Quelques règles sur la ‘Amida
QUESTIONS
A-t-on le droit d’élever la voix pendant la ‘Amida ?
Est-il permis de s’assoire à proximité d’une personne qui prie la ‘Amida ?
DECISIONS DE LA HALA’HA
Il est interdit d’élever la voix pendant la ‘Amida. Cependant, il est interdit de lire mentalement la ‘Amida, et par conséquent, on doit prononcer les mots avec les lèvres.
Il faut dire la ‘Amida à voix basse mais de sorte que l’on puisse s’entendre, sans pour autant que les autres personnes présentes puissent entendre.
Lorsque l’on doit intercaler un passage spécial en raison d’un évènement du calendrier (Ya’alé Véyavo à Rosh ‘Hodesh ou ‘Hol Hamo’ed ; Ata ‘Honantanou le samedi soir, ou autre …), il est conseiller de dire à haute voix les premiers mots du passage à intercaler.
Il est interdit de s’assoire dans les 4 Amot (environ 2 mètres) d’une personne qui prie la ‘Amida.
Cette interdiction concerne aussi bien le fait de s’assoire devant la personne que sur les côtés de la personne. Il est bon de s’imposer la rigueur de ne pas s’assoire également derrière la personne qui prie la ‘Amida.
Si l’on est en train de réciter des parties de la Tefila, comme les Korbanot (textes relatifs aux divers sacrifices, récités au début de la Tefila), ou les Pessouké Dezimra (Psaumes de Tehilim, préliminaires à la Tefila), ou comme le Shema’ et ses Bénédictions, il est permis de venir s’assoire à proximité d’une personne qui prie, aussi bien devant elle que sur les côtés.
De même, une personne faible ou une personne âgé, ont le droit, s’ils ne peuvent pas faire autrement, de venir s’asseoir sur les côtés d’une personne qui prie (mais pas devant elle).
Si quelqu’un est assis et qu’une personne vient se placer dans ses 4 Amot pour prier la ‘Amida, selon le strict DIN, il n’est pas obligé de se lever, car il était assis bien avant que la personne vienne pour prier. (Cependant, il est une mesure de piété – Midat ‘Hassidout – de se lever, même dans ce cas).
Tout ceci, dans le cas où la personne vient se placer sur les côtés de celui qui est assis. Mais dans le cas où la personne vient se placer face à celui qui est assis, il semble que l’opinion de MARAN sur ce point indique qu’il faut se lever.
SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Il est rapporté dans le livre de Shémouel (chap.1) que ‘Hanna la femme d’Elkana n’avait pas d’enfants. Lorsqu’elle se rendit en pèlerinage au Mishkan qui se trouvait à cette époque dans la ville de Shilo, ‘Hanna pleura avec toute l’amertume de son cœur et formula un vœu selon lequel si on lui accorde un enfant, elle le consacrera au service d’Hashem, comme le texte l’explique sur place. En terminant sa prière, elle reçut la bénédiction de ‘Eli Ha-Cohen qui était aussi le Grand de la génération, et il lui souhaita qu’Hashem exauce les demandes de son cœur. Quelque temps plus tard, elle tomba enceinte et enfanta un garçon qu’elle nomma Shémouel, « car c’est d’Hashem qu’elle le demanda ». Il devint plus tard le prophète Shémouel.
Il est enseigné dans la Guémara Béra’hot (31a) :
Rav Haménouna dit : Nous pouvons apprendre de nombreuses règles à partir de ces versets au sujet de ‘Hanna.
En effet, il est écrit (Shémouel tome 1 1-13) au sujet de la prière que ‘Hanna adressa à Hashem : « ‘Hanna parlait à son cœur, seules ses lèvres bougeaient, mais on n’entendait pas sa voix. »
« ‘Hanna parlait à son cœur, seules ses lèvres bougeaient… » : Nous apprenons d’ici que celui qui prit doit prononcer avec ses lèvres, ce qui signifie qu’il ne doit pas se contenter de prier mentalement, mais seulement en articulant véritablement la prière.
« …on n’entendait pas sa voix. » : A partir de là, nous apprenons que celui qui prit la ‘Amida ne doit pas faire entendre sa voix.
La Guémara Béra’hot cite par ailleurs (24a) une Baraïta dans laquelle il est enseigné :
Celui qui fait entendre sa voix lors de sa prière (‘Amida), fait partie des gens qui ont très peu de foi en Hashem.
Rashi explique : car cette personne exprime ainsi qu’Hashem n’entend pas (‘Hass Ve-Shalom) la prière dite à voix basse.
Celui qui fait entendre sa voix dans sa prière, fait partie des faux prophètes.
Rashi explique : il s’agit des prophètes de l’idolâtrie « Ba’al » au sujet desquels il est écrit (Livre des Rois tome 1 18-28) : « Ils implorèrent à haute voix. »
Selon certains Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), lorsque Rav Haménouna enseigne qu’il ne faut pas faire entendre sa voix lors de la prière, cela signifie qu’il ne faut absolument pas faire entendre sa voix, même pas à soi-même.
Telle est l’opinion de Rashi (sur Yoma 19b) comme l’ont compris de nombreux décisionnaires.
Mais de nombreux autres Rishonim prouvent à partir de notre Talmud (Bavli) ainsi que du Talmud Yéroushalmi que l’interdiction ne concerne que le fait de faire entendre sa voix à d’autres personnes présentes, mais il n’y a pas d’interdiction à celui qui prit de faire entendre sa voix à lui-même.
Telle est l’opinion du RAMBAM (chap.5 des Hal. relatives à la prière, Hal.9) dont voici les termes :
« On e doit pas prier mentalement, mais seulement en prononçant avec les lèvres et en se faisant entendre à voix basse ce que l’on dit, sans faire entende sa voix … »
C’est ainsi que tranchent :
Rabbenou Yona (dans le Sefer Ha-Ir’a) ; Hagaot Maïmoniyot (chap.5 des Hal. relatives à la prière, note 50) ; le RAHA et le Meïri (sur Béra’hot 31a) ; le Mi’htam (sur Béra’hot 24b) ; le RASHBATS (sur Béra’hot 24b et 31a) ; le RASHBA (sur Béra’hot 31a) ; et de nombreux autres Rishonim…
D’ailleurs le TOUR (O.H 101) écrit qu’il est même préférable que celui qui prit entende ce qu’il dit, afin de mieux se concentrer.
C’est également ainsi que tranche MARAN dans le Shoul’han ‘Arouh’ (O.H 101-2).
Il est vrai que dans son livre Bédek Ha-Baït, MARAN écrit qu’il semble selon le Zohar Ha-Kadosh (Parasha de Vayakhel page 202a) qu’il est plus juste de ne pas s’entendre lors de la prière, malgré tout, l’essentiel à retenir selon la Hala’ha est ce qu’il a écrit dans son livre Shoul’han ‘Arouh’ qui fut rédigé après le Bédek Ha-Baït (comme en attestent de nombreux A’haronim comme le Kenesset Ha-Guédola et notre maître le ‘HYDA entre autres). MARAN est donc revenu sur son opinion initiale et tranche qu’il faut s’entendre dans la prière, car il constata que le Zohar Ha-Kadoch n’était pas obligatoirement interprétable dans ce sens.
Toujours à partir de ‘Hanna et de sa prière qu’Hashem exauça, nos maîtres – dans cette même Guémara Béra’hot citée plus haut – apprennent d’autres Hala’hot relatives à la ‘Amida, et en voici un autre exemple :
Quand l’enfant grandit, ‘Hanna l’emmena au Mishkan (le Sanctuaire) – qui se trouvait à cette époque dans la ville de Shilo – et le présenta à ‘Eli HaCohen, afin de lui montrer que sa bénédiction et sa prophétie s’étaient réalisées.
‘Hanna dit à ‘Eli HaCohen :
« Je suis la femme qui s’est tenue debout ici avec toi, afin de prier Hashem. C’est justement pour cet enfant que je priais, et Hashem a exaucé la demande que je lui ai adressée. » (Livre de Shemouel Tome 1 1-26)
Du fait que ‘Hanna rappelle à ‘Eli HaCohen que lorsqu’elle a prier pour avoir un enfant, elle s’est tenue debout ici « avec lui », vient nous apprendre une règle importante dans les Hala’hot de la Tefila :
Il est interdit de s’assoire dans les 4 Amot (4 coudées, environ 2 m) d’une personne qui prie la ‘Amida.
En effet, les termes « Avec toi » indiquent que ‘Eli Ha-Cohen est resté lui aussi debout durant la prière de ‘Hanna, puisqu’il est interdit de s’assoire dans les 4 Amot d’une personne qui prie. Ceci est l’explication de Rashi sur la Guémara Béra’hot citée plus haut.
Mais les Tossafot expliquent différemment.
Selon eux, il faut constater la forme inhabituelle que le texte emploie pour exprimer le terme « Avec toi »
En effet, le texte l’écrit sous la forme (‘Ime’ha), alors qu’il est habituellement écrit sous la forme ).
C’est anomalie apparente nous indique, non pas que ‘Eli Ha-Coehen est resté debout durant la prière de ‘Hanna, mais plutôt qu’il était assis au-delà d’un périmètre de 4 Amot de ‘Hanna. Plus précisément, dans la 5ème coudée, car la lettre « anormalement » ajoutée au mot (‘Ime’ha = avec toi) est un (Hé) qui a pour valeur numérique, le chiffre 5.
(Cette différence d’explication a peut être une incidence pratique : Pour Rashi, il serait interdit de s’assoire, mais on pourrait resté debout, alors que pour les Tossafot, l’interdit serai même en restant debout.)
Le périmètre dans lequel il est interdit de s’assoire, correspond à 4 Amot (4 coudées, environ 2 m). La Guémara le déduit du terme employé par ‘Hanna pour exprimer le mot « ici » qu’elle dit en hébreu (Bazé). Or, le mot (Zé) a pour valeur numérique, le chiffre 12, pour indiquer qu’il est interdit de s’assoire aussi bien dans les 4 coudées à la droite de celui qui prie, aussi bien dans les 4 coudées à sa gauche, et aussi bien dans les 4 coudées devant lui. Ce qui fait au total 12.
C’est pour cela que selon le strict Din, il est permis de s’assoire dans les 4 coudées, derrière une personne qui prie.
Cependant, selon l’usage des Ashkenazim, il faut s’en abstenir. Selon eux, le mot (Zé) indique qu’il est interdit de s’assoire dans les 4 coudées devant la personne qui prie, ainsi que derrière elle, et également sur les côtés, mais sans préciser « 4 Amot pour la droite et 4 Amot pour la gauche », car il est évident que les 2 côtés ont le même statut.
Il est rapporté dans le livre HALA’HA BEROURA (sur O.H 102 page 391) du Gaon Rabbi David YOSSEF shalita, que même pour les Sefaradim, il est juste de s’abstenir de s’assoire derrière une personne qui prie.
Plusieurs raisons sont données à l’interdiction de s’assoire à proximité d’une personne qui prie :
L’auteur du Ba’al Hala’hot Guedolot écrit que la She’hina (la Présence Divine) se trouve dans les 4 Amot de la personne qui prie. Ce périmètre devient donc sacré, et il est interdit de s’y assoire. Cette explication ressort également du Zohar Hakadosh.
Le TOUR, ainsi que les Gueonim écrivent que lorsqu’une personne vient s’assoire auprès de quelqu’un qui prie, il peut semblé que, celui qui prie, accepte sur lui le Joug de la Royauté Divine (puisqu’il prie), mais pas la personne qui est assise à ses côtés.
Le Meïri écrit que le fait de venir s’assoire à proximité d’une personne qui prie peut entraîner une déconcentration à la personne qui prie. L cite également une autre raison selon laquelle le fait de venir s’assoire à proximité d’une personne qui prie peut entraîner la honte de cette personne. En effet, lorsque quelqu’un prie, il adresse des demandes d’ordre personnelles à Hashem, des demandes qui ne concernent que lui. Le Sefer Hami’htam donne une explication similaire en disant qu’il arrive parfois qu’une personne pleure dans sa prière, et le fait de venir s’asseoir à ses côtés peut la gêner et lui faire honte.
Si l’on est en train de réciter des parties de la Tefila, comme les Korbanot (textes relatifs aux divers sacrifices, récités au début de la Tefila), ou les Pessouké Dezimra (Psaumes de Tehilim, préliminaires à la Tefila), ou comme le Shema’ et ses Bénédictions, il est permis de venir s’assoire à proximité d’une personne qui prie, aussi bien devant elle que sur les côtés.
De même, une personne faible ou une personne âgé, ont le droit, s’ils ne peuvent pas faire autrement, de venir s’asseoir sur les côtés d’une personne qui prie (mais pas devant elle).
Si quelqu’un est assis et qu’une personne vient se placer dans ses 4 Amot pour prier la ‘Amida, selon le strict DIN, il n’est pas obligé de se lever, car il était assis bien avant que la personne vienne pour prier. (Cependant, il est une mesure de piété – Midat ‘Hassidout – de se lever, même dans ce cas).
Tout ceci, dans le cas où la personne vient se placer sur les côtés de celui qui est assis. Mais dans le cas où la personne vient se placer face à celui qui est assis, il semble que l’opinion de MARAN sur ce point, indique qu’il faut se lever.
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