QUELQUES REFLEXIONS SUR LA DESTRUCTION DU TEMPLE DE JERUSALEM
(A ne pas lire le jour du 9 Av)
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de à la guérison totale de mon épouse Sylvie Mazal Esther Bat Sim’ha
Guemara Nedarim 81a
« Quel est l’homme assez sage pour comprendre cela ? » (Jérémie 9)
(Ici, le prophète cherche à expliquer la raison de la destruction de Jérusalem et du Beit Ha-Mikdash.)
Cette question fut posée aux Sages, aux prophètes, et même aux Anges du service Divin, et aucun ne su l’expliquer. Jusqu’à ce qu’Hashem lui-même l’explique, comme il est écrit : « Hashem dit : Parce qu’ils ont abandonné ma Torah ! » … Rav Yehouda dit au nom de Rav : Ils ne récitaient pas la Birkat Ha-Torah (la bénédiction sur l’étude de la Torah, que l’on récite chaque jour dans les Bera’hot du matin).
Comment est il concevable que le fait qu’ils ne récitaient pas la Birkat
Hatorah, peut provoquer la destruction du Beit Ha-Mikdash, engendrer le massacre du peuple d’Israël, et leur exile à travers les nations ?!
De plus, la Guemara Yoma 9b nous enseigne que la destruction du 1er Beit
Ha-Mikdash fut provoquée par 3 Averot : l’idolâtrie ; la débauche ; le meurtre.
A t-il été détruit à cause des ces 3 Averot, ou parce qu’ils ne récitaient pas
Birkat Ha-Torah ?
Le Gaon Rabbi Eliyahou LOPIAN z.ts.l exprime lui aussi dans son livre Lev Eliyahou son étonnement sur ces 2 points, et rapporte les célèbres propos du RAN au nom de Rabbenou Yona qui commente ce que la Guemara dans Nedarim nous a appris - « Ils ne récitaient pas la Birkat Ha-Torah » - dans un sens de manque de considération de la Torah au point où, à leurs yeux, la Torah n’était plus digne que l’on récite une Bera’ha sur son étude.
Parce qu’ils n’étudiaient pas la Torah de façon désintéressée (Lishmah), ils négligeaient sa valeur.
Lorsque l’on doit consommer un aliment qui n’a aucun goût, où dont le goût est désagréable, selon la Hala’ha, nous ne devons pas réciter de Bera’ha sur cet aliment. La raison est simple : Nous n’apprécions pas cet aliment !
Il en est de même pour la génération du 1er Beit Hamikdash.
Ils étudiaient la Torah. Preuve en est, on nous enseigne que la raison pour laquelle ils ont perdu le Beit Ha-Mikdash, est qu’ils ne récitaient pas Birkat Ha-Torah, ce qui prouve au moins qu’ils l’étudiaient !
Mais ils n’éprouvaient aucune satisfaction de cette étude. Ils n’apprenaient la
Torah qu’au même titre que l’on apprend les autres sagesses (voir Mishna
Beroura Ora’h ‘Haïm chap.47, note 2).
Cependant, l’explication du RAN selon laquelle le fait qu’ils étudiaient la
Torah, mais pas de façon désintéressée (pas Lishmah), augmente d’avantage l’étonnement sur la gravité de leur châtiment.
En effet, la Guemara Pessa’him 50b nous apprend :
L’homme doit toujours étudier la Torah, même de façon intéressée (Shelo
Lishmah), car c’est par la façon intéressée qu’il parviendra au niveau de l’étudier de façon désintéressée. (Mito’h Shelo Lishmah, Ba Lishmah)
Nous voyons donc que pour atteindre le niveau de l’étude de la Torah de façon désintéressée, nous sommes parfois obligé de passer par la façon intéressée !
Que reproche t-on à la génération du 1er Beit Ha-Mikdash ?!
Mais cette remarque à partir de la Guemara Pessa’him est une erreur de raisonnement.
Les grands des générations passées (Rabbenou ‘Haïm de Volozzin z.ts.l rapporte l’explication suivante au nom de son maître le Gaon De VILNA z.ts.l) l’ont déjà résolu en expliquant que l’intention de la Guemara est de nous indiquer un moyen d’arriver au niveau d’étudier la Torah de façon désintéressée (Lishmah).
Chacun a besoin au départ, d’une motivation précise pour commencer à étudier la Torah, mais progressivement, nous arrivons à l’étudier dans un esprit totalement désintéressé.
Par contre, si l’esprit intéressé représente un but en soi, cette étude n’est pas valable à la base.
Ex : Un homme qui consacre toute une partie de sa vie à étudier la Torah, en se motivant au départ par la recherche de compliments et d’encouragements, c’est quelqu’un qui étudie Shelo Lishmah (de façon intéressée).
Si par la suite, il se travail pour trouver de la motivation en faisant abstraction des honneurs et des compliments dont-il bénéficie, c’est quelqu’un qui étudie maintenant
Lishmah (de façon désintéressée).
Les honneurs et les compliments ne doivent être qu’un moyen de motivation pour avancer, et non l’objectif à atteindre dans l’étude de la Torah !
Nous comprenons maintenant le véritable sens du commentaire du RAN au nom de Rabbenou Yona sur la notion de Shelo Lishmah (de façon intéressée).
« Ne pas réciter Birkat Ha-Torah » signifie « ne pas aspirer au niveau du Lishmah (étudier la Torah de façon désintéressée) ».
Les termes du verset de Jérémie prennent également un aspect plus précis :
« Parce qu’ils ont abandonné ma Torah ! » Nous comprenons mieux qu’il s’agit d’un véritable abandon !
Mais nous n’avons toujours pas résolu l’apparente contradiction entre la
Guemara Nedarim selon laquelle la perte du Beit Ha-Mikdash est due à leur négligence de la Birkat Ha-Torah, et la Guemara Yoma selon laquelle la perte du
Beit Hamikdash est due à 3 Averot : l’idolâtrie ; la débauche ; le meurtre.
De même, nous nous interrogeons toujours sur le degré de gravité de leur châtiment (pour ne pas avoir étudié Lishmah – de façon désintéressée).
Le Gaon Rabbi Its’hak BLATZER z.ts.l ajoute une question, et la réponse qu’il donne versera de la lumière sur nos propres interrogations.
La Guemara Sota 21a nous enseigne que l’étude de la Torah protège des souffrances et épargne des incitations du Yetser Hara (le mauvais penchant).
Il y a toutefois une Ma’hloket (une divergence d’opinion) dans la Guemara afin de deffinir si cet effet protecteur de l’étude de la Torah est efficace uniquement au moment même de l’étude, ou bien si cette protection agit aussi en dehors des moments d’étude.
De toute façon, au moment de l’étude, la Torah protège, et cela, de façon unanime.
Si c’est ainsi – demande la Gaon Rabbi Its’hak BLATZER z.ts.l – comment sont ils arrivés à de telles Averot ?! Pourquoi la Torah ne les a-t-elle pas protégé
du Yetser Hara ?!
La clef de tous ces étonnements se trouve dans les propos de la Guemara
Bera’hot 62b :
Celui qui dédaigne les vêtements, finira par ne plus en profiter, comme nous le trouvons au sujet du roi David, sur lequel il est écrit (Shemouel I 24): « David se leva et déchira en silence le coin du manteau qui appartenait à Shaoul ». Et en définitif, le texte dit (Mela’him I 1): « Le roi David était vieux et avancé dans les jours, on le recouvra avec des vêtements, mais cela ne le réchauffait pas »
En d’autres termes, Hashem a donné une capacité naturelle aux vêtements à réchauffer. Si l’homme se comporte de façon négligente envers eux, Hashem retire aux vêtements la capacité naturelle qu’Il leur a donné, et ils ne réchauffent plus.
Selon cela, Rabbi Its’hak BLATZER z.ts.l nous procure un nouveau sens à la question posée par le prophète « Pourquoi la terre (d’Israël) fut elle détruite ? »
Ils avaient certes transgressé les 3 Averot les plus graves, seulement la question était : pourquoi la Torah – qu’ils étudiaient en permanence, selon les propos du RAN – ne les a-t-elle pas protégé et ne les a-t-elle pas sauvé du Yetser Hara ? A cela, la réponse est : La Torah n’était pas importante à leurs yeux.
Cette réponse à la question « pourquoi la destruction et l’exil ? », ne pouvait être donnée que par Hashem lui-même, qui sonde les coeurs et qui connaît les véritables pensées de l’homme.
Maintenant, nous comprenons qu’au même titre que dans le domaine matériel, celui qui dédaigne les vêtements par exemple, Hashem retirera de ces vêtements la capacité à chauffer, de la même façon, celui qui dédaigne l’exclusivité qu’il y a dans l’étude de la Torah, ne méritera pas que cette Torah l’épargne de choses nuisibles.
Nous savons maintenant comment les Béné Israël sont-ils arrivés aux 3 Averot les plus graves, et pourquoi la Torah ne les a-t-elle pas protégé.
La raison en est le dédain envers l’étude de la Torah, exprimé à travers le fait qu’ils ne récitaient pas Birkat Ha-Torah avant d’étudier, ce qui a provoqué que la Torah ne les a pas protégé du Yetser Hara. Ils en sont arrivés à transgresser les 3 ‘Averot les plus graves, et ont amené eux-mêmes la destruction du Beit Ha-Mikdash.
Tiré du livre Yalkout LEKA’H TOV - Bamidbar (Partie sur Ben Hametsarim)
Tsom Kal
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