jeudi 27 décembre 2007

Parler aux toilettes

Parler aux toilettes

Question

Une personne qui se trouve aux toilettes, a-t-elle le droit de parler à quelqu’un qui se trouve à l’extérieur, ou répondre à un appel téléphonique à l’intérieur des toilettes (téléphone portable) ?

Réponse

Il est enseigné dans la Gmara Bra’hot (62a) :

La tradition des toilettes, c’est la pudeur et le silence.

C'est-à-dire, la tradition que nous avons reçue de nos maîtres lorsqu’on se trouve aux toilettes, c’est de se comporter avec pudeur, et d’observer le silence.

C’est ainsi que tranche le RaMA[DP1] dans ses notes sur le Shoul’han ‘Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.3). Il écrit qu’il ne faut pas parler lorsqu’on se trouve aux toilettes, et il faut s’y comporter avec pudeur et discrétion, ce qui inclus le fait de fermer systématiquement la porte des toilettes, même lorsqu’on est seul dans la maison.

Notre maître le RaMBaM[DP2] écrit (chap.5 des Hala’hot De’ot) qu’il ne faut pas parler lorsqu’on va à la selle, même si l’on doit parler pour une grande nécessité, et ceci, à titre de pudeur (Tseni’out).

Il est expliqué à travers les propos de notre maître le ’HYDA[DP3] , ainsi que d’autres Poskim (décisionnaires), qu’hormis la notion de pudeur, le fait de parler lorsqu’on se trouve aux toilettes, peut entraîner un danger. En effet, les Mazikin (êtres maléfiques, créés au 6ème jour de la création, après le couché du soleil) se trouvent, entre autres, dans les toilettes, et peuvent nuire à la personne qui parle dans cet endroit.

Selon cette explication, il serai catégoriquement interdit de parler lorsqu’on est aux toilettes, et cela, même si l’on parle pour une grande nécessité, puisqu’il y a un risque de danger.

Cependant, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit que même s’il est évident qu’il est interdit de parler lorsqu’on se trouve aux toilettes, particulièrement lorsqu’on parle et que ce n’est pas indispensable, et ceci à titre de Tseni’out (pudeur et discrétion), malgré tout, lorsqu’il s’agit d’une grande nécessité, on permettre de parler.

En effet, le Gaon Ya’BeTS[DP4] écrit dans son livre MOR OUKTSI’A, que de notre époque (il vivait au 18ème siècle), les Mazikin ne se trouvent plus dans les toilettes, car aujourd’hui, les toilettes se trouvent à l’intérieur des zones d’habitation, et les Mazikin ne sont pas autorisés à résider là où résident des êtres humains. Ce qui n’était pas le cas du temps de nos maîtres, les Sages du Talmoud, les toilettes se trouvaient à l’extérieur des zones d’habitation, dans les champs, on s’exposait donc beaucoup plus au danger des Mazikin.

Qui plus est, le MaHaRSHaL[DP5] écrit au sujet de l’esprit d’impureté qui réside sur les mains, le matin avant la Netilat Yadaïm, que de nos jours, c’est esprit d’impureté est considérablement atténué. Effectivement, du temps de nos maîtres, les Sages du Talmoud, si une personne portait la main aux yeux, le matin avant de faire Netilat Yadaïm, cette personne pouvait perdre la vue à cause de l’esprit d’impureté qu’il y a sur ses mains (voir Gmara Shabbat 108b, ainsi que dans les Masse’htot Ketanot, Kala chap.1, Hala’ha 19). Alors que nous constatons que cette réalité n’existe plus de notre époque.

Nous pouvons en dire autant au sujet de l’impureté des toilettes, de notre époque.

Nous ne devons donc pas craindre le danger cité par les Kabbalistes, mais uniquement prendre en considération, la Tseni’out (pudeur et discrétion) de la personne, lorsqu’elle se trouve aux toilettes.

En conclusion

Il est interdit de parler lorsqu’on se trouve aux toilettes (lorsqu’on s’y trouve pour y faire ce qu’on y fait habituellement).

On peut autoriser dans certaines situations :

Si l’on doit absolument répondre à un appel téléphonique de grande importance, qui pourrait nous occasionner une perte d’argent.

Ou bien un père ou une mère qui se trouvent aux toilettes, et doivent dire quelque chose à leurs enfants qui sont seuls dans la maison, afin de leur éviter de toucher ou de faire quelque chose de dangereux. Dans ces cas là, il est permis de parler aux toilettes, mais en faisant en sorte d’abréger les paroles le plus possible.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768

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[DP1]RaMA Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim

[DP2]RaMBaM ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle

[DP3]HYDA Rabbi ‘Haïm Yossef David AZOULAÏ Israël - Italie 18ème siècle

[DP4]Ya’BeTS (Le Gaon) Allemagne 18ème siècle. Auteur de nombreux ouvrages de Hala’ha. Fils du ‘Ha’ham Tsevi.

[DP5]RaSHaL ou MaHaRSHaL, Rabbenou SHlomo Louria Pologne 16ème siècle

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