La sortie du 9 Av et le 10 Av
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
Question
Quels sont les usages à la sortie du 9 Av ?
Décision de la Hala’ha
Nous avons l’usage de réciter Birkat Ha-Levana (bénédiction que l’on récite à la vue de la lune une fois par mois) après la prière de ‘Arvit, à la sortie du 9 Av.
Il est bon de goûter quelque chose avant de réciter Birkat Ha-Levana.
De même, il est bon de rechausser les chaussures en cuir et se laver le visage et les mains avant de réciter Birkat Ha-Levana, à la sortie du 9 Av.
Il est un bon usage de ne pas consommer ni de viande, ni de vin le soir du 10 Av (à la sortie du 9 Av) ainsi que la journée du 10 Av jusqu’au couché du soleil (Shki’a).
Les Ashkenazim ont l’usage – conformément à l’opinion du RaMA - de se l’interdire seulement jusqu’à ‘Hatsot (la moitié de la journée) du 10 Av.
Cependant, ceci n’est qu’une tradition et il ne faut pas s’étonner de voir des gens de certaines origines, qui n’ont pas cette tradition et qui consomment de la viande et du vin dés la sortie du jeûne.
Il est permis aux Sefaradim et originaires des communautés du moyen orient de se laver, de se couper les cheveux (et la barbe) et de laver le linge dés la sortie du 9 Av, mais cependant, les Ashkenazim ont l’usage de s’imposer la ‘Houmra (la rigueur) sur ce point également la journée du 10 Av (jusqu’à ‘Hatsot – la moitié de la journée).
Toute personne qui mange et boit le jour du 9 Av, ne méritera pas de voir la réjouissance de Jérusalem. Toute personne qui prend le deuil de Jérusalem, est méritante et voit sa réjouissance, comme il est dit : « Réjouissez vous pour Jérusalem, exultez de joie, vous qui l’aimez, exprimez l’allégresse, vous qui prenez le deuil pour elle. » (Guemara Ta’anit 30b)
Qu’Hashem nous donne le mérite de voir de nos propres yeux le retour d’Hashem à Tsion (Jérusalem), par la reconstruction du Temple. AMEN.
Sources et développement
Après la sortie des étoiles le jour du 9 Av, il est permis de manger et de boire.
Nous avons l’usage de réciter Birkat Ha-Levana (bénédiction que l’on récite à la vue de la lune une fois par mois) après la prière de ‘Arvit, à la sortie du 9 Av.
Certains Poskim (décisionnaires) – comme l’auteur du Shevout Ya’akov[D1] (tome 2 chap.11), l’auteur du ‘Hayé Adam[D2] (principe 118 chap.15), et l’auteur du ‘Hessed Lealafim[D3] (chap.426 note 3) – pensent qu’il est bon de goûter quelque chose avant de réciter Birkat Ha-Levana.
L’auteur du Eliyah Rabba[D4] (chap.426 note 16) fait remarquer que si le fait de goûter quelque chose avant Birkat Ha-Levana entraîne la perte de la présence du Minyan, il est préférable de réciter Birkat Ha-Levana à jeun.
Cette avis est également cité par l’auteur du Mishna Beroura[D5] (chap.426 Sha’ar Hatsioun note 9) et l’auteur du Kaf Ha’haïm[D6] (O.H chap.426 note 30)
Selon certains Poskim – comme l’auteur du Peri ‘Hadash[D7] (chap.426), l’auteur du Peri Meguadim[D8] (O.H chap.451 Mishbetsot Zahav note 5), le ‘Hessed Lealafim (chap.426 note 3), et le Mishna Beroura (chap.426 note 11) il faut veiller à rechausser les chaussures en cuir et se laver le visage et les mains avant de réciter Birkat Ha-Levana, à la sortie du 9 Av.
Certains Poskim – comme le RaMA[D9] (sur O.H chap.426 et chap.451 parag.8), ou le Levoush[D10] – pensent qu’il ne faut pas réciter Birkat Ha-Levana à la sortie du 9 Av. Leurs propos prennent leur source dans les usages et tradition du MaHaRYL[D11] (page 244). La raison est expliquée par l’auteur du Mishna Beroura (chap.’é- notes 9-10) qui écrit que Birkat Ha-Levana doit être récitée dans un état de joie. Or, même à la sortie du 9 Av, nous ne sommes pas encore totalement réjouis.
Mais cependant, la quasi totalité des Poskim - parmi lesquels l’auteur du Kenesset HeGuedola[D12] (chap.426) ; l’auteur du Peri ‘Hadash (chap.426) ; notre maître le ‘HYDA[D13] dans son commentaire Birké Yossef (chap.558 note 8) ; l’auteur du Peri Meguadim (chap.551 Mishbetsot Zahav note 8) ; l’auteur du Ben Ish ‘Haï[D14] (Parashat Devarim note 28) et de nombreux autres - réfutent cette opinion, et attestent que l’usage est de réciter Birkat Ha-Levana à la sortie du 9 Av.
Nos maîtres enseignent dans la Guemara Ta’anit (29a) :
Le 7 Av, les non juifs ont pénétrés à l’intérieur du He’hal (l’endroit le plus sacré du Temple de Jérusalem), et le 9 vers le soir, ils y allumèrent un incendie qui brûla toute la journée du 10 Av, au point où Rabbi Yoh’anan dira plus tard : « Si j’avais vécu à cette génération, j’aurais instauré le jeûne le 10 Av, car la majeure partie du He’hal se consuma ce jour là ». Mais les ‘Ha’hamim instaurèrent le jeûne au 9 Av, car ils ont considéré que le malheur est plus dur à son commencement.
Il est rapporté dans le Talmud Yeroushalmi que Rabbi Aboun jeûnait le 9 et le 10 Av, mais cependant, les ‘Ha’hamim n’ont pas voulus – selon le strict Din – instaurer 2 jours de jeûne, car nous n’avons pas la force de jeûner 2 jours.
Malgré tout, puisque le jour du 10 Av est lui aussi un jour de malheur, MARAN[D15] rapporte dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.558 parag.1) le bon usage de ne pas consommer ni de viande, ni de vin le soir du 10 Av (à la sortie du 9 Av) ainsi que la journée du 10 Av jusqu’au couché du soleil (Shki’a).
Les Ashkenazim ont l’usage – conformément à l’opinion du RaMA - de se l’interdire seulement jusqu’à ‘Hatsot (la moitié de la journée) du 10 Av.
Même si cette tradition possède de très solides fondements Hala’hic – puisqu’elle est rapportée par de nombreux Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), ainsi que par beaucoup d’A’haronim – il y a malgré tout de nombreuses communautés qui ne l’ont pas adopté, comme le rapporte l’auteur du livre Leket Yosher[D16] (fin de la page 110) au sujet de son maître Rabbi Israël ISSERLEIN[D17] (l’auteur du Teroumat Hadeshen) qui avait l’usage de ne pas consommer de viande à la sortie du 9 Av, mais ses enfants (qui étaient adultes) en consommaient. Ou bien comme le rapporte l’auteur du Ben Ish ‘HaÏ (Parashat Devarim note 15) au sujet de l’usage de la ville de Bagdad de procéder à la She’hita (abattage rituelle) le jour du 9 Av, pour les préparatifs du repas du soir.
Nous pouvons justifier de 2 façons l’usage des communautés qui n’ont pas adopté cette tradition de ne pas consommer de viande et de vin à la sortie du 9 Av et durant la journée du 10 Av.
- En effet, l’auteur du Shou’t Shoel Oumeshiv[D18] (1ère édition – tome 2 chap.100, début de parag. « Vehiné Yesh Lomar… », et tome 3 fin du chap.179) rappelle que lorsque nos ‘Ha’hamim nous enseignent que l’incendie fut allumé dans le Beit Hamikdash (le Temple de Jérusalem) le 9 Av au soir et qu’il brûla toute la journée du 10, ceci ne concerne que le 1er Beit Hamikdash, comme nous pouvons le déduire du verset « Au 5ème mois (Av), le 10ème jour du mois…Il (Nabuchodonosor) brûla la maison d’Hashem… (Jérémie chap.52). c’est d’ailleurs pour cela que s’exclamera plus tard Rabbi Yo’hanan (selon de nombreux commentateurs, il faut dire Rabban Yo’hanan Ben Zakaï, ce qui vient confirmer la thèse du Shoel OuMeshiv puisque Rabban Yo’hanan Ben Zakaï a vécut la destruction du 2ème Beit Hamikdash) « Si j’avais vécu à cette génération, j’aurais instauré le jeûne le 10 Av, car la majeure partie du He’hal se consuma ce jour là ».
Mais le 2ème Beit Hamikdash brûla totalement le 9 Av. Or, nous savons que la perte du 2ème Beit Hamikdash nous est plus douloureuse que celle du 1er , comme le RaMBaN[D19] l’écrit dans son livre Torat HaAdam (page 81a) en faisant remarquer que même si la première brèche dans la muraille de Jérusalem fut pratiquée le 9 Tamouz à l’époque du 1er Beit Hamikdash, nous ne jeûnons qu’au 17 Tamouz (1ère brèche dans la muraille à l’époque du 2ème Beit Hamikdash) car la destruction du 2ème Beit Hamikdash nous est plus douloureuse. L’auteur du Tikouné Issa’har[D20] (page 7a) explique le sens des propos du RaMBaN en disant que pour la perte du 1er Beit Hamikdash, Israël fut consolé en retournant plus tard sur sa terre et en reconstruisant le Beit Hamikdash (2ème), et toutes les souffrances de la destruction du 1er Beit Hamikdash furent oubliées avec la construction du 2ème.
Mais la perte du 2ème Beit Hamikdash, par nos nombreuses fautes, a entraîné notre exile qui se poursuit jusqu’à nos jours - le temps s’écoule et nous n’avons toujours pas été délivrés – C’est donc pour cela que la perte du 2ème Beit Hamikdash nous est plus douloureuse que la perte du 1er.
- Nous pouvons aussi justifié l’usage de certaines communautés qui n’ont pas adoptés cette tradition de ne pas consommer de viande et de vin à la sortie du 9 Av , ainsi que toute la journée du 10, à partir des propos de Rabbenou Mena’hem ‘Azarya de PANO[D21] dans son livre ‘Assara Maamarot (‘Hikour Din tome 1 chap.26).
Il cite le Zohar Hakadosh (Parashat Pekoudé) au sujet des fondations de la ville de Jérusalem qui ont miraculeusement disparues lors de la destruction du Temple, et ont été mis hors portée de la main de l’ennemi.
Ainsi écrit également l’auteur du Za’har David (page 350) au nom des Kabbalistes qui ont écris au nom du livre des He’halot, qu’en réalité, le Beit Hamikdash n’a pas été brûlé. Hashem envoya des Anges qui transportaient des briques, de la terre et des four à chaux provenant d’ailleurs, afin de convaincre ces Rasha’im (ces impies). Mais le Temple en lui-même fut caché et englouti dans le sol.
A la lueur de ces 2 explications, nous pouvons comprendre que certaines communautés n’ont pas l’usage d’attendre le 10 Av au soir pour consommer de nouveau la viande et le vin.
Il est permis aux Sefaradim et originaires des communautés du moyen orient de se laver, de se couper les cheveux (et la barbe) et de laver le linge dés la sortie du 9 Av, mais cependant, les Ashkenazim ont l’usage de s’imposer la ‘Houmra (la rigueur) sur ce point également la journée du 10 Av (jusqu’à ‘Hatsot – la moitié de la journée).
Cette Ma’hloket (divergence d’opinion Hala’hic) est une extension de l’usage d’attendre la fin de la journée du 10 Av pour consommer la viande et le vin.
Selon des Poskim Ashkenazim – comme le MaHaRSHaL[D22] dans une réponse Hala’hic (chap.92), l’auteur du Baït ‘Hadash[D23], l’auteur du Maguen Avraham[D24], l’auteur du Eliyah Rabba, l’auteur du Zera’ Emet[D25] (celui-ci est Sefarade !) (tome 1 section O.H chap.82) - il faut attendre le lendemain du jeûne pour se laver, se couper les cheveux (et la barbe) et laver le linge, au même titre que la viande et le vin.
Mais selon des Pokim Sefaradim, il est totalement permis de se laver, de se couper les cheveux (et la barbe) et de laver le linge dés la sortie du 9 Av, comme l’auteur du Maamar Morde’hi[D26] (chap.558 note 2) qui fait remarquer que les propos de MARAN et du RaMA dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.551 note 4) ne laissent entendre une rigueur uniquement pour la viande et le vin, mais il n’ont laissé entendre aucune interdiction pour ce qui est de se laver, se couper les cheveux (et la barbe) et de laver le linge, à la sortie du jeûne. C’est ainsi que tranche également l’auteur du Kenesset Haguedola (chap.558 note 4).
Il est enseigné dans la Guemara Ta’anit (30b) :
Toute personne qui mange et boit le jour du 9 Av, ne méritera pas de voir la réjouissance de Jérusalem. Toute personne qui prend le deuil de Jérusalem, est méritante et voit sa réjouissance, comme il est dit : « Réjouissez vous pour Jérusalem, exultez de joie, vous qui l’aimez, exprimez l’allégresse, vous qui prenez le deuil pour elle. »
Nos maîtres ont employé la forme présent « est méritant et voit sa réjouissance », alors qu’il aurait été plus juste d’employer la forme future « sera méritante et verra sa réjouissance ».
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita explique en disant qu’il a été décrété sur le mort (toute personne qui meurt) d’être oublié au bout de 12 mois (c’est généralement ce qui se produit, puisque les endeuillés se consolent de la disparition du défunt au bout de 12 mois, et la peine commence à s’estomper), alors que pour Ya’akov Avinou il est dit (lorsque Ya’akov pleura son fils Yossef, pensant qu’il avait été dévoré par une bête sauvage) : « Tous ses enfants se levèrent afin de le consoler, mais il refusa de se consoler », car il n’a pas été décrété pour un être vivant d’être oublié. Or, Yossef était encore vivant.
Il en est de même pour le Beit HaMikdash et Jérusalem, malgré les nombreuses années qui se sont écoulées depuis la destruction de Jérusalem, on continue à porter son deuil, car le Temple qui se trouve au Ciel, existe, comme il est dit : « le Sanctuaire d’Hashem, tes mains ont réalisé », et le 3ème Temple – rapidement et de nos jours – descendra construit depuis le Ciel.
Le fait de prendre le deuil pour Jérusalem, représente un bon signe pour la personne car elle est « méritante et voit sa réjouissance ».
En effet, le simple fait de prendre le deuil pour Jérusalem, exprime que le Temple existe encore, et qu’un jour, nous verrons sa réjouissance.
Nos maîtres ont déjà enseigné que le Mashiah’ Ben David doit naître un 9 Av.
Qu’Hashem nous donne le mérite de voir de nos propres yeux le retour d’Hashem à Tsion (Jérusalem), par la reconstruction du Temple. AMEN.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5768 sheelot@free.fr
(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)
Pour recevoir la Halaha Yomit chaque jour, ainsi qu’un Dvar Torah le vendredi, par
[D2]Hayé Adam Rabbi Avraham DANZTIG Allemagne 19ème siècle
[D3]Hessed Lealafim Rabbi Eli’ezer PAPO , auteur du célèbre Pélé Yo’ets. Rav de la ville de Silistra en Yougoslavie 19ème siècle
[D4]Eliya Rabba Rabbi Eliyahou Shapira Tchécoslovaquie 17ème siècle
[D5]Mishna Beroura Rabbi Israël Meïr HaCohen de Radin, le « ‘Hafets ’Haïm », Russie 20ème siècle, également auteur de ‘HAFETS ‘HAÏM, et de SHMIRAT HALASHON entre autres.
[D6]Kaf Ha’haïm Rabbi Yaakov ‘Haïm Sofer Irak Israël 20ème siècle
[D7]Péri Hadash Rabbi Hizkiyaou DA SILVA Israël 17ème siècle
[D8]Peri Mégadim Rabbi Yossef TOMIM Allemagne 18ème siècle
[D9]RaMA
Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim
[D11]MaHaR’YL Rabbenou Yaakov Ben Moshe Mouline, Allemagne 14ème siècle
[D14]Ben Ish ‘Haï Rabbi Yossef ‘HAÏM Irak 19ème siècle Auteur de nombreux ouvrages, dont Shou’t Rav Pe’alim, ‘Od Yossef ‘haï et d’autres…
[D15]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h
[D16]Leket Yosher Rabbi Yossef YOZ’EL Autriche 15ème siècle Elève du Teroumat Hadeshen
[D17]Teroumat Hadeshen Rabbi Israël ISSERLEIN Autriche 15ème siècle
[D18]Shoel Oumeshiv Rabbi Yossef Shaoul NATANZON. Pologne 19ème siècle. Auteur de nombreux autres ouvrages, comme le Maguen Guiborim ou le Mefarshé Ha Yam écrits en collaboration avec son beau frère le Gaon Rabbi Morde’haï Zeev SEGUEL – ETTINGUE.
[D20]Tikoun Issa’har Rabbi Issa’har IBN SHOUSHAN 17ème siècle Afrique du nord - Israël
[D22]RaSHaL ou MaHaRSHaL, Rabbenou SHlomo Louria Pologne 16ème siècle
[D23]Ba’h (Baït ‘Hadash) Rabbi Yoël SIRKISS Pologne 16ème siècle
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