« Kim’ha De-Pis’ha »
Aider les nécessiteux avant Pessa’h
Cette Hala'ha est dédiée à l’élévation de la Neshama de
Rabbi ‘Hanania ‘Haïm Ben Zohara (Mellul) z’’l
ancien Rav de Casablanca (Maroc)
Le RAMA écrit dans l’une des ses notes sur le Shoul’han ‘Arou’h (O.H 420-1) au début des Hala’hot relatives à Pessa’h:
Il est d’usage d’acheter du blé afin de le distribuer aux nécessiteux pour les besoins de la fête.
Il écrit dans la Torah : « Durant 6 jours tu consommeras des Matsot et le 7ème jour sera un évènement pour Hashem ton D.. Tu ne feras aucun travail…Tu te réjouiras devant Hashem ton D., toi, ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, ainsi que le Levi qui habite parmi toi, et l’étranger ainsi que l’orphelin et la veuve qui sont au milieu de toi, à l’endroit qu’Hashem ton D. choisira pour y faire résider son Nom. » (Devarim chap.16)
Rashi explique au nom du Midrash :
Le Levi, l’étranger, l’orphelin et la veuve, ces 4 sont à moi, comme les 4 qui sont à toi et qui sont ton fils, ta fille, ton serviteur et ta servante. Si tu réjouis les 4 qui sont à moi, je réjouirais les 4 qui sont à toi.
A partir de là, nous prenons conscience que celui qui se souci de réjouir les nécessiteux durant Pessa’h, le Levi (qui ne possédait pas d’argent durant Pessa’h car les Leviim ne possédaient aucun terrain en Erets Israël), l’étranger, l’orphelin et la veuve, pour desquels Hashem se souci et les considère même comme étant « à lui », Hashem récompensera et réjouira les 4 qui sont à ce bienfaiteur. Si par contre, l’homme ne réjouit pas les 4 qui appartiennent à Hashem, Hashem ne se souciera pas de réjouir les 4 qui sont à lui, son fils, sa fille…
C'est pourquoi il est une sainte obligation qui incombe chaque juif de donner de la Tsedaka aux nécessiteux avant la fête de Pessa’h, afin qu’ils aient de quoi acheter le nécessaire pour Pessa’h.
Il existe aujourd’hui – grâce à D. – des organismes de Tsedaka dignes de confiance, et il est possible de leur confier l’argent de Kimh’a De-Pish’a (Tsedaka avant Pessa’h) qu’ils redistribueront aux nécessiteux. De même, il existe des endroits dans lesquels les administrateurs des synagogues collectent des fonds auprès des fidèles, et sont responsables de la redistribution de cet argent aux nécessiteux. Il faut veiller à ne confier l’argent qu’à des organismes dignes de confiance, comme nous l’avons déjà expliqué dans les Hala’hot relatives à la Tsedaka.
Le mois de Nissan est le mois propice à la Rédemption finale du peuple d’Israël, comme l’enseignent nos maîtres dans la Guemara Rosh Ha-Shana (11b) :
« C’est à Nissan que nos ancêtre ont été délivrés, et c’est encore à Nissan que le peuple d’Israël est appellé à être délivré. »
Comme le prophète Mi’ha l’a aussi annoncé (Mi’ha 7-15) :
« Comme lors de ta sortie d’Egypte, je te ferai voir des merveilles ».
le moyen le plus éfficace pour hâter la Gueoula (Rédemption finale) est la Tsedaka, come l’enseigne le Midrash Tana Débé Eliyahou (Seder Eliyahou Rabba chap.23) :
« Nos ancêtres n’ont été délivrés d’Egypte que lorsqu’ils établirent par un pacte de se prodiguer du bien mutuellemnt, comme il est dit dans la Shira (Az Yashir Moshé) :
« Tu guide par ta bonté ce peuple que tu viens de délivrer… » (Shemot 15-13)
La bonté (‘Hessed) entraîne la délivrance.
Il est également dit au sujet de la Rédemption finale :
« Observez le justice et pratiquez la bonté, car ma délivrance est sur le point d’arriver, et ma justice va se dévoiler. » (Isha’ya 56-1)
Il semble approprié de relater un fait qui s’est produit il y a environ 30 ans.
Lorsque notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita habitait la ville de Tel Aviv où il occupait les fonctions de Grand Rabbin, la situation financière était très difficile, et de nombreux habitants de la ville, en particulier des Talmidé ‘Ha’hamim (érudits dans la Torah) qui étudient la Torah, voyaient leurs situations financières au plus mal, et ils n’avaient pas suffisamment d’argent pour acheter – pour eux comme pour leurs familles - tout le nécessaire pour la fête.
Ces Talmidé ‘Ha’hamim étudiaient à la Yeshiva Torah Ve-Horaa qui était dirigée par le Gaon Rav Eliyahou SARIM z’’tsl. Celui-ci, voyant la situation difficile que traversaient les étudiants de sa Yeshiva, il consulta notre maître le Rav Shalita, afin qu’il joue de son influence auprès des notables de la ville afin qu’ils offrent de l’argent aux étudiants de la Yeshiva.
Notre maître le Rav Shalita convoqua les notables de la ville en les persuadant de donner pour le prestige de la Torah. En effet, plusieurs des notables de la ville offrirent de l’argent, pour que l’on puisse acheter tout le nécessaire pour Pessa’h.
Mais voici qu’un habitant de la ville - un commerçant qui possédait un très grand magasin rue ALENBI en ville, un endroit central et propice aux affaires à cette époque - avait lui aussi été convoqué par notre maître le Rav Shalita. L’homme arriva au bureau de notre maître le Rav Shalita, et notre maître le Rav tenta de le persuader comme il avait persuadé les autres notables de la ville, en lui expliquant la situation très difficile des étudiants de la Yeshiva, ainsi que la vie qui était chère. Le Rav lui précisa que les étudiants n’avaient même pas de quoi s’acheter le nécessaire pour la fête, et c’est pourquoi, il le sollicitait lui aussi dans cet objectif.
L’homme répondit immédiatement au Rav que sa situation n’était plus aussi bonne qu’elle ne l’était auparavant, et qu’il avait de nombreux engagements dans différentes affaires, et de ce fait il lui était très difficile de donner pour les étudiants de la Yeshiva. Notre maître le Rav Shalita savait que la situation de cet homme était excellente, et qu’il ne cherchait qu’un prétexte pour se dérober à son devoir sacré. Notre maître lui dit : « Regarde, nos maîtres enseignent dans le Midrash : si tu réjouis les 4 qui sont à moi, je réjouirais les 4 qui sont à toi. Mais si tu ne réjouis pas les 4 qui sont à moi, je ne réjouirais pas les 4 qui sont à toi. C’est pourquoi, j’insiste une nouvelle fois auprès de toi, afin que tu réjouisses ces nécessiteux pour lesquels Hashem recherche le bien. Par le mérite de cette Mitsva, tu auras toi aussi le mérite de te réjouir durant la fête de Pessa’h. »
Mais ces paroles restèrent inefficaces et ce riche resta dans sa position et continua à prétexter que sa situation était présentement difficile et qu’il n’était pas disposé à aider le Rav d’une quelconque façon. Le Rav – voyant que ses propos tombaient dans des oreilles sourdes – libéra le riche en lui souhaitant « Hatslah’a Ve-Kol Touv ».
Immédiatement après la fête de Pessa’h, le téléphone sonna au domicile du Rav Shaita. A l’autre bout du fil, l’homme riche qui avait refusé d’aider la Yeshiva avant Pessah’. Le Rav lui demanda ce qu’il désira, et l’autre lui répondit qu’il désirait ncontrer le Rav de toute urgence. Le Rav accepta et lui fixa immédiatement à son bureaut. L’homme arriva au bureau du Rav et l’on pouvait reconnaître à travers son visage qu’il était en état de choc et de déprime. Le Rav lui demanda :
« Qu’est-il arrivé pour que tu désires me rencontrer si rapidement ? »
Immédiatement, le riche commença à raconter au Rav en pleurant :
« Le Rav se souvient sûrement que quelques jours avant la fête, il m’a convoqué et m’a sollicité afin de donner de la Tsedaka pour les étudiants de la Yeshiva. »
Le Rav répondit : « Je m’en souviens. »
L’homme dit :
« Le Rav se souvient-il aussi qu’il m’a cité l’enseignement du Midrash : Si tu réjouis les 4 qui sont à moi, je réjouis les 4 qui sont à toi, mais sinon, je ne réjouirais pas les 4 qui sont à toi ? »
Le Rav lui répondit :
« Je m’en souviens. »
Le riche dit :
« Au moment où le Rav m’a dit ces propos, j’ai ri en moi et je me suis dis : je possède une grosse fortune et je mène une vie paisible. Mes enfants me respectent énormément. Ma femme vit en paix avec moi. C’est pourquoi il me semble évident que ma joie ne fera qu’augmenter durant la fête qui approche. Que peut vouloir le Rav en me disant : si tu ne réjouis pas les 4 qui sont à moi, je ne réjouirais pas les 4 qui sont à toi ?! Ainsi, je suis rentré chez moi heureux de tout le bien que je possède et pour le fait d’avoir réussi à me dérober à ce que le Rav voulait m’imposer.
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