DVAR TORAH SUR
NOA’H
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
UN HOMME OU UN TSADDIK ?
« Noa‘h fut un homme Tsaddik (juste), il était Tamim (intègre) dans ses générations. Noa‘h marchait avec Hashem. » (Bereshit chap.6, verset 9, début de notre Parasha)
Question
Que signifie le mot « homme » ? N’aurait-il pas suffi de dire simplement que Noa‘h était « Tsaddik et Tamim dans ses générations » ?
Réponse
Ce terme, explique Rav Moshé Feinstein z.ts.l, souligne que Noa‘h était un homme, pas un enfant – et donc un être mature et stable. Pour être Tsaddik, il faut d’abord être un homme. Il faut être intelligent et clairvoyant, posséder du bon sens et un jugement droit. Autrement, la vertu sera instable. Un insensé peut facilement se laisser détourner, et il serait inapproprié de le tenir pour un individu vertueux.
Rabbi Avraham Ibn Ezra émet la même remarque à propos de la réaction de Moshé quand Yitro lui a conseillé de se faire assister par des « hommes craignant D. » (Shemot 8, 21). Il chercha aussitôt des « hommes sages » (Devarim 1, 13), les seuls à craindre véritablement Hashem.
Rav Israël Salanter z.ts.l avait l’habitude de dire que la première Mitsva de la Torah est de ne pas être un imbécile...
Rav Ya‘akov Neumann z.ts.l suggère une approche complètement différente. Le roi David écrit : « Ne me rejette pas au moment de ma vieillesse ! » (Tehilim 71, 9). Pourquoi souligne-t-il la nécessité d’une assistance divine pendant la vieillesse ? N’en a-t-on pas besoin aussi dans sa jeunesse ?
Rav Yits‘hak Blazzer z.ts.l répond dans Ko’hevé Or
à l’aide d’une parabole :
Deux jeunes gens de dix-huit ans avaient été convoqués pour le service militaire. Le jour prévu pour leur incorporation, aucun d’eux ne se présenta. On lança contre eux des ordres d’arrestation, mais les appelés réussirent à se soustraire aux recherches.
Une année s’écoula, puis une deuxième. Las de cette existence de fugitif, un des garçons se présenta à la caserne. Bien entendu, le commandant se mit en colère contre lui. Mais comme le jeune homme s’était soumis volontairement et était venu pour exécuter ses obligations, bien que tardivement, il déchira l’ordre d’arrestation et permit à l’intéressé de rejoindre son unité comme l’aurait fait toute autre recrue.
Quant à l’autre appelé, il resta hors d’atteinte pendant des décennies. Finalement, alors qu’il était devenu vieux, il décida de suivre l’exemple de son camarade qui s’était soumis bien des années plus tôt. Un beau jour, il entra dans la caserne et se présenta devant le commandant, lequel le fit aussitôt arrêter.
« Mais pourquoi m’arrêtez-vous ? - protesta-t-il. Vous n’avez pourtant pas fait incarcérer mon camarade, qui s’est également laissé incorporer après ses années d’insoumission !
– Quel âge avez-vous ? demanda le commandant.
– Soixante et un ans.
– Comment pouvez-vous vous comparer à votre camarade ? - observa l’officier. Il s’est présenté alors qu’il n’avait que vingt ans. Comme ses années les plus productives étaient encore devant lui, nous avons pu nous montrer compréhensifs. Mais les vôtres sont maintenant derrière vous. Quelle valeur revêt pour nous votre enrôlement ? Pourquoi devrions-nous vous témoigner de l’indulgence ? »
Il en va de même, conclut Rav Blazer, pour celui qui se repent. Le roi David écrit (Tehilim 112, 1) : « Heureux l’homme qui craint Hashem. » La Guemara (‘Avoda Zara 19a) applique ce verset à celui qui, étant encore un « homme », craint Hashem. Quand une personne pèche et se repent étant encore jeune et vigoureuse, son retour vers Hashem a une grande valeur, et Il la traite avec clémence. Mais si elle attend jusqu’à la vieillesse, alors que son sang a cessé de bouillonner et que ses instincts et ses impulsions se sont affaiblis, quelle valeur peut avoir un tel repentir ? Où était-elle quand elle était plus jeune ? Telle est la supplication du roi David : Il implore Hashem d’avoir pitié et d’accepter le repentir, même si on ne le met en pratique que dans sa vieillesse. « Ne me rejette pas au temps de ma vieillesse », bien que j’aurai dû me repentir depuis déjà longtemps !
Rav Neumann applique cette pensée à Noa‘h. La Torah complimente celui-ci pour avoir été Tsaddik et intègre étant encore un « homme ». Il n’a pas attendu d’être devenu vieux pour se mettre en quête de la vertu.
D’après les écrits du Rav Dov Lumbroso-Roth shalita
Shabbat Shalom
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