La montre et les Tefilin
QUESTION
Lorsqu’on met les Tefilin le matin, doit-on - selon le Din – veiller à retirer la montre du bras afin qu’il n’y ait pas d’élément séparateur entre les Tefilin et le bras, ou non ?
DECISION DE LA HALA’HA
Les Tefilin du bras et de la tête doivent reposer directement sur le corps, sans le moindre élément séparateur.
Cependant, tout ceci ne concerne que le « Baït » (le cube) du Tefilin du bras et de la tête, où sont contenus les parchemins.
Par contre les lanières peuvent reposer sur un élément qui fait séparation entre elles et le corps.
Par conséquent, du point de vue de la Hala’ha, celui qui s’impose la ‘Houmra (rigueur) de retirer la montre de son bras lorsqu’il met les Tefilin, est digne de la Bénédiction. Tel est l’usage personnel de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita.
Cependant, selon le Din, il n’est pas nécessaire de retirer la montre du bras lorsqu’on met les Tefilin, car il n’y a pas d’interdiction de séparation (‘Hatsitsa) à cet endroit précis.
SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Il est expliqué dans une Mishna du traité Méguila (24b) que tout élément séparateur invalide la Mitsva des Tefilin, et la personne qui met les Tefilin sur ses vêtements ne s’acquitte absolument pas de la Mitsva.
Notre maître le ROSH écrit – dans une Tshouva (règle 3 chap.4) - que l’on apprend l’interdiction de séparation (‘Hatsitsa) vis-à-vis des Tefilin à partir d’un verset qui dit : « Ce sera pour toi un signe sur ton bras… ».
Cela signifie qu’aucune séparation ne devra exister entre les Tefilin et ton bras, et de même pour les Tefilin e la tête. Il cite d’autres arguments pour justifier ce Din.
Cependant, il y a matière à débattre afin de définir si l’interdiction de séparation concerne tous les endroits recouverts par les lanières des Tefilin, ou bien seulement l’endroit où le « cube » (Baït du bras et de la tête où sont conservés les parchemins) des Tefilin est placé (à la tête et au bras) et non là où se trouvent les lanières, et selon cela, il n’y aurait absolument pas d’interdiction de séparation là où se trouvent les lanières.
En effet, notre maître le RASHBA écrit - dans une Tshouva (tome 1 chap.927) - qu’il n’y a d’interdiction de séparation uniquement là où se trouve le Baït, mais là où se trouvent les lanières, il n’y a pas d’interdiction de séparation.
Cependant, il conclut ses propos en disant qu’il n’écrit ces propos que du point de vue théorique uniquement, mais du point de vue pratique, il faut respecter l’usage selon lequel on fait attention à ce qu’il n’y ait pas de séparation même là où se trouvent les lanières.
Le RAMA dans ses notes sur le Shoul’han ‘Arou’h (O.H 27-4) cite les paroles du RASHBA selon lesquels l’interdiction de séparation n’existe que vis-à-vis du Baït des Tefilin, et non vis-à-vis des lanières.
Mais le TAZ (Touré Zahav) ainsi que le MAGUEN AVRAHAM objectent sur les propos du RAMA en rappelant que le RASHBA lui-même ne s’est exprimé sur ce point que du point de vue théorique et non sur le plan pratique puisqu’il a conclut en disant que sur le plan pratique il faut respecter l’usage selon lequel il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de séparation même là où se trouvent les lanières. Comment le RAMA peut-il donc écrire ce Din sur le plan pratique ?
Le MAGUEN AVRAHAM répond lui-même en disant que selon le RAMA, le RASHBA n’a écrit cela que pour celui qui met véritablement les Tefilin sur un vêtement, mais lorsqu’il s’agit d’une légère séparation, comme lorsqu’on a une petite lanière sur le bras, il n’y a pas de crainte de séparation vis-à-vis des Tefilin.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita – dans son livre Shou’t Ye’havé Da’at (tome 3 chap.2) - ajoute à cette réponse le principe écrit par l’auteur du Sédé ‘Hemed (principes des décisionnaires chap. 16 note 46) et cité par de nombreux grands décisionnaires, et selon lequel chaque fois qu’un décisionnaire écrit un Din sur le plan théorique et non sur le plan pratique, ce n’est qu’une marque d’humilité, et en réalité il y a matière à prendre ses propos en considération même sur le plan pratique.
Selon cela, il est certain que l’on peut autoriser d’entourer les lanières des Tefilin autour d’une montre placée sur le bras.
Cependant, le Gaon Rabbi Shneour Zalman de Liady auteur du Tanya écrit - dans son Shoul’han ‘Arou’h (chap.27) que l’interdiction de séparation existe même là où se trouvent les lanières, mais il précise que ceci n’est valable que pour le premier tour de lanière qui est proche de l’endroit où se trouve le Baït des Tefilin.
On peut déduire de ses propos qu’il admet lui aussi les propos du RAMA selon lesquels pour les autres tours des lanières il n’y a pas à craindre lorsqu’il s’agit d’une légère séparation.
Telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Shlomo Kluguer – dans son livre Shou’t Shenot ‘Haïm (section Shou’t STAM chap.54) ainsi que d’autres décisionnaires citant de longs et nombreux arguments.
Quoi qu’il en soit, il est certain que selon la stricte Hala’ha, il n’y a pas matière à craindre une séparation vis-à-vis de la montre placée après les 7 tours sur le bras.
Le Gaon Rabbi Dov Breicsh WYDENFIELD de Tshebin - qui fut l’un des grands Rabbanim de Jérusalem à la précédente génération - écrit dans son livre Shou’t Dovev Mesharim (tome 2 chap.37) qu’il faut s’imposer la rigueur sur ce point.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita raconte que lorsqu’il était jeune, il rencontra le Gaon de Tshebin qui demanda à notre maître pour quelles raisons il considérait – dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer (tome 2 sect. O.H chap.2) - que la montre ne constitue pas une séparation vis-à-vis des Tefilin.
Le Gaon de Tshebin reconnut que lui aussi pensait que la montre ne constituait pas de séparation vis-à-vis des Tefilin mais qu’il avait interdit parce qu’il pensait que la montre était placée en haut au niveau des premiers tours, mais il admet lui aussi que selon le Din on peut autoriser tant que la montre est placée au niveau du poignet après les tours sur le bras.
Par conséquent, du point de vue de la Hala’ha, celui qui s’impose la ‘Houmra (rigueur) de retirer la montre de son bras lorsqu’il met les Tefilin est digne de la Bénédiction. Tel est l’usage personnel de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita.
Cependant, selon le Din, il n’est pas nécessaire de retirer la montre du bras lorsqu’on met les Tefilin, car il n’y a pas d’interdiction de séparation (‘Hatsitsa) à cet endroit précis.
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