« Tu jugeras tout individu avec indulgence »
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah
Puisque nous sommes dans la période du ‘Omer, pendant laquelle nous avons l’usage de lire les Pirké Avot (chaque Shabbat) en public – comme tel est l’usage de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita – nous allons donc rapporter quelques notions mentionnées dans les Pirké Avot.
Sources et développement
Il est enseigné dans les Pirké Avot (chap.1 Mishna 6) :
Yehoshoua’ ben Pera’hya dit : « Choisis toi un maître ; acquiert toi un compagnon d’étude ; et juges tout individu avec indulgence. »
Rabbenou Ovadia Mi Bartenoura[DP1] explique :
Il s’agit ici d’une situation où les choses sont équilibrées, qu’il est possible de juger la personne aussi bien de façon positive que de façon négative, et que cette personne n’a pas de réputation particulière, ni dans un sens, ni dans un autre. Dans ces condition, il faut juger la personne avec indulgence, et ne pas soupçonner gratuitement que cette personne agit de façon incorrecte, puisque c’est ainsi que nos ‘Ha’hamim - dans la Gmara Shevou’ot (30a) – commentent le verset « Tu jugeras ton prochain avec droiture », juges ton prochain avec indulgence.
Nos ‘Ha’hamim enseignent aussi dans la Gmara Shabbat (97a) :
Celui qui soupçonne des gens respectables, sera frappé dans son corps, car lorsque Moshé Rabbenou a dit à Hashem : « Ils (les Bné Israël) ne me croiront pas… », Hashem lui dit : « Place ta main dans ta poitrine. Il la plaça dans sa poitrine, puis il la ressortie, et elle était aussi blanche (par la lèpre) que la neige. » Et ce n’est qu’ensuite que sa main redevint normale. Ceci était une punition pour avoir soupçonner des gens respectables, car en définitif, il est dit : « Le peuple crut… ». Hashem aussi lui dit par la suite que les Bné Israël sont des croyants fils de croyants.
Il est donc explicite à travers les propos de Rabbenou Ovadia Mi Bartenoura, que lorsque la personne est réputée comme étant Yéré Shamaïm (craignant Hashem) de façon notoire, il faut juger les actes de cette personnes avec indulgence, même lorsque cela semble invraisemblable.
Il est écrit au sujet de ‘Hanna (la mère du prophète Shemouel) :
« ‘Hanna parlait sur son cœur… »
Nos ‘Ha’hamim expliquent : sur les préoccupations de son cœur.
En effet, elle priait en bougeant les mains, ce qui semblait étrange aux yeux de ‘Eli Ha Cohen. C’est pourquoi, il la soupçonna d’être ivre de vin, et il lui dit :
« Jusqu’à quand vas-tu t’enivrer ! Vas cuver ton vin ! »
‘Hanna lui répondit :
« Non mon seigneur ! Je ne suis qu’une femme dans la détresse, et je n’ai bu aucun vin ni alcool ! »
En réalité, elle voulu lui dire par ces propos :
« Tu n’es pas un seigneur et l’esprit prophétique (Roua’h Hakodesh) ne réside pas sur toi, car tu m’as jugé de façon négative, et non avec indulgence. »
Le GaRa (le Gaon Rabbi Eliyahou de VILNA)[DP2] explique que ‘Eli Ha Cohen consulta les Ourim et Toumim (les 12 pierres précieuses du Pectoral que le Cohen Gadol porte sur sa poitrine) au sujet de cette femme qui se tenait à ses côtés, et la réponse qui sortit des Ourim et Toumim était composée des lettres lumineuses suivantes : « הכשר ».
Or, ‘Eli Ha Cohen pensa qu’il fallait comprendre la réponse dans le sens « שכרה » qui signifie « celle qui est ivre ». Ce fut une erreur de sa part car il fallait assembler les lettres de la réponse de telle sorte que l’on puisse lire « כשרה » qui signifie « celle qui est respectable », car elle était une femme respectable. Ou bien aussi « כשרה », dans le sens « comme Sarah notre matriarche » qui était stérile et qui pria pour avoir un fils.
Mais ‘Eli Ha Cohen interpréta les lettres de la réponse de façon incorrecte, et compris « שכרה ». C’est donc pour cela que ‘Hanna lui répondit : « Tu n’es pas un seigneur et l’esprit prophétique (Roua’h Hakodesh) ne réside pas sur toi… » car pour savoir assembler les lettres de la réponse de façon correcte, celui qui consulte les Ourim et Toumim doit posséder le Roua’h HaKodesh (l’esprit prohétique).
Lorsqu’ Eli HaCohen compris son erreur, il demanda à ‘Hanna de lui pardonner, comme nous l’apprenons d’ici, dans la Gmara Bera’hot (31a) :
Celui qui soupçonne son prochain, doit non seulement lui demander pardon, mais il doit aussi le bénir, comme il est dit : ‘Eli répondit et dit : « Va en paix, et le Dieu d’Israël exaucera le souhait que tu lui as adressé. »
A partir de là, chacun doit apprendre à s’habituer à cette bonne qualité, de juger - son prochain, comme les membres de son foyer – avec indulgence, et ne pas être constamment rigoureux et soupçonneux, mais au contraire, agréable avec les gens, en les jugeant avec indulgence, et en faisant preuve de compréhension envers ses proches et sa famille.
En agissant ainsi, on mérite que même le Ciel nous juge avec indulgence, comme nos ‘Ha’hamim l’enseigne dans la Gmara Shabbat (127b) :
Celui qui juge son prochain avec indulgence, sera lui aussi jugé par le Ciel avec indulgence.
On raconte que Rabbi ‘Akiva loua un jour ses services (en tant qu’ouvrier fixe) chez un homme particulièrement Yeré Shamaïm (qui craignait Hashem), pour une durée de 3 ans.
Cet homme était très riche.
Au bout de 3 années de travail, Rabbi ‘Akiva vint – la veille de la fête - réclamer son salaire.
Il dit à son patron :
« Donne moi mon salaire afin que je puisse rentrer chez moi et nourrir ma femme et mes enfants ».
Le patron lui répondit :
« Je n’ai pas l’argent ».
Rabbi ‘Akiva lui dit :
« Alors donne moi une bête ou des fruits ».
Le patron répondit :
« Je n’en ai pas ».
Rabbi ‘Akiva dit :
« Alors donne moi au moins des coussins ou des couvertures ».
Le patron lui répondit :
« Je n’en ai pas. »
Rabbi ‘Akiva plia ses affaires et rentra chez lui, déçu.
Après la fête, son patron vint lui rendre visite, accompagné de 6 ânes chargés de nourritures, de boissons, de friandises, ainsi que de l’argent correspondant au salaire de Rabbi ‘Akiva.
Après qu’il aient mangés et bus, le patron demanda à Rabbi ‘Akiva :
« Lorsque je t’ai répondu « je n’en ai pas » sur tout ce que tu m’as réclamer, de quoi m’as-tu soupçonné ? »
Rabbi ‘Akiva lui répondit :
« Je ne t’ai pas soupçonné, mais je me suis dit que tu avais certainement dédié tous tes biens au Hekdesh (à Hashem), et que par conséquent, les biens dédiés au Hekdesh sont interdits au profit puisqu’ils ne t’appartiennent plus ».
Le patron jura en lui disant :
« Effectivement, c’est exactement ce qui c’est passé. J’ai dédié tous mes biens au Hekdesh (à Hashem), car mon fils Horkanoss n’a pas étudié la Torah, mais ensuite, j’ai été consulter mes amis qui m’ont délié de mon Neder (mon vœu). Maintenant, sache que de la même façon que tu m’as jugé avec indulgence, ainsi Hashem te jugera avec indulgence ».
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