jeudi 3 décembre 2009

Divré Torah sur Vayshla'h

QUELQUES DIVRE TORAH SUR LA PARASHA DE
VAISHLA’H

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de mon épouse Sylvie Mazal Esther Bat Régine ‘Haya Sim’ha, ainsi que pour ma propre Refoua Shelema David Avraham Ben Simi.

1. Attention aux fréquentations !!!

Ya‘akov envoya devant lui des messagers à ‘Essav son frère, au pays de Sé’ir, dans le champ d’Edom. Il leur donna ordre en disant : « Ainsi parlerez-vous à mon maître, à ‘Essav : Ainsi a parlé ton serviteur Ya‘akov : J’ai séjourné avec Lavan, je me suis attardé jusqu’à présent. Je possède bœufs et ânes, menu bétail, serviteurs et servantes, dont j’envoie un présent à mon seigneur afin de trouver grâce à tes yeux. (Bereshit 32-4,5,6 Début de notre Parasha)

Rashi : Il s’agit ici de véritables anges. (Pour exprimer le terme « messagers », le texte a employé le mot « Mal’a’him » qui signifie « anges »)

Question

Quelle est l’utilité d’envoyer de véritables anges plutôt que des êtres humains ?

Réponse

L’auteur du ‘Homat Esh répond en citant la Mishna des Pirké Avot : Éloigne-toi d’un mauvais voisin et ne t’attache pas à un Rasha’.
Même l’individu le plus parfait, lorsqu’il se trouve dans l’environnement d’un Rasha’, finit par apprendre de ses mauvaises conduites.
C’est donc la crainte que Ya’akov Avinou a ressenti et il préféra ne pas envoyer de « simples » êtres humains qui se laisseraient certainement influencer de façon négative par ‘Essav, et envoya plutôt des anges.

2. Pas besoin d’être en Israël pour pratiquer les Mitsvot !!

J’ai séjourné avec Lavan…
Rashi : et j’ai accompli les 613 Mitsvot de la Tora.

Rav Yonathan Ewshitz z.ts.l explique que ‘Essav était embarrassé. D’une part, il ne pouvait pas maîtriser ses impulsions et désirs coupables, ainsi que son attirance vers les ‘Averot. D’un autre côté, il ne voulait pas, en menant publiquement une vie sujette à critiques, causer du chagrin à son père Its’hak. Qu’a-t-il fait ? Il croyait que, même si les Patriarches et leurs familles avaient vécu selon la Torah, ils n’avaient eu à le faire que s’ils se trouvaient en Terre Sainte (voir Ramban sur Bereshit 26-5). Aussi a-t-il quitté Erets Israël pour gagner Sé’ir, où il pouvait s’adonner en toute impunité à ses penchants pervers.
Ya‘akov était cependant en désaccord sur ce point aussi avec son frère. Il considérait qu’il fallait observer les prescriptions de la Torah même en dehors des limites d’Erets Israël. C’est ce qu’il a voulu lui indiquer en lui relatant : « J’ai séjourné avec Lavan. » La valeur numérique du mot hébreu « Garti » qui signifie
« j’ai séjourné » est TARYAG, soit 613.
En d’autres termes, comme l’explique Rashi, Ya‘akov a dit : « J’ai séjourné avec Lavan, et pourtant j’ai accompli les 613 Mitsvot de la Tora. » C’était là une réprimande subtile, adressée à ‘Essav qui avait abandonné tout prétexte de piété en s’installant à Sé’ir.
Cela explique l’emploi par notre Patriarche du mot « Ko » qui signifie « ainsi » en introduction à ses instructions. Ko, selon le Talmud (Sota 38a) indique que la phrase que l’on s’apprête à citer, doit être dite en hébreu. Ya‘akov a insisté pour que son message soit transmis en hébreu, et dans la forme exacte où il avait été dicté. En effet, si l’on avait employé une autre langue, les mots « Garti » (« j’ai séjourné ») et TARYAG (613), auraient disparu dans la traduction.

3. Enthousiasme et engouement dans les Mitsvot

J’ai séjourné avec Lavan
Rashi : et j’ai malgré tout, accompli les 613 Mitsvot de la Tora, sans apprendre de ses mauvaises conduites.

Rav El‘hanan Wasserman z.ts.l (Que D. venge son sang !), citant le ‘Hafets ‘Hayim, suggère une interprétation différente de ces propos tenus par Ya‘akov. Ils ne s’adressaient nullement à ‘Essav, mais ils constituaient comme une lamentation intérieure destinée principalement à lui-même.
En disant cela, alors qu’il était sur le point d’affronter un danger mortel, il voulut se dire à lui-même qu’il n’avait accompli jusque-là que bien peu de choses. Certes, s’est-il dit, il s’était acquitté de toutes les 613 Mitsvot, mais il n’avait pas retiré tout le bénéfice d’avoir pu observer la perversité de Lavan. Il aurait dû avoir appris de cet homme l’enthousiasme à se livrer au péché et à la tromperie.
Convaincu qu’il ne manifestait pas la même ardeur dans son accomplissement des Mitsvot, il s’est sermonné pour ce défaut.

HISTOIRE

Le Ben Ish ‘Haï (sur Parasha de Bo) raconte l’histoire suivante :
Un jour, le Yetser Hatov (le bon penchant) et le Yetser Hara’ (le mauvais penchant) se rencontrèrent. Le Yetser Hara’ dit au Yetser Hatov : « Jusqu’à quand allons-nous nous affronter ?! Viens, faisons une trêve et observons un « cesser le feu », ainsi je te passerai mes « clients », et toi tu me passeras les tiens. » Le Yetser Hatov accepta la proposition.

Mais voilà que sous le contrôle du Yetser Hatov, se trouvait un ‘Hassid, un homme très pieux qui était très assidu dans l’étude de la Torah. le Yetser Hatov accepta de le donner au Yetser Hara’.
Ce soir là, le ‘Hassid était assis comme tous les soirs chez lui en train d’étudier la Torah, et selon l’accord établi, le Yetser Hara’ s’introduit en lui et réussit à le séduire en l’incitant à interrompre son étude pour aller « prendre l’air » dans la rue. Le ‘Hassid sortit dans la rue tumultueuse et arriva jusqu’à un café où l’on jouait aux cartes. Le ‘Hassid resta à la porte et observa les joueurs de cartes, avec quelle manière ils étaient « envoûtés » par le jeu. Lorsqu’on leur apportait du café ou du thé, le jeu leur faisait totalement oublier de boire tellement qu’ils étaient concentrés dans leur jeu. Le ‘Hassid restait là et observait, stupéfait.
Vers minuit, le ‘Hassid rentra chez lui, s’assit par terre et se mit à pleurer très fortement, en poussant des cris terribles et remplis d’amertume, au point où sa femme et ses enfants se réveillèrent des bruits de ses cris. Sa femme lui demanda les raisons de ses cris. Il lui répondit :
« Jusqu’à présent, je pensais que je valais de l’or, mais je viens de m’apercevoir que je ne vaux que du cuivre ! » Il s’expliqua en disant :
« Cette nuit, je me suis rendu dans un café, et j’ai pu constater que – du fait de leur ardeur et leur passion pour le jeu – les joueurs en oubliaient de boire le café ou le thé qu’on leur servait ! Mais moi, lorsque j’étudie la Torah, je n’oublie jamais de boire, ce qui prouve que je n’étudie pas avec autant de passion et autant d’ardeur que lorsque ces joueurs jouent aux cartes !! »
Et il s’engagea immédiatement à redoubler d’intensité et d’assiduité dans l‘étude de la Torah.
Le lendemain, lorsque le Yetser Hatov et le Yetser Hara’ se rencontrèrent, le Yetser Hara’ dit au Yetser Hatov :
« Annulons tout de suite notre accord de « cesser le feu » car j’ai vu que, non seulement je n’ai pas réussi à faire trébucher ce ‘Hassid dans la faute, mais au contraire, il redouble désormais de ferveur et de passion pour l’étude de la Torah !!!! »

C’est ce que Ya’akov Avinou veut exprimer :
J’ai séjourné avec Lavan
Rashi : et j’ai malgré tout, accompli les 613 Mitsvot de la Tora, sans apprendre de ses mauvaises conduites.
Ya’akov se lamente : Je n’ai fait qu’observer les 613 Mitsvot, sans malheureusement m’inspirer de toute l’ardeur et toute la passion que Lavan met dans ses mauvaises conduites !!!

On demanda un jour à l’auteur du ‘Hidoushé Harim :
« Pourquoi les non-pratiquants réussissent tellement tout ce qu’ils entreprennent, alors que le mensonge ne mérite pas d’exister ?! »
Le Rav répondit :
« Il est vrai que les non-pratiquants agissent pour le mensonge, mais ils y mettent tellement de sincérité et d’intégrité que la réussite est inévitable, alors que les pratiquants agissent pour la vérité, mais leurs actions manquent parfois de sincérité et d’intégrité…

4. Frères jumeaux – destins liés

Ya’akov eu très peur et fut dans la détresse… (Bereshit 32-8)

Rashi : Il eu très peur - d’être tué (par ‘Essav). Il fut dans la détresse – du risque de tuer (‘Essav).
Contexte : Les envoyés de Ya’akov reviennent pour lui annoncer que ‘Essav arrive à sa rencontre, accompagné de 400 hommes pour le tuer.

Question :

Pourquoi avoir peur de tuer ‘Essav ? Ya’akov n’était-il pas en situation de légitime défense ? Nos maîtres ne nous ont-ils pas enseigné : « Celui qui vient pour te tuer, lève-toi plus tôt que lui pour te tuer. (Talmud Bera’hot 62) » ?!

Réponse :

Un roi de France avait un ami fidèle qui était son plus proche conseillé. Cet ami était aussi un très grand astrologue expert dans les étoiles. Le roi le consultait régulièrement sur son avenir, et il en avait fait un homme très important dans le royaume.
Un jour, des ministres jaloux rapportèrent au roi des propos calomnieux à l’encontre de son fidèle ami. Selon ces propos, son ami était lié à des ennemis du roi qui avaient projeté de le renverser. Le roi décida de convoquer son fidèle ami afin de lui faire un procès pour crime de lèse-majesté.
Avant de décider de son sort, le roi voulut échanger quelques paroles avec son ami, et il lui demanda :
« Tes capacités d’astrologue te donnent-elles la possibilité de voir ce qui t’attend dans les prochains instants ? »
L’ami du roi répondit :
« Oui. »
Le roi demanda :
« Peux-tu donc me dire le jour de ta mort ? »
L’ami du roi fut pris de panique et compris que son sort était scellé, il fit mine de se concentrer et réfléchit à la position exacte des étoiles à ce moment précis, puis, l’air très inquiet il déclara ;
« Majesté ! Les étoiles m’ont dévoilé qu’un grand danger plane sur ma tête, mais je suis aussi très peiné d’apprendre au roi que le jour de ma mort précède de 3 jours celui où le roi lui-même doit mourir. Ce n’est donc pas pour moi que je m’inquiète, mais pour Sa Majesté le roi, puisque sa fin est proche, et avec lui va s’éteindre son règne glorieux ! »
Le roi fut abasourdi en entendant les paroles de son ami et il fut très effrayé. Il eut peur de lui porter atteinte et ordonna son acquittement immédiat. Il lui plaça des gardes du corps chargés de le protéger en permanence, car il avait pleine confiance en la prédiction de son ami. Ceci vient illustrer le verset : « La sagesse fait vivre ceux qui la possèdent » (Kohelet 7-12)

Il en est de même vis-à-vis de la peur de Ya’akov Avinou.
Dans la Guemara Sota (13a), nos maîtres nous apprennent que Rivka avait prédit par esprit prophétique que ses 2 enfants Ya’akov et ‘Essav devaient mourir le même jour. Même s’ils ne sont pas morts le même jour, ils furent enterrés le même jour.
En effet, le jour de l’enterrement de Ya’akov Avinou, ‘Essav revendiqua la place dans le caveau de Ma’hpela. Un des petits enfants de Ya’akov Avinou – ‘Houshim Ben Dan qui était sourd – saisit un bâton et frappa ‘Essav à la tête. Ensuite, Yehouda acheva ‘Essav, la prédiction de Rivka relevait bien de l’esprit prophétique.

C’est donc pour cela que Ya’akov est si effrayé et pris de panique le jour où il va rencontrer son frère ‘Essav. Il sait que sa mère a prophétisé qu’ils doivent mourir le même jour. Il a donc peur – non seulement d’être tué par ‘Essav – mais aussi d’avoir lui-même à se défendre en tuant ‘Essav, car cela provoquera sa propre mort.

Shabbat Shalom

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5770
sheelot@free.fr
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