Prier pour un malade
QUESTIONS
1. Lorsqu’on prie pour une personne malade afin qu’elle guérisse, faut-il mentionner son nom dans la prière ou non ?
2. Si l’on doit mentionner le nom du malade, doit-on mentionner son prénom ainsi que celui de sa mère ou bien celui de son père ?
DECISIONS DE LA HALA’HA
Lorsqu’on prie pour un malade en sa présence (c'est-à-dire lorsqu’on se trouve dans la même pièce que le malade), dans cette condition il n’est pas nécessaire - et même déconseillé - de mentionner son nom, mais lorsqu’on prie pour lui en son absence, il est nécessaire de mentionner son nom.
Il est préférable de mentionner le nom de la mère de la personne plutôt que le nom de son père.
Toutefois, si l’on ne connaît pas le prénom de la mère du malade, on peut mentionner celui du père.
Il existe un usage selon lequel lorsqu’on ignore le prénom de la mère du malade, on dit « untel fils de ‘Hava ».
Lorsqu’on prie pour un malade en versant des larmes, nous n’avons pas besoin d’avoir recours à l’aide es Anges du Service Divin afin de monter les prières auprès d’Hashem, car « les portes des larmes ne sont pas refermées ».
De même, si l’on prie avec grande concentration et dans la détresse, la prière est entendue même si les anges ne comprennent pas la langue dans laquelle la prière est formulée.
Qu’Hashem entende nos prières et qu’Il récompense nos espoirs. AMEN
SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Il est enseigné dans la Guemara Bera’hot (34a) :
Lorsqu’on prie pour une personne, il n’est pas nécessaire de mentionner son nom, car lorsque Moshé Rabbenou pria pour que sa sœur Miryam se rétablisse de sa lèpre, il ne mentionna pas son nom et se contenta de dire : « D. s’il te plait guérit la ».
Le MAHARYL (cité par le Maguen Avraham sur O.H début du chap.119) explique qu’il s’agit d’un cas où l’on prie pour un malade en sa présence (c'est-à-dire lorsqu’on se trouve dans la même pièce que le malade), dans cette condition il n’est pas nécessaire de mentionner son nom, mais lorsqu’on prie pour lui en son absence, il est nécessaire de mentionner son nom.
Cette opinion est partagée par de nombreux autres décisionnaires comme :
Le Eliya Rabba (sur O.H 116 note 1) ; le Peri Megadim (Eshel Avraham fin du chap.116) ; le Gaon Rabbi Zalman dans son Shoul’han ‘Arou’h (sur O.H 116 parag.3) ; le Mishna Beroura (116 note 3 et 119 note 2) ; le Kaf Ha-‘Haïm (sur O.H 116 note 3) et d’autres…
Il est enseigné dans la Guemara Nedarim 40a :
Lorsqu’on rend visite à un malade, on doit prier pour lui. Lorsqu’on ne rend pas visite à un malade, on ne doit pas prier pour lui.
Le sens de cet enseignement est expliqué par le Gaon auteur du ‘Hatam Sofer dans ses commentaires sur Nedarim.
Il explique que lorsqu’on rend visite au malade, il n’est pas nécessaire de mentionner son nom en priant pour lui puisqu’il est présent. De plus, les Kabbalistes expliquent que lorsqu’on mentionne le nom du malade, cela peut lui provoquer certaines mises en accusation, et parfois le fait d’avoir mentionner son nom lui occasionne plus de dommages, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on prie en sa présence et que l’on ne mentionne pas son nom, car dans ce cas on lui fait plus de bien.
Cette explication est également mentionnée par le Gaon Rabbi ‘Haïm FALLAG’I dans son livre Roua’h ‘Haïm (sur O.H 569 note 1).
Le Gaon MAHARIKSH cite lui aussi cette explication dans ses notes sur le Shoul’han ‘Arou’h (O.H 576).
Le livre Zi’hron Le-Moshé (sur le Gaon ‘Hatam Sofer) (page 49a) cite cette explication en prenant appuie sur un verset de la Torah.
En effet, il est écrit au sujet de la stérilité de Rivka (Parasha de Toledot) :
« Its’hak pria Hashem en présence de sa femme car elle était stérile… »
Si its’hak avait prié en l’absence de sa femme, il aurait été contraint de mentionner son nom (Rivka fille de Betouel). Or, Betouel le père de Rivka était un Rasha’ (un impie) ce qui aurait peut être éveillé une mise en accusation dans le ciel concernant Rivka. C’est pourquoi Its’hak préféra prier en sa présence afin de ne pas mentionner son nom.
C’est également ce qu’écrit le Gaon auteur du ‘Iyoun Ya’akov (sur Bera’hot 34a) en précisant que parfois le nom du malade lui a causé sa maladie, et de ce fait lorsqu’on prie pour lui il ne faut pas mentionner son nom, puisqu’il arrive parfois que l’on change son nom à cause de cette raison qui a peut-être provoqué la maladie à cette personne.
Le Zohar Ha-Kaddosh (Noa’h page 69a) rejoint cette explication puisqu’il explique que lorsqu’on se trouve dans une période où la rigueur Divine règne dans le monde, il n’est pas bon pour une personne que son nom soit mentionné dans le Monde Supérieur, afin de ne pas rappeler ses fautes.
Par conséquent, lorsqu’on nous précisons qu’il n’est pas nécessaire de mentionner le nom du malade lorsqu’on prie en sa présence, cela ne veut pas dire que l’on est malgré tout autorisé à le faire si on le désire, car en réalité il est préférable pour le malade que l’on ne mentionne pas son nom dans la prière, et c’est pourquoi lorsqu’il est possible de ne pas mentionner le nom du malade dans la prière – comme nous l’avons précisé lorsqu’on prie en sa présence – il faut veiller à ne pas mentionner son nom dans la prière, car en priant en sa présence et en ne mentionnant pas son nom, on est plus à même de réveiller la pitié Divine et hâter sa guérison.
Le Roi David adresse une prière à Hashem à travers un verset des Tehilim (86-16) :
« …Délivre le fils de ta servante… »
Le Zohar Ha-Kaddosh (Le’h Le’ha page 84a) comment ce verset ainsi :
David n’était-il pas le fils de Ishaï ? Pourquoi mentionne-t-il plutôt sa mère et pas son père ? Mais en réalité cela vient nous apprendre que lorsqu’on désire bénéficier d’une certaine chose du Ciel, nous devons nous exprimer avec précision. C’est pour cette raison que David mentionna sa mère et non son père.
Le Zohar Ha-Kaddosh cite de nouveau cette règle à un autre endroit (Shemot page 17b) :
On mentionne toujours le nom de la mère et pas celui du père, car le nom de la mère ne comporte pas la moindre suspicion.
Il est enseigné dans la Guemara Shabbat (62b) que toutes les prières et implorations doivent être réalisées sous le nom de la mère de la personne.
Cependant, le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM de Bagdad z.ts.l – dans son livre Ben Yehoyada’ (sur Bera’hot 55b) – s’étonne de cette explication selon laquelle le nom de la mère exprime plus de certitude que celui du père. Il écrit que cette explication est une explication « populaire » qu’il réfute en invoquant le fait qu’un tel raisonnement exprime un manque de respect envers le père et incite à croire des choses insultantes à son égard.
C’est pourquoi il donne une toute autre explication pour justifier le fait de mentionner plutôt le nom de la mère que celui du père.
En effet, il explique qu’en réalité lorsqu’on mentionne le prénom du père, on est susceptible de provoquer une plus grande mise en accusation au malade, car en général l’homme est beaucoup plus reprochable que la femme puisque l’homme est exposé à la grave faute du Bitoul Tora (négligence du temps qui aurait pu être consacré à l’étude de la Torah) qui ne concerne pas spécialement la femme qui est essentiellement exempte de l’obligation d’étudier la Torah. C'est pourquoi il est toujours préférable de mentionner le prénom de la mère plutôt que celui du père.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita – dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer (tome 2 sect. O.H chap.11), ainsi que dans son livre Maor Israël (sur Bera’hot 34a) - s’étonne à son tour des propos du Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM de Bagdad qui a qualifié cette explication de « populaire » et qui – selon lui - exprime un manque de respect envers le père par insinuations implicites de choses insultantes à son égard, alors que cette explication est explicitement écrite dans le Zohar Ha-Kaddosh sur Le’h Le’ha cité plus haut. Il est très étonnant que notre maître le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM de Bagdad z.ts.l – qui maîtrisait parfaitement tous les enseignements du Zohar Ha-Kaddosh – ait omis cet enseignement.
On peut aussi ajouter que puisqu’en général ce sont les mères qui souffrent le plus dans ce monde en supportant les souffrances de la grossesse et de l’enfantement, et qu’en général c’est sur elles que repose la majeure partie du poids de l’éducation des enfants, et que tout ceci leur occasionne de grandes épreuves, c’est pourquoi leurs fautes sont plus facilement expiables par le biais de leurs souffrances, que celles des hommes.
Par conséquent, il est préférable de mentionner le nom de la mère de la personne plutôt que le nom de son père.
Toutefois, si l’on ne connaît pas le prénom de la mère du malade, on peut mentionner celui du père.
Il existe un usage selon lequel lorsqu’on ignore le prénom de la mère du malade, on dit « untel fils de ‘Hava ».
Il est écrit dans le livre Shou’t Temim De’im que lorsqu’on prie pour un malade en versant des larmes, nous n’avons pas besoin d’avoir recours à l’aide es Anges du Service Divin afin de monter les prières auprès d’Hashem, car il est enseigné dans la Guemara Bava Metsi’a (59a) que « les portes des larmes ne sont pas refermées ».
De même, si l’on prie avec grande concentration et dans la détresse, la prière est entendue même si les anges ne comprennent pas la langue dans laquelle la prière est formulée. Fin de citation.
Qu’Hashem entende nos prières et qu’Il récompense nos espoirs. AMEN
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