QUELQUES REGARDS SUR LA PARASHA DE VAYE’HI
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de mon épouse Sylvie Mazal Esther Bat Régine ‘Haya Sim’ha, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita), ainsi que pour la Refoua Shelema de l’enfant Yo’heved Mazal Bat ‘Hassiba (fille de Yéhouda et Eva ALLOUN), ainsi que pour la Refoua Shelema de Its’hak Ben ‘Aïsha, ainsi que pour ma propre Refoua Shelema David Avraham Ben Simi.
Rappel du contexte
Dans la fin de la Parasha de Vaygash que nous avons lue la semaine dernière, la Torah nous relate comment Ya’akov Avinou – qui n’a pas revu son cher fils Yossef depuis 22 ans – arrive en Egypte avec toute sa famille. Il est accueilli par Yossef qui est le vice-roi d’Egypte.
Ya’akov Avinou vivra les 17 dernières années de sa vie en Egypte.
Avant de quitter ce monde, Ya’akov Avinou fait venir Yossef auprès de lui et lui adresse ses dernières volontés, parmi lesquelles, celle de ne pas être enseveli en Egypte, mais seulement en Erets Kena’an, dans la caverne de Ma’hpela, là où reposent ses parents – Its’hak et Rivka – ainsi que ses grands-parents – Avraham et Sarah - là où il a lui-même enterré son épouse Léa.
Yossef présente ses enfants, Menashé et Efraïm, à son père Ya’akov.
Ya’akov, voyant ses petits enfants nés en Egypte, les bénit d’une Bénédiction assez particulière.
1. Gam Zou Le-Tova ou le devoir de tout positiver
« Et maintenant, tes deux fils, qui te sont nés au pays d'Egypte avant que je vienne auprès de toi en Egypte, deviennent les miens ; non moins que Réouven et Shim’on, Efraïm et Menashé seront à moi. »
Israël remarqua les enfants de Yossef et il dit : « Qui sont ceux-là ? » Yossef répondit à son père : « Ce sont mes fils, qu’Hashem m'a donnés dans ce pays. » Ya’akov reprit : « Approche-les de moi, je te prie que je les bénisse. »
Israël étendit la main droite, l'imposa sur la tête d'Efraïm, qui était le plus jeune et mit sa main gauche sur la tête de Menashé ; il croisa ses mains, quoique Menashé était l'aîné. Yossef remarqua que son père posait sa main droite sur la tête d'Efraïm et cela lui déplut ; il souleva la main de son père pour la faire passer de la tête d'Efraïm sur la tête de Menashé et il dit à son père : « Pas ainsi, mon père ! Puisque celui-ci est l’aîné, mets ta main droite sur sa tête. » Son père s'y refusa et dit : « Je le sais, mon fils, je le sais ; lui aussi deviendra un peuple et lui aussi sera grand : mais son jeune frère sera plus grand que lui et sa postérité formera plusieurs nations. « Il les bénit alors et il dit : « Israël te nommera dans ses bénédictions, en disant : qu’Hashem te fasse devenir comme Efraïm et Menashé ! » II plaça ainsi Efraïm avant Menashé. (Bereshit 48 versets 5.8.9.14.17.18.19.20).
C’est par cette Bénédiction si particulière donnée par Ya’akov Avinou à ses petits enfants Menashé et Efraïm, que tous les juifs bénissent leurs enfants chaque vendredi soir en leur disant : « Qu’Hashem te fasse devenir comme Efraïm et Menashé ! ».
Mais on peut s’interroger sur le fait que Ya’akov Avinou a d’abord signalé à Yossef que dorénavant, Efraïm et Menashé sont considérés pour lui comme Réouven et Shim’on, ses propres enfants. De ce fait, nous devrions plutôt bénir nos propres enfants en leur souhaitant d’être « comme Réouven et Shim’on ». Pourquoi disons-nous « comme Efraïm et Menashé » ?
De plus, pourquoi Ya’akov Avinou considère Efraïm et Menashé comme Réouven et Shim’on ?
Et enfin, pour quelle raison la Torah insiste sur le fait que Ya’akov Avinou a placé Efraïm (le plus jeune) devant Menashé ?
En réalité, lorsque Ya’akov Avinou a vu Efraïm et Menashé, il demanda à Yossef pour quelle raison les avait-il nommés ainsi.
Yossef répondit que lorsque Menashé est né, il voulut exprimer toute sa peine d’avoir été éloigné de la maison de son père, une maison qui était totalement remplie de Torah et de crainte d’Hashem. (La racine du mot Menashé est « Nashani » qui signifie « il m’a éloigné »).
Lorsque Efraïm est né, Yossef voulut exprimer toute sa reconnaissance envers Hashem pour l’avoir fait fructifier et évoluer dans un pays étranger, en le faisant passer du niveau d’un esclave à celui de vice-roi du pays. (La racine du mot Efraïm est « Lifrot » qui signifie « fructifier »)
Quand Ya’akov Avinou entendit cela, il dit à Yossef :
« Ton regard sur la vie n’est pas juste, car tu devais tout d’abord nommer ton premier fils en exprimant ta reconnaissance envers Hashem pour toutes les bontés qu’il t’a prodiguées. C’est pourquoi tu aurais dû d’abord nommer ton premier fils Efraïm, et ce n’est que le deuxième que tu aurais dû nommer Menashé, afin d’exprimer tous les malheurs que tu as subits. Nous devons toujours regarder la vie en voyant d’abord que « le verre est à moitié plein » (et non à moitié vide !). »
C’est pour cette raison que Ya’akov Avinou donna priorité à Efraïm devant Menashé pour la bénédiction. C’est aussi pour cette raison que le verset insiste en disant « II plaça ainsi Efraïm avant Menashé. » Car c’est ainsi qu’il faut toujours voir les choses de la vie ! Tout d’abord, les faveurs qu’Hashem nous accorde, et seulement ensuite les ennuis que nous avons.
On doit toujours avoir en conscience que même les ennuis que nous avons, et qu’Hashem nous envoi, nous sont tous bénéfiques, et ne sont - en réalité - pas des ennuis, mais uniquement des bontés, comme nos maîtres nous l’enseignent à travers le commentaire sur le verset : « Je descendrai avec le deuil dans la tombe ». Il s’agit de Ya’akov Avinou qui se lamente en ayant appris la disparition de Yossef. Hashem lui dit à ce moment-là : « Ya’akov ! Je suis en train de faire de ton fils Yossef un roi, et toi tu veux prendre le deuil sur lui ?! »
L’individu ne connaît pas toujours les sentiers d’Hashem, qui sont souvent remplis de soucis qui sont en réalité des faveurs et de véritables bontés d’Hashem.
C’est donc pour tout cela que nous bénissons nos enfants en leur souhaitant d’être « comme Efraïm et Menashé », en disant d’une certaine façon : « Que ce soit toujours la bonté qui vous atteigne, même lorsqu’elle n’a pas les apparences d’une bonté. »
On raconte dans la Guemara Ta’anit (21a) que Na’houm Ish Gam Zou fut envoyé auprès du roi (césar) afin d’intercéder en faveur des juifs. Ils lui confièrent un présent constitué d’une caisse remplie de pierres précieuses. Lorsque Na’houm Ish Gam Zou s’arrêta dans une auberge, des voleurs lui dérobèrent les pierres précieuses et remplirent la caisse de sable et de terre, afin que Na’houm Ish Gam Zou ne s’aperçoit pas de la différence de poids.
Na’houm Ish Gam Zou arriva devant le roi. On dit au roi que les juifs lui avaient envoyé un présent. Le roi ordonna que l’on ouvre le présent, et il constata qu’il était rempli de sable. Se sentant offensé et humilié par un tel « présent », le roi ordonna que l’on pende Na’houm Ish Gam Zou. Na’houm Ish Gam Zou dit : « Gam Zou LeTova ! » (Le surnom de « Ish Gam Zou » signifie « l’homme qui dit toujours Gam Zou » qui veut dire « ceci est aussi pour le bien ») car tout ce qu’accomplit Hashem est pour le bien.
Le prophète Eliyahou apparut sous l’aspect d l’un des serviteurs du roi et dit au roi :
« Majesté ! Ce sable que t’ont envoyé les juifs, est un sable spécial qui provient de leur patriarche Avraham qui l’utilisait en le jetant sur ses ennemis et remportait la victoire dans les guerres. »
On fit des vérifications et effectivement ce sable possédait la propriété particulière de donner la victoire à celui qui le jetait sur ses ennemis.
C’est ainsi que Na’houm Ish Gam Zou fut sauvé, en étant reconnaissant envers Hashem pour les « ennuis », comme nous le sommes pour les faveurs, car il savait qu’en réalité, il n’y a que de la bonté.
Une autre histoire est rapportée dans la Guemara, au sujet de Rabbi ‘Akiva (qui était l’élève de Na’houm Ish Gam Zou).
Un jour, Rabbi ‘Akiva devait se rendre dans une certaine ville, mais il arriva trop tard, car les gardiens de la ville avaient déjà fermé les portes. Il dit : « Tout ce qu’accomplit Hashem, il ne le fait que pour le bien. » Rabbi ‘Akiva avait avec lui 3 choses : un âne, une bougie et un coq. Un lion arriva et dévora l’âne. Le vent se leva et éteint la bougie. Un chat arriva et dévora le coq. Sur chacun de ces 3 ennuis, Rabbi ‘Akiva s’exclama : « Tout ce qu’accomplit Hashem, il ne le fait que pour le bien. »
En définitif, des brigands s’attaquèrent à la ville et tuèrent toute personne présente. Si Rabbi ‘Akiva s’y était trouvé, il aurait été tué lui aussi. Si la bougie était restée allumée, elle aurait sûrement attiré l’attention des brigands qui aurait tué Rabbi ‘Akiva. De même pour l’âne et le coq qui auraient probablement fait du bruit qui aurait certainement attiré les brigands et cela aurait mis la vie de Rabbi ‘Akiva en danger. C’est pour cela que finalement, tout était pour le bien !
Mais on peut se demander pourquoi Rabbi ‘Akiva disait une phrase différente de celle de son maître pour exprimer sa volonté de tout positiver. En effet, nous voyons que son maître Na’houm Ish Gam Zou disait « Gam Zou Le-Tova » (« Ceci est aussi pour le bien ») alors que Rabbi ‘Akiva disait « Tout ce qu’accompli Hashem, il ne le fait que pour le bien. »
En fait, Rabbi ‘Akiva estima que la phrase utilisée par son maître ne positivait pas assez les choses, car l’expression « Gam Zou Le-Tova » (« Ceci est aussi pour le bien ») laisse entendre que même si cela pouvait être meilleur, malgré tout, ceci aussi est pour le bien. Alors que Rabbi ‘Akiva utilisait une expression beaucoup plus positive, puisqu’en disant « Tout ce qu’accomplit Hashem, il ne le fait que pour le bien. » Cela laisse entendre qu’uniquement ce qu’Hashem a accompli doit être considéré comme étant pour le bien.
On raconte aussi que lors des derniers jours de la Deuxième Guerre mondiale, une femme du camp de concentration de Bergen Belsen fut condamnée à être pendue pour avoir volé des épluchures de pommes de terre. Lorsqu’on lui attacha la corde au cou, une sirène d’alerte retentit pour signaler un raid aérien des alliés. La femme supplia ses amies de la détacher puisqu’elle avait les mains attachées. Ses amies la détachèrent, et ils se mirent à chercher un abri. « Malheureusement » pour elles, le seul abri qu’elles trouvèrent était le sous-sol d’une maison où s’étaient abrités les maudits nazis eux même. Le commandant du camp sortit son arme et ordonna aux femmes de sortir immédiatement. Avec beaucoup de peine, les femmes sortirent et allèrent se cacher sous un mur à proximité. Il ne s’écoula pas une minute qu’on entendit une grosse explosion provenant d’une bombe lâchée par les alliés directement sur la maison où s’étaient réfugiés les nazis ! Qu’Hashem fasse périr ainsi tous nos ennemis AMEN.
Il n’y a que du bien qui émane d’Hashem, mais nous ne savons pas toujours discerner entre la bonté et le malheur qui germent de chaque événement, mais malgré tout, nous nous devons de toujours croire que tout est pour le bien.
2. Mériter le pouvoir c’est reconnaître ses fautes
La dynastie royale du peuple d’Israël a - de toutes générations - appartenue aux descendants de Yehouda.
Le Mashia’h doit également descendre de Yehouda, et régner sur Israël.
Nos maîtres se sont interrogés sur la raison de cette exclusivité.
Nos maîtres expliquent que Yehouda doit ce mérite exclusif, au fait qu’il a reconnu son implication dans l’épisode avec Tamar. (Voir Yalkout Shim’oni Shemot section 14).
En effet, Yehouda a fait preuve d’une véritable force supérieure en avouant ce qu’il avait fait, et cela, malgré le fait qu’il avait largement la possibilité de garder le silence sans que personne ne sache quoi que ce soit. Une telle personne mérite la royauté.
Il est écrit dans notre Parasha, au moment où Yaakov Avinou donne son ultime Bénédiction à ses enfants :
« Tu es un jeune lion, Yehouda, mon fils, quand tu te relèves, avec ta capture ! »
Nos maîtres expliquent (Midrash Rabba section 98) :
De la « capture » de Tamar, tu t’es « relevé ». Car Tamar avait été capturé et condamné à mort, et grâce à la force et au courage dont Yehouda a fait preuve en avouant son rôle dans la grossesse de Tamar, celle-ci fut épargnée de la mort. Grâce à cet acte de bravoure, ‘Hananya, Mishaêl et ‘Azarya seront eux aussi sauvés, bien des siècles plus tard, de la fournaise dans laquelle va les jeter Nabuchodonosor.
Reconnaître la vérité est une chose facile à dire ou à écrire, mais reste une chose extrêmement difficile à réaliser, car la honte est un sentiment très dur à surmonter, et malgré tout, Yehouda a avoué son implication avec Tamar, et c’est par ce mérite qu’il a hérité de la royauté.
Rashi commente le verset « Tu es un jeune lion, Yehouda, mon fils, quand tu te relèves, avec ta capture ! », de la façon suivante :
Tu t’es retiré en disant : « Qu’allons-nous gagner en l’assassinant (Yossef) ?! Allons plutôt le vendre aux Ishme’elim (arabes). Et ses frères l’écoutèrent.
Lorsque les frères de Yossef voulaient le tuer, Yehouda fut celui qui réussi à convaincre ses frères de ne pas tuer Yossef, mais plutôt de le vendre aux Ishme’elim.
En faisant cela, Yehouda sauve Yossef.
Il est écrit dans la Parasha de Vayeshev :
« Yehouda descendit d’auprès de ses frères »
Rashi explique :
Cela nous apprend que ses frères l’ont destitué de ses fonctions, car lorsqu’ils ont constaté la peine de leur père Ya’akov, en apprenant que son cher fils Yossef avait disparu, ils se mirent en colère contre Yehouda en lui disant : « Si tu avais exigé de nous de le ramener chez son père, nous t’aurions écouté. »
En réalité, c’est très étonnant, car n’est-il pas expliqué dans le Midrash que nous avons cité que Yehouda est justement celui qui réussi à convaincre ses frères de ne pas tuer Yossef ?! Comment osent-ils prétendre que si Yehouda leur avait ordonné de le ramener chez Ya’akov, ils l’auraient écouté ? Ne pouvait-il pas leur répondre en leur rappelant que sans son intervention, ils étaient disposés à le tuer ?!
Nous ne pouvons que constater une fois de plus la grandeur de Yehouda.
Même lorsqu’il a la possibilité de répondre à ses frères, il préfère choisir de ne pas débattre avec eux, et se laisse destitué de ses fonctions en se taisant, car il savait qu’en définitif, il y avait du vrai dans leurs propos.
C’est pour cela que Ya’akov le bénit en lui disant « Tu es un jeune lion, Yehouda, mon fils, quand tu te relèves, avec ta capture ! », car en te taisant face à tes frères lorsqu’ils t’ont reproché de ne pas leur avoir ordonné de ramener Yossef, et qu’ils t’ont destitué de tes fonctions, par cette attitude, tu as élevé ta personne.
Yehouda a appris cette qualité de sa mère, Leah notre matriarche.
En effet, il est écrit au sujet de Leah, lorsqu’elle mit au monde Yehouda :
« Cette fois encore, je remercie Hashem », car elle possédait la qualité de la vérité et de la reconnaissance envers Celui qui lui prodigue du bien.
Nous retrouvons cette qualité dans la descendance de Yehouda, puisque lorsque le prophète Natan vient réprimander le roi David sur son comportement avec Bat Sheva’, David ne cherche pas à débattre, ni à justifier ses actes, mais se contente de dire immédiatement : « J’ai fauté envers Hashem ! ». C'est pourquoi le prophète Natan lui répond : « Hashem a lui aussi retiré ta faute, et tu ne mourras pas ». Selon le principe de « celui qui reconnaît et abandonne sa faute, sera prit en pitié ».
Nous apprenons de là quelles sont les forces exigées pour régner. Régner sur Israël, comme régner sur soi même !!!
Car il n’y a absolument aucune grandeur dans le fait de s’enorgueillir et de protéger son Kavod (sa dignité), bien au contraire, l’individu qui marche dans le chemin de la vérité, en se soumettant à la vérité, cette personne règne véritablement sur elle-même, et mérite la royauté.
Puissions-nous mériter, avec l’aide d’Hashem, que vienne régner sur nous le Mashia’h, fils de David, qui sera doté des forces nécessaires pour régner sur son penchant et sur Israël.
Shabbat Shalom
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire