jeudi 11 décembre 2008

Divré Torah sur Vaishla’h

quelques Divré Torah sur la Parasha de

Vaishla’h

Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

1. Attention aux fréquentations !!!

Ya‘akov envoya devant lui des messagers à ‘Essav son frère, au pays de Sé’ir, dans le champ d’Edom. Il leur donna ordre en disant : « Ainsi parlerez-vous à mon maître, à ‘Essav : Ainsi a parlé ton serviteur Ya‘akov : J’ai séjourné avec Lavan, je me suis attardé jusqu’à présent. Je possède bœufs et ânes, menu bétail, serviteurs et servantes, dont j’envois un présent à mon seigneur afin de trouver grâce à tes yeux. (Bereshit 32-4,5,6 Début de notre Parasha)

Rashi : Il s’agit ici de véritables anges. (Pour exprimer le terme « messagers », le texte a employé le mot « Mal’a’him » qui signifie « anges »)

Question

Quelle est l’utilité d’envoyer de véritables anges plutôt que des êtres humains ?

Réponse

L’auteur du ‘Homat Esh répond en citant la Mishna des Pirké Avot : Eloigne toi d’un mauvais voisin et ne t’attache pas à un Rasha’.

Même l’individu le plus parfait, lorsqu’il se trouve dans l’environnement d’un Rasha’, finit par apprendre de ses mauvaises conduites.

C’est donc la crainte que Ya’akov Avinou a ressenti et il préféra ne pas envoyer de « simples » êtres humains qui se laisseraient certainement influencer de façon négative par ‘Essav, et envoya plutôt des anges.

2. Pas besoin d’être en Israël pour pratiquer les Mitsvot !!

J’ai séjourné avec Lavan…

Rashi : et j’ai accompli les 613 Mitsvot de la Tora.

Rav Yonathan Ewshitz z.ts.l explique que ‘Essav était embarrassé. D’une part, il ne pouvait pas maîtriser ses impulsions et désirs coupables, ainsi que son attirance vers les ‘Averot. D’un autre côté, il ne voulait pas, en menant publiquement une vie sujette à critiques, causer du chagrin à son père Its’hak. Qu’a-t-il fait ? Il croyait que, même si les Patriarches et leurs familles avaient vécu selon la Torah, ils n’avaient eu à le faire que s’ils se trouvaient en Terre Sainte (voir Ramban sur Bereshit 26-5). Aussi a-t-il quitté Erets Israël pour gagner Sé’ir, où il pouvait s’adonner en toute impunité à ses penchants pervers.
Ya‘akov était cependant en désaccord sur ce point aussi avec son frère. Il considérait qu’il fallait observer les prescriptions de la Torah même en dehors des limites d’Erets Israël. C’est ce qu’il a voulu lui indiquer en lui relatant : « J’ai séjourné avec Lavan. » La valeur numérique du mot hébreu « Garti » qui signifie

« j’ai séjourné » est TARYAG, soit 613.

En d’autres termes, comme l’explique Rashi, Ya‘akov a dit : « J’ai séjourné avec Lavan, et pourtant j’ai accompli les 613 Mitsvot de la Tora. » C’était là une réprimande subtile, adressée à ‘Essav qui avait abandonné tout prétexte de piété en s’installant à Sé’ir.
Cela explique l’emploi par notre Patriarche du mot « Ko » qui signifie « ainsi » en introduction à ses instructions. Ko, selon le Talmud (Sota 38a) indique que la phrase que l’on s’apprête à citer, doit être dite en hébreu. Ya‘akov a insisté pour que son message soit transmis en hébreu, et dans la forme exacte où il avait été dicté. En effet, si l’on avait employé une autre langue, les mots « Garti » (« j’ai séjourné ») et TARYAG (613), auraient disparu dans la traduction.

3. Enthousiasme et engouement dans les Mitsvot

J’ai séjourné avec Lavan

Rashi : et j’ai malgré tout, accompli les 613 Mitsvot de la Tora, sans apprendre de ses mauvaises conduites.

Rav El‘hanan Wasserman z.ts.l (Que D. venge son sang !), citant le ‘Hafets ‘Hayim, suggère une interprétation différente de ces propos tenus par Ya‘akov. Ils ne s’adressaient nullement à ‘Essav, mais ils constituaient comme une lamentation intérieure destinée principalement à lui-même.

En disant cela, alors qu’il était sur le point d’affronter un danger mortel, il voulut se dire à lui-même qu’il n’avait accompli jusque-là que bien peu de choses. Certes, s’est-il dit, il s’était acquitté de toutes les 613 Mitsvot, mais il n’avait pas retiré tout le bénéfice d’avoir pu observer la perversité de Lavan. Il aurait dû avoir appris de cet homme l’enthousiasme à se livrer au péché et à la tromperie.

Convaincu qu’il ne manifestait pas la même ardeur dans son accomplissement des Mitsvot, il s’est sermonné pour ce défaut.

HISTOIRE

Le Ben Ish ‘Haï (sur Parasha de Bo) raconte l’histoire suivante :

Un jour, le Yetser Hatov (le bon penchant) et le Yetser Hara’ (le mauvais penchant) se rencontrèrent. Le Yetser Hara’ dit au Yetser Hatov : « Jusqu’à quand allons nous nous affronter ?! Viens, faisons une trêve et observons un « cesser le feu », ainsi je te passerai mes « clients », et toi tu me passeras les tiens. » Le Yetser Hatov accepta la proposition.

Mais voilà que sous le contrôle du Yetser Hatov, se trouvait un ‘Hassid, un homme très pieux qui était très assidue dans l’étude de la Torah. le Yetser Hatov accepta de le donner au Yetser Hara’.

Ce soir là, le ‘Hassid était assis comme tous les soirs chez lui en train d’étudier la Torah, et selon l’accord établi, le Yetser Hara’ s’introduit en lui et réussi à le séduire en l’incitant à interrompre son étude pour aller « prendre l’air » dans la rue. Le ‘Hassid sortit dans la rue tumultueuse et arriva jusqu’à un café où l’on jouait aux cartes. Le ‘Hassid resta à la porte et observa les joueurs de cartes, avec quelle manière ils étaient « envoûtés » par le jeu. Lorsqu’on leur apportait du café ou du thé, le jeu leur faisait totalement oublier de boire tellement qu’ils étaient concentrés dans leur jeu. Le ‘Hassid restait là et observait, stupéfait.

Vers minuit, le ‘Hassid rentra chez lui, s’assis par terre et se mit à pleurer très fortement, en poussant des cris terribles et remplis d’amertume, au point où sa femme et ses enfants se réveillèrent des bruits de ses cris. Sa femme lui demanda les raisons de ses cris. Il lui répondit :

« Jusqu’à présent, je pensais que je valais de l’or, mais je viens de m’apercevoir que je ne vaut que du cuivre ! » Il s’expliqua en disant :

« Cette nuit, je me suis rendu dans un café, et j’ai pu constater que – du fait de leur ardeur et leur passion pour le jeu – les joueurs en oubliaient de boire le café ou le thé qu’on leur servait ! Mais moi, lorsque j’étudie la Torah, je n’oublie jamais de boire, ce qui prouve que je n’étudie pas avec autant de passion et autant d’ardeur que lorsque ces joueurs jouent aux cartes !! »

Et il s’engagea immédiatement à redoubler d’intensité et d’assiduité dans l‘étude de la Torah.

Le lendemain, lorsque le Yetser Hatov et le Yetser Hara’ se rencontrèrent, le Yetser Hara’ dit au Yetser Hatov :

« Annulons tout de suite notre accord de « cesser le feu » car j’ai vu que, non seulement je n’ai pas réussi à faire trébucher ce ‘Hassid dans la faute, mais au contraire, il redouble désormais de ferveur et de passion pour l’étude de la Torah !!!! »

C’est ce que Ya’akov Avinou veut exprimer :

J’ai séjourné avec Lavan

Rashi : et j’ai malgré tout, accompli les 613 Mitsvot de la Tora, sans apprendre de ses mauvaises conduites.

Ya’akov se lamente : Je n’ai fais qu’observer les 613 Mitsvot, sans malheureusement m’inspirer de toute l’ardeur et toute la passion que Lavan met dans ses mauvaises conduites !!!

On demanda un jour à l’auteur du ‘Hidoushé Harim :

« Pourquoi les non pratiquants réussissent tellement tout ce qu’ils entreprennent, alors que le mensonge ne mérite pas d’exister ?! »

Le Rav répondit :

« Il est vrai que les non pratiquants agissent pour le mensonge, mais ils y mettent tellement de sincérité et d’intégrité que la réussite est inévitable, alors que les pratiquants agissent pour la vérité, mais leurs actions manquent parfois de sincérité et d’intégrité…

Shabbat Shalom

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769

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