jeudi 15 novembre 2007

Dvar Torah sur Vayetsé

Vayetsé

« La Hishtadlout, l’effort personnel »

Il prit des pierres de l'endroit, les mit sous sa tête ; il se coucha en cet endroit-là. (28, 11)

Ya‘aqov a disposé les pierres comme une barrière autour de sa tête parce qu'il avait peur des bêtes sauvages, commente Rachi.
Le Kethav Sofèr explique que sa crainte provenait du serment solennel qu'il avait fait prêter par son frère pour entériner la vente du droit d'aînesse. ‘Essaw, nous le savons, avait violé ce serment en essayant de conserver ce droit. Or, le Talmud nous apprend que la culpabilité pour le manquement à un serment est imputée à la fois à celui qui l'a prêté et à celui qui l'a imposé (Chevou‘oth 39b), de sorte que Ya‘aqov avait une part dans l'infraction commise par ‘Essaw. La Michna (Avoth 5, 9) nous enseigne en outre que la punition pour avoir manqué à un serment consiste à être attaqué par des animaux féroces. Ya‘aqov avait donc de bonnes raisons de craindre de telles bêtes.
Le Saba de Kelm s'attache à un autre aspect des termes employés par Rachi. Ya‘aqov a placé une barrière de pierres uniquement autour de sa tête. Cela aurait-il suffi à le protéger ? Sa tête, il est vrai, s'en trouvait préservée, mais les animaux sauvages pouvaient s'attaquer aux autres parties de son corps !
Cela nous enseigne qu'en réalité chaque aspect de notre vie – notre santé, notre gagne-pain, notre survie même – est régi miraculeusement depuis le Ciel. Même si, bien sûr, on est obligé de déployer des efforts personnels, on ne doit jamais perdre de vue le fait que tout ce qu'on accomplit vient directement de Hachem et n'est pas le produit de nos insignifiantes activités. Ya‘aqov a disposé des pierres autour de sa tête afin de se conformer à son obligation de fournir un effort individuel. De toute façon, sa protection viendrait directement de Hachem.

Le Saba de Novardok se trouvait dans une ville où des combats faisaient rage. Soudain, ses étudiants se rendirent compte qu'il se tenait dans une cour à découvert.

« Rabbi ! l'appelèrent-ils. Comment pouvez-vous rester ainsi sans protection ? De grâce, retournez dans la maison ! »
« Si la maison était plus sûre que la cour, répondit le Saba, je m'y réfugierais certainement. Mais avec ce genre d'explosions, cela ne fait aucune différence. Mieux vaut donc que je reste dehors et que je renforce ma foi en la protection de Hachem ! »

Pendant la Première Guerre mondiale, alors que Rav Yits‘haq Zeèv Soloveitchik, le Rav de Brisk, habitait à Varsovie, la ville fut soumise à des bombardements. Il descendit dans un abri antiaérien, comme tous les autres habitants de la ville. Soudain, les explosions gagnèrent en violence, au point que même le sol se mit à trembler. Rav Yits‘haq Zeèv se leva aussitôt et remonta chez lui, à l'étage supérieur.
Les gens étaient déconcertés : Si le Rav était descendu dans l'abri alors que le pilonnage était relativement modéré, il aurait certainement dû y rester quand celui-ci avait gagné en intensité.
« La raison en est toute simple, expliqua-t-il par la suite. Nous devons avoir une confiance totale et absolue dans la protection divine. Le Rambam écrit cependant qu'on ne doit pas se mettre dans une situation où il faudra un miracle pour être sauvé. Aussi longtemps que le bombardement était modéré, je suis resté dans l'abri, celui-ci ayant été construit pour résister à de telles agressions. Mais quand il s'est intensifié, il aurait fallu un miracle pour survivre même dans cette cave. Je me suis alors rendu compte que j'étais aussi bien dehors qu'à l'intérieur. »
Pendant la Guerre d'Indépendance de l'Etat d'Israël, Rav Soloveitchik était à Jérusalem quand son quartier essuya de très violentes explosions. Les dédaignant totalement, il resta toujours dans son appartement, qui se trouvait d'ailleurs au dernier étage de l'immeuble.
Un jour, pendant une attaque particulièrement intense, ses étudiants insistèrent auprès de lui pour qu'il accepte au moins de descendre jusqu'au rez-de-chaussée, où il aurait été moins exposé au danger. Rav Yits‘haq Zeèv céda de mauvaise grâce et se rendit au pied de l'immeuble. Le bombardement terminé, il remonta pour examiner l'état de son appartement. Il découvrit qu'un obus avait traversé le mur de sa chambre à coucher immédiatement au-dessus de son lit, et que des éclats étaient tombés sur le lit lui-même.
Il se tourna vers l'étudiant qui l'avait incité à partir : « Vous êtes indirectement responsable des dommages subis par mon appartement, dit-il. Si j'y étais resté, rien de cela ne serait arrivé ! »
La pensée qu'il aurait pu être tué s'il était demeuré chez lui ne l'a jamais effleuré. Hachem, qui l'avait sauvé au rez-de-chaussée, aurait pu faire exactement de même à l'étage. Aucun projectile n'aurait alors traversé le mur, et son appartement serait resté intact."

Rédigé et adapté par Rav Dov Lumbroso-Roth shalita France 5768

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