Cognac ou Brandy sans contrôle rabbinique
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah
Question
Y a-t-il un problème Hala’hic dans le fait de boire le Brandy ou le Cognac des non juifs, à titre de Yaïn Nesse’h (vin des non juifs) ?
Décision de la Hala’ha
Le Cognac ou le Brandy des non juifs, qui est commercialisé sans aucun contrôle rabbinique, est strictement interdit à la consommation, à titre de Yaïn Ness’h (vin fabriqué par un non juif).
Sources et développement
Nous pouvons constater l’usage de certaines personnes dans de nombreux endroits en France, qui s’autorisent à consommer du Cognac ou d’autres boissons fabriquées à base de vin, bien que ces boissons ont été fabriquées par des non juifs, et sans la moindre surveillance rabbinique.
Il y a là - apparemment - une totale interdiction à titre de Yaïn Nesse’h (vin fabriqué par des non juifs et dédié à l’idolâtrie), puisque nos ‘Ha’hamim nous ont interdit la consommation de tout vin qui a été touché par un non juif (dans lequel, le non juif a introduit ses mains).
Il en serai de même pour ce type de boissons dérivées du vin.
C’est justement ce qui est stipulé explicitement dans les propos de MARAN[DP1], dans le Shoul’han ‘Arou’h (Y.D chap.123) :
Le AGOA ARDIENTI (boisson que les décisionnaires apparentent au Cognac), fait à base du vin d’un non juif, est interdit au profit, comme le vin lui-même.
Le RaMA[DP2] ajoute :
Il s’agit d’une liqueur que l’on fabrique à base de Yaïn Nesse’h (vin des non juifs, qu’ils dédient à leurs idoles). Cette boisson est interdite, et bien qu’elle ne soit fabriquée qu’à base de résidu de vin, elle est malgré tout considérée comme le vin lui-même.
Cependant, le Gaon Rabbi Yossef MESSAS z.ts.l[DP3] écrit dans son livre Otsar Hami’htavim que l’usage de ceux qui s’autorisent la consommation de cognac ou de ces boissons dérivées du vin, sans aucune surveillance rabbinique, est justifiable.
En effet, il fait remarqué que si l’on s’attarde sur les termes précis employés par le RaMA, on constate qu’il parle de d’une boisson que l’on fabrique à base de « YAÏN NESSE’H » (vin dédié à l’idolâtrie), autrement dit, il n’y a d’interdit que lorsque la boisson a été fabriquée à base d’un vin qui a véritablement été dédié à l’idolâtrie.
Mais lorsqu’il s’agit simplement du vin d’un non juif, sans aucune présomption qu’il a été dédié à l’idolâtrie, même si ce vin lui-même est interdit à la consommation, son interdiction ne s’étend pas jusqu’aux boissons que l’on fabriquera de lui.
Or, nous savons que l’idolâtrie, au sens véritable du terme, n’est plus tellement fréquente de nos jours (même chez les chrétiens, il n’est pas fréquent qu’ils dédient à leurs idoles, le vin qu’ils produisent).
Par conséquent, selon le Gaon Rabbi Yossef MESSAS z.ts.l, nous pouvons autoriser les boissons fabriquées à base de vin des non juifs, et il en est de même pour le Cognac.
Mais ses propos sont très étonnants !
En effet, la décision Hala’hic de MARAN, citée plus haut, prend sa source dans les enseignements du RIBaSH[DP4], où il est écrit explicitement que le Din est le même pour le « simple » vin d’un non juif. En d’autres termes, même un vin sur lequel il n’y a aucune présomption particulière que le non juif l’a dédié à l’idolâtrie, l’interdit persiste, puisque nos ‘Ha’hamim l’ont interdis à la consommation, ils ont également interdis toute boisson fabriquée à base de ce « simple » vin du non juif.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita a également réfuté les propos du Gaon Rabbi Yossef MESSAS z.ts.l, avec des arguments très clairs, et il écrit en conclusion, qu’il est strictement interdit de consommer le Cognac ou le Brandy ou toute autre boisson fabriquée à base de vin, sans surveillance rabbinique agrée, car tous ces types de boissons sont fabriquées par des non juifs, à base de vins de non juifs, et sont donc interdits à titre de Yaïn Nesse’h.
Il faut aussi préciser que tout le débat des Poskim que nous avons cité, concerne également des boissons fabriquées à base de vapeurs de vin, (comme la fabrication de l’ « ARAK »).
Par contre, le Cognac ou le Brandy ne sont pas du tout fabriqués à base de vapeur de vin, pour que leur autorisation soit envisageable, mais au contraire, ils sont fabriqués véritablement à base de vin distillé lors d’une longue cuisson, puis vieilli durant quelques années, jusqu’à ce qu’il obtienne son goût.
Petit rappel historique :
le Cognac fut découvert suite à l’exportation - au 17ème siècle - des vins français de la ville de Cognac vers l’Angleterre et les pays du nord de l’Europe.
Les commerçants anglais demandèrent aux grossistes français de distiller d’avantage le vin, afin de diminuer le poids des fûts de vin, dans le but de diminuer également les taxes d’entrées de la marchandise sur le territoire anglais. Une fois le vin arrivé en territoire anglais, les commerçants anglais y ajoutaient de l’eau et le vendaient en tant que vin. Une guerre éclata, et les producteurs français se retrouvèrent avec une grande quantité de fûts remplis de vin distillé. Au bout de quelques années, ils le goûtèrent et constatèrent qu’il avait bon goût. Ils lui donnèrent le nom de « Cognac », du nom de la ville d’où il fut produit. Le nom « Brandy » est issu du hollandais « brandwijn » signifiant « vin brûlé », du fait de son importante distillation.
Le Cognac ou le Brandy sont donc considérés comme Yaïn Nesse’h, lorsqu’ils sont achetés chez les non juifs sans aucune surveillance rabbinique.
Il est donc certain qu’il est strictement interdit de les consommer, s’ils ne sont pas certifiés « Casher, sous la surveillance de tel rabbinat ».
Il faut donc protester contre ceux qui s’autorisent à les consommer sans surveillance rabbinique, s’appuyant sur des arguments sans aucun fondement Hala’hic.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768
sheelot@free.fr
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[DP1]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h
[DP2]RaMA Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim
[DP3]Rabbi Yossef MESSAS L’un de nos décisionnaires contemporains, décédé il y a quelques années. Il fut grand Rabbin de la ville de ‘Haïfa, et cousin du Gaon Rabbi Shalom MESSAS, qui fut lui-même le Av Beit Din Sefaradi de Jérusalem.
[DP4]RIBASH (Rabbi Ist’hak Bar Sheshat Espagne – Algérie 15ème siècle)
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