QUELQUES REGARDS SUR ‘HOUKAT-BALAK
‘HOUKAT
1. « Playliste de Mitsvot »
Contexte
Hashem ordonne à Moshé et à Aharon le commandement de Para Adouma – La vache rousse.
Cette Mitsva consiste à se procurer une vache totalement rousse, sans la moindre imperfection, et qui n’est jamais porté de poids. On procédait à la Shé’hita – l’abatage rituel de cette vache, puis, elle était complètement brûlée. Les cendres de la vache étaient mélangées à de l’eau du Beit Hamikdash, et toute personne ou objet ayant été au contact ou en présence d’un mort étaient aspergés de ce mélange, et retrouvaient leur statut de purs.
Ce qui fait du commandement de Para Adouma, une ‘Houka – une loi irrationnelle, c’est que justement, celui qui aspergeait les personnes ou objets afin de les rendre purs devenait lui-même impur. Il devait lui-même suivre un nouveau processus de purification.
« Hashem parla à Moshé et à Aharon en ces termes: "Ceci est la ‘Houka (la loi irrationnelle) de la Torah … » (Bamidbar 19 – 2 début de ‘Houkat)
De nombreux commentateurs demandent :
Il aurait été plus précis de dire « Ceci est la ‘Houka de la vache… », ou bien « Ceci est la ‘Houka de la purification… ». Pourquoi généraliser l’aspect irrationnel de la Para Adouma à toute la Torah ? Il existe bien dans la Torah des commandements tout à fait rationnels, dont le sens est à la portée de chacun ?!
Lors de l’un de ses Shiourim, notre maître, le Rav Ovadia YOSSEF shalita a répondu à cette question de la façon suivante :
Il existe une catégorie d’individus qui se refusent à pratiquer toutes les obligations d’un juif. Ces gens prétextent qu’ils ne peuvent pratiquer que les choses dans lesquelles ils trouvent un sens. Par exemple, ces gens-là n’auront aucune difficulté à donner de la Tsedaka à un nécessiteux, ou bien on pourra constater chez eux une véritable aversion pour tout ce qui est de nuire à son prochain … etc.… Ces gens-là pratiqueront aussi d’autres Mitsvot à la condition qu’il y est une certaine « logique » à leurs yeux.
En contrepartie, il existe des personnes, dont la Emouna en Hashem et sa Torah, est inébranlable. Ceux-là n’ont pas besoin d’avoir recours à une démonstration intellectuelle quelle qu’elle soit pour pratiquer les Mitsvot. Ces Tsaddikim accomplissent tous les commandements de la Torah sans jamais être dérangés par le fait qu’il y a certains points qu’ils n’arrivent pas comprendre !
Il est écrit dans Tehilim (119) « Les Reshaïm (les impies) sont loin de la délivrance, car ils n’ont pas recherché tes ‘Houkim (lois irrationnelles) ».
Il existe plusieurs sortes de maladies. Certaines dont on connaît le mode guérison, et d’autres maladies dont on ignore le mode de guérison.
Le Tsaddik, qui lui, accomplit toutes les obligations d’un juif, même celles dont il ignore le sens, sera sauvé par Hashem de toutes les maladies, même de celles dont on ignore le mode de guérison, Mida Kenegued Mida – Mesure pour mesure.
Mais le Rasha (l’impie), qui lui s’autorise à se faire une sélection – une « playliste » - des devoirs qu’il accomplit, ne se verra délivrer que des maladies dont on connaît le sens, et cela aussi selon le principe de Mida Kenegued Mida – Mesure pour mesure.
Puisqu’ils n’ont pas recherché l’accomplissement des ‘Houkim, ces lois irrationnelles, sous prétexte que cela n’avait aucun sens à leurs yeux, les Réshaïm seront loin de la délivrance, en cas de maladie incurable !!!
Un peu de confiance en l’infinie sagesse de la Torah, un peu d’innocence dans la pratique des Mitsvot, mais surtout beaucoup d’humilité vis-à-vis d’Hashem, peut nous sauver la vie !!!!!
C’est pour cela que la Parasha qui traite de la loi irrationnelle de la Para Adouma (vache rousse) débute par les termes généraux « Ceci est la ‘Houka (la loi irrationnelle) de la Torah … », et non pas « Ceci est la ‘Houka de la vache… », ou bien « Ceci est la ‘Houka de la purification… ». Afin de nous enseigner que de la même façon que nous accomplissons des devoirs de la Torah, parce qu’ils nous semblent contenir un sens logique, de la même façon nous devons accomplir l’intégralité des devoirs de la Torah, même lorsqu’on a du mal à les comprendre !
2. Les signes de conformité de la Vache Rousse
Hakadosh Barou’h Hou dit : « J’ai érigé une ‘Houka (une loi irrationnelle), j’ai établi un décret. Tu n’as pas le droit de remettre en question mon décret ». (Midrash Rabba sur ‘Houkat)
On peut se demander pourquoi cette répétition « J’ai érigé une ‘Houka, j’ai établi un décret… » ?
Et pourquoi ne pas faire cette mise en garde aussi sur d’autres ‘Houkim comme l’interdit de planter des greffes, ou l’interdit du lait et de la viande ? Pourquoi c’est uniquement cette ‘Houka que nous serions susceptibles de remettre en question ?
Il est rapporté dans la Psikta Rabbati (enseignements des sages du Talmud) :
Un jour, les sages d’Israël devaient se procurer une vache rousse. Après de grandes difficultés, ils en trouvèrent une chez un non-juif. Ils lui proposèrent de la lui acheter.
Le non-juif accepta contre 4 ou 5 pièces d’or. Ils acceptèrent. Le non-juif, voyant à quel point les juifs tenaient à lui acheter sa vache, changea d’avis et leur dit qu’il n’était plus disposé à leur vendre la vache. Ils lui proposèrent 5 pièces d’or, puis 10 pièces, puis 20, jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à 1 000 pièces d’or et le non-juif accepta. Les ‘Ha’hamim allèrent chercher l’argent. Que fit le non-juif ? Il dit à son ami : « Viens voir comment je m’amuse avec ces juifs ! Ils sont prêts à m’acheter la vache à un très gros prix, parce qu’elle n’a jamais porté de poids. Regarde ! Je vais placer un poids sur la vache, et j’empocherai quand même leur argent !!! » Le non-juif exécuta ses paroles.
Il existe 2 signes distinctifs pour savoir si une vache a porté un poids ne serai ce qu’une seule fois dans son existence :
• Elle possède 2 poils dans le cou, là où, généralement, on pose la charge. Tant qu’on ne lui a jamais fait porter de charge, ces 2 poils restent parfaitement dressés. Mais dès l’instant où on y pose un poids, ces 2 poils ne se redressent plus jamais.
• Si elle a porté un poids, ses yeux ne sont plus à la même hauteur.
Les ‘Ha’hamim revinrent avec l’argent pour prendre la vache. Avant de payer, ils examinèrent la vache, et s’aperçurent qu’elle n’était plus valable. Ils dirent au non-juif : « Reprend ta vache, nous n’en avons plus besoin, et va t’amuser avec d’autres personnes !! » Voyant cela, le non-juif s’écria : « Beni soit Celui qui a choisi ce peuple ! » Il rentra chez lui et s’étrangla. Qu’ainsi disparaissent tous les ennemis d’Israël !!
Le Ben Ish Haï (Rabbi Yossef ‘Haïm Irak 19ème siècle) fait remarquer que si Hashem ne nous avait pas gratifier de ces 2 signes miraculeux grâce auxquels nous sommes à même de vérifier la vache rousse, nous aurions été susceptibles de « remettre en question » la possibilité de réaliser cette Mitsva, en disant : « La Torah exige que la vache n’ai jamais porté de poids. Mais comment le savoir ?!! » C’est pour cela –dit le Ben Ish Haï- qu’Hashem nous met en garde : « J’ai érigé une ‘Houka, j’ai établi un décret … ». J’ai érigé une ‘Houka – en faisant en sorte que les 2 poils ne se redressent jamais. J’ai établi un décret – en faisant en sorte que ses yeux n’aient plus la même hauteur.
Puisque tu possèdes ces 2 signes, tu ne peux plus « la remettre en question !!! »
3. La vache rousse et l’orgueil
Les élèves de Rabbi Israël BAAL SHEM TOV (Russie 18ème siècle, fondateur du courant de pensée de la ‘Hassidout) demandèrent un jour à leur maître :
« De quelle façon pouvons-nous accomplir de notre époque la Mitsva de Para Adouma ? Et quelle morale pour le service d’Hashem pouvons-nous tirer des cendres de la vache, puisque nous n’avons plus ni cendres, ni vache ?! »
Le Rav leur répondit :
« Le mot PARA (vache) fait allusion à la GAAVA (l’orgueil), puisque la racine du mot PARA est la même que celle de PERE OURBE (fructifie-toi et multiplie-toi), car l’orgueil agrandit l’esprit de l’homme. L’orgueil est à la fois positif et négatif. Comme la Para Adouma (la vache rousse) qui purifiait ceux qui étaient impurs, et qui rendait impurs ceux qui étaient purs. On a toujours enseigné dans le milieu ‘Hassidic de la ville de PSHIS’HA (Europe de l’Est) qu’un ‘Hassid doit toujours avoir 2 phrases à l’esprit :
« Je ne suis que poussière et cendre » (phrase dite par Avraham Avinou – Voir Bereshit), et « Le monde n’a été crée que pour moi » (enseignement de nos ‘Ha’hamim) »
4. Le puit de Myriam
« …Myriam mourut et fut ensevelie sur place. Le peuple n’avait pas d’eau… » (Bamidbar 20-1, 2)
Rashi : Cela nous apprend que durant 4 ans, un puit les accompagnait par le mérite de Myriam.
En réalité, ce puit n’est autre que le rocher indiqué par Hashem à Moshé Rabbenou, à qui Moshé devait parler, mais qu’il frappa finalement avec son bâton et en sortit de l’eau.
Ce geste fut compté comme une faute de la part de Moshé Rabbenou et le priva du mérite d’entrer en Erets Israël. (Voir plus loin dans la Parasha les versets 8 à 13 du même chapitre)
Il me semble que l’on peut expliquer cette faute par l’enseignement de nos maîtres dans la Guemara Ta’anit (9a) :
Rabbi Yossé fils de Rabbi Yehouda dit : le peuple d’Israël a eu 3 bienfaiteurs : Moshé, Aharaon et Miryam.
Chacun d’entre eux fit bénéficier Israël d’un cadeau :
Par le mérite de Miryam, Israël bénéficia du puit. Par le mérite d’Aharon, Israël bénéficia des colonnes de nuée. Par le mérite de Moshé, Israël bénéficia de la Mann.
Rashi : Le puit. Il s’agit d’un rocher duquel coulait de l’eau. Ce rocher roulait et accompagnait Israël. C’est ce même rocher que Moshé frappa, car il refusa de donner de l’eau par le mérite de Moshé, puisque Myriam était morte.
D’une certaine façon, il n’était pas concevable que Moshé Rabenou « cumule » les mérites, et c’est pour cette raison que le rocher refusa de donner de l’eau quand Moshé Rabbenou le lui demanda.
5. Les menaces des nations sont-elles à prendre au sérieux ?
Edom lui répondit : « Tu ne traverseras pas mon territoire, car je sortirais peut être contre toi avec l’épée. » (Bamidbar 20-18)
Contexte
Israël traverse le désert et doit passer par le territoire d’Edom (descendants de ‘Essav) pour arriver jusqu’en Erets Israël. Israël lui envoi des messagers afin de lui demander s’ils peuvent seulement traverser son territoire, mais Edoim refuse et menace Israël de lui faire la guerre.
Question
Pourquoi Edom emploi t-il le terme « peut être » qui laisse entendre une incertitude, alors que le terme « car » aurai été plus certain et beaucoup plus menaçant ?
Réponse
Le Gaon et Tsaddik Rabbi Pin’hass Mi’haël de ANATOPOL répond en citant l’enseignement de nos maîtres sur le verset : « La voix est celle de Ya’akov, mais les mains sont celles de ‘Essav ». Lorsque la voix est celle de Ya’akov – lorsque la voix de l’étude de la Torah et de la prière retentit dans les maisons d’étude et les synagogues, les mains de ‘Essav n’ont pas d’emprise sur Israël. Mais lorsque la voix n’est pas celle de Ya’akov – lorsque les juifs se désintéressement de l’étude de la Torah et désertent les synagogues, les mains de ‘Essav reprennent le dessus sur Israël.
C’est pourquoi Edom ne peut pas menacer de façon catégorique car il ignore s’il aura – oui ou non – de l’emprise sur Israël, puisque sa domination dépendra de l’intérêt que porte Israël à l’étude et à la prière.
Cet enseignement nous montre à quel point notre sécurité ne dépend que de notre assiduité dans l’étude de la Torah et dans la qualité de notre prière quotidienne !!!
La menace des nations reste incertaine et peut totalement disparaître par notre volonté à étudier la Torah et à prier !! (Tiré du livre Shoul’han Gavoha)
6. La plainte contre la Mann
« …Notre âme répugne ce pain qui détériore » (Bamidbar 21-5)
Rashi : Etant donné que la Mann était absorbée dans les membres du corps, ils l’ont qualifié de « pain qui détériore ». Ils se disaient : « Cette Mann va un jour faire éclater nos entrailles ! Y a-t-il un être humain qui puisse introduire de la nourriture sans jamais l’extraire ?! »
Contexte
Hashem nourrit Israël grâce à la Mann qu’Il leur envoi 6 jour sur 7. Cette Mann va les nourrir durant les 40 ans qu’ils passeront dans le désert. Israël se plaint de cette Mann auprès de Moshé Rabbenou.
Question
Leur réclamation est apparemment très étonnante puisqu’ils ont consommé cette Mann durant 40 ans en restant en bonne santé. Pourquoi ont-ils soudainement le souci que leurs entrailles éclatent ?
Réponse
Il est enseigné dans la Guemara Guittin (56b) que Rabbi Tsaddok jeûna durant 40 ans lorsqu’ils perçu les signes annonciateurs de la destruction du Beit Ha-Mikdash. Lorsqu’on lui donna à manger, ses intestins ne pouvaient pas tout de suite accepter les aliments du fait de son jeûne prolongé.
En réalité, les Béné Israël avaient une crainte similaire.
Ils craignaient que leurs organismes perdent leurs fonctions, et n’acceptent plus de nourriture ordinaire lorsqu’ils entreront en Erets Israël et se nourriront de façon naturelle. (Tiré du livre Sifté Tsaddik)
7. La médecine et la prière
Hashem dit à Moshé : « Fais toi-même un serpent et place-le au haut d'une perche: quiconque aura été mordu, le regardera et il vivra ! »
Contexte
Les plaintes d’Israël contre la Mann irritent Hashem et il envoi des serpents parmi le peuple qui provoquent la mort de nombreuses personnes.
Ensuite Hashem indique à Moshé Rabbenou le moyen de guérir ceux qui ont été mordus par les serpents.
Rashi : Est-ce le serpent qui fait vivre ou mourir ? En réalité, lorsqu’ Israël levaient leurs yeux vers le haut et acceptaient de soumettre leurs cœurs à Hashem, ils guérissaient.
Question
Le ADMOR de GOUR – auteur du Sefate Emet – demande :
Si c’est seulement le fait de regarder vers le haut qui constitue le moyen de guérison, quelle utilité a le serpent fabriqué par Moshé Rabbenou ?
Réponse
Hashem a effectivement incorporé la propriété de guérison dans ce serpent fabriqué par Moshé Rabbenou, comme l’explique le RAMBAN, Hashem guérit le mal par le mal.
Mais Hashem désire aussi que même lorsqu’on a recours à la guérison naturelle, on doit aussi lever les yeux vers le ciel et prendre conscience que tout dépend de LUI.
BALAK
1. Moshé Rabbenou et Bil’am, c’était pourtant la même recette ?!
Contexte
Israël se trouve maintenant devant le pays de Moav.
Balak, le roi de Moav redoute qu’Israël ne remporte une fois de plus la victoire, comme il l’a remporté devant les autres pays qui ont cherché à lui faire du mal. C’est pour cela qu’il décide, sur le conseil des princes de Midian, le pays voisin, de ne pas leur faire la guerre, mais d’employer plutôt un autre moyen pour les exterminer.
Il mande l’assistance de Bil’am, prophète non-juif, doté par Hashem de très grandes capacités prophétiques. Cependant, Bil’am est aussi un individu immoral et abject, aux moeurs dépravées (il pratiquait l’intimité conjugale avec son ânesse), et d’une très grande cupidité.
Balak lui demande de venir dans son pays, Moav, et d’attirer sur eux la malédiction d’Hashem. Après avoir consulté Hashem, Bil’am rejoint Balak avec l’avertissement d’Hashem qu’il n’y aura que seules les paroles qu’Il lui mettra lui-même dans la bouche se réaliseront.
Bil’am tente plusieurs fois de prononcer des malédictions à l’égard d’Israël, en voulant chaque fois faire mention de leurs fautes, afin d’attirer sur eux la colère d’Hashem, mais à chaque fois qu’il ouvre la bouche, ce ne sont que des Bra’hot (des bénédictions) qui en sortent.
Après plusieurs tentatives sans succès, il décide de partir, mais avant, il donne un conseil au roi Balak : inciter Israël à la débauche, puisque c’est la pire des Averot (transgressions) aux yeux d’Hashem. Et c’est effectivement ce que Balak fait. Il envoie des filles de Midian, ainsi que sa propre fille, s’installer près du camp d’Israël, qui se laisse séduire, et la colère d’Hashem s’abat sur eux en provoquant la mort de 24 000 personnes.
Rashi écrit dans son commentaire sur notre parasha :
« Comment Hashem laisse sa Shé’hina (présence divine) reposer sur un non-juif Rasha (impie) ?
Afin que les nations n’aient pas la possibilité de venir argumenter auprès d’hashem : « Si tu nous avais donné à nous aussi un prophète, comme tu l’as fait avec Israël, nous serions revenus sur le droit chemin ! » Hashem leur a donné Bil’am, ce qui ne les a pas empêchés de mal se comporter ».
Question
Le prophète qui fut donné à Israël (Moshé Rabbenou) était à même de guider Israël vers le droit chemin, du fait de sa personnalité, de sa grandeur, et de sa droiture. Israël pouvait s’inspirer de lui. Mais que pouvait inspirer Bil’am aux nations si ce n’est des moeurs dépravées, de la perversion, de la convoitise, de la méchanceté, etc … Les 2 « cadeaux » ne sont, à priori, pas équitables ?!
On rapporte au nom du Gaon et Tsaddik Rabbi Its’hak ‘Haïm ‘HAÏKIN z.ts.l, Rosh Yéshiva de ‘Ha’hmé Tsarfat Aix les Bains – France, l’explication suivante :
Il est écrit : « La crainte d’Hashem est sa grange ». (Isha’ya 33)
La Gmara Shabbat (30a) commente ce verset en disant que c’est selon la capacité que l’on donnera à la grange, que l’on pourra engranger la récolte de la Torah.
C’est comme cela que l’on explique une autre parole de nos ‘Ha’hamim : « Hashem ne donne la sagesse qu’à celui qui possède en lui de la sagesse ».
Hashem ne donne de la sagesse qu’à celui qui se dispose à la recevoir.
Ceci est comparable à une femme qui, après avoir goûté un plat chez sa voisine, lui demande la recette. La voisine lui indique avec précision, touts les ingrédients nécessaires, ainsi que les temps de cuisson. La femme après avoir raté son plat, revient en colère en accusant sa voisine de lui avoir caché un ingrédient. Celle-ci, intriguée, lui assure de lui avoir tout indiqué, mais lui demande : « Avant d’avoir commencé à cuisiner, as-tu lavé les différents ustensiles ? » L’autre lui répond : « Non, effectivement je ne les ai pas lavés, mais j’ai suivi scrupuleusement toutes tes instructions. » La voisine lui répond : « C’est justement ça le problème ! Tes ustensiles sales ont gardé un mauvais goût qu’ils ont transmis à la nourriture que tu as cuisinée en eux ! »
De même, Bil’am a reçu les mêmes capacités que Moshé Rabbenou.
Seulement Moshé Rabenou a d’abord apprêté sa personnalité à recevoir toute la Kdousha (sainteté) qui lui était donnée. Il a effectué un véritable travail de « nettoyage » de tous les traits de caractère pouvant faire obstacle à la Torah.
Ce qui n’est pas le cas de Bil’am, qui a gardé ses 3 défauts principaux :
Un œil mauvais ; un esprit vaniteux ; une âme cupide
Pas étonnant que son plat est raté !!!
Avant de pénétrer véritablement la Torah, il est impératif de nettoyer toute sa personnalité de tout défaut et imperfection, pouvant faire parasite et obstacle au message de la Torah.
2. Balak est-il vraiment roi ?
« Balak fils de Tsipor vit… » (22, 2)
Pourquoi le titre de Balak – « roi de Moav » – n’apparaît-il pas ici, alors qu’il sera mentionné dans le verset suivant : « et Balak, fils de Tsipor, était roi de Moav en ce temps-là » ?
Le Texte, explique Rabbeinou Ba‘hyé (Espagne 12ème siècle), nous révèle ici à quel point Balaq était terrifié. Sachant qu’Israël avait littéralement anéanti deux puissantes nations et leurs souverains, Si‘hon et ‘Og – comme il est écrit : « Balak fils de Tsipor vit tout ce qu’Israël avait fait aux Emori… » – il éprouva une telle peur qu’il cessa de se considérer lui-même comme un roi.
Voilà pourquoi ce premier verset de la Paracha ne fait pas mention de son titre.
Au sujet de l’étude de la Torah, le Pirké Avot (chap.6 Mishna 1) nous apprend que l’une des conséquences positives pour celui qui étudie la Torah de façon sincère et désintéressée est que la Torah l’ « habillera » d’humilité.
Notre Maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit dans son livre Anaf Ets Avot sur les Pirké Avot, que lorsque l’on étudie la Torah, et que nous faisons connaissance avec l’incommensurable stature de nos maîtres, les Tanaïm (sages de la Mishna), les Emoraim (sages de la Gmara), ou bien les décisionnaires de la Hala’ha, nous prenons alors conscience de notre insignifiance et de notre niveau si bas. Nous constatons que dans leur grande sagesse, nos maîtres ont tout envisagé, et que nous ne sommes là que pour intégrer toute cette immense sagesse !
De là nous pouvons apprendre, à l’instar du roi Balak vis-à-vis de la puissance qu’Hashem accorde à Israël, que nous aussi, devant la grandeur et l’immense sagesse des maîtres de notre génération, nous devons cesser de nous considérer comme des « rois » !
(A partir d’un Dvar Torah du Rav Dov Lumbroso-Roth shalita)
3. « Effrayé par le soleil !! »
« Balak fils de Tsipor vit… » (22, 2)
Suivant l’explication du Ba‘al ha-Tourim, « il vit que le soleil avait interrompu sa course en faveur de Moché ».
Question
Pourquoi Balak a-t-il été terrifié par ce miracle – rapporté dans la Guemara Ta‘anith (20a) – plus que par tous les prodiges réalisés par Hashem en faveur des enfants d’Israël lorsqu’ils sont sortis d’Egypte ?
Le Admor de Satmar répond à cette question en citant l’enseignement de la Gmara Bra’hot (7a) selon lequel Hashem Se met en colère chaque jour, pendant un très court instant que seul Bil‘am était en mesure de déterminer. Il est écrit en effet (dans notre Parasha 24, 16) : « [Bil‘am] qui connaît le savoir du Très-Haut » – signifiant qu’il était capable de délimiter ce moment précis de la journée. Où cet instant se situe-t-il ? - poursuivent les Sages de la Guemara ?. Ils répondent : « Lorsque le soleil est à son zénith, et que tous les rois – d’Orient et d’Occident – se prosternent devant lui. Aussitôt, Hashem se met en colère. »
Ainsi, la force de Bil‘am se situait dans cette aptitude à déterminer le moment exact où le soleil est à son zénith – et où Hashem se met en colère. Mais quand Balak a vu que Moshé était capable, quant à lui, d’arrêter le soleil dans sa course, il a craint que celui-ci réitère ce prodige et que Bil‘am ne puisse plus employer ce moment pour maudire les Bné Israël.
(A partir d’un Dvar Torah du Rav Dov Lumbroso-Roth shalita)
Shabbat Shalom
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