Evier « Viande » - Evier « Lait »
Cas pratique
Une personne a lavé sa vaisselle – viande, dans l’évier de sa cuisine.
Elle désire maintenant laver sa vaisselle – lait, mais elle ne possède qu’un évier.
Après avoir soigneusement rincé et nettoyé son évier, a-t-elle le droit d’y laver sa vaisselle – lait ?
Réponse et développement
Quel est le risque ?
Si les ustensiles viandes contenaient encore du gras, les parois de l’évier peuvent en absorber le goût, grâce à l’eau chaude, et l’introduire ensuite dans les ustensiles laits, toujours par l’eau chaude.
1er argument pour autoriser – Est-ce que le déversement d’eau chaude - ‘Irouï, a autant de capacité que la chaleur d’un feu ?
Le Rama (Rabbi Moshé Isserleiss - Pologne 1525-1572), dans Shoulkhan Aroukh – Yoré Déa chap.95 parag.3, écrit que si l’on a déverser de l’eau chaude sur de la vaisselle – viande et de la vaisselle – lait (placées par exemple, l’une sur l’autre dans un endroit neutre), tous les ustensiles sont autorisés, même s’ils contenaient encore du gras, car le déversement d’eau chaude (même s’il a la capacité de cuire en surface – Mevashel Kédé Klipa) n’a pas réellement la capacité d’extraire le goût des parois d’un ustensile, pour le transmettre dans les parois d’un autre.
Le Sifté Cohen ou Shakh (Rabbi Shabetaï Ha-Cohen - Lituanie 1622 – Tchécoslovaquie 1663) objecte sur place, et tranche que si les ustensiles contiennent encore du gras, il est interdit de verser de l’eau chaude sur les deux vaisselles ensemble.
Mais il admet tout de même, que le déversement d’eau chaude n’a pas réellement la capacité d’extraire un goût des parois d’un ustensile, et de le transmettre dans les parois d’un autre.
1ère conclusion
Selon l’opinion du Rama, ainsi que selon celle du Sifté Cohen, le déversement d’eau chaude (même s’il a la capacité de cuire en surface – Mevashel Kédé Klipa) n’a pas réellement la capacité d’extraire le goût des parois d’un ustensile, pour le transmettre dans les parois d’un autre.
Le Yad Yossef (sur Baba Metsia 40b) rapporté dans le commentaire Darké Téshouva (Yoré Déa 95, note 73), pense également que le déversement d’eau chaude (même s’il a la capacité de cuire en surface – Mevashel Kédé Klipa ) n’a pas réellement la capacité d’extraire le goût des parois d’un ustensile, pour le transmettre dans les parois d’un autre.
REMARQUE
Nous ne faisons jamais la vaisselle « à l’eau chaude », mais « à l’eau tiède », à une température qui reste, de toutes façons, inférieure à celle définie par la Halaha pour tout ce qui est cuisson, extraction ou absorption de goût (42°).
2ème argument pour autoriser – Transmission d’un goût alimentaire deteriore – Noten Ta’am Lifgam
Maran (Rabbi Yossef Karo - Espagne 1488 – Israël 1575, auteur du Beit Yossef et du Shoulhan Arouh) écrit dans le Shoulhan Arouh (Yoré Déa chap.95 parag.4)
« Il me semble que si l’on a jeter de la cendre dans de l’eau chaude se trouvant dans un bac (lait), il est permis d’y introduire ensuite des ustensiles – viandes pour les laver, même s’ils contiennent encore du gras, car la cendre (introduite par l’eau chaude dans les parois du bac) a détériorer le goût (lait dans les parois).
En claire :
L’eau chaude du bac va extraire un goût « lait détérioré », des parois du bac, et va y introduire un goût « viande détérioré »
Le Kaf Ahaïm (Rabbi Yaakov Haïm Sofer - Irak 1870 – Israël 1939) rapporte sur place, de nombreux décisionnaires qui pensent comme Maran sur ce point.
Parmi eux :
- Maran Ahyda (Rabbi Haïm Yossef David Azoulaï - Israël 1724 – Italie 1807) dans son livre Shiouré Brakha (Yoré Déa 95, note 4)
- Le Hohmat Adam (règle 48, note 15)
- Le Arouh Ashoulhan (Yoré Déa 95, note 24)
2ème conclusion
Lorsque nous faisons la vaisselle, nous utilisons des produits détergents qui détériorent le goût alimentaire resté dans les ustensiles ou dans leurs parois.
Quand une personne a utilisé du liquide vaisselle pour laver une vaisselle – viande dans son évier, celui-ci a absorbé (si il absorbe !) le goût viande des ustensiles, accompagné du liquide vaisselle qui l’a détérioré.
Lorsque cette personne (qui n’a qu’un évier à bac unique), après avoir soigneusement nettoyer son évier, va laver sa vaisselle – lait, l’évier va rejeter (si il rejette !) dans les ustensiles laits, un goût viande détérioré par du liquide vaisselle.
Sur le plan pratique (Yalkout Yossef – Issour Veheter tome 3 chap.89 - parag.80, page 574)
Aujourd’hui, l’usage de posséder deux éviers dans la cuisine, est répandu dans de nombreux foyers, un pour la viande et l’autre pour le lait. (Car ISRAEL est un peuple saint, qui sait s’écarter de tout risque de transgression…)
Toutefois, dans le cas où on est invité dans un foyer qui ne possède pas deux éviers, ou dans le cas où une personne ne possède pas deux bacs d’évier séparés, il est permis de laver de la vaisselle – viande dans l’évier, même à l’eau chaude, et ensuite de laver dans ce même évier, de la vaisselle – lait également avec de l’eau chaude, et ceci, même si les ustensiles contiennent du gras visible. A fortiori, lorsqu’on utilise du produit de vaisselle.
Les propos contenus dans ses pages sont le résumé de l’analyse, ainsi que la conclusion Halahic du Rav Itshak Yossef, auteur de la célèbre série « YALKOUT YOSSEF » et fils de Notre Maître, couronne et gloire de notre génération, le Rav Ovadia Yossef, ex Grand Rabbin Séfarad d’Israël et Président du Conseil des Sages de la Torah.
Le livre Shéelot Outshouvot Mikvé Amaïm (tome 3 Yoré Déa chap.12), ainsi que le livre Shéelot Outshouvot Yekhavé Daat Hazan du Rav Itshak Hazan (tome 2 chap.2), tranchent également comme le YALKOUT YOSSEF sur ce point.
Traduction et adaptation :
David PITOUN
Responsable d’un cours de Halaha hebdomadaire à l’association Cap Loisirs
Villeurbanne – France
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