QUELQUES REGARDS SUR SHEMOT
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de mon épouse Sylvie Mazal Esther Bat Régine ‘Haya Sim’ha, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita), ainsi que pour la Refoua Shelema de l’enfant Yo’heved Mazal Bat ‘Hassiba (fille de Yéhouda et Eva ALLOUN), ainsi que pour la Refoua Shelema de Its’hak Ben ‘Aïsha, ainsi que pour la Refoua Shelema de I’hya Nathan Yossef Aharon Ben Déborah, ainsi que pour ma propre Refoua Shelema David Avraham Ben Simi.
1. Le Shalom (la paix) mais pas à n’importe quel prix !!!
Ils asservirent les Béné Israël ave dureté. (Shemot 1-13)
Nos maîtres enseignent qu’au début, les égyptiens travaillèrent avec les Bné Israël, en les amadouant verbalement (le mot dureté dans ce verset se dit « פרך » « Fare’h » qui est la contraction des mots « פה רך » « Pé Ra’h » qui signifient « avec une bouche tendre »), afin que chacun fournisse un rendement au-dessus des ses possibilités.
C'est-à-dire : Pharaon réuni tout le peuple d’Israël et leur dit : « S’il vous plait, rendez-moi un service, travaillez pour moi un seul jour. » Pharaon prit les outils de travail et commença à construire. Lorsque les Bné Israël virent Pharaon en train de travailler, ils prient eux aussi les outils de travail et commencèrent à travailler de toutes leurs forces, car ils crurent que cela n’était que provisoire.
Le soir, Pharaon leur plaça des hommes, et chargea les Bné Israël de compter de façon précise les briques fabriquées le jour même.
Il ordonna ensuite aux Bné Israël de fournir le même nombre de briques chaque jour. Si des briques manquaient, les Bné Israël étaient frappés et subissaient des tortures horribles jusqu’à ce qu’ils aient complété le nombre de briques.
Pourtant – fait remarquer Rabbenou Yossef ‘Haïm de Bagdad z.ts.l dans son livre ‘Od Yossef ‘Haï - on peut s’interroger :
Nous savons que tout ce que fait Hashem, il le réalise « Mida Kenegued Mida » (« Mesure pour mesure ») c'est-à-dire : il existe toujours une correspondance exacte entre le châtiment et la faute. Or, si les Bné Israël on subit la difficulté de l’esclavage en tombant dans une ruse de Pharaon, il est certain que ce n’est pas un hasard, et qu’apparemment, les Bné Israël ont eux aussi fait preuve un jour de ruse. Cette difficulté vient dans un contexte de « Mida Kenegued Mida », mais quelle est donc la faute des Bné Israël pour subir cette ruse ?
Nos maîtres nous disent que la difficulté de l’esclavage d’Egypte par la ruse était due aux Bné Israël parce qu’ils avaient vendu Yossef Ha-Tsaddik par la ruse.
En effet, même si le Shalom (la paix) est une bonne chose, malgré tout, il arrive parfois qu’il engendre de mauvaises choses.
Lorsqu’un homme désire réaliser le mal, il le fait souvent en réalisant d’abord le Shalom. C’est justement l’objectif de la prière adressée par le Roi David à Hashem : « Qu’une grande paix réside sur ceux qui aiment ta Torah, sans que cette paix soit pour eux un piège. » Qu’aucune mauvaise chose ne soit la conséquence du Shalom.
Les Shevatim (les 12 enfants de Ya’akov Avinou) ont fortement détesté leur frère Yossef, mais ne lui ont pas réellement exprimé cette haine, car si Yossef avait conscience de la grande haine dont il était l’objet, il se serait préservé de ses frères et n’aurait jamais accepté de s’isoler avec eux dans un champ. Mais ses frères se sont contentés de lui montrer de l’indifférence et non la véritable haine qu’ils éprouvaient pour lui. C’est pourquoi Yossef est tombé dans le piège en se retrouvant seul avec eux dans un champ, et ils ont fait ce qu’ils ont fait, jusqu’à décider de le vendre en esclave en Egypte.
Par conséquent, en punition à la vente de Yossef qui fut réalisée par la ruse, Hashem décida de punir les Bné Israël en leur infligeant la difficulté de l’esclavage d’Egypte, par la ruse de Pharaon qui leur demanda d’abord le travail d’une journée – où les Bné Israël travaillèrent au-delà de leurs forces - pour ensuite leur exiger la même quantité de travail chaque jour. Par cela, la faute de la vente de Yossef - que ses frères avaient commis par la ruse en ne lui montrant pas réellement la haine qu’ils éprouvaient envers lui - fut réparée.
2. Le bâton et la Torah
Hashem lui dit : Qui y a-t-il dans ta main ? Il (Moshé) lui répondit : Un bâton. Il (Hashem) lui dit : jette-le à terre. Il le jeta à terre, et il se transforma en serpent, Moshé se sauva devant lui. Hashem dit à Moshé : envoie ta main et attrape-le par la queue. Il envoya sa main et l’attrapa, et il redevint un bâton dans sa main. (Shemot 4-2.3.4)
Rabbenou Ya’akov Abou’hatsira z.ts.l fait remarquer – dans son livre Pitou’hé ‘Hotam - que le bâton fait ici allusion à la Torah.
En effet, nous savons que le monde tient essentiellement sur l’étude de la Torah, et également que la raison essentielle de la destruction du monde est la négligence dans l’étude de la Torah, comme il est dit : « Pourquoi la terre (d’Israël) a-t-elle été détruite, Hashem dit : Parce qu’ils ont abandonné ma Torah. » Il faut donc s’adonner à l’étude de la Torah jour après jour, comme il est écrit : « Si tu m’abandonnes un jour, je t’abandonnerai deux jours ».
Nous retrouvons cette idée dans le verset au sujet du bâton.
Qui y a-t-il dans ta main ? Il (Moshé) lui répondit : Un bâton. Le mot « bâton » se dit en hébreu « מטה » (« Maté ») dont les lettres de base (מט) ont pour valeur numérique le nombre de 49 qui correspond aux 49 façons de statuer sur l’impureté d’un élément et aux 49 façons de statuer sur sa pureté. Hashem voulut dire à Moshé Rabbenou que la Torah - représentée ici par le bâton – doit être préservée solidement dans la main de celui qui l’étudie, pour qu’il l’apprenne jour et nuit. Si nos mains s’affaiblissent dans l’étude de la Torah, on attire le serpent (le Satan), comme le dit notre verset : « Jette-le à terre. Il le jeta à terre, et il se transforma en serpent… » Pour nous apprendre que lorsqu’on s’affaiblit dans l’étude de la Torah, celle-ci se transforme en serpent, c'est-à-dire en accusateur, et plaide contre nous.
Hashem dit à Moshé : envoie ta main et attrape-le par la queue.
Lorsqu’un homme a abandonné la Torah et s’est laissé entraîner par son Yetser Hara’ (mauvais penchant), lorsque cet homme désire revenir vers Hashem, il doit agir de façon progressive et commencer par « attraper » un peu de Torah (comme la queue qui ne représente qu’une partie du serpent), car c’est de ce peu qu’il parviendra à accéder réellement à l’intégralité de la Torah.
Il envoya sa main et l’attrapa, et il redevint un bâton dans sa main. Même si une personne a abandonné la Torah, lorsqu’elle désire revenir vers le droit chemin, elle doit revenir à la source de l’étude de la Torah (comme la queue qui représente l’extrémité du serpent), et là, le bâton (le Satan) redeviendra le « Bâton du D. vivant ».
3. La Torah, oui, mais pas sur le dos des autres !
Lorsqu’ Hashem se révèle à Moshé Rabbenou au buisson ardent, et lui ordonne d’aller délivrer les Bné Israël d’Egypte, Moshé tente, dans un premier temps, de se dérober en prétextant différentes excuses.
Parmi les arguments de Moshé Rabbenou, nous trouvons :
Moshé dit à Hashem : « De grâce Hashem ! Je ne suis pas un bon orateur. Depuis hier, depuis avant-hier, depuis le moment même où tu m’as parlé, car j’ai la bouche et la langue lourde. » (Shemot 4)
Le Midrash Rabba (Shemot Rabba Parasha 3) nous apprend que le dialogue entre Hashem et Moshé Rabbenou au buisson ardent, a duré 7 jours, pendant lesquels, Hashem a insisté pour que Moshé Rabbenou accepte la mission d’aller délivrer Israël d’Egypte, et Moshé refusait systématiquement.
Le RAMBAN explique qu’en réalité Moshé Rabbenou craignait de blesser son frère aîné Aharon, en acceptant ce mérite d’être celui qui libèrera Israël.
Moshé pensait que lorsque tout le monde verra que c’est lui et non Aharon qu’Hashem a désigné pour cette mission, on penserait peut-être qu’Aharon n’est pas apte à cette tâche. Moshé considérait que le fait qu’il y ait, ne serait-ce que le moindre soupçon de faute envers son frère Aharon, invalide totalement sa sainte et Divine mission, de libérer Israël d’Egypte.
Jusqu’à ce qu’Hashem lui affirme qu’Aharon se réjouira de cela. Ce n’est que lorsque Moshé Rabbenou est assuré qu’il n’y aura aucune atteinte au respect de son frère aîné, qu’il accepte la mission d’aller libérer Israël d’Egypte.
Nous pouvons tout de même nous demander :
Moshé Rabbenou est investi par Hashem, de la mission d’aller libérer Israël d’Egypte. Pourquoi donc Moshé s’obstine à vérifier si le fait d’accepter cette mission n’entraîne pas le moindre soupçon de faute ? N’est-ce pas Hashem lui-même qui lui ordonne cette mission ?! Comment peut-on mettre face à face, la faute de porter atteinte au respect d’Aharon, et l’exécution d’un ordre d’Hashem ?!
En réalité, cette question n’en est pas une.
En effet, nous avons tendance à croire que lorsqu’une personne accomplit, durant toute sa vie, la Torah et les Mitsvot, elle est au-dessus de toute faute.
Cependant, les choses ne sont pas ainsi.
L’individu est tenu, durant toute son existence, à évoluer en ayant une profonde réflexion sur le moindre de ses actes.
On doit toujours s’assurer qu’aucun dégât ne résulte de nos actions. On ne doit agir que lorsqu’on est certain que la volonté d’Hashem sera réalisée à travers notre agissement.
Or, il est certain que la volonté d’Hashem exigeait qu’Aharon ne soit pas vexé.
C’est ce dont Moshé Rabbenou voulait s’assurer avant d’accepter la mission qu’il n’y a dans ses actes pas le moindre manque.
C’est ainsi que l’on explique ce qui est rapporté dans la Guemara Yoma (72b) :
Rava dit aux Sages :
« De grâce, n’héritez pas de deux Guehinam !! »
Rava s’adresse ici aux érudits dans la Torah, en leur disant que même s’ils consacrent tout leur temps à l’étude de la Torah, malgré tout, s’ils n’analysent pas le moindre détail de leur comportement et de leurs actes, ils hériteront de deux Guehinam :
Le fait de s’être adonné constamment à l’étude de la Torah, en se privant de toutes les jouissances de ce monde matériel, constitue déjà une « forme de Guehinam ».
Lorsqu’ils arriveront devant Hashem pour être jugés, les négligences de leur comportement et de leurs actes leur feront hériter du Guehinam, malgré toute la Torah qu’ils auront étudiée !!
Nous pouvons constater à quel point Moshé Rabbenou nous apprend à vivre !
Avant de réaliser la moindre Mitsva, si importante soit-elle, nous devons nous soucier de notre entourage.
Personne ne doit subir notre accomplissement des Mitsvot !
Nous pouvons citer de nombreux exemples.
Parmi eux, un exemple malheureusement fréquent de notre époque :
De nombreux jeunes ont le mérite de faire Teshouva, et de retrouver le chemin de la Torah, en étant très méticuleux dans leur pratique du judaïsme.
Cependant, ils en arrivent parfois, et sans le vouloir, à transgresser la très lourde faute de manquer de respect aux parents, qui constitue l’une des plus graves transgressions de la Torah. C’est une expérience très difficile, car les enfants savent maintenant qu’ils sont spirituellement supérieurs à leur parents, qui eux, n’ont pas encore eu le mérite de percevoir la lumière de la Torah, et consacrent parfois encore leur existence à des futilités, alors que les enfants ont mérité de venir s’abriter à l’ombre d’Hashem, et élèveront leurs propres enfants dans la Torah.
Ces gens sont susceptibles de transgresser facilement cette faute gravissime, en ayant un sentiment de supériorité sur leurs parents.
Il faut une grande sagesse et beaucoup de réflexion pour s’épargner d’une telle situation d’humilier ses parents, qui est une très grave faute.
La pratique des devoirs religieux vis-à-vis d’Hashem (Ben Adam Lamakom), ne doit pas se faire sur le dos de nos devoirs envers nos semblables (Ben Adam La’havero).
Shabbat Shalom
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