quelques regards sur la Parasha de
Mikets
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
1. Le remède avant la maladie
Le rêve de Pharaon
Au bout de deux années, Pharaon fit un rêve. Il se trouvait sur le fleuve. Mais voici que sept vaches montaient du fleuve, des vaches belles d’aspect et grasses de chair, elles broutaient dans l’herbe. Mais voici que sept autres vaches montèrent après elles du fleuve, des vaches laides d’aspect et maigres, elles se placèrent aux côtés des premières vaches, au bord du fleuve. Les vaches maigres dévorèrent les vaches grasses, et Pharaon se réveilla. Il se rendormit et rêva de nouveau. Voici sept épis de blé qui montaient sur une seule tige, des épis pleins et beaux. Mais voici que sept autres épis, maigres et flétris par le vent d'est, s'élevèrent après eux. Et ces épis maigres engloutirent les sept épis bons et pleins. Pharaon s'éveilla et c'était un rêve. (Bereshit 41-1 à 7, début de notre Parasha)
Midrash Rabba
« Au bout de deux années, Pharaon fit un rêve. »
c’est ce que veut dire le verset dans Iyov (Job) : « Il a mit un terme aux ténèbres. » Hashem donna à Yossef quelques années à passer dans l’obscurité de la prison, mais lorsqu’ arriva le terme, immédiatement, « Pharaon fit un rêve ».
On peut expliquer ce Midrash par l’enseignement de la Gueamara Rosh Ha-Shana (11a) :
Yossef sortit de prison le jour de Rosh Ha-Shana.
Or, il est aussi enseigné dans la Mishna Rosh Ha-Shana (16b):
L’univers est jugé à 4 occasions dans l’année : A Pessa’h, sur la récolte ; A Shavou’ot, sur les fruits de l’arbre ; A Rosh Ha-Shana, toutes les créatures de l’univers passent devant Hashem comme les bêtes d’un troupeau devant le berger, A Soukkot, le monde est jugé sur l’eau.
Le Midrash se posait donc la difficulté suivante :
Le rêve de Pharaon – qui avait un lien avec la récolte (puisque Yossef l’interprètera plus tard dans ce sens, avec l’annonce des sept années d’abondance et les sept années de famine) - aurait dû se produire à Pessa’h où le monde est jugé sur la récolte, et non à Rosh Ha-Shana.
C’est pourquoi, le Midrash rapporte le verset de Iyov « Il a mit un terme aux ténèbres. » car le moment où Yossef devait sortir de prison arriva à Rosh Ha-Shana, où toutes les créatures de l’univers passent en jugement ce jour là devant Hashem. Et dés qu’arriva le terme, immédiatement, « Pharaon fit un rêve », afin de sortir Yossef de la prison, pour sauver toutes les créatures du monde, par sa sagesse.
C’est ainsi que les commentateurs expliquent ce que Yossef a dit à Pharaon après lui avoir interprété les rêves : « Maintenant, Pharaon doit voir un homme sage et intelligent, afin de le lacer sur tout le pays d’Egypte. » On pourrait effectivement s’interroger : Pharaon a-t-il demandé un conseille à Yossef ? Comment se permet-il de donner un conseil sans qu’on le lui demande ?
Mais lorsque Yossef donna l’interprétation des rêves de Pharaon, en lui annonçant les sept années d’abondance qui seront suivies par sept années de famine, il constata l’étonnement de Pharaon : ces rêves auraient dû avoir lieu à Pessa’h où le monde est jugé sur la récolte, et non à Rosh Ha-Shana où toutes les créatures de l’univers passent en jugement ce jour là devant Hashem.
Mais Yossef lui répondit qu’étant donné que toutes les créatures de l’univers passent en jugement ce jour là devant Hashem, et qu’Il décrétera aujourd’hui qui vivra et qui ne vivra pas, qui montera vers la grandeur et qui descendra vers la geôle, c’est justement le moment où Pharaon doit choisir un homme suffisamment intelligent et qu’il soit placé à la tête du pays, afin de le sauver de la famine, comme cela a été décrété aujourd’hui, jour de Rosh Ha-Shana.
2. La confiance totale en Hashem
« Au bout de deux années, Pharaon fit un rêve. »
Rashi au nom du Midrash :
« Heureux l’homme qui place toute sa confiance en Hashem… » – Il s’agit de Yossef.
« …et qui ne s’est pas tourné vers les êtres fanfarons… » – Il s’agit de Yossef, car le fait d’avoir sollicité l’aide du maître échanson, en lui disant : « Souviens toi de moi.. » et « Tu me mentionneras… », Hashem décréta sur Yossef 2 années d’emprisonnement supplémentaires.
Question
Apparemment, le Midrash se contredit, car dans un premier temps, il parle de Yossef comme étant celui qui « place toute sa confiance en Hashem », et ensuite, il nous précise qu’il a été punit pour avoir placer sa confiance en le maître échanson.
Réponse
L’auteur du Beit Ha-Levy élargit la question en demandant pourquoi reproche t-on à Yossef d’avoir sollicité l’aide du maître échanson pour obtenir une faveur ?
Ne sommes nous pas tenus de tout mettre en œuvre pour se sortir d’une mauvaise situation ? En quoi cela peut-il remettre en cause la confiance en Hashem ?
Nous sommes donc obligé de dire que Yossef Ha-Tsaddik s’illustrait tellement dans la qualité de la confiance en Hashem, au point qu’il a toujours refusé la moindre aide provenant de l’être humain, et il n’a placé toute sa confiance qu’en Hashem. C’est pour cela qu’il vit lui-même une faute dans le fait d’avoir sollicité l’aide d’un être humain, et il réclama lui-même la punition.
Le fait même que, pour avoir sollicité l’aide du maître échanson, en lui disant : « Souviens toi de moi.. » et « Tu me mentionneras… », Hashem décréta sur Yossef 2 années d’emprisonnement supplémentaires – une telle sollicitation, qui reste permise à tout homme, fut considérée comme une faute pour Yossef – prouve de façon irréfutable que Yossef était « l’homme qui place toute sa confiance en Hashem… » car son niveau de confiance en Hashem était tellement élevé, que la moindre sollicitation de l’être humain, était considérée pour lui comme une faute sur laquelle il fut punit.
D’où sait on que Yossef était « l’homme qui place toute sa confiance en Hashem » ?
Parce qu’il fut punit pour s’être « tourné vers les êtres fanfarons ».
Histoire
On raconte qu’un jour, le Ba’al Shem Tov reçut le message d’Hashem qu’il lui ordonnait de se rendre dans un certain village, afin d’y apprendre la qualité de la confiance en Hashem. Le Ba’al Shem Tov prit ses élèves et se rendit dans ce village où ils furent hébergés chez la personne chargée de récolter l’impôt auprès de la communauté juive et de l’emmener auprès du gouverneur.
Cet homme était quelqu’un de très accueillant et il les reçut avec beaucoup de joie.
Le lendemain, au moment de la prière du matin, un policier arriva avec un bâton dans les mains. Il frappa 3 coups sur la table, et s’en alla. Le Ba’al Shem Tov et ses élèves – ne comprenant pas le sens de ces 3 coups – se tournèrent vers leur hôte et constatèrent que son visage était toujours aussi souriant et joyeux qu’auparavant.
Une demi heure plus tard, après la prière du matin, le policier revint et frappa de nouveau 3 coups sur la table et s’en alla.
Le Ba’al Shem Tov demanda à son hôte, que voulaient dire ces coups répétés.
L’homme lui dit : « C’est un avertissement de la part du gouverneur, pour me signifier que je dois lui apporter aujourd’hui même l’impôt de la communauté. Si au bout de 3 avertissements comme ceux là, on ne lui apporte pas l’argent, il pend le percepteur et sa famille en captivité. »
Le Ba’al Shem Tov lui dit :
« A te voir aussi paisible, on déduit facilement que tu dois certainement avoir la somme. C’est pour cela que je te propose que tu ailles payer cette dette, et nous t’attendrons ici »
L’homme lui répondit :
« Pour l’instant, je n’ai pas le moindre sou. Mais Hashem va probablement me faire parvenir la somme. Par conséquent, allons manger tranquillement, car il me reste encore 3 heures. »
A la fin du repas, le policier se présenta pour la 3ème fois et frappa de nouveau 3 coups sur la table. Le maître de maison garda son calme, récita le Birkat Hamazon, et se leva pour revêtir les vêtements de Shabbat en disant : « Maintenant je vais aller payer. »
Le Ba’al Shem Tov lui demanda :
« As-tu déjà toute la somme nécessaire ? »
L’homme répondit :
« Pour l’instant, je n’ai pas le moindre sou. Mais Hashem va certainement me faire parvenir la somme. »
L’homme quitta sa maison et se dirigea vers le palais du gouverneur.
Le Ba’al Shem Tov et ses élèves restèrent sur le balcon pour voir ce qui allait se passer. Soudain, ils virent un carrosse venir à la rencontre du percepteur. Lorsqu’ils se rencontrèrent, l’occupant du carrosse échangea quelques mots avec le percepteur, et chacun continua son chemin. Mais quelques instants plus tard, le carrosse s’arrêta de nouveau et son occupant appela le percepteur et lui tendit une grosse somme d’argent. Lorsque le carrosse reprit sa route et arriva à l’endroit où se tenaient le Ba’al Shem Tov et ses élèves, ils demandèrent à l’occupant du carrosse :
« De quoi as-tu parlé avec le percepteur ? »
L’occupant du carrosse répondit :
« Je lui ai proposé une affaire : je lui ai proposer de lui acheter tout le stock d’eau de vie qu’il fabriquera cet hiver. Au début, je ne me suis pas entendu avec lui sur le prix, mais lorsque j’ai vu qu’il s’entêtait en restant sur son prix, et qu’il préféra continuer son chemin, j’ai été forcé de lui donner le prix qu’il exigeait, sachant qu’il est droit et honnête. J’ai voulu bavarder d’avantage avec lui mais il m’a dit qu’il était pressé car il se rendait au palais du gouverneur pour lui apporté l’argent de l’impôt de la communauté. »
Le Ba’al Shem Tov dit à ses élèves :
« Regardez la force de la confiance en Hashem !! »
3. La technique du Yetser Hara’
Mais voici que sept autres vaches montèrent après elles du fleuve, des vaches laides d’aspect et maigres, elles se placèrent aux côtés des premières vaches, au bord du fleuve. Les vaches maigres dévorèrent les vaches grasses…
L’auteur du Sefat Emet fait remarquer qu’un célèbre enseignement de nos maîtres est allusionné ici ;
En effet nos maîtres enseignent qu’au début, le Yetser Hara’ (le mauvais penchant) se manifeste chez l’individu comme un « simple passant ». Ensuite, il revient comme un « invité », et fini par se comporter comme le « chef de la maison » en déployant son emprise sur l’individu.
Les sept vaches maigres symbolisent le mal contenu dans le Yetser Hara’. Au début, il « monte » progressivement en se dévoilant à des moments éloignés, puis il « se tient aux côtés » de l’individu en se collant à lui comme un invité, et il fini par le dévorer définitivement.
Résumé de l’enchaînement des évènements
Pharaon convoque ses ministres et ses devins, mais aucun ne parvient à donner une signification à son rêve.
Le maître échanson se souvient de Yossef et le mentionne devant Pharaon qui le fait appeler immédiatement.
Yossef interprète le rêve de Pharaon et l’informe que sept années d’abondance – correspondantes aux sept vaches grasses et aux sept beaux épis de blé - vont venir pour l’Egypte. Puis, sept années de famine – correspondantes aux sept vaches maigres et aux sept épis flétris - vont s’abattrent sur l’Egypte.
Yossef conseille à Pharaon de nommer sur l’Egypte un homme assez intelligent pour mettre en place dans chaque ville une réserve sur l’abondance qui va arriver. Grâce à cela, l’Egypte pourra continuer à vivre durant les sept années de famine qui suivront.
Pharaon est ravi de ce conseil et décide que ce sera Yossef lui-même qui remplira cette fonction, il le nomme vice-roi d’Egypte.
Yossef se mari à Asnat (qui n’est autre que sa nièce, la fille de Dina, qui avait été adoptée en Egypte).
4. Le rêve et la réalité
Les frères de Yossef partirent à dix, pour acheter du grain en Égypte. Or, Yossef était le gouverneur de la contrée; c'était lui qui faisait distribuer le blé à tout le peuple du pays. Les frères de Yossef à leur arrivée, se prosternèrent devant lui la face contre terre. En voyant ses frères, Yossef les reconnut; mais il se dissimula vis-à-vis d'eux, et, leur parlant rudement, leur dit : « D'où venez vous ?! » Ils répondirent : « Du pays de Kanaan, pour acheter des vivres. » Yossef reconnut bien ses frères, mais eux ne le reconnurent point. (Bereshit 42)
Question
Pourquoi s’être dissimulé à eux ? Ne sont-ils pas venus se prosterner à lui, conformément à son rêve (voir Parasha de Vayeshev) ? Pourquoi leur avoir parlé durement ?
Réponse
Le Gaon Rabbi Eliyahou BENSHOUSHAN z.ts.l (qui fut le Rav de la communauté de Sha’aré Tsedek à Lyon en France) répond dans son livre Marpé Lanefesh (page 168), qu’en réalité Yossef avait l’intention de les accueillirent chaleureusement, et peut être même de se dévoiler à eux, pour ne pas transgresser l’interdiction de se venger, et aussi parce que celui qui avoue et délaisse sa faute, doit être pris en pitié, et le fait qu’ils se sont prosterné à lui, représente un aveu sur l’authenticité de ses propos et de ses rêves antérieurs.
Mais Yossef remarqua qu’ils n’étaient que 10, puisque Binyamin n’était pas avec eux. Il se dit : « Cela suffit pour authentifié mon premier rêve, car le nombre de gerbes n’était pas précisé, mais uniquement qu’elles se prosternaient à ma gerbe. Par contre, dans mon deuxième rêve, le chiffre était précis, 11 étoiles venaient se prosterner à moi, alors qu’aujourd’hui, ils ne sont que 10. »
C’est pour cela qu’il se dissimula à eux, jusqu’à provoquer un enchaînement de choses qui le mena à leur exiger d’aller chercher Binyamin, afin d’authentifier également le deuxième rêve.
5. Surcharge illégale
Après avoir vu son frère Binyamin, Yossef impose encore à ses frères toutes sortes de désagréments, et ordonne de dissimuler sa coupe d’argent personnelle dans la sacoche de Binyamin, au moment où les frères s’apprêtent à repartir avec les vivres pour leurs familles.
A la lueur de l’aube, les hommes partirent, eux ainsi que leurs ânes. (Bereshit 44-3)
Question
Pourquoi nous préciser aussi que leurs ânes partirent eux aussi ?
Réponse
On enseigne dans la Guemara Ta’anit (24a) que chaque fois que l’âne de Rabbi Yossé DeMin YOKRAT, était loué à des gens, ceux-ci renvoyaient l’âne à son propriétaire en chargeant l’argent de la location sur le dos de l’âne. Si la somme placée sur le dos de l’âne, était inférieure ou supérieure à la somme convenue, l’âne ne bougeait pas et refusait de s’en aller. Un jour, les locataires de l’âne oublièrent une paire de chaussures sur le dos de l’âne, et celui-ci refusa de partir jusqu’à qu’on retire les chaussures de son dos.
De même, Yossef connaissaient les ânes de ses frères, les saints Shevatim, et il savait que si tout ce désagrément n’était pas justifié, l’âne de Binyamin – sur lequel était chargée la coupe d’argent - refuserai de bouger. Il fallait donc un signe pour que Yossef sache que son attitude était approuvée par Hashem. Lorsqu’il vit que « les hommes partirent, eux ainsi que leurs ânes », il comprit qu’il agissait sous inspiration Divine.
Shabbat Shalom et ‘Hanouka Samea’h
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769
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