Répondre « Yehé Sheméh Rabba Mevara’h… » dans le Kaddish
Afin de mieux comprendre cette Hala’ha, nous vous conseillons de vous munir du Siddour (rituel de prières), et de l’ouvrir à la page du Kaddish.
Introduction
Le Kaddish est un texte de glorification du Nom d’Hashem, composé en araméen par nos ‘Ha’hamim. Il apparaît plusieurs fois durant les prières quotidiennes.
Il faut la présence d’un Minyan (10 juifs, âgés d’au moins 13 ans) pour le dire.
A la fin de certaines phrases du Kaddish, l’assemblée répond AMEN.
A la fin de la 3ème phrase du Kaddish, l’assemblée répond AMEN, puis, elle anticipe la prochaine phrase (« Yehé Sheméh Rabba Mevara’h… »), que va ensuite répéter le ‘Hazzan (l’officiant).
Question
Jusqu’où doit-on répondre « Yehé Sheméh Rabba Mevara’h… » ?
Est ce jusqu’à « Oul’almé ‘Almaya », ou bien jusqu’à « Itbara’h », ou alors jusqu’à « Be’alma » ?
Réponse
Avant tout, il faut préciser que ceux qui répondent jusqu’à « Oul’almé ‘Almaya », sans ajouter le mot suivant (« Itbara’h »), n’agissent pas conformément à la Hala’ha.
En effet, MARAN [DP1]rapporte dans le Beit Yossef (Ora’h ‘Haïm chap.56), au nom du Midrash :
Rabbi El’azar Ben Rabbi Yossé dit : « Un jour, lorsque je marchais en chemin, j’ai rencontré Eliyahou HaNavi z’’l (le Prophète Eliyahou), accompagné de 4 000 chameaux chargés. Je lui ai demandé de quoi étaient ils chargés, et il me répondit : « Ils sont chargés de la colère Divine qui va s’abattre sur toutes les personnes qui bavardent entre le Kaddish et Bare’hou (dans l’office du matin à la synagogue, avant les Bénédictions du Shema’) ; entre les paragraphes des Bénédictions du Shema’ ; entre les paragraphes du Shema ; entre « Amen. Yehé Sheméh Rabba Mevara’h Le’alam Oul’almé ‘Almaya » et « Itbara’ h ».
Puisqu’il est interdit de bavarder entre « Amen. Yehé Sheméh Rabba Mevara’h Le’alam Oul’almé ‘Almaya » et « Itbara’ h », nous en déduisons qu’il faut répondre la phrase, en incluant le mot « Itbara’h », sans les séparer.
MARAN cite également l’opinion du Gaon Rabbi Yossef G’IKATALYA [DP2](l’auteur du Sha’aré Ora), qui affirme lui aussi qu’il est interdit de séparer la phrase « Amen. Yehé Sheméh Rabba Mevara’h Le’alam Oul’almé ‘Almaya » du mot « Itbara’ h », et il s’étend longuement sur l’explication de la chose.
C’est ainsi que tranche MARAN dans le Shoul’han ‘Arou’h (Ora’h ‘Haïm chap.56 parag.3), que ceux qui répondent la phrase « Amen. Yehé Sheméh Rabba Mevara’h Le’alam Oul’almé ‘Almaya » sans « Itbara’ h », se trompent.
Cependant, à l’origine, le sujet faisait l’objet d’une Ma’hloket (une divergence d’opinion Hala’hic) entre les Rishonim.
C’est pourquoi, malgré le fait que MARAN a tranché selon l’opinion de ceux qui pensent qu’il est interdit de dissocier la phrase, du mot « Itbara’h », malgré tout, il existes quelques exceptions :
si l’on se trouve à un endroit de la prière où il est interdit de s’interrompre, comme au milieu des chapitres du Shema’ et de ses Bénédictions, certains pensent qu’il ne faut répondre dans ce cas que jusqu’à « Oul’almé ‘Almaya » sans le mot « Itbara’h », afin de ne pas s’introduire dans une situation de risque d’interruption.
Mais notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita écrit (Shou’t Yabiya’ Omer tome 1 chap.5 parag.3) qu’en se qui nous concerne, nous juifs Sefaradim, qui ont accepté exclusivement les décisions Hala’hic de MARAN, sans la moindre exception, nous devons répondre jusqu’à « Itbara’h » inclus, même lorsqu’on se trouve au milieu du Shema’ et de ses Bénédictions.
Pour ce qui est de répondre jusqu’à « Be’alma », ou de s’arrêter à « Itbara’h », ceci fait également l’objet d’une Ma’hloket parmi les Rishonim.
A travers les propos de MARAN dans le Beit Yossef (même référence), on déduit qu’il faut répondre jusqu’à « Be’alma ».
Qui plus est, telle est la tradition chez les Sefaradim, de répondre jusqu’à « Be’alma ».
Effectivement, jusqu’à « Be’alma », nous pouvons constater qu’il y a 28 mots (sans AMEN).
Or, la Gmara Shabbat (119b) nous enseigne :
Celui qui répond « Amen. Yehé Sheméh Rabba Mevara’h… », avec toute sa force, se verra annulé tous ses mauvais décrets.
Ce qui veut dire qu’il faut se concentrer lorsqu’on répond les 28 mots de cette phrase, car le mot « force » se dit en hébreu KOA’H, et possède la valeur numérique 28.
Mais les Ashkenazim ont la tradition de répondre seulement jusqu’à « Itbara’h », conformément à l’opinion de nombreux Rishonim et A’haronim.
Là aussi, notre maître le Rav shalita précise que malgré notre tradition de répondre jusqu’à « Be’alma », si l’on se trouve à un endroit de la prière où il est interdit de s’interrompre, comme au milieu des chapitres du Shema’ et de ses Bénédictions, on ne répondra que seulement jusqu’à Itbara’h, comme nous l’avons expliqué plus haut.
Par contre, si l’on se trouve au milieu des Pessouké Dezimra (les textes de Tehilim, préliminaires au Shema’ et à la ‘Amida), ou bien entre des chapitres du Shema’ ou de ses Bénédictions, il est convenable de répondre jusqu’à Be’alma.
En conclusion
La tradition chez les Ashkenazim est de répondre « Amen. Yehé Sheméh Rabba Mevara’h… », jusqu’au mot « Itbara’h » inclus.
Mais la tradition chez les Sefaradim est, conformément à l’opinion de MARAN dans le Beit Yossef, de répondre jusqu’à « Be’alma ».
Si l’on se trouve au milieu d’un chapitre du Shema’ ou de ses Bénédictions, il faut répondre jusqu’à « Itbara’h » inclus, par crainte de risque d’interruption.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768
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