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le Rav Ovadia YOSSEF Shalita.

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mercredi 20 juin 2007

Le bleu azur dans le Tsitsit, de notre époque.

Question

Certains hommes portent un Talit Katan (Tsitsit) doté d’un fils de couleur bleu azur (Pétil Te’helet) à chacun des 4 coins. Est il nécessaire d’adopter cet usage de notre époque ?

Il est écrit dans la Torah : « Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations, et d'ajouter à la frange de chaque coin un cordon d'azur ». (Bamidbar 15)

C'est-à-dire, qu’un seul fils parmi les fils du Tsitsit de chaque coin, doit être de couleur azur.

Il est enseigné dans la Tossefta (Mena’hot chap.9 Hala’ha 6) : Le Te’helet (la couleur bleu azur du Tsitsit) n’est valable que si elle provient du ‘Hilazon.

Le ’Hilazon est une espèce animale maritime de laquelle on produisait cette couleur.

C’est pour cela que les Poskim (décisionnaires) tranchent que sur le plan pratique, aucune autre couleur n’est valable, excepté celle qui est produite à partir du ‘Hilazon. Cette décision est l’aboutissement de diverses explications qu’il nous serait difficile de détailler dans cette rubrique.

Après la destruction du 1er Beit Hamikdash (Temple de Jérusalem), le général babylonien Nevouzaradan exila la majeure partie des juifs d’Erets Israël. Il est écrit à ce sujet, dans Irmiya (52) « Le Général Nebouzaradan, ne laissa dans le pays que des gens de la classe inférieure comme vignerons et laboureurs ».

C'est-à-dire, que même après la destruction du Beit Hamikdash, il restait encore en Erets Israël quelques vignerons et quelques laboureurs.

La Gmara Shabbat (26a) explique qu’en fait, ces « laboureurs » ne sont autres que les pêcheurs de ‘Hilazon. Le général Nevouzaradan les avait volontairement maintenu en Erets Israël, afin qu’ils fournissent du bleu azur au Roi Nevou’hadnetsa’h (Nabukodonozor) de Babylonie, pour la confection de ses vêtements royaux.

Nous constatons que bien après la destruction du 1er Beit Hamikdash (en l’an 70 avant l’ère vulgaire), il existait encore du Te’helet (couleur bleu azur) en Israël.

Seulement après cette époque qui suivit la destruction du 1er Beit Hamikdash, le Te’helet disparu, comme c’est expliqué dans divers endroits des enseignements de nos maîtres.

Les Guéonim (la période qui suit celle du Talmud), qui ont expliquer de façon détailler toutes les Mitsvot de la Torah, ne font absolument pas mention de la Mitsva du Te’helet dans le Tsitsit, car le Te’helet avait déjà disparu de leur époque.

Et bien qu’il soit probable que le ‘Hilazon soit un animal qui existe encore de notre époque, le RaDBaZ (Rabbi David Ben Zimra, Egypte – Israël 16ème siècle) écrit : « Puisque le ‘Hilazon est une espèce animale maritime très rare, qui n’apparaissait qu’une fois par 70 ans, nous ne le connaissons pas, et par conséquent, cette Mitsva a disparu ».

Selon l’opinion de notre maître le Ha ARI zal (Rabbi Its’hak LOURIA – ASHKENAZI, Israël 16ème siècle), il n’y a pas de sens à la Mitsva du Te’helet dans le Tsitsit, tant que nous nous trouvons en exil (tant que le Beit Hamikdash n’est pas reconstruit). Il explique ses propos par des arguments Kabbalistiques (mystiques).

Dans le Midrash Rabba (sur Bamidbar), il est enseigné que de notre époque, la véritable couleur Te’helet est cachée.

Cependant, dans une Baraïta de Mena’hot (44a), il est enseigné : « La couleur de ce ‘Hilazon ressemble à celle de la mer, sa chaire est tendre, et il se déplace dans la mer au moyen de ses nageoires, comme un poisson ».

De même, nous trouvons dans d’autres enseignements de nos maîtres, des détails qui nous permettent d’identifier le ‘Hilazon.

Ce qui entraîna qu’en 5647 (1888), le Gaon Rabbi Guershon ‘Hano’h de Rozzin (Europe de l’est) publia son livre SEFOUNE TEMOUNE ‘HOL, dans lequel il prétend avoir trouvé le ‘Hilazon qui produit la couleur Te’helet, et cela après de longues recherches très approfondies. Il prétend également qu’il est probable que même le RaMBaM (ou Maïmonide Rabbi Moshé Ben Maïmon Espagne – Egypte 12ème siècle) possédait ce ‘Hilazon, puisque le RaMBaM écrit : « …son sang est de couleur noir ». Or - fait remarquer le Gaon de Rozzin – comment le RaMBaM peut il affirmer cela s’il n’en possédait pas.

Et effectivement, les ‘Hassidim de Rozzin, jusqu’à aujourd’hui, colorent leur Petil Te’helet (le plus grand des fils aux 4 coins de leur Talit) avec cette couleur produite par ce poisson.

Mais en réalité, de nombreux et illustres Poskim n’ont pas accepté les propos du Gaon de Rozzin, et ont même repoussé totalement toutes ses preuves. Quelques années après le Gaon de Rozzin, d’autres chercheurs se sont levé et ont trouvé un poisson qui correspondait d’avantage à la définition de nos maîtres sur le ‘Hilazon, mais leurs arguments n’étaient pas non plus probants.

Au point où la grande majorité des Grands d’Israël ne prennent pas du tout en considération ces choses là, et cela, même à titre de doute (car s’il y avait un doute, nous aurions du accepté la décision Hala’hic du Gaon de Rozzin, car la Mitsva de Tsitsit est ordonnée par la Torah).

Le Gaon Rabbi Its’hak Halevi HERTZOG z.ts.l, qui, en plus d’avoir été un Gaon dans la Torah, était aussi doté de très grandes connaissances scientifiques, a lui aussi repoussé les propos du Gaon de Rozzin, et a conclu que le ‘Hilazon correspond à une espèce animale totalement différente de celle trouvée par le Gaon de Rozzin.

C’est pour cela qu’il n’y a aucune raison à s’imposer une rigueur sur une chose qui n’est que le fruit d’une opinion repoussée, puisque les Grands des générations n’ont pas pris en considération cette opinion.

Le Gaon Rabbi Its’hak YOSSEF shalita fait remarquer que parmi tous les grands Rabbanim Séfaradim de la génération précédente, nous n’en trouvons aucun qui s’est imposé cette ‘Houmra (cette rigueur). De même nous savons que les Grands du monde Ashkénaz des dernières générations, n’ont pas non plus attaché d’importance à cette opinion.

Il faut retenir une idée générale de tout cela :

Nous avons le devoir de nous attacher aux comportements et attitudes des Grands de la Génération, et non pas de décider de façon anarchique, quelle attitude adopter !!

Que savons nous, que les Grands ne savent pas !!!!

Pour conclure, nous souhaitons rappeler une anecdote avec le Gaon ‘Hazon Ish (décédé dans les années 50).

Un jour, un Talmid ‘Ha’ham (érudit dans la Torah) demanda au ‘Hazon Ish : « Pourquoi on ne porterai pas ce Te’helet (cette couleur azur discutée dans cette Hala’ha) ? Après tout, même si cela ne sert à rien, cela ne dérange pas ? » Le Rav lui répondit : « Dans la ville de Vilna (Lituanie), il y avait un homme qui soufrai de troubles de la vue, mais n’avait pas assez d’argent pour se payer des verres pour ses lunettes. Que fit il ? Il adapta de simples morceaux de verres de fenêtre à ses lunettes, et marchai avec. Lorsque les gens se rendirent compte de cela, ils lui demandèrent qu’est ce qu’il gagne avec cela, puisque de simples morceaux de verre de fenêtre ne modifient en rien sa vue ?! Et l’homme répondit : « De toute façon, si cela ne sert à rien, cela ne dérange pas … ».

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