Les traditions de la fête de Shavou’ot
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi qu’à la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita).
Question
Quelles sont les traditions spécifiques à la fête de Shavou’ot ?
Décision de la Hala’ha
Nous avons la tradition de disposer des herbes dans la synagogue et dans les maisons, en souvenir de la joie du Don de la Torah.
De même, nous avons la tradition de disposer des branches d’arbres dans la synagogue et dans les maisons.
Nous avons aussi la tradition de consommer des plats lactés le jour de la fête de Shavou’ot, pour diverses raisons (voir les « sources et développement »).
Puisque selon la Hala’ha il est interdit de consommer des plats lactés après avoir consommer de la viande, sans avoir attendu au préalable 6 heures de temps, c’est pourquoi, notre tradition est de consommer d’abord les plats lactés, et après s’être nettoyer et rincer la bouche (en mangeant un morceau de pain ou autre, et en buvant une boisson), on mange les plats de viande.
Il y a une Mitsva de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov, afin d’accomplir la Mitsva de Sim’hat Ha’hag (se réjouir lors de la fête)
De même, il faut également boire du vin en l’honneur de la joie de la fête.
Remarque importante
Nous pouvons constater que l’obligation de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov (selon certains Rishonim comme le RaMBaM entre autres, cette obligation représente une Mitsva positive de la Torah elle-même), ne fait pas de distinction entre Shavou’ot et les autres jours de Yom Tov.
Un simple Minhag de consommer des plats lactés ce jour là, ne peut avoir de poids significatif devant une totale obligation de consommer de la viande un jour de Yom Tov.
Ceci afin vient simplement rappeler à certaines personnes qui – sous couvert de Minhag – s’autorisent à ne cuisiner pour Shavou’ot uniquement des plats lactés, en occultant totalement l’obligation de consommer de la viande ce jour là. Une telle attitude est totalement proscrite selon la Hala’ha, et reflète d’une totale ignorance.
Selon certains Poskim (décisionnaires), il faut attendre la tombée de la nuit, pour réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot, mais selon d’autres, il n’est pas nécessaire d’attendre, et l’on peut tout à fait réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot même avant la nuit.
Dans les pays où – même à cette époque de l’année – la nuit ne tombe pas trop tard (comme en Israël), il est convenable de prendre en considération l’opinion des Poskim selon lesquels, il faut attendre la tombée de la nuit pour réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot.
Mais par contre, les pays où - à cette époque de l’année – la nuit tombe tardivement (comme les pays d’Europe), il n’est pas nécessaire d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush de Shavou’ot. Dans la mesure du possible, il sera suffisant d’attendre la Shki’a (le couché du soleil). Dans ce cas, il est bon de consommer de nouveau un Kazaït de pain (27 g) à la nuit tombée.
Cette ‘Houmra (rigueur) de ne réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot que lorsque la nuit est tombée, ne concerne que le Kiddoush et non la prière de ‘Arvit. Il est donc tout à fait permis de prier ‘Arvit du soir de Shavou’ot, même lorsqu’il fait encore jour.
Il faut aussi réjouir les femmes en leur achetant de beaux vêtements ou de beaux bijoux ou autre.
Il faut réjouir les enfants avec des friandises diverses.
Sources et développement
Il est rapporté dans la Gmara Betsa (15b) :
Rabbi Yehoshoua’ dit : la Mitsva de la journée du Yom Tov se partage en 2 moitiés : une moitié consacrée pour Hashem, et l’autre moitié consacrée pour vous.
C'est-à-dire, qu’il faut partager le temps du Yom Tov en 2 parties : une partie consacrée à la nourriture et autres, qui font parties de la Sim’ha (la joie de Yom Tov) de Yom Tov, et l’autre partie consacrée à l’étude de la Torah et à la prière.
C’est ainsi que tranche le RaMBaM (chap.6 des Hala’hot Yom Tov).
Le RaMA[DP1] écrit (dans une note sur le Shoul’han ‘Arou’h O.H chap.494 parag.3) :
Nous avons la tradition de disposer des herbes dans la synagogue et dans les maisons, en souvenir de la joie du Don de la Torah.
De nombreux de nos maîtres les A’haronim (décisionnaires de l’époque du 16ème siècle jusqu’à nos jours) apportent des fondements à cette tradition, qui rappelle également ce qui est enseigné dans la Gmara Shabbat (88b) :
A chaque parole qui sortait de la bouche d’Hashem (lors du Don de la Torah), le monde se remplissait d’un parfum de plantes, comme il est dit : « …Ses lèvres sont comme des roses desquelles se dégagent une myrrhe passante »
De même, nous avons la tradition de disposer des branches d’arbres dans la synagogue et dans les maisons, en allusion à l’enseignement de nos maîtres dans la Gmara Rosh Hashana (16a) : A Shavou’ot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre.
Cependant, l’auteur du ‘Hayé Adam[DP2] rapporte que le Gaon Rabbi Eliyahou de Vilna (le Gaon de Vilna)[DP3] fit annuler cette tradition de décorer les synagogues et les maisons d’herbes et de branchages, car aujourd’hui les Goïm – eux aussi – ont la tradition de disposer des branches d’arbres lors de leurs fêtes.
Mais notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit que le Gaon de Vilna fit annulé cette tradition car selon son opinion Hala’hic, l’interdiction de la Torah de Ouv’houkotehem Lo Tele’hou (vous ne marcherez pas selon leurs usages…) est en vigueur de façon systématique sur tout usage non juif.
Mais selon l’opinion Hala’hic du MaHaRY KOLON (Morenou Harav Rabbi Yossef KOLON)[DP4], ainsi que de nombreux autres Poskim, cette interdiction n’est en vigueur que lorsqu’il s’agit d’un usage que les non juifs adoptent comme un ‘Hok – une loi irrationnelle, sans raison – (dans ce cas, il est à craindre la transgression de Darké Ha Emori, ainsi que la transgression d’une forme d’idolâtrie), ou bien lorsqu’il s’agit d’un usage de débauche, adopté par les non juifs.
Mais lorsqu’il s’agit d’un usage qui possède une raison différente, comme la tenue vestimentaire que portent les médecins non juifs, afin que l’on puisse comprendre qu’ils sont médecins, il n’y a aucun interdit à adopter ce genre d’usage.
C’est pourquoi, il faut maintenir cette tradition, car la tradition du peuple d’Israël a force de loi (lorsque cette tradition est fondée).
En particulier, lorsqu’on prend en considération le fait que cette tradition est très ancienne, puisqu’elle est déjà mentionnée dans les enseignements de nos maîtres du Talmud.
Le RaMA écrit aussi que nous avons la tradition – dans de nombreuses contrées – de consommer des plats lactés le jour de la fête de Shavou’ot.
Les A’haronim ajoutent que certains ont la tradition de consommer également du miel et du lait, par allusion au Don de notre Torah qui est comparée au miel et au lait.
Certains donnent une raison différente à la tradition de consommer des plats lactés lors de la fête d Shavou’ot.
En effet, à travers les 10 Commandements, ont été dévoilées à nos ancêtres toutes les parties de la Torah et de ses Mitsvot, comme l’écrit Rav Sa’adya GAON[DP5], que les 10 Commandements contiennent en eux toutes les Mitsvot de la Torah.
Or, lorsqu’ils sont descendus de la montagne pour retourner chez eux après le Don de la Torah, ils n’ont rien trouvé à manger, excepté des aliments lactés.
En effet, la viande nécessite une longue préparation, car il faut procéder à la She’hita (l’abattage rituel) avec un couteau qui possède une lame sans le moindre défaut, tel que l’ordonne Hashem, ainsi que la dénervation du nerf sciatique (Gid Hanashé) et le retranchement des graisses interdites (‘Helev), ainsi que le salage et le rinçage de la viande, et de nombreuses autres détails liés à la Casheroute des aliments.
C’est pourquoi, ils eurent recours aux plats lactés, et c’est à cela que nous faisons allusion.
D’autres explications ont été dites au sujet de cette tradition.
Puisque selon la Hala’ha il est interdit de consommer des plats lactés après avoir consommer de la viande, sans avoir attendu au préalable 6 heures de temps, c’est pourquoi, notre tradition est de consommer d’abord les plats lactés, et après s’être nettoyer et rincer la bouche (en mangeant un morceau de pain ou autre, et en buvant une boisson), on mange les plats de viande.
Il y a une Mitsva de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov, afin d’accomplir la Mitsva de Sim’hat Ha’hag (se réjouir lors de la fête), comme l’enseigne la Gmara ‘Haguiga (8b) : il n’y a de joie que lorsqu’on consomme de la viande de bétail. De même, il faut également boire du vin en l’honneur de la joie de la fête.
Remarque importante
Nous pouvons constater que l’obligation de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov (selon certains Rishonim comme le RaMBaN entre autres, cette obligation représente une Mitsva positive de la Torah elle-même), ne fait pas de distinction entre Shavou’ot et les autres jours de Yom Tov.
Un simple Minhag de consommer des plats lactés ce jour là, ne peut avoir de poids significatif devant une totale obligation de consommer de la viande un jour de Yom Tov.
Ceci afin vient simplement rappeler à certaines personnes qui – sous couvert de Minhag – s’autorisent à ne cuisiner pour Shavou’ot uniquement des plats lactés, en occultant totalement l’obligation de consommer de la viande ce jour là. Une telle attitude est totalement proscrite selon la Hala’ha, et reflète d’une totale ignorance.
Certains Poskim (décisionnaires) - comme l’auteur du Mass’at Binyamin[DP6] (dans les ‘Hidoushé Dinim à la fin du livre, section O.’H chap.4)- rapporté également par le TaZ[DP7] (O’H chap.494, note 1) (le Touré Zahav, écrit par le Gaon Rabbi David Ben Rabbi Shemouel Ha Levi, qui fut Av Beit Din en Autriche, il y a environs 300 ans. Rabbi Shaoul NATANZON – l’auteur du Shou’t Shoel Oumeshiv[DP8] – a raconté qu’un jour, il arriva un fait qui entraîna l’exhumation de l’auteur du TaZ, et lorsqu’on ouvrit la tombe, on trouva son corps en parfait état. Il ressemblait à un Ange d’Hashem.) – écrivent que puisque la Torah stipule que la fête de Shavou’ot arrive après « 7 semaines pleines » (Temimot), et puisque la notion de Temimot (pleines) implique des jours entiers, on ne peut donc réciter le Kiddoush du soir de Shavou’ot que lorsque s’achève le 49ème jour du ‘Omer. C’est pourquoi – selon cet avis – on ne peut réciter le Kiddoush le soir de Shavou’ot uniquement à partir de la tombée de la nuit.
Mais d’autres Poskim contestent cette opinion, et pensent qu’il est permis de réciter Kiddoush dés le couché du soleil (la Shki’a).
Parmi ces poskim :
Le Gaon Rabbi Yossef YOZFA[DP9] dans son livre Yossef Omets (chap.850, page 187), où il argumente en disant qu’il serait très difficile d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush (en particulier en Europe où il résidait), et ensuite de se consacrer au programme d’étude qui se déroule durant toute la nuit de Shavou’ot.
Ou encore le Gaon Rabbi Efraïm LANYADO dans son livre Shou’t Deguel Ma’hané Efraïm (section O.’H chap.3), où il réfute les propos du Mass’at Binyamin grâce aux arguments des Tossafot[DP10] et du ROSH[DP11] sur la Gmara Pessa’him (99b) qui prouvent qu’il n’y a uniquement à Pessa’h où il est impératif d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush.
Il y a aussi le Gaon Ya’bets (Rabbi Ya’akov Ben Tsevi)[DP12] dans son Siddour Beit Ya’akov – cité par le Melamed leho’il (section O.’H chap.108) – qui atteste que cette ‘Houmra d’attendre la nuit pour réciter le Kiddoush de Shavou’ot, est superflue, et qu’il est suffisant d’attendre le couché du Soleil. Tout ceci uniquement en ce qui concerne le kiddoush, car pour ce qui est de la Tefila de ‘Arvit, il est évident qu’il n’y a au aucune nécessité d’attendre.
Sur le plan pratique, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit que même ceux qui veulent s’imposer la ‘Houmra (la rigueur), d’attendre la nuit, ceci ne concerne que le Kidoush, mais par contre, il n’est pas nécessaire de s’imposer cette ‘Houmra pour la prière de ‘Arvit, et l’on peut tout à fait prier ‘Arvit avant le couché du soleil.
Il faut se préserver de toute forme de plaisanterie et de légèreté, car la plaisanterie et la légèreté ne sont pas de la joie mais de la débauche, et nous n’avons été ordonné que sur la joie qui mène vers le Service du Créateur.
Nous devons seulement nous réjouir le jour de Yom Tov par des moyens permis, comme chanter uniquement au moyen de la bouche, des louanges à Hashem.
De même, il faut s’efforcer de s’adonner à l’étude de la Torah, le jour de Shavou’ot.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit qu’il est juste d’étudier le Sefer Ha Mitsvot du RaMBaM, le jour de Shavou’ot, et il est bon de lire le Tehilim ce jour là, car le décès de notre maître le roi David, eu lieu le jour de la fête de Shavou’ot.
Une personne qui ne peut pas accomplir la joie de la fête avec de la viande de bétail – pour des raisons de santé ou de Casherout – accomplira la Mitsva avec de la viande de volaille.
Lorsque nous disons qu’il n’y a de joie que lorsqu’on consomme de la viande et du vin, cela ne concerne que les hommes, car il faut aussi réjouir les femmes en leur achetant de beaux vêtements ou de beaux bijoux ou autre.
Il faut réjouir les enfants avec des friandises diverses.
Il est dit dans la Torah (Devarim 16)
« Tu te réjouiras, lors de Ta fête. Toi, ainsi que ton fils, ta fille, ainsi que le Levi et l’étranger, l’orphelin et la veuve qui seront au sein de toi… »
C’est pourquoi, nous avons le devoir de réjouir pendant la fête, les pauvres, les veuves ainsi que les orphelins, et ceci représente une sainte obligation.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768 sheelot@free.fr
(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)
Pour recevoir la Halaha Yomit chaque jour, ainsi qu’un Dvar Torah le vendredi, par
[DP1]RaMA Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim
[DP2]Hayé Adam Rabbi Avraham DANZTIG Allemagne 19ème siècle
[DP3]GARA le Gaon Rabbi Eliyahou HaCohen de Vilna Lituanie 18ème siècle
[DP5]Gueonim Décisionnaires de la période post talmudique 8ème et 9ème siècle
[DP7]TaZ ou Touré Zahav Rabbi David SEGUEL HaLevi Pologne 17ème siècle
[DP10]Tossafot gendres et petits enfants de RASHI. Commentateurs et décisionnaires de France et d’Allemagne 11ème et 12ème siècle
[DP11]Rosh Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle
[DP12]Ya’BeTS (Le Gaon) Allemagne 18ème siècle. Auteur de nombreux ouvrages de Hala’ha. Fils du ‘Ha’ham Tsevi.
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