« Potea’h Ete Yade’ha »
QUESTIONS
Y a-t-il une explication à l’usage d’ouvrir largement les mains lorsqu’on dit le verset « Ouvre tes mains et rassasies chaque être vivant avec volonté » (« Potea’h Ete Yade’ha… » qui se trouve dans le psaume « Ashré Yoshevé Bete’ha »), ou bien cet usage n’est pas juste ?
Doit-on se lever lorsqu’on dit la bénédiction de « Ishtaba’h » dans la prière du matin, ou bien est-il permis de rester assis ?
DECISIONS DE LA HALA’HA
Il faut avoir une concentration particulière lors du verset « Potea’h Ete Yade’ha… » (« Ouvre tes mains et rassasies chaque être vivant avec volonté »), car l’essentiel de la Parnassa dépend de ce verset.
Si l’on ne s’est pas concentré lors du verset « Potea’h Ete Yade’ha… » (« Ouvre tes mains et rassasies chaque être vivant avec volonté ») qui se trouve dans le psaume « Ashré Yoshevé Bete’ha », il faut de nouveau dire ce verset une autre fois avec concentration.
En cas d’absence de concentration lors du verset « Potea’h Ete Yade’ha… » du 1er « Ashré Yoshevé Bete’ha » de l’office du matin :
Si l’on se trouve entre 2 psaumes, il faut reprendre depuis ce verset et continuer normalement.
Si l’on a déjà entamé le psaume suivant ou les autres psaumes lorsqu’on se rend compte du problème, il faudra se concentrer lors du 2ème « Ashré Yoshevé Bete’ha » de l’office du matin, ou bien lors de celui de Min’ha.
Afin de stimuler cette concentration obligatoire lors de ce verset, l’usage des Sefaradim et des originaires des communautés du moyen orient est d’ouvrir les mains et de les élever comme le ferait un homme qui désire recevoir une chose de son ami, ceci en signe sur la réception de l’abondance accordée par Hashem à chacun.
Lorsqu’on dit la bénédiction de « Ishtabah’ », les Ashkenazim ont l’usage de se lever, mais les Séfaradim n’ont pas cet usage, excepté pour l’officiant qui doit dire ensuite le Kaddish.
SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Il est rapporté dans les enseignements des Disciples de Rabbenou Yona (sur Bera’hot 23a) au nom des Gueonim que si l’on ne s’est pas concentré lors du verset « Potea’h Ete Yade’ha… » (« Ouvre tes mains et rassasies chaque être vivant avec volonté ») qui se trouve dans le psaume « Ashré Yoshevé Bete’ha », il faut de nouveau dire ce verset une autre fois avec concentration.
MARAN tranche cette Hala’ha dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H 51-7)
Les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale) expliquent que si l’on ne s’est pas concentré lors de ce verset au moment du 1er « Ashré Yoshevé Bete’ha », on pourra encore le faire lors du 2ème « Ashré Yoshevé Bete’ha » de ce même office. Si toutefois on a encore oublié de le faire lors du 2ème « Ashré Yoshevé Bete’ha », on pourra encore le faire lors du « Ashré Yoshevé Bete’ha » que l’on dit à l’office de Min’ha.
Selon le Gaon auteur du Kaf Ha-‘Haïm (sur O.H 51 note 33), si l’on ne s’est pas concentré lors de ce verset au moment du 1er « Ashré Yoshevé Bete’ha », il n’est pas nécessaire de s’interrompre pour autant durant la suite des Pessouké De-Zimra, puisque l’on pourra encore se concentrer sur ce verset lors du 2ème « Ashré Yoshevé Bete’ha » ou même lors de celui de Min’ha.
Cependant, ce n’est pas la compréhension que l’on a de l’opinion des autres décisionnaires qui – au contraire – laissent entendre que l’on doit se reprendre à l’endroit précis des Pessouké Dé-Zimra où l’on se rend compte du manque de concentration que l’on a eu lors du verset « Potea’h Ete Yade’ha… ».
Telle est – entre autres - l’opinion explicite du Ben Ish ’Haï (Parasha de Vaygash note 12).
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita – dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer (tome 6 sect. O.H chap.5) cnclut qu’en cas d’absence de concentration lors du verset « Potea’h Ete Yade’ha… » du 1er « Ashré Yoshevé Bete’ha », il faut dire ce verset entre 2 psaumes. Si l’on a déjà entamé le psaume suivant ou les autres psaumes lorsqu’on se rend compte du problème, il faudra se concentrer lors du 2ème « Ashré Yoshevé Bete’ha » ou bien lors de celui de Min’ha.
Pour favoriser cette concentration, un usage existe dans les communautés Séfarades d’ouvrir largement les mains en les dirigeant vers le haut au moment de ce verset.
Il est vrai qu’il n’est pas juste de suivre tout usage adopté par la masse populaire, comme le fait de tourner la tête à droite puis à gauche lorsqu’on dit la phrase « Yamin Ou-Smol Tifrotsi… », ou d’autres exemples similaires, car ces usages n’ont pas été instaurés par des Talmi’dé ‘H‘ah’amim (érudits en Torah) mais seulement par des ignorants qui ont - par initiatives personnelles - instauré des usages qui se sont par la suite enracinés au sein du peuple.
A fortiori pour les personnes qui font toutes sortes de sauts ou de mouvements divers pendant la prière, ces usages ne sont absolument pas justes selon la Hala’ha.
Cependant, concernant l’usage d’ouvrir les mains lors du verset « Potea’h Ete Yade’ha… », cet usage est celui des Séfaradim et des originaires des communautés du moyen orient, et il s’agit d’un usage très juste, qui est mentionné dans les enseignements de nos plus grands maîtres Séfarades comme Rabbi ‘Haïm FALLAG’I dans son livre ‘Haïm Le-Rosh (lois sur le Birkat Ha-Mazon page 78b note 8) ou bien le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM dans son livre Ben Ish ‘Haï (Vaygash note 12), et d’autres…
Le Gaon auteur du Shou’t Torah Lishma (chap.31) ainsi que le Gaon Rabbi Eli’ezer Yehouda WALLDINBERG z.ts.l – dans son livre Shou’t Tsits Eli’ezer (tome 12 chap.8) - soutiennent eux aussi cet usage, car il représente une sorte de signe qui exprime la réception de l’abondance accordée par Hashem depuis le ciel. Similairement à ce que firent certains prophètes d’Israël pour faire comprendre certains messages d’Hashem.
L’ouverture des mains lors du verset « Poteah’ Ete Yadeh’a… » est un remède pour obtenir une bonne Parnassa (subsistance matérielle), car la Parnassa est essentiellement tributaire de l’attention du cœur dans ce verset. C’est pourquoi il est juste de tout faire afin de stimuler l’attention dans ce verset.
C’est donc pour nous un véritable mérite de soutenir notre usage d’ouvrir nos mains vers le ciel lorsqu’on dit ce verset, et cet usage est aussi adopté par notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita.
Pour ce qui est de la deuxième question, faut-il se lever lors de la bénédiction de « Ishtaba’h », ou bien est-il permis de rester assis, ceci fait l’objet d’une Ma’hloket (divergence d’opinion Halah’ique) parmi les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale).
L’auteur du Hagahot Maïmoni écrit (chap.7 des Hala’hot relatives à la prière note 70) qu’il faut se lever durant toute la bénédiction de « Ishtaba’h ». MARAN cite ses propos dans le Beit Yossef (début du chap.53). MARAN ajoute que tel est l’avis du Kol Bo (chap.27) au nom de Rav ‘Amram GAON (Seder Rav ‘Amram GAON tome 1 chap.14)
Mais lorsqu’on se penche sur le propos de Rav ‘Amram GAON, on comprend que l’obligation de se lever pour Ishtaba’h ne concerne que l’officiant puisqu’il doit dire le Kaddish.
L’ensemble des autres Rishonim partagent l’opinion du Rav ‘Amram GAON sur ce point et tranchent qu’il n’y a pas d’obligation de se lever lors de la bénédiction de « Ishtaba’h » excepté pour l’officiant puisqu’il doit dire le Kaddish après avoir dit « Ishtaba’h », et c’est pourquoi il doit se lever, mais pour le reste de l’assemblée il n’y a absolument pas d’obligation de se lever.
Telle est la conclusion du SAMAK (chap.11 note 118) ; du Sefer Ha-Pardess (attribué à RASHI) (page 322) ; du Shibolé Ha-Leket au nom de RASHI (chap.7) ; du MAHARYL (Hala’hot relatives à la prière, page 438 de la récente édition) cité par le TAZ.
Du point de vue de la Hala’ha, notre maître le RAMA tranche (O.H 51-7) sur ce point selon l’opinion du Hagahot Maïmoni selon qui il faut se lever lors de la bénédiction de « Ishtaba’h ». Tel est l’usage des Ashkenazim qui tranchent généralement selon le RAMA. C’est ainsi que tranche le Gaon Ya’bets dans son Siddour « Amoudé Shamaïm ».
Cependant, les Séfaradim et les originaires des communautés du moyen orient n’ont pas l’usage de se lever lors de « Ishtaba’h », excepté pour l’officiant.
Le Maguen Avraham (sur O.H 53 note 1) écrit que c’est aussi ce qu’il faut déduire des propos de MARAN l’auteur du Shoul’han ‘Arou’h.
Même du point de vue de la Kabbala (sens mystique de la Torah), il n’est pas nécessaire de se lever pour « Ishtaba’h », puisque notre maître le ARI Zal n’en fait pas mention, comme en attestent de ombreux décisionnaires récents, comme le Gaon auteur du Kaf Ha-‘Haïm (note 42) entre autres…
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