mercredi 11 juin 2008

L’interdit de planter (Zorea’) pendant Shabbat, et ses cas pratiques.

L’interdit de planter (Zorea’) pendant Shabbat, et ses cas pratiques.

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

Question

Est-il permis de planter ou d’arroser une plante ou tout autre végétal, pendant Shabbat ?

Quels sont les cas pratiques qui relèvent de cette action ?

Décision de la Hala’ha

Planter (Zorea’) fait partie des 39 activités interdites par la Torah pendant Shabbat.

Comme tous les autres interdits de Shabbat, cet interdit a des dérivées, c'est-à-dire des actions qui s’apparentent - dans leurs formes ou dans leurs objectifs – à l’action de planter.

Parmi les dérivées de l’interdit de planter, nous trouvons l’interdiction d’arroser, de tailler ou d’entretenir un végétal afin qu’il pousse mieux.

Lorsqu’on mange au dessus de l’herbe ou d’un gazon, ou à proximité d’arbres pendant Shabbat, il faut veiller à ne pas se laver les mains ou à verser une boisson sur l’herbe ou sur les racines d’un arbre, car on transgresserai l’interdiction de Zorea’ (planter) pendant Shabbat.

Et même si l’on n’a aucune intention de faire pousser l’herbe en se lavant les mains au dessus ou en y versant une boisson, malgré tout, le fait de provoquer la pousse de l’herbe de façon inévitable (Pessik Reshé), représente un interdit.

Sources et développement

Il est dit dans la Torah (Shemot chap.20) :

« Souviens toi du jour du Shabbat afin de le sanctifier. Durant six jours, tu travailleras et tu accompliras tout ton ouvrage, mais le septième jour sera consacré au repos pour Hashem ton Dieu. Tu n’y feras aucun travail… car durant six jours, Hashem a réalisé le ciel et la terre et se reposa le septième jour. C’est pourquoi, Hashem bénit le jour du Shabbat et le sanctifia.»

Nous constatons dans la Torah pas moins de 12 mises en garde sur l’observance du Shabbat, car elle représente la base de notre foi dans le fait que le monde fut crée par Hashem.

Nos maîtres enseignent : Celui qui observe Shabbat, est considéré comme s’il accomplie l’intégralité de la Torah. Celui qui profane Shabbat est considéré comme s’il renie l’intégralité d la Torah.

Ceci - comme nous l’avons expliqué – car l’observance du Shabbat représente la racine de notre foi.

Toutes les Mela’hot (activités interdites) interdites par la Torah pendant Shabbat se nomment « Avot Mela’hot » ou « sources ». Ces sources ont aussi des dérivées que l’on appelle « Toladot ». Par exemple, l’interdit de « Boné » (construire) dont le Av Mela’ha (la source) consiste à réaliser une construction pendant Shabbat, alors que la Tolada (le dérivée) de ce Av Mela’ha consiste (par exemple) à fabriquer du fromage, c'est-à-dire, solidifier du lait afin d’en faire du fromage, pendant Shabbat. Un tel acte est passible d’une condamnation à titre de « construire » pendant Shabbat, puisque rassembler diverses parties afin d’en faire un seul et unique corps, correspond à la réalisation d’une construction, ce qui représente un interdit de la Torah. (Voir la H.Y consacrée aux glaçons pendant Shabbat, en cliquant sur ce lien http://halahayomit.blogspot.com/search/label/Gla%C3%A7ons)

Les Avot Melah’ot interdits pendant Shabbat sont au nombre de « 40 moins un » (c'est-à-dire 39 activités interdites). Ces interdictions sont désignées sous le terme « Tal Mela’hot », et sont toutes enseignées dans une Mishna du traité Shabbat (73a).

Tous les interdits en vigueur pendant Shabbat, correspondent aux activités en vigueur dans le Mishkan (le Temple mobil que les Bné Israël possédaient dans le désert), en raison de l’enchaînement des 2 sujets dans la Torah.

La premier de ces Avot Melah’ot est l’interdit de Zorea’ (planter).

Pour les besoins du Mishkan, il était nécessaire de planter des graines pour obtenir les plantes colorantes qui servaient à teindre les parois du Mishkan, constituées de peaux d’animal.

Cet interdit inclus toute activité réalisée dans le but de faire pousser un élément végétal. C'est-à-dire, planter pendant Shabbat ; tailler des arbres pendant Shabbat afin qu’ils poussent mieux, greffer des arbres ou autres…

On enseigne dans la Gmara Mo’ed Katan (2b) que même celui qui arrose pendant Shabbat, est condamnable à titre de Zorea’ (planter), car l’eau va contribuer à la pousse des graines et des arbres.

A partir de là, il faut mettre en grade les gens qui mangent pendant Shabbat, à proximité des arbres ou dans des parcs, qu’ils doivent faire attention à ne pas se laver les mains au dessus de l’herbe. De même, ils doivent faire attention à ne pas verser de boisson sur l’herbe, car un tel acte constitue un arrosage de l’herbe pendant Shabbat, ce qui représente l’interdit de Zorea’ (planter).

Et même si l’on n’a aucune intention de faire pousser l’herbe en se lavant les mains au dessus ou en y versant une boisson, malgré tout, le fait de provoquer la pousse de l’herbe de façon inévitable (Pessik Reshé), représente un interdit.

MARAN[DP1] écrit dans le Beit Yossef (O.H chap.336), au nom du Sefer HaTerouma[DP2] , qu’il est juste d’éviter de manger pendant Shabbat, dans des lieux où il y a de l’herbe rattachée au sol, car il est difficilement évitable d’y verser de l’eau, ce qui causera la transgression de l’interdit de « Zorea’ » (planter).

Il est évident que ce Din concerne également le fait de manger sur du gazon, comme on en trouve de notre époque.

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768 sheelot@free.fr

(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

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[DP1]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[DP2]

Sefer HaTerouma. Rabbenou Barou’h disciple de Rabbenou Its’hak, l’un des principaux auteurs des Tossafot. France 12ème siècle.

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