Le devoir d’écrire un Sefer Torah
Notre maître le RaMBaM[DP1] écrit (Hala’hot Sefer Torah chap.7, Hala’ha 1) :
« Un commandement positif de la Torah incombe chaque homme du peuple d’Israël d’écrire un Sefer Torah pour lui-même, comme il est dit (dans le livre de Devarim, Parashat Haazinou) : Et maintenant, écrivez pour vous ce chant… (le chant dont il s’agit ici, représente la Torah). »
C’est ainsi que tranchent le TOUR[DP2] et MARAN[DP3] dans le Shoul’han’Arou’h (Yoré De’a chap.270).
Cette Hala’ha prend sa source dans la Gmara Sanhedrin (21b) :
Rava dit : Même si ses parents lui ont laissé un Sefer Torah en héritage, chaque homme a l’obligation d’en écrire un de lui-même, comme il est dit : « Et maintenant, écrivez pour vous ce chant… » (Devarim 31,19).
Or, même si ce verset fait surtout allusion au « chant » de la Parasha de Haazinou, étant donné que nous savons qu’il est interdit d’écrire qu’une seule Parasha du Sefer Torah, car la Torah a été donnée dans son intégralité, il est donc certain que le but de la Torah à travers ce verset, est de nous ordonner d’écrire un Sefer Torah complet.
De ces propos du RaMBaM que nous avons ramené plus haut, le Gaon Rabbi Yehouda ‘AYASH[DP4] z.ts.l, dans son livre Beit Yehouda (Tome 1 – Yoré De’a chap.23) en déduit que si plusieurs personnes s’associent pour acheter un Sefer Torah, ces personnes ne s’acquittent pas de leur obligation, car cette Mitsva incombe « chaque homme du peuple d’Israël », selon les termes exacts employés par le RaMBaM.
C'est-à-dire, puisque la Torah a employé les termes « écrivez pour vous », et nous savons par ailleurs que lorsque la Torah emploie le terme « pour vous », cela indique une obligation individuelle, comme nous le voyons pour le Etrog que nous joignons aux 3 autres espèces que nous réunissons pour la fête de Soukkot, et pour lequel la Torah emploie également le termes de « vous prendrez pour vous », et la Gmara Bava Batra (137b) en déduit qu’il faut que chacun possède son Etrog (ainsi que les 3 autres espèces) pour la fête de Soukkot. De même pour la Mitsva d’écrire un Sefer Torah, l’obligation constitue à ce que chacun possède son propre Sefer Torah.
C’est ainsi que tranchent de nombreux autres Poskim (décisionnaires).
Cependant, l’auteur du livre Shout Ben Avraham (Rabbi Avraham Ben Ya’ish) (Yoré De’a chap.1) écrit que selon l’opinion du ROSH[DP5] (au début des Hala’hot Sefer Torah) qui explique que toute la raison pour laquelle la Torah ordonne d’écrire un Sefer Torah, réside dans le fait que la Torah désire que chacun puisse étudier à travers son Sefer Torah, comme il est dit dans la suite du verset de Haazinou « et enseigne la aux Bné Israël, place la dans leur bouche ».
Par conséquent, de notre époque (selon le ROSH) où nous n’avons pas l’habitude d’étudier dans le Sefer Torah, mais plutôt à travers des livres d’étude, on peut tout à fait s’acquitter de son devoir d’écrire un Sefer Torah, en achetant des livres de Talmud (la Gmara), ainsi que les livres des Poskim.
Notre Maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita ajoute (dans son livre Shout Yabiya’ Omer Tome 8 Yoré De’a chap.36) que de notre époque, celui qui finance l’édition et la publication de livres de Hala’ha, s’acquitte encore mieux de son devoir d’écrire un Sefer Torah.
Selon cela, il en ressort que le véritable but de la Torah en ordonnant que chacun écrive un Sefer Torah, est que chacun étudie avec ses propres moyens, et non pas avec les moyens des autres, ni même avec ce qu’il a hérité de ses parents, comme la Gmara nous l’a précisé.
Même selon l’opinion du RaMBaM et de MARAN qui exigent d’écrire réellement un Sefer Torah (et non comme l’opinion du ROSH qui accepte l’acquisition de livres d’étude), étant donné que nous n’avons pas l’habitude d’étudier dans le Sefer Torah, on peut s’acquitter de son devoir d’écrire ou de faire écrire un Sefer Torah même en association. Lorsque on lit dans le Sefer Torah, chacun des associés prend une part de la Mitsva et s’acquitte de son devoir. Tout ceci étant donné que même si la personne avait acheté un Sefer Torah toute seule, cette personne n’aurait pas plus étudié dedans que si elle l’avait acheter en association.
Notre maître le Rav shalita s’est longuement étendu sur cette question d’acquisition d’un Sefer Torah en association, et il a rapporté l’opinion de nombreux Poskim selon lesquels, on est quitte de son devoir d’acquisition d’un Sefer Torah, même en association avec d’autres personnes. Ces Poskim font une différence entre le Etrog et le Sefer Torah (voir plus haut). En particulier, si on joint à cela l’opinion du ROSH selon lequel, on s’acquitte de son devoir, même en achetant des livres d’étude.
En conclusion
Celui qui n’a pas les possibilités financières de s’acheter un Sefer Torah, peut tout à fait le faire en s’associant à d’autres personnes, comme c’est l’usage dans de nombreuses communautés, où chacun offre une somme d’argent qui contribuera à l’achat d’un Sefer Torah.
Mais celui qui a la possibilité de s’acheter un Sefer Torah de ses propres deniers, il lui incombe le devoir de le faire, et cette personne amènera sur elle-même la Bénédiction.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768
sheelot@free.fr
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[DP1]RaMBaM ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle
[DP2]Tour Rabbenou Yaakov Ben Asher Allemagne, fils du RoSH, Espagne 13ème et 14ème siècle.
[DP3]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h
[DP4]Rabbi Yehouda Ayash Algérie 18ème siècle auteur du Maté Yéhouda entre autres
[DP5]Rosh Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle
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