dimanche 26 octobre 2008

S’interrompre entre la Bera’ha et la consommation

S’interrompre entre la Bera’ha et la consommation

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

Question

A partir de quel moment est-il permis de parler lorsqu’on a réciter une Bera’ha sur un aliment :

Est-il permis de parler immédiatement après avoir introduit l’aliment dans la bouche et après en avoir ressentit le goût, ou bien faut il attendre d’avaler l’aliment pour avoir le droit de parler ?

Décision de la Hala’ha

Il est interdit de parler entre la Bera’ha sur un aliment et sa consommation.

Si l’on a parlé, il faut de nouveau réciter la Bera’ha

Si les paroles prononcées avaient un rapport avec l’aliment sur lequel on a récité la Bera’ha - par exemple lorsqu’on a récité la Bera’ha sur le pain, et qu’en voulant le tremper dans le sel, on s’aperçoit que le sel n’est pas à table, il est permis de dire à ce moment là : « Apportez le sel. » - dans une telle situation, on ne récite pas de nouveau la Bera’ha, car des propos en rapport avec la Bera’ha, ne sont pas considérés comme une interruption entre la Bera’ha et la consommation.

Selon le strict Din, Il est permis de parler dés le moment où l’on introduit l’aliment dans la bouche, même si on ne l’a pas encore avalé, mais il est souhaitable de s’imposer la ‘Houmra sur ce point Le’hate’hila (à priori), et de ne parler que lorsqu’on a avalé – au moins en partie – l’aliment.

Malgré tout, si l’on s’est interrompu après avoir au moins goûté l’aliment sans l’avoir avalé, on ne récite pas de nouveau la Bera’ha sur l’aliment, puisque la Bera’ha a été instaurée essentiellement non pas sur le fait d’avaler, mais sur le début de la consommation, dés que le palais tire satisfaction de l’aliment.

Si l’on a goûté un aliment sans l’avoir avalé, et qu’on entend à ce moment précis une autre personne qui récite une Bera’ha, ou bien un Kaddish, on ne doit pas attendre d’avaler pour répondre, mais on doit répondre AMEN immédiatement avant d’avaler.

Si l’aliment se trouve véritable sur le point d’être avalé, et que l’on ne peut répondre dans de telles conditions, on ne répond pas avec la bouche, mais on se contentera dans ce cas de penser le AMEN

Si on a récité une Bera’ha sur un aliment et avant même de l’avoir goûter, on entend une autre personne récitant une Bera’ha, ou bien un Kaddish ou autre, on ne doit pas répondre AMEN.

Sources et développement

Il est expliquer dans la Guemara Bera’hot (40a), ainsi que dans le commentaire de Rashi sur place, qu’il est interdit de parler entre la Bera’ha sur un aliment et sa consommation. Si l’on a parlé, il faut de nouveau réciter la Bera’ha.

C’est ainsi que tranchent le RaMBaM[D1] (chap.1 des Hal. Bera’hot, Hal.5), et MARAN[D2] dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.167 parag.6).

Cependant, si les paroles prononcées avaient un rapport avec l’aliment sur lequel on a récité la Bera’ha - par exemple lorsqu’on a récité la Bera’ha sur le pain, et qu’en voulant le tremper dans le sel, on s’aperçoit que le sel n’est pas à table, il est permis de dire à ce moment là : « Apportez le sel. » - dans une telle situation, on ne récite pas de nouveau la Bera’ha, car des propos en rapport avec la Bera’ha, ne sont pas considérés comme une interruption entre la Berah’a et la consommation.

Il est évident que tout ceci n’est valable que Bedi’avad (à posteriori), mais Le’hate’hila (à priori), on ne doit pas s’interrompre du tout entre la Bera’ha et la consommation.

Les Poskim (décisionnaires) débattent afin de définir s’il est permis de parler après avoir seulement goûté l’aliment sans l’avoir avalé. De même, une personne qui introduit un bonbon dans la bouche, et qui ressent immédiatement le goût du bonbon sans l’avoir avalé, cette personne est-elle autorisée à parler à ce moment là, ou bien doit-elle attendre d’avoir avaler une partie du bonbon ?

La source de cette question est en réalité :

Est-ce que la Bera’ha sur l’aliment a été instaurée pour la satisfaction que le palais retire de l’aliment, ou bien faut-il aussi une véritable satisfaction de consommation ?

Le Maguen Avraham[D3] (sur O.H 167 note 7) laisse entendre que la Bera’ha récitée sur un aliment a été instaurée pour une véritable satisfaction de consommation, et pas seulement pour la satisfaction du palais. Il cite le cas de la Mat’emete – la personne qui désire seulement goûter l’aliment et le rejeter ensuite – rapporté dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.210), qui ne nécessite pas de Bera’ha.

Preuve en est que la Bera’ha concerne le fait d’avaler, et non le fait de goûter, et selon cela, il serait interdit de parler tant qu’on n’a pas avaler l’aliment.

D’autres Poskim vont dans ce sens :

Cependant, d’autres Poskim contestent cette opinion, et pensent que la Bera’ha d’un aliment concerne déjà la satisfaction du palais, sans qu’il soit nécessaire d’avaler.

La plupart d’entre eux réfutent la preuve de la Mat’emete (citée par le Maguen Avraham, voir plus haut) en disant que lorsqu’il s’agit uniquement de goûter, avec l’intention explicite de rejeter, il est évident qu’il ne faut pas réciter de Bera’ha. Mais lorsqu’on met un aliment dans la bouche dans l’intention de le manger, la consommation débute dés le moment où l’on introduit l’aliment et qu’on commence à le mâcher.

Selon cela, il serait permis de parler dés le moment où l’on introduit l’aliment dans la bouche, même si on n’a pas encore avalé.

Parmi ces Poskim :

  • Le Shené Lou’hot HaBerit[D8] (Shla Ha-Kaddosh) selon qui, il faut veiller à ne pas s’interrompre tant qu’on n’a pas avaler, mais il admet que si toutefois on s’est interrompu avant d’avaler, il ne faut pas réciter de nouveau la Bera’ha sur l’aliment.
  • L’auteur du Shou’t HaLeKeT[D9] (Shou’t Hala’hot Ketanot tome 2 chap.33)
  • Le Tal Orot[D10] du Gaon Rabbi Yehouda Leïb MARGALIYOT (page 4, colonne 1)
  • Le Gaon Ya’BeTS[D11] dans son livre Mor Ouktsi’a (chap.167) qui explique les propos du Shené Lou’hot HaBerit cité plus haut uniquement du point de vue du danger, puisqu’il est particulièrement dangereux de parler avec un aliment dans la bouche. Mais par contre, il n’y a pas la moindre crainte d’interruption vis-à-vis de la Bera’ha.
  • Le ‘Ere’h Ha-Shoul’han[D12] (chap.167 note 3)
  • Le Maguen Guiborim[D13] (chap.167 note 9)

Cette opinion se retrouve même dans les propos des Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale) :

· Le Meïri (dans son commentaire sur Bera’hot 40b)

· L’élève du Teroumat Ha-Deshen dans son livre Leket Yosher (tome 1 page 39) qui cite l’explication de Rabbenou ‘Haïm (le fils du Or Zaroua’) qui dit explicitement qu’il n’est pas nécessaire d’attendre d’avaler pour parler.

· Le RYTBA dans Hala’hot Bera’hot (chap.2 Hal.10), ainsi que dans son commentaire sur Rosh Ha-Shana (34a) où il écrit explicitement que même si l’on n’a pas encore avaler, on répond AMEN à une Bera’ha que l’on entend à ce moment là.

Malgré tout, les Poskim selon lesquels on doit attendre d’avaler pour parler, sont assez nombreux, et par conséquent, il est souhaitable de s’imposer la ‘Houmra sur ce point Le’hate’hila (à priori), et de ne parler que lorsqu’on a avalé – au moins en partie – l’aliment.

Cependant, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita tranche que si l’on s’est interrompu après avoir au moins goûté l’aliment sans l’avoir avalé, on ne récite pas de nouveau la Bera’ha sur l’aliment, puisque la Bera’h’a a été instaurée essentiellement non pas sur le fait d’avaler, mais sur le début de la consommation, dés que le palais tire satisfaction de l’aliment, conformément à tous les derniers Poskim que l’on a cité.

Notre maître le Rav Shalita fait remarquer l’opinion du RYTBA cité plus haut, selon laquelle, si l’on a goûté un aliment sans l’avoir avalé, et qu’on entend à ce moment précis une autre personne qui récite une Bera’ha, ou bien un Kaddish, on ne doit pas attendre d’avaler pour répondre, mais on doit répondre AMEN immédiatement avant d’avaler.

Cependant, il est évident que si l’aliment se trouve véritablement sur le point d’être avalé, et que l’on ne peut répondre dans de telles conditions, on ne répond pas avec la bouche, mais on se contentera dans ce cas de penser le AMEN.

Si on a récité une Bera’ha sur un aliment et avant même de l’avoir goûter, on entend une autre personne récitant une Bera’ha, ou bien un Kaddish ou autre, on ne doit pas répondre AMEN.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 sheelot@free.fr

(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

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[D1]RaMBaM ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle

[D2]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[D3]Maguen Avraham Rabbi Avraham Gombiner Pologne 17ème siècle

[D4]Eliya Rabba Rabbi Eliyahou Shapira Tchécoslovaquie 17ème siècle

[D5]MaHaRaM BEN ‘HABIB (Morenou Harav Rabbi Moshé BEN ‘HABIB) Israël 17ème siècle.

[D6]Rabbenou Shneour Zalman Rabbi Shneour Zalman de Lyadie. Grand décisionnaire de la Hala’ha et auteur du Tanya, ainsi que d’un livre intitulé « Shoul’han ‘Arou’h de Rabbi Zalman ». Russie 19ème siècle

[D7]Kitsour Shoul’han ‘Arou’h (« L’abrégé du Shoul’han ‘Arou’h ») Rabbi Shelomo GANSFRIED. Europe de l’est 19ème siècle.

[D8]SHené Lou’hot Habérit ou Shl’a Hakadosh (Rabbi Yesha’ya Halevi HOROVITS Pologne – Israël 16ème siècle)

[D9]Rabbi Israël Yaakov ‘HAGUIZ Israël 17ème siècle, gendre de Rabbi Moshé GALLANTI (le « Maguen »), et beau père du Peri ‘Hadash (Rabbi ‘Hizkiyahou Da SILVA)

[D10]Tal Orot Rabbi Yehouda Leïb MARGALIYOT Europe 19ème siècle

[D11]Ya’BeTS (Le Gaon) Allemagne 18ème siècle. Auteur de nombreux ouvrages de Hala’ha. Fils du ‘Ha’ham Tsevi.

[D12]Rabbi Its’hak TAÏEB Tunisie fin du 18ème et début du 19ème siècle. Grand décisionnaire Sefarade de Tunisie, auteur – entre autres - du ‘Ereh Hashoul’han.

[D13]Maguen Guiborim

Rabbi Yossef Shaoul NATANZON. Pologne 19ème siècle. Auteur de nombreux autres ouvrages, comme le Shoel Oumeshiv ou le Mefarshé Ha Yam écrits en collaboration avec son beau frère le Gaon Rabbi Morde’haï Zeev SEGUEL – ETTINGUE.

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