Dvar Torah sur
Vaykra
La Parasha de Vaykra entame le 3ème livre de la Torah qui porte le même nom.
Le livre de Vaykra traite essentiellement des lois relatives aux divers sacrifices effectués au quotidien dans le Temple.
La ‘Anava (humilité)
« Hashem appela Moshé… » (Vaykra 1-1)
Le mot « Vaykra » - qui est le mot de notre Parasha et du 3ème livre de la Torah - signifie « Il appela ». Dans le Sefer Torah, on remarque qu’il est écrit avec un Alef de plus petite taille que les autres lettres.
Le Ba’al Ha-Tourim explique que Moshé Rabbenou ne voulait pas écrire le mot « ויקרא » (« Vaykra ») mais plutôt « ויקר » (« Vaykar ») qui provient de la racine « מקרה » (« Mikré ») qui signifie « Hasard ». En effet, Moshé Rabbenou – dans sa grande humilité - ne voulait pas avoir la prétention de dire qu’Hashem lui parlait à tout moment, mais seulement de façon « hasardeuse ». Mais Hashem lui ordonna d’écrire le mot « ויקרא » (« Vaykra »), et Moshé Rabbenou l‘écrivit avec un petit Alef (« ויקרא »).
Mais on peut se demander pourquoi la Torah choisit-elle particulièrement la Parasha de Vaykra pour nous donner une allusion à la ‘Anava (humilité) ?
Le Gaon auteur du livre Ben Porat Yossef répond en disant que cette Parasha traite des sacrifices. Or, nos maîtres enseignent dans la Guemara Sota (5b) :
Toute personne qui fait preuve d’humilité, la Torah considère que cette personne a offert tous les sacrifices, comme il est dit dans le livre de Tehilim (51-19) :
« Les sacrifices à Hashem sont représentés par un esprit pénitent, car un cœur brisé et abattu, ô Hashem, tu ne le dédaignes jamais. »
C’est donc pour cette raison que l’allusion à la ‘Anava est donnée dans la Parasha de Vaykra.
Nos maîtres enseignent dans la Guemara Sota (49b) :
Depuis la disparition de Rabbi (Rabbi Yehouda Ha-Nassi, le compilateur de tous les enseignements de la Mishna, que l’on surnomme aussi « Rabbenou Ha-Kaddosh »), la ‘Anava (humilité) a disparue. Rav Yossef fit remarqué : « Il ne faut pas dire que la ‘Anava a disparue car il y a encore moi ! »
On peut s’étonner de la réaction de Rav Yossef.
En effet, y a-t-il plus grande expression d’orgueil que de dire sur soi même que l’on est humble ?!
Mais en réalité, Rav Yossef nous donne ici une très grande leçon en matière de ‘Anava.
Nous savons que Rav Yossef est tombé gravement malade pendant une certaine période de sa vie, au point d’en oublier tout ce qu’il avait étudié. Lorsqu’il guérit, il resta aveugle et ses élèves durent lui réapprendre tout ce qu’il avait étudié.
Y a-t-il plus grande preuve de ‘Anava ?!
Une sommité de la Torah comme Rav Yossef qui accepte le fait de devenir d’une certaine manière l’élève de ses propres élèves, uniquement dans le but de goûter de nouveau à la connaissance de la Torah qu’il a perdue.
Il peut donc largement prétendre être quelqu’un de ‘Anav, et nous montre que la véritable ‘Anava est celle qui exprime la vérité, et non celle dont certaines personnes font preuve stupidement (‘Anava Pessoula ou fausse modestie).
On raconte que le Gaon Rabbi ‘Azriel HOROWITZ z.ts.l – Rav de la ville de Louvlin – rendit visite au Gaon Rabbi Its’hak Ya’akov HOROWITZ z.ts.l, plus connut sous le nom de « ‘Hozé Mi-Louvlin ».
Rabbi ‘Azriel lui dit :
« J’ai entendu que tu admets toi-même ne posséder ni connaissances en Torah, ni bonnes actions. Comment ce fait-il donc que tu adoptes l’attitude d’un Grand Rav à la tête de milliers de ‘Hassidim ? »
Le ‘Hozé Mi-Louvlin lui répondit naïvement :
« Que puis-je faire ?! Ils sont très nombreux à venir me rendre visite ! »
Rabbi ‘Azriel lui dit :
« Ecoute mon conseil : ce Shabbat, lorsque tous tes ‘Hassidim seront réunis autour de ta table, lèves toi et dis leur la vérité. Dis leur que tu n’es qu’une cruche vide de tout contenu, que tu ne possède ni Torah, ni crainte du Ciel, et tu verras qu’ils ne viendront plus te visiter. »
Le Shabbat, le ‘Hozé Mi-Louvlin suivit le conseil de Rabbi ‘Azriel et lorsque tous des centaines de ‘Hassidim se réunirent chez lui, il se leva et déclara avec peine et tristesse :
« Messieurs, je me vois dans l’obligation de vous informer que vous vous trompez grandement à mon sujet car je ne suis qu’un homme insignifiant qui ne possède ni Torah, ni bonnes actions, et vous n’avez rien à apprendre de moi ! »
Les ‘Hassidim entendirent et furent impressionnés de la grande humilité de leur maître. Ses propos se diffusèrent et de près comme de loin, de nombreux ‘Hassidim s’ajoutèrent à ceux du ‘Hozé Mi-Louvlin et ils furent de plus en plus nombreux à venir lui rendre visite et demander sa Bénédiction.
Quelques temps plus tard, Rabbi ‘Azriel rencontra le ‘Hozé Mi-Louvlin et lui demanda s’il avait suivit son conseil. Le ‘Hozé Mi-Louvlin lui répondit :
« Effectivement, j’ai suivit ton conseil, mais j’ai malheureusement obtenu le résultat contraire ! Les gens ont crus que je parlais par humilité et ils sont maintenant encore plus nombreux à me rendre visite ! »
Rabbi ‘Azriel lui dit :
« Les gens sont comme ça ! Ils s’attachent toujours à ceux qui font preuve d’humilité. Mais écoute mon nouveau conseil : ce Shabbat, lorsque tous tes ‘Hassidim seront réunis autour de ta table, lèves toi et dis leur que tu es en réalité l’un des Grands maîtres de cette génération et que ta crainte du Ciel prime sur ta connaissance dans la Torah, et tu verras que cette expression d’orgueil les fera fuir définitivement. »
Le ‘Hozé Mi-Louvlin lui répondit :
« Ca je ne peux pas le faire, car même si je suis quelqu’un d’insignifiant et sans la moindre valeur, je ne suis quand même pas un menteur !! »
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