mercredi 26 décembre 2007

S’assoire à proximité d’une personne qui prie la ‘Amida

S’assoire à proximité d’une personne qui prie la ‘Amida

La Gmara Bra’hot (31a) tranche de nombreuses Hala’hot relatives à la prière quotidienne (la ‘Amida), à partir des versets qui décrivent la prière que ‘Hanna a adressé à Hashem pour qu’Il la gratifie d’un enfant (Voir livre de Shemouel Tome 1 chapitre1). En priant, Hanna a formulé un voeu selon lequel, si Hashem lui donne un enfant, celui-ci sera entièrement consacré au service d’Hashem. Ensuite, ‘Eli HaCohen – qui était le Grand de cette génération - bénit ‘Hanna en lui souhaitant qu’Hashem exauce sa demande.

La suite des versets nous indique que ‘Hanna fut effectivement exaucée. Elle mit au monde un fils qu’elle nomma Shemouel (qui fut le prophète Shemouel).

Quand l’enfant grandit, ‘Hanna l’emmena au Mishkan (le Sanctuaire) – qui se trouvait à cette époque dans la ville de Shilo – et le présenta à ‘Eli HaCohen, afin de lui montrer que sa bénédiction et sa prophétie s’étaient réalisées.

‘Hanna dit à ‘Eli HaCohen :

« Je suis la femme qui s’est tenue debout ici avec toi, afin de prier Hashem. C’est justement pour cet enfant que je priais, et Hashem a exaucé la demande que je lui ai adressée. » (Livre de Shemouel Tome 1 chap.1, verset 26)

Du fait que ‘Hanna rappelle à ‘Eli HaCohen que lorsqu’elle a prier pour avoir un enfant, elle s’est tenue debout ici « avec lui », vient nous apprendre une règle importante dans les Hala’hot de la Tefila :

Il est interdit de s’assoire dans les 4 Amot (4 coudées, environ 2 m) d’une personne qui prie la ‘Amida.

En effet, les termes « Avec toi » indiquent que ‘Eli HaCohen est resté lui aussi debout durant la prière de ‘Hanna, puisqu’il est interdit de s’assoire dans les 4 Amot d’une personne qui prie. Ceci est l’explication de Rashi[DP1] sur la Gmara Bra’hot citée plus haut.

Mais les Tossafot[DP2] expliquent différemment.

Selon eux, il faut constater la forme inhabituelle que le texte emploie pour exprimer le terme « Avec toi »

En effet, le texte l’écrit sous l'orthographe 'Ain, Mem, 'Haf, Hé (‘Ime’ha), alors qu’il est habituellement écrit sous l'orthographe 'Ain, Mem, 'Haf final).

C’est anomalie apparente nous indique, non pas que ‘Eli HaCoehen est resté debout durant la prière de ‘Hanna, mais plutôt qu’il était assis au-delà d’un périmètre de 4 Amot de ‘Hanna. Plus précisément, dans la 5ème coudée, car la lettre « anormalement » ajoutée au mot ‘Ime’ha (avec toi) est un qui a pour valeur numérique, le chiffre 5.

(N.D.T Cette différence d’explication a peut être une incidence pratique. Pour Rashi, il serait interdit de s’assoire, mais on pourrait resté debout, alors que pour les Tossafot, l’interdit serai même en restant debout.)

Le périmètre dans lequel il est interdit de s’assoire, correspond à 4 Amot (4 coudées, environ 2 m). La Gmara le déduit du terme employé par ‘Hanna pour exprimer le mot « ici » qu’elle dit en hébreu Bazé. Or, le mot Zé, qui s'écrit avec un Zaïn et un Hé, a pour valeur numérique, le niombre 12, pour indiquer qu’il est interdit de s’assoire aussi bien dans les 4 coudées à la droite de celui qui prie, aussi bien dans les 4 coudées à sa gauche, et aussi bien dans les 4 coudées devant lui. Ce qui fait au total 12.

C’est pour cela que selon le strict Din, il est permis de s’assoire dans les 4 coudées, derrière une personne qui prie.

Cependant, selon l’usage des Ashkenazim, il faut s’en abstenir. Selon eux, le mot indique qu’il est interdit de s’assoire dans les 4 coudées devant la personne qui prie, ainsi que derrière elle, et également sur les côtés, mais sans préciser « 4 Amot pour la droite et 4 Amot pour la gauche », car il est évident que les 2 côtés ont le même statut.

Il est rapporté dans le livre HALA’HA BEROURA du Gaon Rabbi David YOSSEF[DP3] shalita, que même pour les Sefaradim, il est juste de s’abstenir de s’assoire derrière une personne qui prie. Il semble que c’est également l’opinion du Perisha[DP4] , ainsi que d’autres Poskim (décisionnaires).

Plusieurs raisons sont données à l’interdiction de s’assoire à proximité d’une personne qui prie :

§ L’auteur du Ba’al Hala’hot Guedolot[DP5] écrit que la She’hina (la Présence Divine) se trouve dans les 4 Amot de la personne qui prie. Ce périmètre devient donc sacré, et il est interdit de s’y assoire. Cette explication ressort également du Zohar Hakadosh.

§ Le TOUR[DP6] , ainsi que les Gueonim[DP7] écrivent que lorsqu’une personne vient s’assoire auprès de quelqu’un qui prie, il peut semblé que, celui qui prie, accepte sur lui le Joug de la Royauté Divine (puisqu’il prie), mais pas la personne qui est assise à ses côtés.

§ Le Meîri[DP8] écrit que le fait de venir s’assoire à proximité d’une personne qui prie, peut entraîner la honte de cette personne. En effet, lorsque quelqu’un prie, il adresse des demandes d’ordre personnelles à Hashem, des demandes qui ne concernent que lui. Le Sefer Hami’htam[DP9] donne une explication similaire en disant qu’il arrive parfois qu’une personne pleure dans sa prière, et le fait de venir s’asseoir à ses côtés peut la gêner et lui faire honte.

Si l’on est en train de réciter des parties de la Tefila, comme les Korbanot (textes relatifs aux divers sacrifices, récités au début de la Tefila), ou les Pessouké Dezimra (Psaumes de Tehilim, préliminaires à la Tefila), ou comme le Shema’ et ses Bénédictions, il est permis de venir s’assoire à proximité d’une personne qui prie, aussi bien devant elle que sur les côtés.

De même, une personne faible ou une personne âgé, ont le droit, s’ils ne peuvent pas faire autrement, de venir s’asseoir sur les côtés d’une personne qui prie (mais pas devant elle).

Si quelqu’un est assis et qu’une personne vient se placer dans ses 4 Amot pour prier la ‘Amida, selon le strict DIN, il n’est pas obligé de se lever, car il était assis bien avant que la personne vienne pour prier. (Cependant, il est une mesure de piété – Midat ‘Hassidout – de se lever, même dans ce cas).

Tout ceci, dans le cas où la personne vient se placer sur les côtés de celui qui est assis. Mais dans le cas où la personne vient se placer face à celui qui est assis, il semble que l’opinion de MARAN[DP10] sur ce point, indique qu’il faut se lever.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768

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[DP1]RaSHI Rabbi Shlomo ITS’HAKI France 11ème siècle

[DP2]Tossafot gendres et petits enfants de RASHI. Commentateurs et décisionnaires de France et d’Allemagne 11ème et 12ème siècle

[DP3]

Rabbi David YOSSEF Auteur du Hala’ha Broura, Torat Hamoadim entre autres…, Directeur des Institutions Ye’havé Daat à Jérusalem, digne fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita, et Rav du quartier de Har Nof – Jérusalem

[DP4]Perisha et Derisha Rabbi Yehoshoua’ WOLK élève du RaMA et du RaSHaL, également auteur du livre SaMa’. Pologne fin du 16ème et début du 17ème siècle.

[DP5]Ba’al Hala’hot Guedolot Rabbi Yehoudaï Gaon Irak 10ème siècle

[DP6]Tour Rabbenou Yaakov Ben Asher Allemagne, fils du RoSH, Espagne 13ème et 14ème siècle.

[DP7]Gueonim Décisionnaires de la période post talmudique 8ème et 9ème siècle

[DP8]Meïri Rabbenou Mena’hem Ben Shlomo HaMeïri France 13ème et 14ème siècle

[DP9]Sefer Hami’htam Rabbi David Bar Levi, parmi les premiers décisionnaires, antérieur au 13ème siècle

[DP10]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

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