Kavana (pensée spécifique) lors du Shema’
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
Question
L’accomplissement des Mistvot – comme la lecture du Shema’ par exemple – doit-il être absolument accompagné de la Kavana (la pensée spécifique), ou bien ce n’est que l’acte technique de la Mitsva qui compte ?
Décision de la Hala’ha
L’accomplissement des Mitsvot nécessite une Kavana (pensée spécifique).
Par conséquent, si l’on a accompli une Mitsva ordonnée par la Torah – comme l’agitation du Loulav le 1er jour de Soukkot, ou bien la consommation de la Matsa le soir de Pessa’h – sans avoir eu la Kavana que l’on est en train d’accomplir une Mitsva que la Torah nous a ordonné, on n’est pas quitte de cette Mitsva et l’on doit la réaliser de nouveau, mais sans réciter de nouveau la Bera’ha.
Il en est de même pour l’obligation de lire le Shema’ lors de la prière du matin (Sha’harit) et lors de la prière du soir (‘Arvit). Si l’on a lu le Shema’ sans Kavana, on n’est pas quitte de son devoir et l’on doit le relire de nouveau.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’une Mitsva ordonnée par les ‘Ha’hamim – comme la lecture de la Meguila ou autre – bien qu’il soit obligatoire de la réaliser – elle aussi – avec Kavana, si l’on n’a pas eu de Kavana lors de l’accomplissement de ce type de Mitsva, on est malgré tout quitte sur le plan rétroactif (Bedi’avad), et l’on ne doit pas la réaliser de nouveau.
Dans la prochaine Hala’ha – avec l’aide d’Hashem – nous expliquerons la Kavana précise qu’il faut avoir lors de la lecture du 1er verset du Shema’, selon ce que nous savons de la Torah de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita, et comment doit agir celui qui n’a pas eu de telles pensées lors de ce verset.
Sources et développement
Nos maîtres les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale) discutent afin de définir si l’accomplissement des Mitsvot nécessite une Kavana, c'est-à-dire une pensée spécifique, ou non.
Par exemple, une personne qui consomme de la Matsa le soir du Seder de Pessa’h - où le fait de manger la Matsa constitue une obligation imposée par la Torah – sans penser à l’accomplissement de la Mitsva de consommer de la Matsa, mais uniquement en pensant calmer sa faim.
Selon l’opinion de ceux qui pensent que l’accomplissement des Mitsvot ne nécessite pas de Kavana (pensée spécifique), et que seul l’acte technique de la Mitsva suffit pour valier l’accomplissement de la Mitsva, cette personne est quitte de l’obligation de consommer de la Matsa le soir de Pessa’h, puisqu’elle a accompli le commandement de son Créateur en mangeant la Matsa.
Parmi ces Poskim :
Les Tossafot[DP1] ; le RaSHBA[DP2] ; le RIF [DP3](tel que l’interprète le RaSHBA) ; Rav Sherira GAON[DP4] ; le RYTBA[DP5] ; le RAHa[DP6] ; l’auteur du Maguid Mishné[DP7] ; l’auteur des Dibérot ; les disciples de Rabbenou YONA[DP8], l’auteur du Or Zaroua’[DP9] ; l’auteur du Hashlama, le TOUR[DP10] et d’autres…
Alors que selon l’opinion de ceux qui pensent que l’accomplissement des Mitsvot nécessite une Kavana (pensée spécifique), cette personne est tenue de consommer de nouveau la Matsa le soir du Seder de Pessa’h, car l’absence de Kavana lors de l’accomplissement de la Mitsva, invalide la Mitsva, ce qui équivaut à ne pas avoir du tout accompli la Mitsva.
Parmi ces Poskim :
Le ROSH[DP11] ; le RIF (tel que le ROSH l’interprète) ; l’auteur du Hala’hot Guedolot[DP12] ; le Meïri ; le RaMBaN ; l’auteur du Yereïm[DP13], l’auteur du Or’hot ‘Haïm[DP14] ; l’auteur du Maor[DP15] ; Rabbenou Isha’ya de TERANI[DP16] ; Rabbenou Yero’ham[DP17] et d’autres…
Ce sujet est très longuement développé dans les propos des Poskim (décisionnaires), et touche divers domaines.
MARAN[DP18] l’auteur du Shoul’han Arou’h tranche (O.H chap.60) sur le plan pratique que l’accomplissement des Mitsvot nécessite une Kavana (pensée spécifique).
Cependant, s’il s’agit d’une Mitsva Miderabbanan (ordonnée par les ‘Ha’hamim) – comme la lecture de la Meguila ou autre – bien qu’il soit obligatoire d’accomplir cette Mitsva avec la Kavana nécessaire, si toutefois une personne a accompli une Mitsva Miderabbanan sans l’avoir accompagné de la Kavana nécessaire, cette personne est quitte sur le plan rétroactif (Bedi’avad) et ne doit pas réaliser de nouveau cette Mitsva.
Comme à son habitude, tel est l’avis de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita, qui tranche lui aussi que l’accomplissement des Mitsvot nécessite une Kavana.,
De ce fait, si la personne a accompli la Mitsva sans avoir pensé à son accomplissement, par exemple, si un homme saisi (et agite) le Loulav le 1er jour de Soukkot, pour simplement le lever et non pour accomplir la Mitsva, cet homme n’est pas quitte de son devoir et doit de nouveau accomplir la Mitsva. (Mais il ne doit pas réciter de nouveau la Bera’ha sur cette Mitsva, car nous avons un grand principe selon lequel SAFEK BERA’HOT LEHAKEL – chaque fois qu’il y a un doute sur la récitation d’une Bera’ha, nous allons à la souplesse et nous ne la récitons pas. Or, il y a des Poskim selon lesquels même si une personne n’a pas eu de Kavana, elle est malgré tout quitte de son devoir, et selon cet avis, cette personne n’a donc pas à réciter la Bera’ha de nouveau).
A partir de là, nous apprenons pour le cas de celui qui lit le Shema’ de la prière du matin (Sha’harit) ou de la prière du soir (Arvit).
Il doit se concentrer avant la lecture et penser qu’il lit afin d’accomplir la Mitsva de lire le Shema’, tel que la Torah lui ordonne.
Hormis cela, il existe une obligation supplémentaire lors de la lecture du Shema’ :
Se concentrer lors du 1er verset (Shema’ Israël…), et comprendre ce que l’on sort de sa bouche. Cette condition est indispensable dans l’accomplissement de la Mitsva de lire le Shema’, car sans cette pensée précise, on ne s’est pas acquitter de l’obligation de lire le Shema’, et l’on est tenu de le lire de nouveau.
Dans le passé, nous avions mentionné l’essentiel de la Kavana lors de ce verset.
Dans la prochaine Hala’ha – avec l’aide d’Hashem – nous expliquerons la Kavana précise qu’il faut avoir lors de la lecture du 1er verset, selon ce que nous savons de la Torah de notre maître le Rav shalita, et comment doit agir celui qui n’a pas eu de telles pensées lors de ce verset.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768 sheelot@free.fr
(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)
Pour recevoir la Halaha Yomit chaque jour, ainsi qu’un Dvar Torah le vendredi, par
[DP1]Tossafot gendres et petits enfants de RASHI. Commentateurs et décisionnaires de France et d’Allemagne 11ème et 12ème siècle
[DP2]RaSHBA Rabbenou Shlomo Ben Aderet Espagne 13ème siècle
[DP3]RIF Rabbi Its’hak EL FASSI Algérie – Maroc 11ème et 12ème siècle
[DP4]Gueonim Décisionnaires de la période post talmudique 8ème et 9ème siècle
[DP5]RYTBA Rabbenou Yom Tov Ben Avraham Espagne 14ème siècle
[DP6]RAHA Rabbenou Aharaon HaLevi auteur présumé du SEFER HA’HINOU’H Espagne 14ème siècle
[DP7]Maguid Mishné Rabbi Vidal DI TOLOSA Espagne 14ème siècle)
[DP10]Tour Rabbenou Yaakov Ben Asher Allemagne, fils du RoSH, Espagne 13ème et 14ème siècle.
[DP11]Rosh Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle
[DP12]Ba’al Hala’hot Guedolot Rabbi Yehoudaï Gaon Irak 10ème siècle
[DP15]RaZHa (Rabbenou Zera’hya HaLevi Espagne 12ème siècle, auteur du MAOR)
[DP18]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h
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