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mercredi 17 septembre 2008

La Bera’ha de Leshev Bassoukka

La Bera’ha de Leshev Bassoukka

Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

Question

Quel est l’usage le plus juste selon la Hala’ha concernant la Bera’ha de « Leshev Bassoukka » : Faut-il la réciter debout, avant de s’asseoir pour prendre le repas dans la Soukka, ou bien faut-il réciter cette Bera’ha lorsqu’on est assis, après avoir récité « Ha-Motsi Le’hem Min Haarets » sur le pain ?

Décision de la Hala’ha

Le soir et le matin du 1er jour de la fête de Soukkot (de même, le soir et le matin du 2ème jour, en dehors d’Israël), ainsi que le jour de Shabbat de la fête de Soukkot, où nous récitons la Bera’ha de Leshev Bassoukka lors du Kiddoush sur le vin, il faut réciter la Berah’a de Leshev Bassouka à la fin du Kiddoush, et ensuite s’asseoir et goûter le vin (le 1er soir de la fête – ainsi que le 2ème soir en dehors d’Israël – on récite également la Bera’ha de Shehe’heyanou après la Berah’a de Leshev Bassoukka, et ensuite on s’assoit pour boire le vin).

Les jours de la fête de Soukkot où il n’y a pas de Kiddoush, certains ont l’usage de réciter la Bera’ha de Leshev Bassouka après la Bera’ha de Ha-Motsi, lorsqu’ils sont assis, mais d’autres ont l’usage de la réciter en entrant dans la Soukka (après s’être laver les mains pour la Netilat Yadaïm du repas) en étant encore debout, avant la Bera’ha de Ha-Motsi.

Selon notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita, il est préférableles autres jours de la fête où il n’y a pas de Kiddoush - d’opter pour la 2ème façon de faire, c'est-à-dire, se laver les mains (Netilat Yadaïm), réciter la Bera’ha de « Leshev Bassoukka », et ensuite la Bera’ha de « Ha-Motsi Le’hem min Haarets ».

Les personnes qui ont l’usage de réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka après la Bera’ha de Ha-Motsi en étant déjà assis, ont sur qui s’appuyer.

Si une personne a oublié de réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka en début de repas, et s’en souvient lorsqu’elle a récité le Birkat HaMazon, elle ne peut plus réciter la Bera’ha de Leshev Bassouka à l’occasion de ce repas.

Par contre, si elle s’en souvient à la fin du repas mais avant de réciter le Birkat HaMazon, tant qu’elle consomme encore quelque chose de ce repas, même une simple boisson, elle peut encore réciter la Bera’ha de Leshev Bassouka.

Sources et développement

En réalité, la question concerne les autres jours de la fête de Soukkot où il n’y a pas de Kiddoush, ces jours là, certains ont l’usage de réciter la Bera’ha de Leshev Bassouka après la Bera’ha de Ha-Motsi, lorsqu’ils sont assis, mais d’autres ont l’usage de la réciter en entrant dans la Soukka (après s’être laver les mains pour la Netilat Yadaïm du repas) en étant encore debout, avant la Bera’ha de Ha-Motsi.

Cette dernière manière de procéder est l’opinion de nombreux Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), comme le MaHaRaM de ROTTENBOURG[D1] (cité par son élève le ROSH dans son commentaire sur la Guemara Soukka chap.4), qui se réfère à une Baraïta rapportée dans la Guemara Soukka (46a) : « Si l’on entre pour s’asseoir dans la Soukka, on doit réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka. ». Le MaHaRaM de ROTTENBOURG en déduit que l’on doit la réciter en étant encore debout, et ensuite on s’assoit pour réciter Ha-Motsi. Cet avis est également partagé par le Meïri[D2] (dans son commentaire sur la Guemara Bera’hot 40a), et le RaMBaM[D3] (chap.6 des Hal. Soukka Hal.12).

Il semble que leur argument principal repose sur l’interprétation du terme « Leshev ».

En effet, la traduction littérale de ce mot est « s’asseoir ».

Selon cette traduction, nous comprenons aisément l’opinion du MaHaRaM de ROTTENBOURG et des autres Rishonim qui exigent de réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka avant de s’asseoir dans la Soukka (avant Motsi), puisque cette façon de faire permet de réciter la Bera’ha avant l’accomplissement de la Mitsva et non après s’être déjà assis.

Effectivement, nous pouvons fonder cette opinion grâce à une Guemara Meguila (21a) qui se heurte à la compréhension de 2 versets de la Torah qui se contredisent, au sujet de Moshé Rabbenou :

« Je m’asseyais dans la montagne durant 40 jours et 40 nuits ».

« Et je me suis tenu debout dans la montagne ».

Selon Rav, Moshé Rabbenou apprenais la Torah en étant debout, et la révisait en étant assis.

Selon Rabbi ‘Hanina, Moshé Rabbenou étais ni debout, ni assis mais courbé.

Selon Rabbi Yo’hanan, le terme « Yeshiva » employé dans le 1er verset ne veut pas dire « s’asseoir » mais « séjourner ».

Selon Rava, Moshé Rabbenou apprenait les lois faciles en étant debout, et les lois difficiles en étant assis.

Le fait que certains Sages (3 sur 4) n’ont pas expliqué la contradiction entre les 2 versets comme Rabbi Yo’hanan, prouve qu’il est préférable de préserver le sens premier du terme « Yeshiva » c’est à dire « s’asseoir ».

D’ailleurs, c’est aussi ce que laisse entendre le Zohar Ha-Kadosh (Parasha de Emor page 103b), puisqu’il rapporte que lorsque Rav Hamenouna Saba entrait dans la Soukka, il se tenait d’abord à la porte et invitait les Oushpizin (les « Saints Invités » de la fête de Soukkot, Avraham, Its’hak, Ya’akov…) puis il récitait la Bera’ha de Leshev Bassoukka et entrait.

Ceci vient renforcer la position du MaHaRaM de ROTTENBOURG et du RaMBaM, selon qui, il faut réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka avant de s’asseoir dans la Soukka.

Mais ce terme peut prendre aussi le sens de « rester » ou « séjourner », comme nous le voyons à travers certains versets de la Torah, comme « וַיֵּשֶׁב הָעָם בְּקָדֵשׁ » (« Vayeshev Ha’am Bekadesh ») qui signifie « le peuple resta (ou séjourna) à Kadesh » (Bamidbar 20-1).

Selon cette explication, il est tout à fais concevable de réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka, après s’être assis, puisque nous allons encore séjourner dans la Soukka, au-delà du repas.

C’est ainsi qu’expliquent le ROSH[D4] (sur Soukka chap.4) et le Nimouké Yossef[D5] (sur Pessa’him 7b) au nom du RYTBA[D6] , ainsi que d’autres Rishonim.

MARAN[D7] dans le Beit Yossef (O.H chap.643) atteste que l’opinion du MaHaRaM de ROTTENBOURG lui semble la plus juste, malgré que le monde a adopté un usage différend sur ce point, comme il le confirme dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.643 parag. 2 et 3).

De plus, de nombreux A’haronim partagent cette opinion selon laquelle, il faut d’abord réciter la Bera’ha de Leshev Basoukka et ensuite Ha-Motsi.

Parmi ces Poskim : le Gaon Rabbi Yossef ISKAFA[D8] dans son livre Rosh Yossef ; le Gaon Rabbi ‘Haïm FALLAG’I[D9] dans son livre Mo’ed Le’hol ‘Haï (chap.22 note 1) ; son fils le Gaon Rabbi Its’hak FALLAG’I dans son livre Yafé Lalev (tome 3 chap.643 note 2) ; le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM[D10] dans son livre Ben Ish ‘Haï (1ère année Parasha de Haazinou note 5) ; le Gaon Ya’bets[D11] dans son livre Mor Ouktsi’a reconnaît qu’il est préférable d’adopter cette usage, mais que la tradition Ashkenaze est différente.

Selon notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita, il est préférableles autres jours de la fête où il n’y a pas de Kiddoush - d’opter pour la 1ère façon de faire, c'est-à-dire, se laver les mains (Netilat Yadaïm), réciter la Bera’ha de « Leshev Bassoukka », et ensuite la Bera’ha de « Ha-Motsi Le’hem min Haarets ».

Si une personne a oublié de réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka en début de repas, et s’en souvient lorsqu’elle a récité le Birkat HaMazon, elle ne peut plus réciter la Bera’ha de Leshev Bassouka à l’occasion de ce repas.

Par contre, si elle s’en souvient à la fin du repas mais avant de réciter le Birkat HaMazon, tant qu’elle consomme encore quelque chose de ce repas, même une simple boisson, elle peut encore réciter la Bera’ha de Leshev Bassouka.

En effet, selon le RaMBaM (chap.11 des Hal.Bera’hot, Hal.5), tant que l’accomplissement de la Mitsva se poursuit, on peut encore réciter la Bera’ha propre à la Mitsva.

Il est vrai que lorsqu’on ne consomme que des aliments divers, comme de la viande, du poisson, des fruits ou des boissons ou autres, ces consommations ne nécessitent pas de Soukka. Dans notre cas – la personne qui a oublié de réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka en début de repas et qui s’en souvient à la fin du repas, avant de réciter le Birkat Hamazon, ne pourrai donc plus réciter cette Bera’ha si elle ne consomme plus de pain mais uniquement des aliments divers.

Mais ceci est faux, car le Gaon Rabbi Yehouda ‘AYASH[D12] écris dans on livre Le’hem Yehouda (chap.6 des Hal.Soukka, page 35 colonne 4) que lorsqu’on se trouve dans un repas « régulier » (repas accompagné de pain) sous la Soukka, et que l’on sort un instant de la Soukka, il est interdit de consommer quoi que ce soit en dehors de la Soukka, même de l’eau. La raison réside dans le fait que puisque nous avons entamé un repas « régulier » (de pain), toute consommation annexe est dépendante du pain.

Cette décision Hala’hic est partagée par d’autres Poskim, comme le Gaon Rabbi Shelomo Ha-Cohen de Vilna [D13] dans son livre Shou’t Binyan Shelomo (chap.41) ; l’auteur du Shoel ouMeshiv[D14] (4ème édition, tome 3 chap.11) ; Rabbenou Yossef de SLOUTSK[D15] dans ses Tshouvot (chap.22) ; le Mishna Beroura[D16] (chap.639 dans Sha’ar HaTsioun note 29) (sauf qu’il se pose simplement la question s’il est permis de consommer quoi que ce soit en dehors de la Soukka si l’on est en train de prendre un repas de pain dans la Soukka. Apparemment, notre maître le Mishna Beroura z.ts.l n’a pas eu connaissance de la position des A’haronim cités plus haut sur ce point)

C’est ce qui ressort également des propos du Ben Ish ‘Haï (1ère année Parasha de Haazinou note 5).

Il en est donc de même dans notre cas.

Puisque la personne a siégé dans un repas de pain sous la Soukka, même si ce qui lui reste à consommer ne nécessite pas de Soukka, tous ces aliments sont dépendants du pain, et elle peut donc encore réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka (tant qu’elle n’a pas récité le Birkat HaMazon).

Tout ceci, par opposition à l’opinion du Gaon auteur du Kaf Ha-‘Haïm[D17] qui écris (sur chap.639 note 100) que lorsqu’on a oublié de réciter la Bera’ha de Leshev Bassoukka en début de repas, et que l’on s’en souvient au milieu du repas, on ne peux plus la réciter de nouveau lors de ce repas, sauf si l’on consomme de nouveau plus de Kabetsa de pain par la suite.

A la lueur de l’opinion des Poskim cités précédemment, si l’on a oublié de réciter la Bera’ha de Leshev Bassouka en début de repas, on peut encore réciter en milieu de repas (ou même en fin, avant Birkat Hamazon).

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768 sheelot@free.fr

(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

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[D1]MaHARaM de Rottenbourg Morénou Harav Rabbenou Meïr de Rottenbourg Allemagne 13ème siècle

[D2]Meïri

Rabbenou Mena’hem Ben Shlomo HaMeïri France 13ème et 14ème siècle

[D3]RaMBaM ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle

[D4]Rosh Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle

[D5]Nimouké Yossef Rabbi Yossef Ben ‘Habiba Espagne 14ème siècle. Elève du RaN (Rabbenou Nissim de Gérone)

[D6]RYTBA Rabbenou Yom Tov Ben Avraham Espagne 14ème siècle

[D7]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[D8]

Rabbi Yossef ISKAFA Turquie 17ème siècle Auteur de Rosh Yossef

[D9]

Rabbi ‘Haïm FALLAG’I Turquie 19ème siècle. Auteurs de très nombreux ouvrages comme Roua’h ‘Haïm, Mo’ed Le’hol ‘Haï, Nishmat Kol ‘Haï, ou bien Kaf Ha’Haïm, entre autres…

[D10]Ben Ish ‘Haï Rabbi Yossef ‘HAÏM Irak 19ème siècle Auteur de nombreux ouvrages, dont Shou’t Rav Pe’alim, ‘Od Yossef ‘haï et d’autres…

[D11]Ya’BeTS (Le Gaon) Allemagne 18ème siècle. Auteur de nombreux ouvrages de Hala’ha. Fils du ‘Ha’ham Tsevi.

[D12]

Rabbi Yehouda Ayash Algérie 18ème siècle

[D13]Rabbi Shelomo Ha-Cohen de Vilna Auteur – entre autres - du ‘Heshek Shelomo et du Shou’t Binyan Shelomo. Europe de l’est début du 20ème siècle

[D14]Shoel Oumeshiv Rabbi Yossef Shaoul NATANZON. Pologne 19ème siècle. Auteur de nombreux autres ouvrages, comme le Maguen Guiborim ou le Mefarshé Ha Yam écrits en collaboration avec son beau frère le Gaon Rabbi Morde’haï Zeev SEGUEL – ETTINGUE.

[D15]Rabbenou Yossef PEYMER de SLOUTSK Europe de l’est 19ème siècle

[D16]Mishna Beroura Rabbi Israël Meïr HaCohen de Radin, le « ‘Hafets ’Haïm », Russie 20ème siècle, également auteur de ‘HAFETS ‘HAÏM, et de SHMIRAT HALASHON entre autres.

[D17]Kaf Ha’haïm Rabbi Yaakov ‘Haïm Sofer Irak Israël 20ème siècle

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