dimanche 3 février 2008

Dossier spécial " Nerot de Shabbat "

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L’allumage des Nerot

de Shabbat

Réalisé par David A. PITOUN

Responsable de la Hala’ha au sein de l’association Cap Loisirs Lyon-France

Contact : sheelot@free.fr

Depuis quelques années, une certaine information s’est propagée à travers nos différentes communautés.

En effet, selon la dite information, le fait de réciter la Bra’ha de l’allumage des Nérot de Shabbat avant l’allumage, serait l’opinion exclusive de notre Maître, la lumière d’Israël, le Prince de la Torah, la couronne et la gloire de notre génération, le Rav Ovadia YOSSEF, shalita.

Parmi les conséquences de cette fausse information, nous constatons l’ « l’indignation » de certaines personnes qui ne comprennent pas comment un avis « minoritaire » comme celui de notre Maître, la lumière d’Israël, shalita, peut venir contredire des avis « majoritaires » comme, entre autres, celui de notre Maître le Rav Yossef HAIM, zatsal, de Bagdad (Irak 19ème siècle, auteur du Ben Ish Haï), ou d’autre décisionnaires qui tranchent qu’il faut réciter la Bra’ha après l’allumage.

Il est assez curieux que l’on n’ai jamais « reprocher » à notre Maître le Rav Avraham Ishayaou Karlits, zatsal, (auteur du Hazon Ish, décédé dans les années 50), ses diverses divergences d’opinion sur le plan Halahic, avec ses prédécesseurs, comme, entre autres, notre Maître le Rav Israël Meïr HaCohen zatsal (auteur du Hafets Haïm et du Mishna Broura, décédé dans les années 30).

Ou encore, à notre Maître le Rav Haïm Yossef David AZOULAÏ, zatsal, le Hyda (18ème siècle), ses divergences d’opinion sur le plan Halahic avec notre Maître le Rav Hizkiyaou DA SILVA, zatsal, (17ème siècle, l’auteur du Péri Hadash)

L’usage de la Mahloket, la divergence d’opinion Halahic, a toujours eu cours dans toutes générations confondues.

La liste des exemples serait beaucoup trop longue !

Mais ne peuvent comprendre le véritable sens du mot Ma’hloket, que ceux qui connaissent réellement ce que l’on appelle « DARKA SHEL TORAH », l’habitude des Maîtres de la Torah, de ne pas se priver d’exprimer leur opinion Halahic, quand celle-ci est basée sur une argumentation étayée de preuves du Shass et des Poskim, même si cela doit contredire l’opinion de prédécesseurs.

L’objectif de ce fascicule est de démontrer :

1. Que la décision Halahic de notre Maître, la lumière d’Israël, shalita, de réciter la Bra’ha avant l’allumage des Nerot, est basée exclusivement - comme c’est le cas dans la totalité de ses décisions - sur l’opinion Halahic de Maran (en araméen, notre maître), Rabbi Yossef KARO, zatsal, (16ème siècle, auteur du Beit Yossef et du Shoulhan Arouh), opinion à laquelle, nous juifs d’origine Séfarade, devons nous soumettre aveuglément, même contre des Poskim d’opinions différentes. Comme l’attestent de nombreux Poskim Séfarades, ultérieurs au Shoulhan Arouh (sauf dans certaines Halahot Brahot, où il y a discussion, s’il faut réciter la Bra’ha ou pas du tout).

Voici d’ailleurs quelques Poskim qui témoignent l’acceptation exclusive des décisions de Maran Rabbi Yossef KARO, zatsal, par l’ensemble des communautés Séfarades.

· Rabbi Yona NAVON, zatsal, 17ème-18ème siècle, Maître du HYDA et auteur du livre Nehpa Bakessef (hoshen Mishpat-chap.18)

· Son élève Rabbi Yossef Haïm David AZOULAÏ, le Hida, zatsal, 18ème siècle siècle (Birké Yossef, Hoshen Mishpat chap.25)

· Rabbi Haïm MODAÏ, zatsal, 19ème siècle, auteur du livre Sh’’out Haïm Laolam (Yoré Déa chap.1)

· Rabbi Yossef MOLHO, zatsal, auteur du livre Shoulhan Gavoa (Sh’’out Ohel Yossef Yoré Déa chap.30)

· Rabbi Yaakov BEN TSOUR, zatsal, l’un des grands Poskim du Maroc auteur du livre Sh’’out Mishpat Outsdaka Béyaakov (tome II chap.5)

· Rabbi Shlomo LANIYADO, zatsal, 18ème siècle, Av Beit Din de la ville de Halab (Alep) en Syrie, auteur du livre Beit Dino Shel Shlomo (Orah Haïm chap.4)

Et bien d’autres encore….

2. que l’obligation de réciter la Bra’ha avant l’allumage, est - non seulement celle du Shoulhan Arouh - mais aussi celle de la quasi-totalité des Poskim, antérieurs et ultérieurs au Shoulhan Arouh.

Partie I

Over Laassiyatan

ou

réciter la Bra’ha avant la Mitsva

Source

Guémara Traité de Pssa’him 7b

« …Rav Yehouda dit au nom de Shmouel : sur toutes les Mitsvot, nous récitons la Bra’ha, Over Laasiyatan (avant la Mitsva).

La Guémara demande : d’où sait on que Over veut dire « avant » ?

Rav Na’hman Bar Its’hak dit : car le texte dit : (livre de Shmouel II chap.18) « …A’himaats courut en passant par le Kikar et dépassa l’éthiopien… (« il dépassa » se dit en Hébreux : VAYAAVOR, de la vient la règle de OVER Laassiyatan, la Bra’ha doit dépasser la Mitsva, en étant placée devant elle)… »

Contexte

Le roi David du prendre la fuite devant son fils Avshalom, qui s’était rebellé contre lui, car il voulait s’imposer sur le trône d’Israël, à la place de son frère Shelomo, désigné par David pour lui succéder.

Lorsque les soldats de David eurent gagné la guerre contre Avshalom et ses hommes, Yoav Ben Tserouya, le chef de l’armée de David, voulut annoncer la nouvelle au roi David.

Pour cela, il lui envoya un messager éthiopien qui fut chargé de courir chez David, afin qu’il sache qu’il était sauvé de ses ennemis.

A’himaats Ben Tsadok voulut être le premier à annoncer la nouvelle au roi, rattrapa le messager éthiopien, et le dépassa.

Cette Guémara constitue la source de la règle Halahic de « Over Laassiyatan », ou de réciter la Bra’ha avant la Mitsva.

Nous pouvons remarquer les termes de la Guémara : « Sur TOUTES les Mitsvot, nous récitons la Bra’ha, Over Laasiyatan (avant la Mitsva) »

La seule exception citée par la Guémara sur place, est la Tévila du Guèr (immersion du converti, dans le Mikvé). Il ne peut réciter la Bra’ha avant, puisqu’il n’est pas encore juif.

La Bra’ha des Nérot

RaMBaM (Rabbenou Moshé Ben Maïmon ou Maïmonide Espagne-Israël12ème siècle) s’est exprimé pas moins de 4 fois sur le fait de toujours réciter la Bra’ha des Mitsvot Over Laasiyatan (avant la Mitsva).

1. Hala’hot Shabbat chap.5 Hala’ha 1

« …on est tenu de réciter la Bra’ha avant l’allumage… »

2. Hala’hot Bra’hot chap.11 Hala’ha 3

« …Sur tout (accomplissement de Mitsva), nous récitons la Bra’ha avant l’accomplissement… »

3. Hala’hot Bra’hot chap.11 Hala’ha 5

« … celui qui accompli une Mitsva sans avoir réciter, au préalable, la Bra’ha ; si c’est une Mitsva dont l’accomplissement se prolonge dans le temps, il pourra encore réciter la Bra’ha (ex : s’il a oublier de réciter la Bra’ha avant de mettre les Tefilin, et qu’il les porte encore sur lui, ou s’il a oublier de réciter la Bra’ha du Talit, et qu’il le porte encore sur lui…), mais si cette Mitsva est fini, il ne peut plus réciter la Bra’ha ».

Note explicative

Dans l’allumage des Nerot, c’est l’acte d’allumer qui fait la Mitsva, et non pas le fait que les Nérot brûlent encore.

4. Hala’hot Ishout chap.3 Hala’ha 23

« Celui qui épouse une femme, par lui-même ou par un délégué, doit réciter, au préalable, la Bra’ha des Kidoushin (la Bra’ha des fiançailles, 1er Kidoush lors de la Houpa), et seulement ensuite, sanctifier la femme (en lui passant la bague au doigt), selon l’usage de réciter la Bra’ha avant les Mitsvot.

S’il sanctifie (la femme) sans réciter la Bra’ha, il ne peut plus la réciter, car ce serai une Bra’ha Lévatala (en vain). Ce qui est fait, est fait. »

Cette décision Hala’hic est également retenue par le RIF (Rabbenou Its’hak El Fassi, 11ème siècle, Maroc et Espagne) dans ses Teshouvot (livre de réponses Hala’hic)

Note explicative

Lors d’un mariage, la Bra’ha des Kidoushin - qui est récitée par le Rav, juste avant que le ‘Hatan (marié) passe la bague au doigt de la Kala (mariée) - devrait, normalement être récitée par le ‘Hatan lui-même, au même titre que n’importe laquelle des Bra’hot que l’on récite avant d’accomplir une Mitsva.

Mais, étant donné que chaque ‘Hatan n’est pas toujours à même de réciter cette Bra ‘ha lui-même (parce qu’il ne l’a connaît pas, ou parce qu’il est troublé par l’évènement de son mariage, ou d’autres raisons …), ‘Ha’hamim (nos sages) ont institué qu’elle sera récitée systématiquement par le Rav qui célèbre le mariage, qui aura la Kavana (l’intention) d’acquitter le ‘Hatan.

Rabbenou TAM (Rabbenou Yaakov Ben Meïr TAM France 12ème siècle, petit fils de Rashi, et l’un des principaux auteurs des Tossafot

On lui soumit, un jour, le problème suivant :

« Est-ce qu’une femme qui se trempe dans un Mikvé, a le droit de réciter la Bra’ha de la Tévila (immersion) à l’intérieur de la pièce où se trouve le Mikvé ? »

Note explicative

Un Mikvé, s’il est chauffé, a le même statut qu’une salle de bain, en se qui concerne la prononciation du nom d’Hashem, et cela à cause de la sueur humaine contenue dans les ports de la peau, dilatés par la chaleur. Du temps de Rabbenou TAM (12ème siècle), les Mikvaot n’étaient pas encore chauffés.

Rabbenou TAM répondit :

« Il est permis de réciter la Bra’ha à l’intérieur de la pièce du Mikvé, à la condition de la réciter avant de s’immerger, car « Sur TOUTES les Mitsvot, nous récitons la Bra’ha, Over Laasiyatan (avant la Mitsva) ».

Toute femme qui repousserai la Bra’ha jusqu’à s’être immergée, accomplirai un HILOUL HASHEM (la profanation du nom d’Hashem), et réciterai une Bra’ha LEVATALA (en vain).

Rabbenou Shimshon de Sens est d’accord avec moi sur ce point. »

L’opinion de Rabbenou TAM, du RaMBaM, et du RIF, est partagée par plusieurs décisionnaires Rishonim.

Note explicative

(On désigne par le terme « Rishon », un Possek antérieur au Shoul’han Arou’h, et par le terme « A’haron », un Possek ultèrieur au Shoul’han Arou’h)

Parmi eux :

  • Rabbenou Its’hak Ibn Giat (Espagne 11ème siècle)
  • Rabbenou Aharon Bar Rabbi Yaakov de Narbonne (France 13ème siècle) dans son livre Or’hot ‘Haïm
  • Rabbenou Zera’hiya HaLevi (Espagne 12ème siècle, auteur du MAOR), dans son commentaire sur Pessa’him 17
  • Les Tossafot (sages de France et d’Allemagne 13ème siècle et 14ème siècle) sur Souka 39
  • Rabbenou Asher (le ROSH, Allemagne-Espagne 13ème siècle) sur Souka 39
  • Rav Amram Gaon (Irak 9ème siècle), selon le commentaire Maguid Mishné sur le RaMBam mentionné plus haut
  • Rabbenou Eliezer Bar Yoel HaLevi (le Raviya, Allemagne 12ème siècle)
  • Rabbenou Its’hak, Av Beit Din de Vienne (Autriche 13ème siècle), et élève du Raviya, dans son livre Or Zaroua
  • Rabbenou Morde’haï Bar Hillel Allemagne 13ème siècle (le Mordé’hi), élève du Maharam de Rottenbourg, et ‘Haver (compagnon d’étude du Roch mentionné plus haut)
  • Rabbenou Asher Ben ‘Haïm, auteur du Pardess

Au total, pas moins de 13 Poskim Rishonim qui partagent tous le même avis sur la règle de Over Laasiyatan (la Bra’ha avant la Mitsva), et que cette règle ne connaît d’autre exceptions que la seule cité par la Guémara (l’immersion du converti).

Cependant, Rabbenou Yaakov Weill (le Mahary’’o, Allemagne 15ème siècle, élève de Rabbenou Yaakov Ben Moshe Mouline, le Mahar’’il, Allemagne 14ème siècle), fait mention de l’usage de « certaines femmes », qui, après avoir allumé les Nerot, placent leurs mains devant la flamme, et récitent la Bra’ha avant de profiter de leur lumière.

Selon le Mahary’’o, cette façon de faire reste en accord avec la règle de Over Laasiyatan (la Bra’ha précède la Mitsva), car elles ne profite de la lumière des Nerot, qu’après avoir réciter la Bra’ha.

Conclusion de Maran

(Rabbi Yossef Karo)

dans le Shoul’han Arou’h

Shoul’han Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.263)

Attention !

Dans toutes les éditions du Shoul’han Arou’h, depuis près de 400 ans, figurent, au côtés des propos de Maran, les « Hagahot », ou notes, écrites par Rabbi Moshe Isserliss, le RaMA, Pologne 16ème siècle, et dans lesquelles il exprime son avis lors que l’usage dans les pays Ashkenazes, diverge de l’opinion de Maran.

Parag.5

« Lorsqu’on allumera, on récitera : Barou’h Ata Hashem…

Note (RaMA) : Certains disent qu’ils faut réciter la Bra’ha avant l’allumage, et certains disent qu’il faut la réciter après, et pour que la Bra’ha soit Over Laassiyatan (avant la Mitsva), on place les mains devant les Nerot, après les avoir allumer, et on récite la Bra’ha. Tel est l’usage. »

Analyse du parag.5

Les termes « Lorsqu’on allumera, on récitera… » mentionnés dans ce paragraphe, pourraient indiquer que l’on doigt réciter la Bra’ha après l’allumage.

Ceci est une fausse déduction, et pour différentes raisons :

· Le terme « lors que » (en hébreux, « Késhé ») a un sens de « quand on sera sur le point d’allumer », car la lettre « Shin » de « késhé », vient remplacer le mot « Kaasher », qui, comme nous le savons, indique une action à venir.

· L’intention de Maran, ici, sera de nous apprendre une particularité de la Mitsva de l’allumage des Nerot.

Bien que celle-ci n’a pour vocation que de protéger le foyer de la discorde (Shalom Baït), elle s’accompagne quand même d’une Bra’ha.

Ce qui n’est pas le cas pour la Mitsva de Maïm A’haronim (les dernières ablutions, à la fin d’un repas), qui a aussi une vocation protectrice (maladie oculaires), mais qui pourtant, ne s’accompagne pas de Bra’ha.

Note explicative:

Selon la Guémara dans Shabbat 25b, les ‘Ha’hamim (sages) ont instituer l’obligation d’allumer les Nerot, pour être surs que personne ne restera dans l’obscurité, en risquant ainsi de trébucher, et de ce fait, de se disputer avec les membres de son foyer.

Nous pouvons constater dans ce paragraphe 5, que Maran tranche selon l’avis du RaMBaM, du RIF, de Rabbenou TAM, et de la majorité écrasante des Poskim cités avec eux plus haut.

Alors que le RaMA tranche selon l’opinion du Mahary’’o, qui représente un avis minoritaire.

Partie II

Allumage des Nerot

et entrée de Shabbat

Après avoir démontrer que l’allumage des Nerot n’est pas une exception à la règle de Over Laassiyatan (la Bra’ha avant la Mitsva), et cela, selon l’opinion du Shoul’han Arou’h, et de la quasi-totalité des Poskim Rishonim, nous allons nous efforcer de démontrer, avec l’aide d’ Hashem, que même le fait de considérer que Shabbat entre inévitablement par l’allumage, ne constitue pas un argument pour réciter la Bra’ha après l’allumage.

Shoul’han Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.263)

Parag.10

« Selon l’auteur du Hala’hot Guedolot, dés l’instant où l’on a allumé les Nerot de Shabbat, Shabbat est rentré pour nous, et il nous est interdit d’effectuer tout travail. Selon cela, quelques femmes ont l’usage, après avoir récité la Bra’ha et allumer les Nerot, de jeter à terre, sans l’éteindre, la mèche qui leur a servit à allumer.

Certains disent que, si avant d’allumer, on émet la condition que l’on acceptera Shabbat qu’au plus tard, au moment où le Hazzan (officiant) dira Bare’hou, cela est valide.

Certains disent que cela n’est pas valide.

Certains contredisent l’auteur du Hala’hot Guedolot et sont d’avis que l’entrée de Shabbat ne dépend pas de l’allumage mais seulement du moment où le Hazzan dira Bare’hou et débutera la prière de Arvit, à cet instant, tout le monde cesse tout travail.

Pour nous, quand on récite Mizmor Shir léyom Hashabbat (il précède Baré’hou), cela équivaut à Bare’hou pour eux. »

Note explicative :

Attention !! Si le couché du soleil arrive avant la prière de Arvit, il provoque l’entrée de Shabbat obligatoire.

Analyse du paragraphe 10

Après avoir citer l’avis de l’auteur du Hala’hot Guedolot (Rav Yehoudaï Gaon – Irak 9ème siècle), qui fait dépendre l’entrée de Shabbat de l’allumage, Maran cite l’usage de quelques femmes qui après avoir récité la Bra’ha et allumé, jettent la mèche au sol.

Maran confirme donc ici ce qu’il a déjà exprimer dans le paragraphe 5, à savoir, que l’on doit d’abord réciter la Bra’ha, et ensuite allumer.

Nous pouvons également constater que dans ce paragraphe, Maran rapporte 4 avis :

1. l’auteur du Hala’hot Guedolot qui pense que l’entrée de shabbat est liée à l’allumage

2. l’avis de ceux qui pensent que, si l’on émet la condition au préalable, l’allumage ne provoque pas notre acceptation de Shabbat, et cela, au plus tard, jusqu’à la prière de Arvit. (si le soleil ne s’est pas coucher entre temps)

3. l’avis de ceux qui pensent qu’aucune condition n’est valable

4. l’avis de ceux qui contredisent l’auteur du Hala’hot Guedolot, et selon eux, l’entrée de Shabbat ne dépend pas du tout de l’allumage des Nerot.

REGLES D’INTERPRETATION DU

SHOUL’HAN AROU’H

Il existe des règles d’interprétation des paroles du Shoul’han Arou’h, ce que l’on appelle les « Klalim ».

L’une d’entre elles est :

« Yesh Vé Yesh, Hala’ha Ké Yesh Batra »

C'est-à-dire, que lors que Maran cite plusieurs avis dans un seul et même paragraphe du Shoul’han Arou’h, son avis personnel correspond toujours au dernier avis cité.

En l’occurrence, le dernier avis cité dans le paragraphe, pense que l’entrée de Shabbat ne dépend pas de l’allumage des Nerot.

Cet avis est celui :

· du RaMBaN (Rabbenou Moshe Ben Na’hman, Espagne 13ème siècle)

· du RYTBA (Rabbenou Yom Tov Ben Avraham Espagne 13ème siècle)

· du RaSHBA (Rabbenou Shlomo Ben Aderet Espagne 13ème siècle)

· du RAHa (Rabbenou Aharon Halevi Espagne 13ème siècle)

· du RaN (Rabbenou Nissim de Gérone Espagne 14ème siècle)

· du RoSH (Rabbenou Asher, Alemagne-Espagne 13ème siècle)

Ce qui nous apprend que selon Maran, et au moins 6 Poskim Rishonim, l’entrée de Shabbat n’est pas liée systématiquement à l’allumage.

Le fait de réciter la Bra’ha avant d’allumer, ne constitue donc pas un obstacle à l’allumage, puisque l’entrée de Shabbat ne dépend pas de l’allumage.

Qui plus est, même selon l’avis de l’auteur du Hala’hot Guedolot qui pense que l’allumage des Nérot fait rentrer Shabbat (pour la personne qui allume), il ne parle que de l’acte de l’allumage, et non pas de la Bra’ha, ce qui revient à dire que même d’après l’opinion de l’auteur du Hala’hot Guédolot, il n’y a aucune raison de réciter la Bra’ha après l’allumage.

CONCLUSION

1. L’opinion de Maran (Rabbi Yossef KARO) est qu’il faut réciter la Bra’ha avant l’allumage, comme c’est le cas pour toutes les autres Mitsvot.

2. Cet avis est conforme à celui de Rabbenou Tam, du RIF, du RaMBaM, et de la quasi-totalité des Poskim Rishonim (13).

3. Maran pense que l’entrée de Shabbat ne dépend pas de l’allumage, et par conséquent, la récitation de la Bra’ha avant l’allumage ne constitue pas un obstacle à l’allumage.

4. Même selon l’avis qui pense que l’entrée de Shabbat dépend de l’allumage, il ne s’agit que de l’acte de l’allumage, et non pas de la Bra’ha.

TEMOIGNAGES DES GRANDS DECISIONAIRES SEFARADES

Voici quelques uns des plus grands Poskim du monde Sefarade, qui attestent de l’usage de réciter la Bra’ha avant l’allumage des Nerot.

· L’auteur du Maamar Morde’haï (Rabbi Mode’haï KARMI France 18ème siècle)

· Rabbi Ya’hya TSALA’H dans le Siddour Ets ‘Haïm

· Rabbi David MIZRA’HI atteste, dans son livre, Shétilé Zetim, que tel était l’usage au Yemen

· Rabbi Shlomo KIM’HI (parmi les Rabbanim de Turquie), dans son livre Vayakhel Shlomo

· Rabbi Its’hak FALAGI (parmi les Rabbanim de Turquie), dans son livre Yafé Lalev

· Rabbi Eliyahou MANI, Av Beit Din de ‘Hevron (Israël 19ème siècle), dans son livre Zi’hronot Eliyahou

· Rabbi Shelomo GARMIZAN (maître de Rabbi ‘Hizkiyahou DA SILVA, auteur du Péri ‘Hadash)

Il est vrai que notre maître, le Rav Yossef HAIM, zatsal, de Bagdad (Irak 19ème siècle, auteur du Ben Ish Haï), tranche selon l’opinion du RaMA et du Mahary’’o, selon qui, il faut allumer, cacher la flamme avec les mains, et réciter la Bra’ha.

Cependant, notre maître, le Rav Elisha DANGOUR, zatsal, (Irak 19ème siècle, Av Beit Din de Bagdad et contemporain du Rav Yossef HAIM) atteste dans son livre Guedolot Elisha, que sur ce point, l’usage de la ville de Bagdad était de réciter la Bra’ha avant l’allumage, jusqu’au moment ou le Rav Yossef HAIM décida de le modifier.

TEMOIGNAGES DES GRANDS DECISIONAIRES ASHKENAZES

Voici quelques uns des plus grands Poskim du monde Ashkenaze, selon qui, l’usage de réciter la Bra’ha avant l’allumage des Nerot, est le plus juste, selon la Hala’ha.

  • Rabbi Israël ISSERLEIN (Allemagne 15ème siècle), auteur du Teroumat Hadeshen
  • Rabbi Israël de Brona (Bern Allemagne 15ème siècle)
  • Rabbi Yaakov Bar Tsevi (le YABeTS, Allemagne 18ème siècle)
  • Le MaharaM SHIK (Europe centrale 19ème siècle) écrit que l’usage Ashkénaze de réciter la Bra’ha après l’allumage, est pour lui, source d’étonnement
  • Rabbi Isser Zalman MELTZER - selon le témoignage de son fils - aurait demandé à tous les membres de sa famille, le jour de son arrivée en Israël, de modifier leur usage de réciter la Bra’ha après l’allumage, et de se conformer, désormais, à l’opinion du RAMBAM et du Shoul’han Arou’h, considérés comme étant les autorités suprêmes d’Erets Israël.
  • L’auteur du livre Peer Ets Haïm écrit que l’usage des femmes qui allument, et qui étendent les mains vers la flamme en récitant la Bra’ha, n’est pour lui que futilité, car la Bra’ha est sur l’allumage, et non pas sur le profit de la flamme.

Notre Maître, la lumière d’Israël, le Prince de la Torah, la couronne et la gloire de notre génération,

le Rav Ovadia YOSSEF, shalita

A la lueur de tout ceci, comment prétendre que notre maître, shalita, « ose » contredire plusieurs grands Poskim, dont l’avis est minoritaire ?

Comment ne pas plutôt s’étonner sur ces mêmes grands Poskim (avec tout le respect et l’égard que nous devons à leur grandeur spirituelle, et à l’immensité de leur savoir), sur le fait qu’ils ont tranché contre l’opinion de Maran (Rabbi Yossef KARO, l’auteur du Shoul’han Arou’h), et contre celle de la quasi-totalité des Poskim (près d’une quinzaine de Rishonim, et d’une dizaine d’A’haronim) ?!

Il ne reste qu’à accepter le fait qu’une fois de plus, notre maître, shalita, n’a innové aucune Hala’ha, ni aucune tradition !

Il a simplement démontré quel est l’usage le plus conforme à l’opinion du Shoul’han Arou’h, et de la majorité des Poskim.

Qu’Hashem lui accorde une longue vie, pleine de santé et de satisfaction de tous ses enfants, et de tous les membres de sa famille, et qu’il ai encore la force de nous guider et de nous éclairer de sa Torah jusqu’à la venue de Mashia’h, et même au-delà.

Amen

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