mardi 28 avril 2009

Yom Ha’atsmaout au regard de la Hala’ha

Yom Ha’atsmaout au regard de la Hala’ha

Constatant que de nombreuses personnes sont quelques peu troublées sur la juste considération qu’il faut avoir envers l’Etat d’Israël, au regard de la Torah, et puisque l’opinion de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita est capitale sur ce sujet, nous avons jugé utile de diffuser de nouveau sa position, sur le Yom Ha’atsmaout comme nous l’avons fais l’année dernière, avec quelques compléments.

Nous conseillons – même aux personnes qui ne lisent d’habitude que le résumé – de lire le développement de cette Hala’ha.

Question

Est-il justifié de dire le Hallel, le jour de Yom Ha’atsmaout (Jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël) ?

A-t-on le droit de le dire avec Bera’ha ?

Décision de la Hala’ha

Les personnes qui désirent dire le Hallel le jour de Yom Ha’atsmaout, sont autorisées à le faire.

Mais attention !!!

On ne peut en aucun cas réciter la Bera’ha sur le Hallel, ni la Bera’ha initiale, ni la Bera’ha finale.

Il est conseillé d’attendre la fin de la prière de Sha’harit pour dire le Hallel, et non immédiatement après la ‘Amida.

On ne récite pas la Bera’ha de Shehe’heyanou sur le jour de Yom Ha’atsmaout en lui-même.

On peut ne pas dire le Vidouï et les Ta’hanounim (supplications) le jour de Yom Ha’atsmaout.

Rectificatif :

Le lien cité dans la Hala’ha d’hier (27.04.09) est celui-ci : http://halahayomit.blogspot.com/2009/02/israel-et-le-mazal.html)

Sources et développement

La date du 5 Iyar (cette année, mercredi 29 mai 2009) est la date anniversaire de la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël.

Les Sages d’Israël de ces dernières générations ont débattus au sujet de la récitation du Hallel ce jour là (comme nous récitons le Hallel avec Bera’ha à ‘Hanouka ou autre…).

Certains sont d’avis qu’il n’est pas justifié de dire le Hallel et de se réjouir le jour de la création de l’Etat d’Israël.

Certains pensent que chacun a le droit de dire le Hallel ce jour là, afin de remercier et de glorifier Hashem pour les Miracles qu’Il a réalisé lors de la création de l’Etat d’Israël.

D’autres pensent qu’il est même un devoir de dire le Hallel ce jour là, et selon eux, il faut même le dire avec Bera’ha, exactement comme pour les jours de ‘Hanouka.

Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita fut consulté sur cette question, et exprima son avis dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer (tome 6 sect. O.H chap.41) où il précise que même dans l’hypothèse où il est justifié de dire le Hallel ce jour là, cependant, il ne faut pas le dire avec Bera’ha, car nos Maîtres n’ont instauré de dire le Hallel avec Bera’ha que lorsque le Miracle s’est produit véritablement pour l’ensemble du peuple d’Israël. Lorsque tout le peuple d’Israël est menacé d’extermination, et qu’Hashem intervient pour les sauver.

Mais les Miracles qui se sont produit lors de la guerre d’Indépendance (1948) - lorsqu’ Hashem nous a sauvé de la main de nos ennemis et de nos oppresseurs qui projetaient de nous détruire – ces miracles n’ont pas été réalisés en faveur de la totalité du peuple d’Israël (tous les juifs ne se trouvaient pas à ce moment là sur la terre d’Israël).

Par conséquent, il est certain qu’il ne faut pas réciter la Bera’ha sur le Hallel, le jour de Yom Ha’atsmaout.

Notre maître le Rav shalita ajoute un argument qui démontre que l’on ne doit pas réciter la Bera’ha sur le Hallel le jour de Yom Ha’atsmaout.

En effet, même si – par l’aide d’Hashem – nous avons eu le mérite de vaincre nos ennemis, cependant, concernant le Miracle de ‘Hanouka – que nos maîtres ont fixés comme étant des jours de fête, de louanges et de reconnaissance envers Hashem – il est rapporté dans la Gmara que cette institution n’est que pour le Miracle du flacon d’huile dans lequel il n’y avait que la quantité suffisante pour allumer un seul jour, et que par Miracle, il purent allumer huit jours. Or, le MAHARATS ‘Hayout demande :

Pourquoi ne pas dire que l’instauration de la fête et du Hallel de ‘Hanouka viennent commémorer le Miracle de la victoire militaire de la minorité sur la majorité ?

Il répond que ce type de Miracle (même s’il n’en reste pas moins un Miracle d’Hashem) ne déroge pas aux règles de la nature (comme l’écrit le RaN sur ‘Houlin 95a, qu’effectivement, deux ou trois braves peuvent mettre en fuite de nombreux peureux), et on ne dit pas le Hallel pour les Miracles cachés qu’Hashem réalise pour nous à chaque instant.

Ce qui n’est pas le cas du miracle du flacon d’huile de ‘Hanouka, qui sort totalement du cadre des règles de la nature, et c’est pourquoi nos Maîtres ont instaurés la lecture du Hallel pendant ‘Hanouka.

Il en est de même pour notre sujet d’aujourd’hui.

Même si nous avons eu le mérite - par les bontés d’Hashem - de vaincre nos ennemis si forts et si nombreux, cependant, cela reste un phénomène dans le cadre de la nature, en particulier, lorsqu’on constate que lors de la guerre d’Indépendance, Israël a perdu de nombreuses et précieuses âmes parmi nos valeureux soldats. Et même si en définitif, Israël a obtenu la victoire, cela reste un phénomène qui ne déroge pas des règles de la nature.

Par conséquent, il n’y a pas à fixer la lecture du Hallel avec Bera’ha, ce jour là.

Notre maître le Rav shalita ajoute encore que même si effectivement, de nombreux et très éminents Rabbanim – Grands de la Génération – (à l’époque de la création de l’Etat d’Israël) ont vue - à travers la création de l’Etat – le Début de la Guéoula (la délivrance), malgré tout, la route est encore très longue pour arriver au repos et à l’indépendance, aussi bien du point de vue politique et militaire, aussi bien du point de vue moral et spirituel.

C’est pourquoi, il ne faut pas lire le Hallel avec Bera’ha, puisque les chefs des armées arabes menacent toujours de sortir en guerre contre Israël. De plus, combien de pays « clairvoyants », considérés comme les « amis » d’Israël, lui ont tourné le dos lors des précédentes guerres.

Sans parler du point de vue spirituel où nous sommes descendus si bas !

Nous sommes les témoins d’une décadence morale affolante.

La permissivité augmente de plus en plus, la marginalité se déploie ouvertement. Le manque de pudeur, les vêtements de débauche, les livres pornographiques, les films scandaleux, la profanation du Shabbat en public, l’ouverture de commerces où l’on distribue de la viande non Casher dans des proportions stupéfiantes, et combien d’autres exemples de honte du même type.

Mais le comble, c’est de constater que des milliers d’enfants juifs sont scolarisés dans des établissements non religieux où l’on apprend à ignorer toute la Sainteté d’Israël, et où l’on encourage les juifs à vivre comme des non juifs, et à abandonner la Source d’Eau Vive pour aller creuser des puits fendus qui n’ont même pas la capacité de contenir l’eau.

Est-ce cela que nous avons tant attendu et tant espérer durant les milliers d’années de notre exil ?!

Alors que le RAMBAM écrit : « le peuple d’Israël n’a prophétisé l’époque messianique que seulement dans le but qu’il soit débarrassé des peuples qui ne le laissent pas s’adonner à la Torah et aux Mitsvot comme il se doit. »

Lors de l’époque messianique, la Emouna (la foi), la connaissance, la sagesse et la vérité augmenteront, comme il est dit : « La terre se remplira de la connaissance d’Hashem, comme les eaux recouvrent la mer, car tout le monde me connaîtra, du plus petit au plus grand d’entre eux ».

Pour toutes ces raisons, de nombreux dirigeants spirituels – voyant que la She’hina (la Présence Divine) est encore en exil – ont pour usage de ne pas dire du tout le Hallel le jour de Yom Ha’atsmaout. Leur raison est fondée sur la peine et la souffrance qu’ils ressentent en constatant l’état spirituel dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.

Et même si en réalité - malgré tous les nuages qui obscurcissent le Miracle de la création de l’état d’Israël – il y a des faits marquants desquels nous ne pouvons nous dérober, comme par exemple, le fait que l’état d’Israël représente aujourd’hui le véritable centre de la Torah dans le monde entier, et que des milliers de nos enfants y étudient la Torah, jour et nuit dans les Yeshivot consacrée exclusivement aux études religieuses. Comme aussi le fait que nous trouvons - même parmi les gens les plus simples – une oreille attentive à la Torah et à la connaissance, émanant de la bouche des Grands d’Israël.

Mais malgré tout, cela ne suffit pas pour justifier une obligation à dire le Hallel avec Berah’a, ce jour là.

C’est ainsi qu’ont tranchés les Guéonim suivants :

Rabbi Ben Tsion Meïr ‘Haï ‘OUZIEL, Rabbi Its’hak HERTZOG, Rabbi Tsevi Pessa’h FRANCK, Rabbi Réouven KATS, Rabbi Ovadia HADAYA et Rabbi Ya’akov ADESS, présidents du Grand Rabbinat d’Israël.

Toute personne qui s’autorise à réciter la Bera’ha sur le Hallel le jour de Yom Ha’atsmaout doit savoir qu’elle s’introduit dans un risque de récitation d’une Bera’ha en vain, car de façon unanime, le fait de réciter la Bera’ha sur le Hallel ce jour là, fait l’objet d’une divergence d’opinion Hala’hique parmi les décisionnaires. Or, nous avons une règle capitale selon laquelle lors d’un doute (divergence) on ne récite pas la Bera’ha (Safek Bera’hot Lehakel).

Cependant, le Gaon auteur du ‘Hazon Ish, ainsi que le Gaon, le Rav de BRISK - qui ont vécus en Israël à l’époque de la création de l’Etat d’Israël – n’étaient pas favorable à cette idée, et se sont fortement opposés à cela.

Toutefois, n’oublions pas que dans la réalité de cette époque, les choses n’étaient pas aussi claires qu’à notre époque (aussi bien du point de vue des opposants au Sionisme, que du point de vue de ses partisans), car l’activisme anti-religieux des autorités gouvernementales - discriminatoire et dénué de toute responsabilité social et spirituel – était très agressif.

En assimilant les immigrants du Yemen et du Maroc, de façon méthodique et cruelle, ainsi que d’autres actes aussi aberrants.

Mais d’un autre côté, le Miracle du sauvetage de la main des anglais était distinct et très ressenti.

La recréation en Israël, des Yeshivot qui avaient disparues en Europe lors de la Shoah, réjouie le cœur de tous ceux qui aiment la Torah.

C’est pour toutes ces raisons qu’il était très difficile de percevoir les choses à cette époque, de la même façon que nous les percevons nous aujourd’hui, car dans l’absolue, la création de l’Etat d’Israël représente un sauvetage et une grande délivrance pour notre peuple, même si – comme nous l’avons disnous nous opposons très fortement à un grand nombre d’agissements de plusieurs dirigeants de l’état, depuis sa création, et jusqu’à ce jour.

Nous ne devons pas non plus oublier que grâce l’état d’Israël et au retour des juifs sur la terre d’Israël, nous avons eu le mérite qu’une grande partie de notre peuple soit épargnée du danger de l’assimilation qui existait à l’étranger, en particulier au sein des personnes qui n’observent pas la Torah, pour lesquels il ne fait pas de doute que c’est leur manque de connaissances qui les mène vers les mariages mixtes et vers l’attachement à d’autres religions comme le montre la réalité aux Etats unis et en France ou autre,…

Par conséquent, même s’il est plus facile pour une personne fidèle à la Torah, de repousser toute opinion favorable à l’état d’Israël, malgré tout en réalité la création de l’état d’Israël est une grande faveur pour notre peuple et une grande bonté d’Hashem qui a eu pitié de Son peuple et qui l’a ramené sur sa terre de façon incroyable.

Le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM z.ts.l de Bagdad (auteur du Ben Ish ‘Haï, qui a vécut il y a environ 150 ans) écrit dans son livre Benayahou sur la Guemara Rosh Ha-Shana (8b) :

« C’est ainsi que s’est réalisée la délivrance d’Israël lors de la sortie d’Egypte. Dès le mois de Tishri nos ancêtres ont cessé le travail, et au mois de Nissan ils sont sortis d’Egypte. Ce qui signifie que de Tishri jusqu’au 15 Nissan ils n’ont pas été totalement affranchis d’Egypte, mais tout en étant encore en Egypte, ils ne subissaient plus l’esclavage. C’est aussi ce qui se produira dans les temps futurs lors de la rédemption finale – rapidement et de nos jours - quelques années avant la délivrance, Israël bénéficiera d’une liberté, et se montrera très fort dans certains domaines, au point d’avoir un niveau et un rang comme s’ils étaient des princes, mais ils ne seront pas totalement délivrés. Jusqu’à l’arrivée du Mashiah’ où la liberté sera réelle et les Bené Israël considérés comme des rois. » Fin de citation.

C’est pour cela que – dans la pratique – la personne qui désir dire le Hallel sans Bera’ha, le jour de Yom Haatsmaout, est autorisé à le faire.

Mais cependant, il est bon de repousser la récitation du Hallel, jusqu’à la fin de toute la prière, puisque selon le sens Mystique de la Torah, il ne faut pas s’interrompre entre la ‘Amida et le reste de la prière, en disant le Hallel (excepté les jours où la récitation du Hallel est instaurée par nos maîtres du Talmud).

Toutefois, on ne doit pas empêcher les communautés qui désirent dire le Hallel immédiatement après la répétition de la ‘Amida, car ce point n’est soumis à une interdiction que seulement selon la Mystique, et qu’il n’y a là aucun interdit réel selon le Din.

Mais on ne peut en aucun cas réciter la Bera’ha sur le Hallel.

Même concernant la Bera’ha de Shehe’heyanou le jour de Yom Ha’atsmaout, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit qu’il ne faut pas réciter cette Bera’ha sur le jour de Yom Ha’atsmaout en lui-même, et il y a là une grave transgression de Bera’ha Levatala (récitation d’une bénédiction en vain). C’est ainsi que tranchent également tous ceux qui ont présidés le Grand Rabbinat d’Israël, et qui ont été cités plus haut.

On ne dit pas le Vidouï (supplications) dans la prière, le jour de Yom Ha’atsmaout.

(Le Gaon de Poniewitz, Rabbi Shemouel Cahenman z.ts.l fut un jour consulté, lors des premières années de l’état d’Israël, et on lui demanda s’il disait le Hallel le jour de Yom Haatsmaout.

Il répondit sur le ton de la plaisanterie :

« J’agis comme Ben Gourion. Comme Ben Gourion ne dit pas le Vidouï ce jour là, moi non plus je ne le dis pas. Comme Ben Gourion ne dit pas le Hallel ce jour là, moi non plus je ne le dis pas ! »)

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