vendredi 15 mai 2009

Divré Torah sur Behar-Be'houkotaï

quelques regards sur

Behar - Be’houkotaï

Behar

Parnassa et Emouna

Dans notre Parasha, Hashem nous ordonne la Mitsva de Shemita qui consiste à ce que tous les 7 ans, chaque agriculteur abandonne son champ et sa vigne (en Erets Israël) pour une durée d’une année.

Il est dit dans notre Parasha :

« Et lorsque vous direz : qu’allons nous manger durant la 7ème année ? Alors j’ordonnerais Ma Bénédiction sur vous, lors de la 6ème année, et elle transformera la récolte en une récolte de 3 ans. »

Nous savons que cette promesse faite par la Torah au sujet de l’abondante récolte de la 6ème année, ne se réalise que lorsque la Mitsva de Shemita est Min Ha Torah (ordonnée par la Torah), ce qui n’est pas le cas de notre époque, puisque la Mitsva de Shemita n’est plus que Miderabbanan (ordonnée par nos ‘Ha’hamim).

Question

Pour quelle raison la Torah cite t-elle les réclamation de l’homme simple, en précisant « Et lorsque vous direz : qu’allons nous manger … » ?

Si l’individu venait demander des comptes à sa guise, avant d’accomplir chaque Mitsva, il y aurait également d’autres Mitsvot de la Torah qu’il n’accomplirai pas, comme la Mitsva de Ma’asser (la dîme) ou autre.

En quoi la Mitsva de Shemita diffère t-elle des autres Mitsvot, pour que la Torah prenne en considération les réclamations de l’homme simple ?

Réponse

La Mitsva de Shemita représente la plus grande épreuve pour l’homme.

En effet, après des années de labeur dans ses champs, il est contraint d’abandonner tous ses terrains durant une année entière, en constatant avec beaucoup de peine que des étrangers viennent consommer les fruits de sa récolte.

Il s’agit là d’une force et d’un courage que l’on ne retrouve dans pratiquement aucune autre Mitsva de la Torah.

Au point où nos maîtres ont même commentés le verset du Tehilim :

« Bénissez Hashem, vous ses Anges Puissants, qui accomplissent Sa Parole… », en disant que lorsque le texte parle « d’Anges Puissants », il s’agit des agriculteurs qui observent la Mitsva de Shemita. Car ces gens qui sont prêts à abandonner leurs champs pour la Mitsva d’Hashem, ont une conduite surnaturelle, comme des ANGES PUISSSANTS qui accomplissent la Parole d’Hashem.

C’est donc pour cela que la Torah attache tellement de considération aux revendications de ce genre d’individu, et lui fait la promesse qu’Hashem le bénira de sorte que du travail qu’il a fourni durant la 6ème année, une abondance sortira pour une durée de 3 ans, et il n’a donc pas de soucis à se faire pour sa Parnassa (sa subsistance).

Remarque

Mais alors puisque les choses sont ainsi, si la Shemita est tellement difficile, et qu’elle nécessite tellement de force et de courage de la part de l’individu, il est donc logique que l’homme en retire une grande récompense, et de même, celui qui ne peut surmonter une épreuve si difficile, mérite également une certaine considération, et ne devrai pas subir de trop grands châtiments pour une telle faute.

Pourtant, il est curieux de constater que la Torah se montre très sévère sur la punition de ceux qui ne laissent pas reposer leurs champs durant la 7ème année, comme notre Parasha le stipule : « Alors la terre acquittera la dette de ses années de repos, tandis qu'elle restera désolée et que vous vivrez dans le pays de vos ennemis; alors la terre chômera, et vous fera payer ses années de repos. »

Ce qui veut dire que la terre d’Israël chômera même durant les autres années, en tant que châtiment pour ne pas avoir observer la Mitsva de Shemita. Ainsi, les Bné Israël seront exilés de leur terre pour cette faute.

Il est donc étonnant de constater une punition si dure et pas forcément justifiée, pour la non observance de la Mitsva de Shemita.

De plus, nos ‘Ha’hamim ont même ajoutés une sévérité supplémentaire, puisqu’ils enseignent que celui qui fait du commerce avec les fruits de la 7ème année, finira par vendre tous ses biens, ainsi que sa maison.

Tout cela mérite explication.

Explication

Il est vrai qu’avant la promesse de la Torah - selon laquelle Hashem ordonnera Sa Bénédiction sur la 6ème année, et qu’elle produira une récolte équivalente à 3 années – la Mitsva de Shemita représentait une dure épreuve, et il n’était donc pas justifié de punir sévèrement celui qui ne l’observera pas.

Mais maintenant – après la promesse de la Torah « j’ordonnerais Ma Bénédiction sur vous… » Hashem exige maintenant de chacun parmi le peuple d’Israël, de croire de toutes ses forces aux paroles de la Torah, et par la force de sa Emouna (sa foi), l’individu ne ressentira aucune difficulté à observer la Mitsva de Shemita, car il a conscience qu’il est maintenant placé sous la bienveillance d’Hashem, et qu’il ne lui arrivera aucun mal.

Le Keli Yakar demande :

S’il en fut donc ainsi, que la terre a produit - lors de la 6ème année – une récolte équivalente à 3 années, la question posée par les agriculteurs « …qu’allons nous manger durant la 7ème année ? » est incompréhensible !

En effet, ils voient bien que la terre a donné une abondante récolte lors de la 6ème année, et qu’ils ont de quoi manger durant 3ans ?!

Mais le Keli Yakar explique qu’en réalité la terre n’a donné lors de la 6ème année qu’une récolte équivalente à une seule année, mais Hashem a simplement promit que cette récolte bénéficiera d’une Bénédiction particulière puisqu’elle suffira à couvrir 3 années.

C’est justement là que réside toute la difficulté de l’épreuve !

Avoir la foi qu’effectivement il en sera ainsi, que rien ne va se détériorer de cette récolte, et qu’elle suffira à 3 années.

Et malgré tout cela, Hashem réclame des Bné Israël – le peuple élu – qu’ils aient une très grande foi en la Torah, et qu’ils se renforcent dans l’accomplissement des Mitsvot.

Celui qui a eu réellement foi en Hashem et en Sa Torah, a mérité qu’il en soit ainsi, et que la récolte a - effectivement - suffit à 3 années.

Il en est de même pour toute personne qui croit en Hashem et qui accompli ses Mitsvot correctement - sans réclamer de nombreux comptes, afin de s’éviter d’accomplir la Mitsva - cette personne méritera la Bénédiction Divine, par une bonne Parnassa, par la santé et le bonheur et le bien dans son intégralité.

Be’houkotaï

Ce qui compte c’est l’effort !!

« Si vous marchez selon mes voies… »

Rashi : Si vous fournissez de l’effort dans l’étude de la Torah.

Guemara Bera’hot (28b) : Nous (qui étudions la Torah) fournissons des efforts et nous en serons récompensés, mais eux (ceux qui n’étudient pas la Torah) fournissent des efforts mais n’en seront pas récompensés.

Question

Comment peut-on affirmer que les personnes qui n’étudient pas la Torah et qui ne consacrent leurs efforts que dans leur métier, ne sont pas récompensés ? A-t-on déjà vu un cordonnier ou un tailleur se consacrer à son labeur sans pour autant en être rétribué ?!

Réponse

Notre maître le ‘Hafets ‘Haïm explique dans son livre ‘Hafets ‘Haïm ‘Al Ha-Torah :

En général, lorsqu’on loue les services d’un artisan tailleur ou cordonnier afin de réparer des vêtements ou des chaussures, et que cet artisan travaille jour et nuit pour accomplir sa tâche, si en définitif il ne livre pas les chaussures ou les vêtements réparés, va-t-il recevoir malgré tout son salaire ? Ne passerait-il pas pour un illuminé de faire une telle demande ?! Car en réalité le propriétaire des vêtements ou des chaussures ne pense qu’à ses vêtements ou à ses chaussures, et s’il ne les récupère pas, même si l’artisan s’est investit totalement une semaine entière dans cet ouvrage, il ne percevra aucun salaire puisque le résultat n’a pas été obtenu, car le salaire d’un employé est versé non pas sur l’effort fournit mais sur le résultat du travail, et un effort sans résultat ne compte pas.

Mais dans le domaine de l’étude de la Torah, les choses sont tout à fait différentes.

Nous avons été ordonnés d’étudier la Torah, mais nous avons aussi été ordonnés de fournir de l’effort dans l’étude de la Torah, comme le dit le texte de notre verset initial « Si vous marchez selon mes voies… ». Et comme l’expliquent nos maîtres (cités par Rashi) « Si vous fournissez de l’effort dans l’étude de la Torah… », ce qui signifie que même lorsqu’on ne comprend pas correctement ce que l’on étudie, le plus important c’est l’effort que l’on investit pour comprendre, et cet effort sera récompensé même s‘il n’aboutit pas forcément sur une compréhension parfaite de l’étude.

C’est donc le sens de l’enseignement de nos maîtres dans la Guemara Bera’hot (28b) citée plus haut : Nous (qui étudions la Torah) fournissons des efforts et nous en serons récompensés, ce qui signifie que nous recevons une récompense sur l’effort en lui-même fournit dans l’étude de la Torah. Mais eux (ceux qui n’étudient pas la Torah) fournissent des efforts mais n’en seront pas récompensés. Ils ne peuvent percevoir leur salaire sur le simple effort fournit dans le travail s’il n’aboutit pas sur un résultat concret du travail accomplit.

Le Gaon et Tsaddik Rabbi ‘Haïm Leïb SHMOULEVITZ z.ts.l - qui fut le Rosh Yeshiva de la célèbre Yeshiva de MIR, et qui était l’une des plus haute personnalité de la Torah et l’un des plus grands génies du Moussar de notre génération – s’investissait jour et nuit dans l’étude de la Torah sans la moindre trêve. Rabbi ‘Haïm voyait dans l’effort de l’étude un but en lui-même. Il étudiait chaque soir le Talmud Yeroushalmi en compagnie d’une ‘Havrouta (un compagnon d’étude) jusqu’aux heures les plus tardives de la nuit. Un jour, pendant l’étude, ils se heurtèrent à 7 ou 8 façons d’expliquer le morceau de Guemara qu’ils étaient en train d’étudier.

Le lendemain soir, Rabbi ‘Haïm reprit très méthodiquement tout ce qu’ils avaient étudié la veille et cita une à une les 7 ou 8 façons d’expliquer le morceau de Guemara. Son compagnon d’étude fut très troublé (il faisait partie des plus importants élèves de la Yeshiva de Mir).

« Comment peut on se souvenir de tout ça avec autant de précision ? Je ne me souviens de rien ! » - Demanda t-il à Rabbi ‘Haïm.

« Qu’as-tu fais hier soir lorsqu’on s’est quitté ? » - Lui demanda Rabbi ‘Haïm.

« Je suis rentré dormir » - Répondit l‘illustre élève.

Rabbi ‘Haïm lui dit : « Moi, je suis rentré dans mon lit, j’ai enfouis ma tête dans mon coussin pour ne pas réveiller mon ami qui dormait à côté, et j’ai crié à l’intérieur du coussin toutes les explications que l’on a cité dans la Guemara, afin qu’elles restent gravées dans mon esprit. Qu’y a-t-il donc d’extraordinaire dans le fait que je me souvienne ?! »

Shabbat Shalom

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