Apposer les mains sur la tête d’une personne que l’on bénit
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de mon épouse Sylvie Mazal Esther Bat Régine ‘Haya Sim’ha, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita), ainsi que pour la Refoua Shelema de l’enfant Yo’heved Mazal Bat ‘Hassiba (fille de Yéhouda et Eva ALLOUN), ainsi que pour la Refoua Shelema de Its’hak Ben ‘Aïsha, ainsi que pour la Refoua Shelema de I’hya Nathan Aharon Yossef Ben Déborah, ainsi que pour ma propre Refoua Shelema David Avraham Ben Simi.
QUESTIONS
Comment doit-on procéder lorsqu’on adresse une bénédiction à quelqu’un en lui posant les mains sur la tête (comme lorsqu’on bénit les enfants, ou lorsqu’un Rav bénit des gens) ?
Est-il permis de placer les deux mains sur la tête de la personne ou bien y a-t-il une exigence particulière de ne placer qu’une seule main ?
DECISIONS DE LA HALA’HA
Il est strictement interdit par la Torah pour tout homme qui n’est pas Cohen de monter à l’estrade lors de la répétition de la Amida pour réciter la Birkat Cohanim.
Cependant, lorsqu’on adresse une bénédiction à une personne et que l’on emprunte les versets de la Birkat Cohanim pour formuler cette bénédiction, il n’y a pas le moindre interdit.
Tel est l’usage de nombreux sages et Tsaddikim depuis des générations, de bénir leurs élèves et leurs fidèles en employant les versets de la Birkat Cohanim. Tel est également l’usage de nombreux parents qui bénissent leurs enfants chaque vendredi soir (ou à toute autre occasion) en utilisant les phrases de la Birkat Cohanim.
Selon la Hala’ha, il n’y a pas d’interdiction à apposer les deux mains sur la tête de la personne qui reçoit la bénédiction, même si cet usage ressemble à la façon de faire des Cohanim.
Selon certains Kabbalistes, c’est justement ainsi qu’il faut agir.
Quoi qu’il en soit, si l’on bénit avec une seule main, celle-ci doit être la droite.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita bénit en apposant seulement la main droite.
SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Il est enseigné dans la Guémara Kétoubot (24b) :
Tout homme du peuple d’Israël qui n’est pas Cohen, qui élève ses mains en récitant la Birkat Cohanim (« Yévaré’hé’ha Hashem Véishméré’ha »…), transgresse un interdit de la Torah, car il est dit au sujet de la Birkat Cohanim : « Ainsi vous bénirez les enfants d’Israël ».
Rashi explique : Le terme « Vous » s’adresse aux Cohanim uniquement et non à ceux qui ne le sont pas.
Cela signifie que seuls les Cohanim sont autorisés à bénir, mais il est interdit aux autres juifs qui ne sont pas Cohanim de réciter cette bénédiction, au même titre qu’ils n’ont pas le droit de réaliser les autres cultes effectués dans le Temple.
Cette Hala’ha est tranchée par tous les Rishonim, ainsi que par le TOUR et le Shoul’han ‘Arou’h (O.H 128-1)
Selon cela, il semble qu’il faut formellement interdire de bénir en employant le texte de la Birkat Cohanim, tant que celui qui bénit n’est pas Cohen.
Cependant, il est enseigné dans la Guémara Shabbat (118b)
Rabi Yossé rapporte que lorsque son ami Cohen lui demandait de monter avec lui à l’estrade lors de la Birkat Cohanim, il ne refusait pas et il montait avec lui.
Il semble apparemment que Rabbi Yossé récitait la Birkat Cohanim bien qu’il n’était pas Cohen, et cette attitude contredit ce que nous avons appris de la Guémara Kétoubot citée précédemment.
En réalité, cette remarque a déjà été émise par les grands décisionnaires, et voici l’explication proposée par l’auteur du Sefer Ha-Eshkol (chap.15 page 32) :
En réalité, Rabbi Yossé ne récitait absolument pas la Birkat Cohanim mais se contentait simplement de monter à l’estrade et gardait le silence pendant que son ami Cohen récitait la Birkat Cohanim.
Par conséquent, il n’y a donc plus de contradiction entre les deux Guémarot mentionnées plus haut. Selon tous les avis, il est donc interdit à quiconque qui n’est pas Cohen de bénir Israël en employant le texte de la Birkat Cohanim qui appartient exclusivement aux Cohanim.
D’autres décisionnaires – comme le Gaon auteur du Kétav Sofer (sect. O.H chap.14) dans une Tshouva, ou le Gaon auteur du Kaf Ha-’Haïm (sur O.H 128 note 8) – proposent une autre explication :
L’interdiction de bénir en employant le texte de la Birkat Cohanim n’existe que lorsque celui qui bénit pense accomplir la Mitsva de bénir Israël comme les Cohanim en ont reçu l’ordre. Mais lorsque la personne ne pense absolument pas à cette Mitsva et ne fait qu’emprunter ce texte pour bénir son prochain, il n’y a pas le moindre interdit.
Nous apprenons de leurs propos qu’il n’est interdit de bénir en employant le texte de la Birkat Cohanim que lorsque celui qui bénit pense s’octroyer de façon illégitime la Mitsva de Birkat Cohanim qui a été donnée exclusivement aux enfants d’Aharon Ha-Cohen. Mais lorsqu’on a seulement l’intention de bénir son ami, et que l’on emprunte simplement ce texte mentionné dans la Torah dans la Birkat Cohanim, il n’y a absolument pas le moindre interdit.
C’est pour cela que notre grand maître le Rav Shalita tranche qu’il n’y a pas la moindre crainte d’interdiction lorsque des parents bénissent leurs enfants en employant le texte de la Birkat Cohanim.
C’est ainsi qu’ont agi de nombreux grands Rabbanim et Tsaddikim de toutes les générations, en utilisant le texte de la Birkat Cohanim sans craindre le moindre interdit sur ce point.
Mais il est certain qu’il est strictement interdit à tout homme d’Israël de monter à l’estrade et de bénir en employant le texte de la Birkat Cohanim lors de la répétition de la ‘Amida, car la Birkat Cohanim récitée à l’estrade n’est propre qu’aux Cohanim qui sont les descendants d’Aharon Ha-Cohen, et non au reste d’Israël.
A présent, nous en arrivons à traiter de la façon de procéder lorsqu’on pose les mains sur la tête d’une personne qui désire être bénit, puisque les Cohanim agissent ainsi en levant leurs deux mains vers les têtes de l’assemblée lors de la Birkat Cohanim. Nous devons donc définir l’usage à adopter lorsque l’on bénit les enfants le vendredi soir par exemple ou à toutes autres occasions.
Le Torah Témima (Nasso sur chap.6 verset 23 note 131) émet une critique sur un usage qui était en vigueur dans sa ville, et selon lequel on se bénissait mutuellement lors des repas de mariages, où chacun plaçait ses deux mains sur la tête de l’autre.
Selon le Torah Témima, un tel usage représente apparemment un interdit, car il est interdit de bénir comme le font les Cohanim, comme nous l’avons expliqué plus haut.
Il termine en disant avoir entendu d’un homme crédible que lors du mariage du Gaon Rabbi Ye’hezkel LANDAU (qui fut l’un des Dayanim de la ville de Vilna), le Gaon Rabbi Elyahou (le Gaon de Vilna) bénit le jeune marié en ne plaçant qu’une seule main sur sa tête. Lorsqu’on lui en demanda la raison, il répondit que seuls les Cohanim étaient habilités à utiliser les deux mains pour bénir dans le Beit Ha-Mikdach.
Dans Tossefet Béra’ha (sur Nasso page 30), un autre des ses ouvrages, l’auteur du Torah Témima explique la position du Gaon de Vilna selon qui il y a en réalité une interdiction de poser les deux mains sur la tête de la personne qui reçoit la bénédiction, car la Birkat Cohanim est interdite pour un juif qui n’est pas Cohen, et c’est pourquoi le Gaon de Vilna exigea de ne placer qu’une seule main sur la tête de celui qu’il désira bénir.
Cependant, notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita – dans son livre Shou’t Yé’havé Da’at (tome 5 chap.14) - réfute les propos du Torah Témima sur ce point. En effet, puisqu’il n’y a là ni réelle Birkat Cohanim, ni même une intention de réaliser la Mitsva de Birkat Cohanim, le fait de poser les deux mains ne constitue aucun interdit. C’est d’ailleurs l’usage de nombreux sages et Tsaddikim qui n’ont pas d’exigences particulières sur ce point et bénissent en plaçant les deux mains sur la tête de la personne qui désire une bénédiction, sans prendre en considération le moindre interdit. Il faut donc expliquer l’usage du Gaon de Vilna différemment.
Certains de nos maîtres les Kabbalistes ont écrit qu’il faut veiller à toujours placer les deux mains lorsqu’on bénit.
C’est aussi l’opinion du Gaon Ya’bets dans son Siddour où il précise qu’il faut veiller particulièrement à placer les deux mains lorsqu’on bénit, et il atteste que tel était l’usage de son illustre père le Gaon ‘Ha’ham Tsévi. Il cite une explication dévoilée à cela, mais aussi une explication au sens caché. Par opposition à l’opinion qui pense qu’il faut bénir exclusivement en posant qu’une seule main.
Le Gaon auteur du Pa’had Its’hak (sect. « Béra’ha » page 54c) fait mention de son usage personnel de bénir les hommes mariés avec les deux mains sur la tête du mari – une pour le mari et une pour la femme. C’est ainsi qu’il agissait aussi pour les jeunes célibataires qui étudient la Torah, mais les autres jeunes hommes célibataires, il les bénissait qu’avec une seule main. Il termine en disant qu’il est souhaitable que les parents et les Rabbanim bénissent leurs enfants et leurs élèves en apposant les deux mains, et c’est ainsi qu’il faut agir selon le sens mystique.
Le Gaon Rabbi ‘Haïm FALLAG’I écrit dans son livre Néfèsh Kol ‘Haï (sect. « Beit » note 31) que l’auteur du livre ‘Hemdat Yamim tranche qu’il faut veiller à bénir exclusivement avec une seule main, et celle-ci doit être la droite. (Tel est l’usage de notre maître le Rav Shalita).
Il cite également les propos du Gaon Ya’bets mentionnés plus haut, qui atteste au contraire que l’on doit bénir exclusivement avec les deux mains, mais il termine en disant qu’il n’y a pas d’exigences particulières sur ce point. Il est préférable de bénir avec les deux mains, mais il est également suffisant d’en utiliser qu’une seule, comme tel est l’usage de nombreux grands de la Torah au fil des générations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire