« Shehe’heyanou » sur un parfum nouveau
Cette Hala'ha est dédiée à l'élevation des Neshamot de
David Ben Flila et Raphaël Shmouel Ben Carine (enfant de 13 mois décédé prématurément)
QUESTION
Doit-on réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum naturel comme le parfum de différentes fleurs qui se renouvellent chaque année ?
DECISION DE LA HALA’HA
Du point de vue de la Hala’ha, nous ne devons pas réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur le parfum naturel de différentes fleurs – comme le jasmin ou la rose – qui se renouvellent chaque année, puisque cela fait l’objet d’une divergence d’opinion Hala’hique.
Cependant, la personne qui veut faire preuve de piété, est autorisée à réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum agréable, mais sans prononcer le Nom d’Hashem et l’expression de sa Royauté en disant seulement « Barou’h Shehe’heyanou Vekiyémanou Vehigui’anou Lazéman Hazé ».
SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Cette question prend sa source dans le fait que l’on récite la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un fruit nouveau que l’on n’a pas consommé depuis l’année précédente, comme des fraises ou des grenades qui se renouvellent chaque année.
Nous devons donc définir si l’on doit également réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum naturel qui se renouvelle chaque année, comme le parfum du jasmin qui pousse chaque année durant les mois d’été, ou bien sur des roses qui se renouvellent elles aussi d’année en année.
Doit-on réciter la bénédiction de « Sheheh’eyanou » après avoir récité la bénédiction propre au parfum ou non ?
Notre maître le RADBAZ (Rabbi David BEN ZIMRA) écrit dans une Tshouva (tome chap.297) :
« Sur un parfum agréable naturel qui se renouvelle d’année en année – comme le parfum des roses ou du jasmin – nous devons réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou ». Il est vrai qu’en général la Hala’ha n’accorde pas d’importance particulière à l’odeur et considère qu’il n’y a rien de concret dans une odeur – et ceci se répercute sur différentes lois – malgré tout, concernant le profit du parfum pour lequel nos maîtres ont instauré la bénédiction des parfums, il est certain qu’il en est de même vis-à-vis de la bénédiction de « Shehe’heyanou ». Puisque l’être humain en tire un profit, il est donc tenu de réciter une bénédiction sur ce parfum, et il en est de même pour la bénédiction de « Shehe’heyanou ». Fin de citation.
Ces propos du RADBAZ sont cités par de nombreux décisionnaires, comme le Kenesset Ha-Guedola (sur O.H début du chap.225), ainsi que par le Maguen Avraham (sur O.H 225 note 12). Telle est l’opinion du Gaon auteur du Shout’ Shevout Ya’akov (tome 2 fin du chap.37) ainsi que celle du Gaon Ya’bets dans son livre Mor Ou-Ktsi’a (sur O.H chap.216).
Cependant, le Kenesset Ha-Guedola lui-même - dans son livre Shiyaré Kenesset Ha-Guédola (sur O.H 216 notes sur le TOUR note 2) - réfute les propos du RADBAZ et tranche que l’on ne récite pas la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum nouveau car nous nous fions à la bénédiction de « Shehe’heyanou » que l’on récite lors de la consommation (pour les plantes odoriférantes comestibles).
Le Le’hem ‘Hamoudot (sur chap.6 de Bera’hot - 43b) explique que l’on ne récite pas de bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum nouveau car le profit est faible. C’est d’ailleurs pour cette même raison que nous ne récitons pas de bénédiction finale après avoir senti un parfum agréable, comme l’écrit Rashi. Par conséquent, la bénédiction de « Shehe’heyanou » n’est donc pas non plus récitée lorsqu’on sent un parfum qui se renouvelle d’année en année.
Il ajoute encore une autre raison à notre usage de ne pas réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un nouveau parfum.
En effet, il cite les propos du Gaon Rabbi Moshé Levy DAYAN z.ts.l qui écrit que le parfum agréable n’est pas le profit du corps, mais celui de l’âme, comme il est écrit dans le Tehilim : « Toute âme rendra gloire à Hashem.. » (Le mot âme se dit en hébreu « Neshama » et nos maîtres font un parallèle entre ce mot et le mot « Neshima » qui signifie respiration, pour enseigner que sur chaque respiration l’âme doit rendre gloire à Hashem). Il n’est donc pas approprié de réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » (qui signifie « qui nous a fait vivre ») sur une chose qui n’est essentiellement que le profit de l’âme et non celui du corps. Le corps a besoin de réciter continuellement la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur les profits qui se renouvellent chaque année, alors que l’âme est éternelle, et il n’est donc pas approprié de parler de la notion de « qui nous a fait vivre » vis-à-vis de l’âme puisqu’elle est éternelle.
C’est pour cela qu’il ne faut pas réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum agréable qui se renouvelle chaque année, car le profit essentiel de l’odorat est celui de l’âme qui est éternelle.
Telle est l’opinion du Eliya Rabba (note 2).
Le Gaon Rabbi Zalman tranche qu’étant donné que la chose fait l’objet d’une divergence d’opinions Hala’hique, il faut réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un nouveau parfum mais sans prononcer le Nom d’Hashem et l’expression de sa Royauté en disant seulement « Barou’h Shehe’heyanou Vekiyémanou Vehigui’anou Lazéman Hazé », et pas plus.
Notre maître le ‘HYDA écrit – dans son livre Birké Yossef (sur O.H 216 note 1) - qu’étant donné que nous avons un principe fondamental selon lequel « dans chaque situation de doute sur la récitation d’une bénédiction, nous ne la récitons pas » (« Safek Béra’hot Lehakel »), par conséquent, puisque la chose fait l’objet d’une divergence d’opinion parmi les décisionnaires, il ne faut pas réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum agréable.
Il ajoute que si l’opinion du RADBAZ était réellement fondée, il est un peu difficile à admettre qu’aucun décisionnaire parmi les Rishonim (de l’époque médiévale) n’en a fait mention. Par conséquent, selon la Hala’ha, il ne faut pas réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum agréable, car quoi qu’il en soit nous ne sortons pas pour autant d’une divergence d’opinions Hala’hique.
Le Sha’aré Tshouva (sur O.H début du chap.216) fait mention de ces propos du ‘HYDA. Telle est également l’opinion du Gaon Rabbi ‘Haïm FALLAG’I dans son livre Roua’h ‘Haïm (sur O.H 216 note 1).
Malgré tout cela, le Gaon auteur du Shou’t Pé’oulat Tsaddik (tome 2 chap.118) rapporte que dans son enfance, il a constaté que ses maîtres récitaient la bénédiction de « Shehe’heyanou ». Il précise qu’aucune autorité Hala’hique ne remettait en question cet usage. Il s’étend longuement afin de justifier l’usage de ses maîtres sur ce point.
Malgré tout, du point de vue de la Hala’ha, nous ne devons pas réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum nouveau puisque cela fait l’objet d’une divergence d’opinion Hala’hique.
Cependant, la personne qui veut faire preuve de piété, est autorisée à réciter la bénédiction de « Shehe’heyanou » sur un parfum agréable, mais sans prononcer le Nom d’Hashem et l’expression de sa Royauté en disant seulement « Barou’h Shehe’heyanou Vekiyémanou Vehigui’anou Lazéman Hazé », comme le préconise le Gaon Rabbi Zalman cité plus haut, et pas davantage.
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