jeudi 8 novembre 2007

Shehe'heyanou à la vision d'un être cher

shehe’heyanou à la vision d’un être cher

Question :

Une personne s’absente de chez elle durant 30 jours ou plus. A son retour, cette personne est heureuse de retrouver les membres de sa famille, ainsi que ses amis intimes. Doit elle réciter la Bra’ha de Shehe’heyanou en les revoyant ?

Réponse :

Il est enseigné dans la Gmara Bra’hot (58b) :

Rabbi Yehoshoua’ Ben Levi dit : « Celui qui voit son ami après 30 jours, doit réciter la Bra’ha de Shehe’heyanou. »

C’est Hala’ha est tranchée par le RaMBaM[DP1] (Chap.10 des Hala’hot Bra’hot).

Les Tossafot[DP2] , le ROSH[DP3] , ainsi que Rabbenou YONA[DP4] précisent qu’il ne faut réciter cette Bra’ha qu’à la vision d’un ami très cher, que l’on est heureux de voir. C’est ainsi que commentent de nombreux autres de nos maîtres les Rishonim (Décisionnaires antérieurs au Shoul’han ‘Arou’h).

C’est ainsi que tranchent également le TOUR[DP5] , ainsi que MARAN[DP6] dans le Shoul’han ‘Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.225 parag.1).

Il est expliqué dans les Poskim (décisionnaires) que ces Bra’hot doivent être récitées avec Shem OuMal’hout (avec la mention du Nom d’Hashem, ainsi que l’expression de Sa Royauté, c'est-à-dire, avec les mots :

Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Elohenou Mele’h Ha’olam Shehe’heyanou Vekiyemanou Vehigi’anou Lazeman Hazé.

Traduction : Tu es Bénis Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre Dieu, Roi du Monde, qui nous a fait vivre, qui nous a permis d’exister, et qui nous a fait parvenir jusqu’à cet instant.

Cependant, il est écrit dans le livre ‘Hessed Lealafim[DP7] que de notre époque où règne l’hypocrisie dans toute sa puissance, et que l’on se montrent parfois comme des amis très proches, tout en cultivant une véritable haine dans le cœur, il ne faut donc pas prendre le risque de réciter cette Bra’ha. (Ou alors, uniquement lorsque l’on rentre de voyage, et que l’on récite cette Bra’ha à la vision de nos proches parents, vis-à-vis desquels - il est à espérer - on est sincère !!).

Ainsi tranche également l’auteur du Ben Ish ‘Haï[DP8] , en disant lui aussi qu’aujourd’hui, nous n’avons pas l’usage de réciter cette Bra’ha dans ces circonstances, et il précise qu’il y a une raison à cette usage (il fait vraisemblablement allusion à la raison de l’hypocrisie que donne l’auteur du ‘Hessed Lealafim).

Mais sur le plan Hala’hic, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit que si l’on sait que notre ami nous est cher et que l’on est vraiment heureux de le voir, on doit réciter cette Bra’ha de Shehe’heyanou avec Shem OuMal’hout lorsqu’on le revoit au bout de 30 jours.

Ainsi tranche également le Gaon Rabbi Yossef Yedid HaLevi[DP9] dans son livre Birkat Yossef.

C’est ainsi que tranchent de nombreux autres Poskim.

Le Gaon Rabbi Ovadia Hadaya[DP10] z.ts.l, écrit dans son livre Shout Yaskil ‘Avdi que même selon l’opinion du ‘Hessed Lealafim (cité plus haut), on récite cette Bra’ha au moins à la vision de son père, sa mère ou d’autres membres de la famille proches que l’on a pas vu depuis 30 jours.

Il est rapporté dans le livre Massa’ot Yeroushalaïm (page 71) que l’ADMOUR de Monkatsh, auteur du livre Min’hat El’azar, Rabbi ‘Haïm El’azar SHAPIRA z.ts.l a réciter la Bra’ha de Shehe’heyanou en voyant le saint visage du Doyen de la génération, le saint Rabbi Shelomo Eli’ezer ALFANDERI z.ts.l.

(Rabbi Shelomo Eli’ezer ALFANDERI z.ts.l vivait en Erets Israël il y a environ 90 ans, et il était un Gaon hors du commun dans l’érudition de la Torah, au point où tous les ‘Ha’hamim du pays, « tremblaient » devant sa grandeur. Il était un des derniers ‘Ha’hamim de Turquie, qui avaient émigré en Erets Israël. Il est décédé à l’âge de 117 ans).

De même, le Gaon Natsi’’v (Rabbi Naftali Tsevi Yehouda BERLIN z.ts.l)[DP11] à récité cette Bra’ha en voyant le Gaon ADERE’’T (Rabbi Eliyahou David RABINOVITZ z.ts.l)[DP12] .

Par conséquent, le plus juste selon la Hala’ha est de réciter cette Bra’ha lorsque l’on voit un ami proche que l’on a pas vu depuis au moins 30 jours, et que l’on est véritablement heureux de revoir.

De même lorsque l’on voit son père, son Rav, son proche parent qui nous est cher, et qu’on ne les a pas vu depuis au moins 30 jours, on récite cette Bra’ha.

Le Din est le même pour une personne qui voit son épouse, sa fille, sa sœur, sa mère, sa nièce, qui lui sont chers, cette personne doit réciter Shehe’heyanou.

Mais cependant, il faut être vigilant de ne pas réciter cette Bra’ha à la vision d’une personne qui ne nous est pas spécialement cher, car nous nous introduisons dans une situation de Bra’ha Levatala (Bra’ha récitée en vain).

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768

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[DP1]RaMBaM ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle

[DP2]Tossafot gendres et petits enfants de RASHI. Commentateurs et décisionnaires de France et d’Allemagne 11ème et 12ème siècle

[DP3]Rosh Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle

[DP4]

Rabbenou Yona de Gérone Espagne 13ème siècle

[DP5]Tour Rabbenou Yaakov Ben Asher Allemagne, fils du RoSH, Espagne 13ème et 14ème siècle.

[DP6]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[DP7]‘Hessed Lealafim Rabbi Eli’ezer PAPO , auteur du célèbre Pélé Yo’ets. Rav de la ville de Silistra en Yougoslavie 19ème siècle

[DP8]Ben Ish ‘Haï Rabbi Yossef ‘HAÏM Irak 19ème siècle

[DP9]

Rabbi Yossef Yedid HaLevi Syrie 19ème siècle. Auteur du Birkat Yossef

[DP10]

Rabbi Ovadia Hadaya Sommité Hala’hic du monde Sefarade décédé il y a quelques décénies à Jérusalem

[DP11]Natsi’’v Rabbi Nafatali Tsevi Yehouda BERLIN Russie 19ème siècle

[DP12]

ADERE’’T Rabbi Eliyahou David RABINOVITZ Russie 19ème siècle

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