dimanche 14 février 2010

Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion

Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de :
mon épouse Sylvie Mazal Esther Bat Régine ‘Haya Sim’ha ; du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita) ; l’enfant Yo’heved Mazal Bat ‘Hassiba (fille de Yéhouda et Eva ALLOUN) ; Its’hak Ben ‘Aïsha ; I’hya Nathan Yossef Aharon Ben Déborah ; Yonathan Yehouda Ben Aviva ; Marc Samuel Ben Rosa Vé-Nessim Hadjadj ; Sarah Bat Miryam ; ‘Haïm Ben Yéhouda ; ainsi que pour ma propre Refoua Shelema David Avraham Ben Simi.
Elle est aussi dédiée à la santé de la famille ARBIB.
Elle est aussi dédiée à l’élévation de l’âme de : Ora Bat Myriam (Boukobza) ; Georges Yitshak ben Chlomo ;Tsipora bat Esther

QUESTION

Doit on réciter le Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion ?

DECISION DE LA HALA’HA

Toute forme de voyage est considérée comme dangereuse, et de ce fait, il n’y a pas de différence entre un voyage par la terre ferme, par la mer ou dans les airs.
Dès lors où il s’agit de voyage, la notion de danger entre en considération et l’on est tenu de remercier Hashem pour nous avoir épargné de ce danger.
Par conséquent, exactement comme pour un voyage en voiture ou en train, lorsqu’on a voyagé 72 mn en avion ou en hélicoptère, on doit réciter le Birkat Ha-Gomel, car un tel voyage est considéré comme une traversée du désert ou de la mer.
Lorsqu’on voyage en avion, on peut rencontrer divers dangers, comme le fait que le pilote perde le contrôle de l’appareil en plein vol et soit dans l’obligation d’effectuer un atterrissage d’urgence, ou bien que l’un des moteurs de l’avion tombe en panne et que le pilote soit dans l’obligation d’atterrir en pleine forêt d’un pays hostile dont les habitants pourraient faire du mal aux passagers de l’avion.

C’est pourquoi on doit réciter le Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion. Tel est l’usage répandu.

Il n’y a aucune différence entre un homme et une femme vis-à-vis du devoir d’adresser à Hashem des bénédictions de reconnaissance. Par conséquent, une femme qui a voyagé durant 72 mn en avion ou en hélicoptère est tenue - elle aussi - de réciter Birkat Ha-Gomel en présence d’un Minyan (à la synagogue, dans la partie réservée aux femmes par exemple), comme elle est tenue de le réciter après une maladie ou un accouchement. (Une future Hala’ha sera – B’’H – exclusivement consacrée au Birkat Ha-Gomel pour la femme).

Dans la prochaine Hala’ha, nous traiterons du prisonnier libéré, ainsi que des victimes de kidnapping.

SOURCES ET DEVELOPPEMENT

Dans les précédentes Hala’hot , nous avons expliqué qu’il y a 4 situations à la suite desquelles, nous avons l’obligation de réciter Birkat Ha-Gomel en présence d’un Minyan (10 hommes).
Parmi ces situations, deux concernent le voyage :
Lorsqu’on a traversé un désert, et par extension, lorsqu’on a voyagé en voiture ou en train d’une vile à l’autre.
Lorsqu’on a traversé la mer, et par extension, lorsqu’on a voyagé sur un fleuve, lorsqu’on a nagé dans une mer ou un fleuve, ou lorsqu’on a fait une simple promenade en bateau.

Nous allons à présent nous intéresser au voyage en avion.

Le Gaon « Ragatsovi » (Rabbi Yossef ROZZIN) fut consulté afin de déterminer si on doit réciter Téfilat Ha-Déreh (prière lorsqu’on entreprend un voyage) lorsqu’on voyage en avion.
Il répondit par un enseignement de la Guémara ‘Houlin (139a) où l’on traite de la Mitsva du renvoi du nid d’oiseau ;
En effet, la Torah dit (Dévarim 22-6 et 7) :
« Si un nid d’oiseau se trouve devant toi sur la route, sur tout arbre ou au sol, rempli de poussins ou d’œufs, alors que la mère couve les poussins où les œufs, tu ne prendras pas la mère avec les petits. Tu devras renvoyer la mère et prendre les petits pour toi, afin qu’il te soit fait du bien et que tes jours se rallongent. »
La Guémara déclare : si l’on trouve un nid dans la mer, on est tenu d’accomplir la Mitsva, car il est dit (Isha’ya 43-16) : « Celui qui procure une route en pleine mer ». (Le mot –דרך - route est commun à ce verset et celui dans lequel est mentionnée la Mitsva du nid).
La Guémara s’étonne : Dans ce cas, si l’on trouve un nid dans le ciel, nous serions donc tenu d’accomplir la Mitsva, puisqu’il est dit (Mishlé 30-19) : « La route de l’aigle se trouve dans le ciel » ?!
La Guémara répond : C’est seulement lorsqu’elle est pratiquée par l’aigle qu’une route dans le ciel est qualifiée de « route », mais en toute autre situation, elle n’est pas qualifiée de route.

Le Ragatsovi en déduit que la notion de route (דרך) n’existe pas dans le ciel.
Selon ce raisonnement, lorsqu’on voyage en avion, on ne doit donc pas réciter Téfilat Ha-Dére’h.

A partir de là, nous pouvons en déduire qu’il en est de même vis-à-vis du Birkat Ha-Gomel que l’on récite après un voyage, puisque le terme דרך (route) est également employé dans le verset des Téhilim (107) qui sert de source au Birkat Ha-Gomel, comme il est dit : « Ils se sont égaré dans le désert, par des routes désolées, sans trouver de ville habitée. » Il ne faudrait donc pas le réciter après un voyage en avion, puisque la notion de route (דרך) n’existe pas dans le ciel.

C’est également l’opinion du Gaon Rabbi Mordé’haï Ya’akov BREÏSH dans une Tshouva éditée dans la brochure mensuelle « Ha-Maor » (Tamouz 5716), ainsi que dans son livre Shou’t ’Helkat Ya’akov (tome 2 chap.9) où il précise tout de même que les Séfaradim qui ont l’usage de réciter le Birkat Ha-Gomel même lorsqu’ils voyagent d’une ville à l’autre (au moins 72 mn) - puisque selon leurs décisionnaires toutes les routes sont présumées dangereuses - il semble évident qu’un voyage en avion n’est pas moins dangereux qu’un voyage d’une ville à l’autre. Mais pour les Ashkénazim, cela reste une question et il est bon qu’ils la récite sans « Shem Ou-Mal’hout » (sans « Ata A.D.O.N.A.Ï Elohenou Mele’h Ha-‘Olam »).

Le Min’hat Its’hak (tome 2 cap.47) et d’autres décisionnaires pensent également que l’on doit réciter le Birkat Ha-Gomel sans « Shem Ou-Mal’hout » lorsqu’ils ont voyagé en avion.

Cependant, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita – dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer (tome 2 sect. O.H chap.19) – tranche que l’on doit réciter le Birkat Ha-Gomel même après un voyage en avion.
Dans son livre ‘Hazon Ovadia – Béra’hot (page 368) – notre maître réfute le parallèle fait par le Gaon Ragatsovi entre le terme דרך (route) employé dans le verset qui sert de source à l’obligation de réciter le Birkat Ha-Gomel, et le terme דרך (route) employé dans le verset duquel on apprend que la notion de route n’existe pas dans le ciel.

En effet, notre maître cite le Méïri dans son commentaire sur Béra’hot (54a) dont voici les termes :
« Selon certains, on ne récite le Birkat Ha-Gomel que lorsqu’on a traversé un désert et que l’on s’est réellement perdu. De même, lorsqu’on a traversé la mer et que l’on a réellement affronté une tempête qui a faillit provoquer un naufrage, ou bien lorsqu’une personne a subit une grave maladie, selon les versets exacts du Téhilim 107. Mais je conteste cette opinion, même si la compréhension des versets va dans ce sens, car toutes les routes sont présumées dangereuses. De même, tout malade qui est alité est comparable à un condamné qui monte sur l’échafaud. De même pour toute personne qui traverse la mer. » Fin de citation.

Les propos du Méïri nous apprennent explicitement que les conditions de voyage citées par les versets n’indiquent pas une exclusivité, mais elles montrent plutôt une idée générale selon laquelle toute forme de voyage est considérée comme dangereuse, et de ce fait, il n’y a pas de différence entre un voyage par la terre ferme, par la mer ou dans les airs. Dès lors où il s’agit de voyage, la notion de danger entre en considération et l’on est tenu de remercier Hashem pour nous avoir épargné de ce danger.

Le Gaon Rabbi Moshé ‘HAGUIZ écrit lui aussi – dans l’introduction de son livre Shou’t Shété Ha-Lé’hem – que ces versets ne sont pas à prendre dans un sens exclusif, mais plutôt en retenir l’idée principale : qu’Hashem a fait parvenir le voyageur à bonne destination.

Notre maître conclut que même lorsqu’il s’agit de versets explicites, on peut considérer qu’ils ne sont pas exhaustifs, et de ce fait, une personne qui voyage en avion, doit réciter le Birkat Ha-Gomel après son voyage (s’il a duré au moins 72 mn) car lorsqu’on voyage en avion, on peut rencontrer divers dangers, comme le fait que le pilote perde le contrôle de l’appareil en plein vol et soit dans l’obligation d’effectuer un atterrissage d’urgence.
Ou bien que l’un des moteurs de l’avion tombe en panne et que le pilote soit dans l’obligation d’atterrir en pleine forêt d’un pays hostile dont les habitants pourraient faire du mal aux passagers de l’avion.

Même si d’importants décisionnaires comme le Gaon auteur du Shou’t Bé-Tsel Ha-‘Ho’hma (tome 2 chap.20) au nom du Gaon de Tshébin, ainsi que d’autres décisionnaires tranchent qu’il faut réciter le Birkat Ha-Gomel sans « Shem Ou-Mal’hout » lorsqu’on a voyagé en avion, malgré tout, le Gaon auteur du Shou’t Beer Moshé (tome 7 chap.69) relate sa rencontre avec le Admour de Satmar - Rabbi Yoël TEITLBOÏM z.ts.l - durant laquelle il s’est entretenu avec le Gaon sur la question. Le Admour de Satmar lui répondit qu’il n’avait pas le moindre doute que tout voyage en avion nécessite le Birkat Ha-Gomel. L’auteur du Beer Moshé lui répondit que l’usage courrant était de ne réciter cette bénédiction qu’après un long voyage comme des Etats-Unis à Israël ou vers l’Europe, et que son propre frère, l’auteur du Bé-Tsel Ha-‘Ho’hma cite au nom du Gaon de Tshébin qu’il ne faut pas la réciter après un voyage en avion. Mais l’Admour de Satmar lui répondit qu’il n’était pas d’accord avec cette décision Hala’hique.
Cette opinion du Admour de Satmar est également rapportée par le Min’hat Its’hak (tome 2 chap.47).

Le Gaon Rabbi Pin’hass EPSHTEIN – qui était le chef suprême des tribunaux rabbiniques de la ‘Eda Ha-‘Harédite de Jérusalem – exprime une opinion contraire à celle de l’auteur du Bé-Tsel Ha-‘Ho’hma (publiée dans le tome 2 du Bé-Tsel Ha-‘Ho’hma, page 190b), et il lui écrit explicitement que selon lui, il n’y a pas le moindre doute que l’on doit réciter le Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion.

De ce fait, le Gaon auteur du Shou’t Bé-Tsel Ha-‘Ho’hma rectifie légèrement son opinion (tome 5 chap.88 note 1) et ajoute que « puisque de nombreux et importants décisionnaires tranchent qu’il faut réciter le Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion, il est certain que ceux qui enseignent selon cet avis ont sur qui s’appuyer. » Fin de citation.

Telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Avraham ‘Haïm Nahé dans son livre Kétsot Ha-Shoul’han (chap.68 Badé Ha-Shoul’han note 2), selon qui on doit réciter le Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion.

Telle est aussi l’opinion du Gaon Rabbi Matslia’h MAZOUZ z.ts.l dans son livre Shou’t Ish Matslia’h (tome 2 sect. O.H chap.11 parag.5) où il ajoute qu’il a personnellement vu de grands Rabanim Ashkénazim voyager de France vers la Tunisie et réciter le Birkat Ha-Gomel.

Le livre Méïr Nétivot (nouvelle édition page 299) rapporte que telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Shémouel Ha-LEVY WOZNER Shalita et du Gaon Rabbi Shélomo Zalman OYERBACH z.ts.l.

Telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Moshé FEINSTEIN z.ts.l dans son livre Shou’t Iguérot Moshé (tome 2 sect. O.H chap.69).

Telle est également l’avis du Gaon Rabbi Shélomo Zalman OYERBACH z.ts.l comme il l’écrit lui-même dans son livre Hali’hot Shélomo (page 276) où il atteste que « tel est l’usage en vigueur ».

Le livre Tshouvot Vé-Hanahagot (page 193) atteste également que « tel est l’usage en vigueur ».

Le livre Sha’aré Hala’ha Ou-Minhag (tome 1 page 217) cite l’opinion du Gaon de LOUBAVISTH selon qui on doit réciter le Birkat Ha-Gomel après un voyage en avion.

Telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Eli’ezer Yéhouda WALDINBERG z.ts.l dans son livre Tsits Eli’ezer (tome 11 chap.14) où il conteste l’opinion du Min’hat Its’hak.

Des témoins dignes de confiance ont attesté que telle était également l’opinion du Gaon ‘Hazon Ish.

Par conséquent, lorsqu’on a voyagé 72 mn en avion ou en hélicoptère, on doit réciter le Birkat Ha-Gomel avec « Shem Ou-Mal’hout », car un tel voyage est considéré comme une traversée du désert ou de la mer. Tel est l’usage répandu.

Dans la prochaine Hala’ha, nous traiterons du prisonnier libéré, ainsi que des victimes de kidnapping.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5770 sheelot@free.fr
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