Question
Est il permis selon la Hala’ha de souscrire à une Assurance Vie ?
L’origine de cette question réside dans le fait que nous avons la Emouna (la Foi) en Hashem qui nourrit et subvient aux besoins de toutes Ses créatures. Il y a donc lieu de débattre sur le fait de souscrire à une Assurance Vie, car « il n’y a pas d’obstacle devant la délivrance d’Hashem », et il est certain que l’homme se doit de placer sa confiance en Hashem, qui subviendra aux besoins de tous ses héritiers après lui. S’il était décrété par le Ciel sur les descendants, qu’ils doivent vivrent dans la misère, aucune Assurance Vie ne pourrait y changer quelque chose, car il est même probable qu’ils perdraient tout l’argent de cet héritage. C’est pour cela qu’à priori, il n’y a pas de sens à souscrire à une telle assurance.
Qui plus est, cela peut être assimilé à un manque de Bita’hon (confiance en Hashem).
De plus, le fait de souscrire à une Assurance Vie, dans laquelle sont exprimés des termes pouvant entraîner des malheurs sur la personne, par exemple, « Si Mr, Mme ________ meurt, nous paierons telle somme à ses héritiers ». Des telles expressions représentent ce que l’on appelle « Ouvrir sa bouche au Satan » (Al Tifta’h Pé LaSatan), car dire (ou signer) des paroles de mauvais augure, peut entraîner leur réalisation immédiate.
Cependant, nous avons expliqué dans la Hala’ha précédente, au sujet de la Hishtadlout (l’effort personnel de l’homme) pour la Parnassa (la subsistance matérielle), que la volonté d’Hashem est que le monde soit géré et dirigé, de façon générale, par le naturel. Il n’est pas tellement fréquent qu’Hashem accomplisse des miracles dévoilés pour diriger le monde. Et même quand c’est le cas, pour de très grands Tsadikim (justes) qui le méritent, Il ne le fait que pour une grande nécessité. Et bien qu’il soit enseigné dans la Gmara Sota (48b) que l’attitude des gens pieux (Hassidim selon la définition du Talmud) est de ne jamais se soucier du lendemain, et qu’ils ne se fatiguent que pour obtenir le subsistance du jour, mais pour ce qui est du lendemain, ils placent toute leur confiance en Hahsem qui leur procurera tout ce dont ils ont besoin. Nous avons expliqué cette Gmara selon le MaHaRSHA (Rabbi Shmouel Eli’ezer EIDLEISS Autriche 17ème siècle), qui précise que cet enseignement ne concerne qu’une élite d’individus, très élevés dans la Torah, et qui, du fait de leur niveau, n’ont plus le droit de s’interroger sur le lendemain. Mais pour ce qui est de la généralité des individus, il est tout à fait permis de se soucier même d’un argent dont on n’a pas besoin aujourd’hui, à la seule condition de garder à l’esprit que ce n’est pas notre Hishtadlout pour aller gagner cet argent, qui nous le fait obtenir, mais que seule la décision d’Hashem définie le fait que nous l’obtiendrons. Il est strictement interdit de considérer que c’est notre effort personnel qui nous fait parvenir jusqu’aux objectifs.
C’est d’ailleurs ce qu’écrit le Meïri (Rabbenou Mena’hem Ben Shlomo HaMeïri France 13ème et 14ème siècle), dans son commentaire sur Mishlé (chap.19 verset 21), que l’homme doit placer sa confiance en Hashem dans tout ce qu’il entreprend, sans s’appuyer sur son effort ou ses capacités au point de croire que c’est sa force et ses efforts qui l’ont fait parvenir jusqu’à là. Bien au contraire, même s’il doit aussi être actif (il doit fournir un effort personnel pour obtenir sa Parnassa), il doit placer sa confiance en Hashem. Mais il ne doit pas aller non plus à l’autre extrême, au point de placer toute sa confiance en Hashem, sans fournir d’effort personnel, car dans tous les domaines, l’empressement est digne de louanges, et la passivité est détestable. Seulement, avec son effort personnel, l’homme doit placer sa confiance en Hashem et doit faire dépendre sa réussite de Lui. Comme il est dit : « De peur que tu dises : C’est ma force et la puissance de mon bras qui me donnent la possibilité de me battre. Tu te souviendras que c’est Hahsem ton D. qui te donne la force pour te battre … » (Dvarim).
Par conséquent, notre maître, le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit que celui qui souscrit à une police d’Assurance Vie, ne transgresse aucun interdit, puisqu’en définitif, il croit au fait que c’est Hashem qui gère et dirige les choses, et que son action ne s’inscrit que dans le cadre de l’effort personnel que l’on investit de la même manière dans nos affaires liées à la Parnassa.
C’est ainsi qu’il est expliqué par les Tossafot (Gendres et petits enfants de RaSHI, et commentateurs et décisionnaires en France et en Allemagne 11ème et 12ème siècle) sur la Gmara Bava Kama (70b), au nom de Rabbenou Tam. Les Tossafot débattent sur l’interdit de prêter de l’argent à un juif avec intérêt. Ils font remarquer que si l’on prête de l’argent à un non juif, il est permis de prendre un intérêt, mais que nos ‘Ha’hamim nous l’ont interdis, de peur de s’habituer à cela, et d’en arriver à le faire même avec un juif. Sur cela, les Tossafot écrivent, que de notre époque (l’époque des Tossafot, le moyen âge), il est totalement permis de prêter de l’argent avec intérêt à un non juif, puisque nous vivons parmi eux, et que nous n’avons pas la possibilité de nous nourrir autrement que par le commerce et les affaires avec les non juifs. En particulier, avec les impôts et taxes très élevés que nous devons payer au roi, ainsi qu’aux princes. C’est pour cela que les Tossafot tranchent que dans de telles situations, il est permis de prêter de l’argent à un non juif, même avec intérêt.
Le Tour (Rabbenou Yaakov Ben Asher Allemagne Espagne 13ème et 14ème siècle), ainsi que Maran (Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yosef et du Shoul’han Arou’h) dans le Shoul’han Arou’h (Yoré Dea chap. 159) tranchent également cette Hala’ha.
Nous pouvons déduire de leurs propos qu’il n’y a pas lieu de craindre à un manque de Bita’hon en Hashem, puisqu’ils ont permis, par difficulté, de prêter de l’argent avec intérêt à un non juif, afin de pouvoir se nourrir, sans pour autant trancher que l’homme doit espérer la délivrance d’Hashem, sans passer par des moyens naturels pour se nourrir. Tout effort personnel, dans tous les domaines matériels d l’homme, est souhaité par Hashem, et parmi ces efforts, est incluse même la souscription à une Assurance Vie.
C’est également ainsi que tranchent d’autres grands Poskim (décisionnaires) de ces dernières générations.
Parmi eux, le Shou’t LE’HEM SHELOMO, qui fut aussi consulté sur le fait que la souscription à une Assurance Vie peut entraîner une PETI’HAT PE LASSATAN (la prononciation de paroles de mauvais augure, qui peut provoquer leur réalisation), et il répondit qu’il n’y avait aucune crainte à avoir, puisque le RIBASH (Rabbi Ist’hak Bar Sheshat Espagne – Algérie 15ème siècle) écrit (chap.114) qu’il est permis à un homme, même en bonne santé, de préparer sa tombe, ainsi que ses linceuls, même de son vivant, preuve en est faite à partir de la Gmara.
Le Le’hem Shelomo ajoute que son oncle, le Gaon Rabbi Naftali z.ts.l, avait lui-même souscrit à une Assurance Vie, et que s’il y avait le moindre interdit, il ne l’aurait jamais fait.
Conclusion
Il est permis de souscrire à une Assurance Vie, à la condition que tout soit fait selon la Hala’ha (avec l’assistance d’un véritable Talmid ‘Ha’ham), sur les fondements de notre Torah, dont les chemins sont agréables, et les voies ne sont que paix.
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