Seli’hot sans Minyan
QUESTION
Un homme qui n’a pas la possibilité de réciter les Seli’hot avec la présence du Minyan (10 hommes), ou bien une femme qui désire réciter les Seli’hot mais qui n’a pas la possibilité de se rendre à la synagogue, sont-ils autorisés à réciter les Seli’hot en étant seuls, ou non ?
DECISION DE LA HALA’HA
Il est permis de réciter les Seli’hot sans la présence du Minyan (10 hommes juifs).
Cependant, il y a certains passages – comme les 13 Attributs de la Miséricorde Divine (… Hashem, Hashem, E-l Rah’oum Veh’anoun …qui sont inclus dans le passage de « Vaya’avor ») ou les passages qui sont composés en araméen, comme Ra’hamana, De’ané Le’aniyé, Ma’hé Ou-Massé – qui nécessitent impérativement la présence du Minyan pour être récités.
Par contre, nous pouvons dire les 13 Attributs de la Miséricorde Divine de la façon avec laquelle nous lisons la Torah, c’est à dire avec les Ta’amim (les signes qui indiquent de quelle façon il faut chanter les versets de la Torah).
Le particulier peut également dire le paragraphe de EL MELE’H YOSHEV ‘AL KISSE RA’HAMIM, malgré qu’il y est mentionnée la phrase « ZE’HOR LANOU HAYOM BERIT SHELOSH ‘ESRE – Souviens Toi pour nous aujourd’hui de l’alliance des 13 Attributs de la Miséricorde Divine », alors que le particulier ne dit pas les 13 Attributs de la Miséricorde Divine, comme nous l’avons expliqué.
SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Il est certain que le fait de réciter les Seli’hot en étant seul, sans la présence d’une assemblée de 10 juifs (et qu’on le fait à une heure propice à la récitation des Seli’hot), est aussi considéré comme une bonne chose, car qui est comparable à Hashem, à chaque fois que nous l’implorons, et même une prière dite en étant seul, est écoutée par Hashem. Or, les Seli’hot sont des supplications et des demandes auprès d’Hashem, afin qu’Il nous ramène à Lui dans un repentir sincère, qu’Il nous pardonne nos fautes, et qu’Il renouvelle pour nous une bonne année.
Cependant, il y a quelques passages des Seli’hot qu’une personne ne peut pas dire lorsqu’elle est seule.
En effet, concernant la récitation des 13 Attributs de la Miséricorde Divine (… Hashem, Hashem, E-l Rah’oum Veh’anoun …qui sont inclus dans le passage de « Vaya’avor »), sans la présence d’un Minyan, il existe une Ma’hloket (une divergence d’opinions Hala’hic) parmi les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), et nous allons nous efforcer, avec l’aide d’Hashem, dans tracer les grandes lignes.
Le TOUR (Ora’h ‘Haïm chap.565) rapporte au non de Rabbenou Natan Gaon qu’un particulier ne dit pas les 13 Attributs de la Miséricorde Divine, sans la présence d’un Minyan.
Mais le TOUR écrit ensuite qu’il ne comprend pas pourquoi le particulier n’aurait pas le droit de les dire, puisque – selon le TOUR – les 13 Attributs de la Miséricorde Divine ne sont pas considérées comme « DAVAR SHEBAKDOUSHA » (textes sacrés qui nécessitent la présence d’un Minyan, comme le Kaddish, la Kédousha ou Bare’hou)
Sur place dans le Beit Yossef, MARAN fait effectivement mention de cette opinion de Rabbenou Natan Gaon, rapporté également par Rav ‘Amram Gaon (Seder Rav ‘Amram Gaon Tome 2 chap.59) selon laquelle, un particulier ne dit pas les 13 Attributs de la Miséricorde Divine.
MARAN précise que c’est également l’opinion du RASHBA, puisqu’il écrit dans une Tshouva :
« Il semble logique que si les 13 Attributs de la Miséricorde Divine sont dites en tant que prière et supplication, elles ne doivent pas être dites lorsqu’on est seul, puisqu’elles sont considérées comme DAVAR SHEBAKDOUSHA, comme nous l’apprenons de la Guemara Rosh Hashana (17b) :
Hashem s’est enveloppé d’un Talit, comme un officiant, et a dit à Moshé Rabbenou : « Lorsqu’ Israël exécuteront ce cérémonial devant moi (la récitation des 13 Attributs de la Miséricorde Divine), je leur pardonnerai immédiatement »
Explication : Puisque la Guemara dit « Hashem s’est enveloppé d’un Talit comme un officiant », et puisqu’ Hashem précise les termes « lorsqu ’Israël exécuteront », le RASHBA en déduit qu’elles ne peuvent être dites qu’en présence d’un Minyan.
Hashem a conclu une alliance avec Israël, selon laquelle, chaque fois que les 13 Attributs de la Miséricorde Divine seront récitées, elles ne seront jamais inefficaces.
La force particulière des 13 Attributs de la Miséricorde Divine, réside dans le fait qu’elles sont récitées par une collectivité, qui se réunie, qui implore la pitié d’Hashem, qui dirige son cœur vers Hashem, qui donne la Tsedakka, à ce moment là, Hashem ne les décevra pas.
Par contre - conclu le RASHBA – on peut tout à fait les réciter comme on lirait n’importe quel autre texte de la Torah (en respectant les Ta’amim – les signes liturgiques) »
MARAN cite également l’opinion de Rabbi David ABOUDARHAM qui écrit (page 251) que Rabbenou Yona est du même avis que le TOUR, selon lequel, on peut réciter les 13 Attributs de la Miséricorde Divine, même en tant que prière et supplication, et cela même sans la présence d’un Minyan.
Cependant, MARAN termine en disant que les gens ne se comportent pas ainsi, et lorsqu’il n’y a pas la présence d’un Minyan, ils ne disent pas les 13 Midot de Ra’hamim, en tant que prière et supplication.
Dans le Shoul’han Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.565 parag.5), MARAN tranche selon l’opinion qui interdit de réciter les 13 Midot de Ra’hamim sans la présence d’un Minyan, mais par contre, nous pouvons les dire de la façon avec laquelle nous lisons la Torah, c’est à dire avec les Ta’amim (les signes qui indiquent de quelle façon il faut chanter les versets de la Torah).
Le particulier peut également dire le paragraphe de EL MELE’H YOSHEV ‘AL KISSE RA’HAMIM, malgré qu’il y est mentionnée la phrase « ZE’HOR LANOU HAYOM BERIT SHELOSH ‘ESRE – Souviens Toi pour nous aujourd’hui de l’alliance des 13 Attributs de la Miséricorde Divine », alors que le particulier ne dit pas les 13 Attributs de la Miséricorde Divine, comme nous l’avons expliqué.
Nous pouvons donc conclure que la récitation des 13 Attributs de la Miséricorde Divine mentionnés dans le Seli’hot (comme dans le texte du Tah’anoun quotidien, ou dans les prières de Yom Kippour) est interdite pour une personne qui prie seule. Si elle désire malgré tout les dire, elle peut le faire en respectant les Ta’amé Ha-Mikra, comme une personne qui lit la Torah, et de cette façon, il n’y a pas d’interdit, comme tranche notre maître le ‘HYDA dans son livre Birké Yossef (chap.131 note 6).
Pour les passages des Seli’hot qui sont composés en araméen, comme Ra’hamana, De’ané Le’aniyé, Ma’hé Ou-Massé, ou autre, il est également expliqué dans les Poskim que la personne seule n’est pas autorisée à les dire.
Parmi ces Poskim :
L’auteur du Shibolé Haleket (chap.282) ; l’auteur du Sefer Ha-Tanya (chap.72) ; l’auteur du Yossef Omets (Yozfa) (chap.552) ; l’auteur du Eliya Rabbah ; l’auteur du Maté Efraïm ; l’auteur du Kitsour Shoul’han ‘Arou’h…, par opposition à l’opinion de l’auteur du Kaf Ha-‘Haïm (sur O.H chap.581 note 26) qui autorise la récitation des passages en araméen, même sans Minyan.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita tranche dans son livre ’Hazon Ovadia - Yamim Noraïm (page 11) selon la majorité des Poskim qui interdisent de réciter les passages en araméen sans la présence d’un Minyan.
La raison réside dans le fait que lorsque les Béné Israël sont réunis en assemblée (Minyan), la She’hina (Présence Divine) réside parmi eux, et ils n’ont pas besoin de l’aide des Anges du Service Divin pour que leur prière soit acceptée, mais lorsqu’une personne du peuple d’Israël est seule, la She’hina ne l’accompagne pas, et cette personne a besoin de l’aide des Anges du Service Divin pour que sa prière soit acceptée, comme c’est expliqué dans la Guemara Shabbat (12b).
Or, étant donné que les Anges du Service Divin ne comprennent pas l’araméen, la personne qui se trouve seule ne doit pas exprimer ses demandes personnelles en araméen, mais plutôt utiliser le meilleur moyen dans cette situation, en exprimant ses demandes personnelles en hébreu.
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