QUELQUES REGARDS SUR
VAET’HANAN - SHABBAT NA’HAMOU
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema de
mon épouse Sylvie Mazal Esther Bat Sim’ha ; de Ra’hamim Ben Flila et
son frère David Ben Flila
Résumé
Depuis le début du livre de Devarim, Moshé Rabbenou fait un rappel de tous les évènements qui se sont passés depuis la sortie d’Egypte.
Au début de notre Parasha, Moshé Rabbenou fait mention de la Tefila (prière) qu’il a adressé à Hashem pour qu’il annule le décret selon lequel, il ne doit pas rentrer en Erets Israël.
1. LA PRIERE : UN MOYEN OU UN OBJECTIF ?
« J’ai imploré Hashem à ce moment précis, en ces termes. » (Devarim 3-23 Début de notre Parasha)
Daat Zekenim Mibaalé Hatossafot
Moshé Rabbenou a adressé 515 prières à Hashem, nombre qui représente la Guematriya (la valeur numérique) du mot « Vaet’hanan » qui veut dire « j’ai imploré ».
Question
Voyant qu’il n’est pas exaucé, pourquoi Moshé Rabbenou insiste t-il tellement en multipliant ses prières ?
Un tel étonnement s’éveille en nous uniquement à cause du fait que nous ne saisissons pas le but réel et le sens profond de la notion de prier.
La prière apparaît dans notre esprit comme un moyen pour agir sur des délivrances du Ciel dans des domaines comme la santé, la Parnassa, ou l’annulation de mauvais décrets.
Il n’y a effectivement rien de comparable à la force de la prière pour ces choses là.
Mais la prière n’est pas seulement un moyen, elle est également un objectif à atteindre !
Nos maîtres nous enseignent que la prière représente « AVODA SHE-BALEV » ou le culte que l’on réalise avec le cœur (voir Guemara Taanit 2a).
C’est par la prière que l’homme se rapproche d’Hashem, et c’est grâce à elle que son âme se purifie.
Nos maîtres nous enseignent qu’Hashem « désire » la prière des Tsadikim (les justes). C’est pour cette raison que les matriarches du peuple d’Israël étaient d’abord stériles, afin qu’elles prient pour avoir des enfants.
Nous apprenons de là que la prière n’est pas seulement un moyen qui annule le mauvais décret, mais elle est aussi l’objectif vers lequel l’homme doit se diriger, afin de se « reconnecter » avec son Créateur.
Parfois, le mauvais décret ne vient que pour amener l’homme à prier !!
Par conséquent, si Hashem n’avait pas ordonné à Moshé Rabbenou d’arrêter ses prières sur ce point, Moshé Rabbenou n’aurait pas cesser de prier et aurait continuer encore et encore, puisque la prière en elle-même représente le but et l’objectif à atteindre.
Le ‘Hatam Sofer avait pour habitude de s’étendre assez longuement dans sa prière.
Un jour, un grand Rav de sa génération lui demanda :
« Je sui très étonné de constater tout le temps que vous passez dans votre prière !
En agissant ainsi, ne négligez vous pas du temps que vous pouvez consacrer à l’étude ?! N’est-il pas écrit : Celui qui empêche son oreille d’entendre la Torah, sa prière n’est qu’abomination ! (Mishlé 28-9) »
Le ‘Hatam Sofer lui répondit :
« Je ne suis pas du tout inquiet pour cela ! En effet, nos maîtres nous ont déjà promis : Celui qui s’étend longuement dans sa prière, méritera la longévité de la vie (Guemara Bera’hot 54b). Il se trouve donc que même si je passe beaucoup de temps dans ma prière, Hashem me fera mériter la longévité de la vie, et je pourrai ainsi rattraper les heures d’étude que j’aurai diminué par la prière ! »
Il ne faut pas faire l’erreur de croire que nous prions seulement pour être entendu et exaucé.
La prière est le véritable cadeau dont Hashem nous a gratifié afin de pouvoir Le retrouver !!!
2. LE DANGER DE LA ‘HOUMRA
« N’ajoutez rien à la chose que je vous ordonne, et ne la diminuez pas » (Devarim 4-2)
Question
Le fait qu’il nous soit interdit de diminuer les commandements de la Torah, se comprend facilement.
Mais pourquoi nous est-il interdit d’en ajouter ? Un serviteur n’a-t-il pas le droit d’en faire plus que ce que son maître lui demande, afin de trouver grâce à ses yeux ?!
Le Maguid de DOUVNA explique cela, comme à son habitude, par un Mashal (une image) :
Un homme empruntait fréquemment divers objets à son voisin.
A chaque fois qu’il venait lui rapporter les objets, il rendait au propriétaire 2 exemplaires de l’objet emprunté. Quand il lui empruntait 1 cuillère, il lui en rapportait 2. Quand il lui empruntait 1 assiette, il lui en rapportait 2 …
Lorsque le propriétaire s’en étonnait, l’emprunteur répondait « naïvement » que lorsqu’il avait apporté la cuillère chez lui, celle-ci est « tombé enceinte » et a « enfanté » d’une 2ème cuillère, de même pour l’assiette …
Un jour, notre emprunteur vint trouvé son voisin et lui dit que le soir même, il organisait chez lui une fête de famille, et qu’il aurait besoin de beaucoup de lumière.
Il lui demanda donc de lui prêter sa grande lampe en argent.
Le voisin accepta volontiers, tout en pensant qu’il lui ramènera 2 lampes.
Les jours passèrent et notre emprunteur ne venait toujours pas restituer la lampe.
A bout de patience, le prêteur vint le trouver et lui dit :
« Pourquoi n’es tu pas venu me rendre la lampe ? »
L’emprunteur lui répondit avec une expression de souffrance :
« Sache mon pauvre ami que lorsque j’ai amené ta lampe chez moi, elle est « tombé malade » et « mourut » subitement ! … »
Le prêteur se mit en colère et dit en criant :
« Te moquerais tu de moi ?! A-t-on déjà entendu une chose pareille, qu’une lampe puisse mourir ?! »
Mais l’emprunteur lui répondit calmement :
« A-t-on déjà entendu qu’une cuillère ou une assiette puissent « tomber enceintes et enfanter » ?! Si lorsque je t’ai rendu le double, tu pouvais croire que des objets en métal puissent enfanter, tu es également tenu de croire qu’une lampe en argent peut mourir !!!! »
La morale de cette histoire
Celui qui ajoute sur les Mitsvot, peut semblé prétendre que la Mitsva est tombée enceinte, et a enfanté une autre Mitsva. Cette personne est susceptible - le jour où se présentera une Mitsva qui lui semblera difficile à réaliser – de prétendre tout bonnement que « cette Mitsva est morte » !
C’est la raison pour laquelle le texte nous met en garde :
« N’ajoutez rien à la chose que je vous ordonne » – de peur que vous en arriviez à « en diminuer ».
Il existe un véritable danger à s’imposer aveuglément toutes sortes de ‘Hpumrot (des comportements rigoureux non exigés par la Hala’ha), car lorsque ces ‘Houmrot ne sont pas gérées, elles peuvent entraîner l’individu – à court ou moyen terme - à s’écarter de ce que la Torah exige véritablement de lui.
3. PRESERVER SA SANTE EST UN ORDRE DE LA TORAH
« Vous serez très vigilant envers votre santé… » (Devarim 4-15)
Rabbi Israël SALENTER z.ts.l demanda :
Comment se fait-il que des personnes malades ferment les yeux sur le danger que peut représenter pour eux tel ou tel aliment, et expriment de l’envie pour des nourritures qui peuvent leur être nocives ?
Il répondit en disant que le malade est exempt de toutes les Mitsvot, et la seule Miitsva qui lui est possible de réaliser, c’est justement de préserver sa santé. Mais le Yetser Hara’ (le mauvais penchant) s’efforce de faire trébucher la personne, même sur cette Mitsva !!
HAFTARA DE « NA’HAMOU »
Le Shabbat qui suit le 9 Av est surnommé « Shabbat Na’hamou » en raison des premiers mots de la Haftara de ce Shabbat, qui est aussi le premier de 7 Shabbatot que l’on appelle « les 7 de consolation », pendant lesquels on lit à chaque fois une Haftara particulière.
« Consolez vous, consolez vous – vous qui êtes mon peuple – ainsi parle votre D. » (Isha’ya 40)
Après toutes les prophéties annonciatrices de la destruction du Temple et de l’exil, le prophète Isha’ya console le peuple d’Israël au nom d’Hashem.
Nous pouvons expliquer le double terme « Consolez vous, consolez vous… » avec l’image suivane :
Deux maris ont quitté leurs femmes, et se sont réfugié dans un pays lointain.
L’un des deux maris était très riche et n’a quitté sa femme que pour des raisons de mésentente. Mais l’autre était très pauvre et a simplement quitté sa ville dans l’espoir de trouver une source de revenu pour nourrir sa famille.
Au bout d’un certain temps, voyant que leurs maris ne leur donnaient aucunes nouvelles, les deux femmes se renseignèrent auprès des commerçants pour savoir si l’un d’eux n’avait pas d’informations sur leurs maris.
Effectivement, un commerçant leur dit qu’il avait connu leurs maris et ceux-ci lui avaient même confié des lettres pour elles.
En entendant cela, les deux femmes demandèrent au commerçant de leur donner immédiatement les lettres, mais celui-ci leur répondit qu’il ne les avait pas sur lui pour le moment, mais il promit qu’il leur apportera demain.
La femme du riche fut satisfaite et rentra chez elle, mais celle du pauvre resta sur place et insista auprès du commerçant en pleurant pour qu’il aille tout de suite chercher la lettre.
Le commerçant lui dit :
« Comment se fait-il que tu insiste tellement alors que ton amie s’est contenté de ma réponse et a accepté de patienter jusqu’à demain ? »
La femme du pauvre répondit au commerçant :
« Sache qu’il y a une grande différence entre elle et moi. Elle est tranquillement rentré chez elle parce qu’elle vit dans la richesse et ne manque de rien. La seule raison pour laquelle son mari la quitté n’est qu’une simple dispute. Maintenant qu’elle sait que son mari lui a adressé une lettre, elle est convainque que son mari l’aime encore et qu’il va bientôt rentré à la maison. C’est pour cela qu’elle est prête à patienter jusqu’à demain. Mais moi, je vis dans la misère et la pauvreté. Mon mari m’a quitté justement pour trouver une source de revenu pour nourrir dignement sa famille. J’ai donc hâte de savoir comment il va et s’il a réussi ou non. C’est pour cela que je pleure, car il est possible qu’il n’a pas réussi ! »
La She’hina (la présence Divine) nous a quitté en raison de notre mauvaise conduite envers Hashem. Depuis, nous avions perdu l’espoir de la retrouver un jour.
Hashem vient annoncé à Israël que non seulement il est de retour (1er terme de « Na’hamou – Consolez vous »), mais aussi qu’il leur ramènera le Temple de Jérusalem (2ème terme de Na’hamou – Consolez vous ») qui est la seule véritable source de survie du peuple d’Israël.
Shabbat Shalom
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