écrit explicitement (chap.6 des Hal.Yom Tov Hal.18) que même de notre époque où le Beit Ha-Mikdash n’existe plus - par nos nombreuses fautes – il est encore une Mitsva de se réjouir pendant Yom Tov en consommant de la viande et du vin.

Une personne qui ne peut pas accomplir la joie de la fête avec de la viande de bétail – pour des raisons de santé ou de Casherout – accomplira la Mitsva avec de la viande de volaille.

Maran tranche dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H 529-2) que lorsque nous disons qu’il n’y a de joie que lorsqu’on consomme de la viande et du vin, cela ne concerne que les hommes, car il faut aussi réjouir les femmes en leur achetant de beaux vêtements ou de beaux bijoux ou autre.

Il faut réjouir les enfants avec des friandises diverses.

De même, il faut également boire du vin en l’honneur de la joie de la fête, mais il faut se préserver de toute forme de plaisanterie et de légèreté, car la plaisanterie et la légèreté ne sont pas de la joie mais de la débauche, et nous n’avons été ordonné que sur la joie qui mène vers le Service du Créateur.

Nous devons seulement nous réjouir le jour de Yom Tov par des moyens permis, comme chanter uniquement au moyen de la bouche, des louanges à Hashem.

De même, il faut s’efforcer de s’adonner à l’étude de la Torah, le jour de Shavou’ot.

Remarque importante

Nous pouvons constater que l’obligation de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov (selon certains Rishonim comme le RAMBAN entre autres, cette obligation représente une Mitsva positive de la Torah elle-même), ne fait pas de distinction entre Shavou’ot et les autres jours de Yom Tov.

Un simple Minhag de consommer des plats lactés ce jour là, ne peut en aucun cas avoir une priorité sur une totale obligation de consommer de la viande un jour de Yom Tov.

Nous voulons simplement rappeler à certaines personnes qui – sous couvert de Minhag – s’autorisent à ne cuisiner pour Shavou’ot uniquement des plats lactés (et ceci à tous les repas !), en occultant totalement l’obligation de consommer de la viande ce jour là. Une telle attitude est totalement proscrite selon la Hala’ha, et reflète d’une totale ignorance.

De plus, ce Minhag ne s’est – à l’origine - pas répandu dans toutes les communautés puisque beaucoup de Sefaradim n’avaient pas ce Minhag et ne l’ont adopté que récemment.

Certains Poskim (décisionnaires) - comme le Gaon Rabbi Avraham HOROWITZ (Ha-Levy) (qui était le père du célèbre Shla Ha-Kaddosh) dans son livre ‘Emek Bera’ha (page 69 colonne 3), ou bien l’auteur du Mass’at Binyamin (dans les

‘Hidoushé Dinim à la fin du livre, section O.H chap.4), rapporté également par le Maguen Avraham sur O.H 494 note 1, ainsi que par le Peri ‘Hadash et les autres A’haronim) - écrivent que puisque la Torah stipule que la fête de Shavou’ot arrive après « 7 semaines pleines » (Temimot), et puisque la notion de Temimot (pleines) implique des jours entiers, on ne peut donc réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot que lorsque s’achève le 49ème jour du ‘Omer. C’est pourquoi – selon cet avis – on ne peut réciter le Kiddoush le soir de Shavou’ot uniquement à partir de la tombée de la nuit.

C’est également l’opinion du Gaon auteur du Shou’t Shevout Ya’akov (tome 3 chap.52).

Le TAZ (Touré Zahav) (sur O.H chap.494, note 1) ajoute qu’il faut aussi attendre la nuit pour prier ‘Arvit. (Le Touré Zahav a été écrit par le Gaon Rabbi David Ben Rabbi Shemouel Ha-Levi, qui fut Av Beit Din en Autriche, il y a environs 300 ans. Rabbi Yossef Shaoul NATANZON – l’auteur du Shou’t Shoel Oumeshiv – a raconté qu’un jour, il arriva un fait qui entraîna l’exhumation de l’auteur du TaZ, et lorsqu’on ouvrit la tombe, on trouva son corps en parfait état. Il ressemblait à un Ange d’Hashem.)

Le Gaon auteur du Eliyah Rabba (note 3) écrit que les propos du TAZ sur ce point nécessitent réflexion.

Mais d’autres Poskim contestent cette opinion, et pensent qu’il est permis de réciter Kiddoush dés le couché du soleil (la Shki’a).

Parmi ces poskim :

Le Gaon Rabbi Yossef YOZFA dans son livre Yossef Omets (chap.850, page 187), où il argumente en disant qu’il serait très difficile d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush (en particulier en Europe où il résidait), et ensuite de se consacrer au programme d’étude qui se déroule durant toute la nuit de Shavou’ot.

Ou encore le Gaon Rabbi Efraïm LANYADO dans son livre Shou’t Deguel Ma’hané Efraïm (section O.H chap.3), où il réfute les propos du Mass’at Binyamin grâce aux arguments des Tossafot et du ROSH sur la Guemara Pessa’him (99b) qui prouvent qu’il n’y a que pour Pessa’h qu’il est impératif d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush.

Il y a aussi le Gaon Ya’bets (Rabbi Ya’akov Ben Tsevi) dans son Siddour Beit Ya’akov – cité par le Melamed Leho’il (section O.’H chap.108) – qui atteste que cette ‘Houmra d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush de Shavou’ot, est superflue, et qu’il est suffisant d’attendre le couché du Soleil. Tout ceci uniquement en ce qui concerne le kiddoush, car pour ce qui est de la Tefila de ‘Arvit, il est évident qu’il n’y a au aucune nécessité d’attendre.

Sur le plan pratique, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita tranche – dans son livre Shou’t Ye’havé Da’at (tome 6 chap.30) ainsi que dans son livre ‘Hazon Ovadia – Yom Tov (page 305) – que pour les habitants d’Erets Israël où la sortie des étoiles arrive assez rapidement même à cette période de l’année, il est souhaitable de prendre en considération l’opinion des A’haronim qui exigent d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot.

Mais pour les habitants des pays d’Europe où le soleil tarde à se coucher à cette période de l’année et que le fait d’attendre la sortie de étoiles pour réciter le Kiddoush risquerai d’incommoder les membres du foyer et également de provoquer certains désagréments pour l’étude organisée toute le nuit de Shavou’ot, on peut autoriser de réciter le Kiddoush et de prendre le repas de la fête même lorsqu’il fait encore jour. Dans ce cas, il est bon – dans la mesure du possible - d’attendre au moins la Shki’a (coucher du soleil) pour réciter le Kiddoush, et si l’on peut on consommera de nouveau un Kazaït (27g) de pain lorsqu’ arrivera la sortie des étoiles.

Notre maître le Rav Shalita ajoute que même ceux qui veulent s’imposer la ‘Houmra (la rigueur), d’attendre la nuit, ceci ne concerne que le Kidoush, mais par contre, il n’est pas nécessaire de s’imposer cette ‘Houmra pour la prière de ‘Arvit, et l’on peut tout à fait prier ‘Arvit avant le couché du soleil.

Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit aussi qu’il est juste d’étudier le Sefer Ha-Mitsvot du RAMBAM, le jour de Shavou’ot, et il est bon de lire le Tehilim ce jour là, car le décès de notre maître le roi David, eu lieu le jour de la fête de Shavou’ot.

Il est dit dans la Torah (Devarim 16)

« Tu te réjouiras, lors de Ta fête. Toi, ainsi que ton fils, ta fille, ainsi que le Levi et l’étranger, l’orphelin et la veuve qui seront au sein de toi… »

C’est pourquoi, nous avons le devoir de réjouir pendant la fête, les pauvres, les veuves ainsi que les orphelins, et ceci représente une sainte obligation.

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