quelques regards sur la Parasha de
‘Hayé Sarah
Ces Divré Torah sont dédiés Le’ilouï Nishmat H'aya Myriam Bat Ayala z’’l, dont nous célébrons cette semaine (28 ‘Heshvan) la Hazkara
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
1. L’emprunte du Tsaddik sur toute une génération
« La vie de Sarah fut de cent ans, vingt ans et Sept ans (127 ans) – les années de vie de Sarah. » (Bereshit 23, 1 début de notre Parasha)
Question
Que vient nous apprendre la fin du verset : « Les années de vie de Sarah » ? A première vue, ces mots semblent ne rien ajouter à ce qui a déjà été dit.
Nos Sages identifient souvent les époques, explique le ‘Hatam Sofer, en utilisant les noms des individus remarquables qui les ont marquées. C’est ainsi qu’ils parlent de la génération « de Rabbi Shim‘on Bar Yo‘haï » ou de celle de « ‘Honi Hame‘aguel ». Ici aussi, la Tora nous enseigne que Sarah était une personne si impressionnante et grandiose que son nom est devenu synonyme de l’époque où elle a vécu. Ses cent vingt-sept années seront désormais connues comme « Les années de vie de Sarah », ou dans le langage moderne « l’époque Sarah ».
Rav Ya‘aqov Kaminetsky propose une autre explication.
Rashi indique que si le récit de la mort de Sarah suit immédiatement celui de la ‘Akeda (« sacrifice de Yits‘hak »), c’est parce que l’une a été la suite de l’autre. En apprenant que son fils avait failli être immolé sur le mont Moriah, Sarah a éprouvé un tel choc qu’elle en est morte. Les cyniques et les moqueurs de l’époque ont cherché à utiliser ce décès tragique pour saper le prestige d’Avraham : Si seulement il avait refusé de sacrifier son fils, lançaient-ils à qui les écoutait, sa femme serait encore en vie !
La Torah vient ici en témoigner : Ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées ! C’était « Les années de vie de Sara ». Elle avait vécu jusqu’au terme des années qui lui avaient été imparties. La nouvelle concernant son fils n’avait fait que fournir l’instrument de son décès. S’il n’y avait pas eu de ‘Akeda, elle serait morte au même moment, mais par d’autres moyens.
2. La beauté des actes
« La vie de Sarah fut de cent ans, vingt ans et Sept ans (127 ans)… »
Rashi : A 100 ans, elle était aussi pure qu’une jeune fille de 20 ans vis-à-vis de la faute, et à vingt ans, elle était aussi belle qu’une enfant de sept ans.
Question
Généralement, une jeune fille de 20 ans est plus belle qu’une enfant de sept ans.
En réalité, voici comment il faut comprendre ;
Lorsqu’il s’agit d’une enfant de 7 ans, nous ne voyons généralement parmi tous ses actes que le bon côté des choses, car nous mettons l’aspect négatif sur le compte du fait qu’elle n’est qu’une enfant, et nous lui trouvons donc des circonstances atténuantes.
Par contre, lorsqu’il s’agit d’une jeune fille de 20 ans, il est impossible de trouver des circonstances atténuantes sur tous ses actes, et il est certain que l’on va lu reprocher des choses.
Pour notre matriarche Sarah, même à l’age de vingt ans, ses actes étaient tous d’une telle perfection que l’on ne voyait chez elle que de la beauté, comme pour une fillette de 7 ans chez qui nous ne voyons que des bonnes choses. (Ma’yana Shel Torah)
3. Le « Baiser Divin » ou « l’Ange de la Mort » ?
« Avraham se leva de devant la face de son mort, il parla aux gens de ‘Het en disant. » (Bereshit 23-3)
Que signifient l’expression : « de devant la face de son mort » ? N’eût-il pas suffi de dire qu’il se leva « de devant son mort » ?
Cette précision vient attester, explique Rav Yonathan Eybescheitz, que Sara était digne d’être enterrée dans la caverne de Ma’hpela. Cette enceinte funéraire entourée de sainteté était destinée à des gens qui quitteraient ce monde sous l’effet d’un « baiser divin ». Ceux qui avaient été emmenés par l’Ange de la Mort n’étaient pas considérés comme assez dignes d’y être inhumés.
Comment alors Avraham a-t-il pu y enterrer sa femme ? N’ayant pas assisté à son décès, comment savait-il qu’elle n’avait pas été enlevée par l’Ange de la Mort ?
La réponse était dans « sa face ». Nos Sages nous apprennent (‘Avoda Zara 20b) qu’une goutte jaillie de l’épée de l’Ange de la Mort tombe sur le corps du défunt, provoquant sa décomposition et décolorant son visage. Quand Avraham regarda la dépouille de Sara et vit que sa face était restée inchangée, il comprit qu’elle n’avait pas quitté ce monde sous l’effet de l’Ange de la Mort. Voilà pourquoi il « se leva de devant “sa face” », et alla parler aux gens de ‘Het. (Rav Dov Lumbroso-Roth)
4. Entre amis
« ’Efron répondit à Avraham en lui disant. Monseigneur, écoute moi : une parcelle de terrain qui ne vaut que 400 Shekel d’argent, qu’est ce que cela peut représenter entre toi et moi ?! Enterres y ton mort. » (Bereshit 23-14 et 15)
Avraham Avinou désire acquérir la caverne de Ma’hpela pour y ensevelir sa femme Sarah. Il demande à ‘Efron le chef du peuple de ‘Het – propriétaire du terrain où ce trouve la caverne – de lui vendre son terrain.
‘Efron – dans un premier temps – laisse entendre qu’il est prêt à le lui offrir, mais lorsqu’il entend d’Avraham qu’il est prêt à y mettre le prix, il annonce tout d’un coup la somme – qu’il prétend « dérisoire » - de 400 Shekel d’argent contre le terrain.
Rashi : Entre deux amis, qu’est ce qu’une telle somme peut-elle représenter ?!
Question
Depuis quand Avraham et ‘Efron sont-ils amis ?
Rabbi ‘Haïm de Wiznitz répond en disant que chacun des deux est « l’ami » d’une certaine chose. Voici ce qu’a voulut dire ‘Efron :
Moi, je suis « l’ami » de l’argent car j’aime l’argent, et 400 Shekel d’argent ne me suffisent pas puisque « celui qui aime l’argent, ne s’en rassasie jamais ! ». Et toi, tu es « l’ami » des Mitsvot car tu aimes les Mitsvot, puisque tu es prêt à investir tout l’argent du monde afin d’accomplir une Mitsva.
Donc, 400 Shekel d’argent ne représentent pas grand-chose pour deux « amis » comme nous ! (Mima’yanot Hanetsa’h)
5. La Torah sans Midot
« Je te demande de me jurer par Hashem qui est le D. du ciel et le D. de la terre, que tu ne choisiras pas une femme pour mon fils, parmi les filles de Kena’an où nous résidons. Tu iras seulement vers ma terre d’origine, dans le lieu où je suis né, et c’est là que tu choisiras une épouse pour mon fils Its’hak. » (Bereshit 24-3 et 4)
Avraham Avinou, voyant la fin de sa vie approcher, confie une mission à son fidèle serviteur Eli’ezer, et lui demande d’aller trouver une digne épouse pour son fils Its’hak. Mais il redoute les filles de Kena’an où il réside, et demande à son serviteur d’aller jusqu’à ‘Haran, le lieu de naissance d’Avraham, afin d’y choisir une épouse pour Its’hak.
Pour s’assurer qu’Eli’ezer ne pendra pas une fille de Kena’an, Avraham lui fait prêter serment.
Question
Beaucoup de commentateurs s’interrogent :
Quelle particularité Avraham voit-il dans les filles de son pays – Aram Naharaïm (‘Haran) – par rapport à celles du pays de Kana’an ? En quoi sont-elles différentes les unes des autres ? Ne sont-elles pas toutes des idolâtres ?! La maison de Betouel et de Lavan (père et frère de Rivka, la future épouse d’Its’hak) n’était-elle pas remplie d’idoles, comme nous le voyons quelques versets suivants ?
En réalité – comme nous le voyons plus largement à travers les commentaires – les gens du pays de Kena’an étaient dotés de très mauvaise qualités humaines, et ils s’illustraient particulièrement par leurs mœurs dépravés. Or, les qualités humaines – les Midot – sont encrées très profondément dans le sang et dans la personnalité de l’individu, et se transmettent à sa descendance, au point où il est extrêmement difficile de les déraciner, car cela demande de très grosses capacités de croyance et de maîtrise du tempérament.
Les filles de ‘Haran ne s’illustraient pas particulièrement par leurs mauvaises Midot (leurs mauvaises qualités humaines), mais surtout par leurs fausses conceptions idolâtres. Or, la conception n’est pas quelque chose qui se transmet systématiquement par héritage. C’et pourquoi, Avraham Avinou donna sa préférence pour un pays où les gens possèdent des mauvaises conceptions, des gens sur lesquels il est possible d’influer positivement afin de les ramener dans le droit chemin, plutôt qu’un pays où les gens possèdent des mauvaises Midot (des mauvaises qualités humaines) et dont la nature - mauvaise et qui se transmet à la descendance - est très difficile à changer.
Constatons de nous même :
Eli’ezer arrive à ‘Haran et prie Hashem de l’aider dans son entreprise.
Dans sa prière, il demande à Hashem de lui indiquer de façon précise la femme qu’Il a destiné à Its’hak, et pour cela, il demande un signe selon lequel, la femme à qui Eli’ezer demandera de l’abreuver, et qu’elle répondra : « Je t’abreuverai, toi ainsi que tes chameaux. », sera celle qu’Hashem aura destiné pour its’hak.
Lorsqu’ Eli’ezer va se tenir prêt de la source d’eau à ‘Haran, en guettant les filles de la ville afin de savoir laquelle d’entre elles viendra l’abreuver – lui et ses chameaux - (en signe que sa prière a été exaucée), il voit tout à coup Rivka qui descend vers la source d’eau, et il constate que l’eau monte d’elle-même vers Rivka !!!
Y a-t-il encore un doute sur le fait que Rivka est bien la femme destinée par Hashem pour its’hak ?!
Est-il encore nécessaire de la tester avec le fait qu’elle l’abreuve lui et ses chameaux ou non ? Est ce qu’un miracle dévoilé comme celui-ci ne suffit pas ?!!
Mais en réalité, c’est ce que l’on a expliqué.
Le niveau spirituel d’un individu – même le plus élevés des niveaux, même le niveau qui fait mériter des miracles – n’indique en rien l’état de ses Midot (qualités humaines). Et en tant que fidèle envoyé de son maître, Eli’ezer met malgré tout Rivka à l’épreuve du ‘Hessed (la bonté), qui est la Mida (qualité) de prédilection d’Avraham Avinou, et ce n’est que lorsque Rivka gagne cette épreuve qu’Eli’ezer sait qu’elle est véritablement la femme destinée à Its’hak. (Yalkout Maamarim)
6. L’union de deux êtres : c’est l’œuvre d’Hashem (humour)
« Lavan et Betouel répondirent : La chose a été écidée par Hashem… » (Bereshit 24-50)
On raconte qu’un Sultan arabe de la ville d’Istanbul dit un jour au Grand Rabbin du pays :
« Vous les juifs, prétendez que seul Hashem est à même de composer des couples, et qu’un être humain n’en a pas la possibilité. Moi je suis convaincu que l’être humain peut composer des couples, et j’en ai moi-même la capacité ! »
Le Grand Rabbin lui répondit :
« Majesté ! Si tu es convaincu de réussir, fais le, mais pour ma part, je peux te garantir que tu vas échoué. »
Le Sultan lui dit :
« Je suis prêt à essayer et je suis sûr de réussir ! »
Quelques temps plus tard, le Sultan rencontra une belle jeune fille célibataire, à qui il remit une lettre qu’elle devait porter à l’un de ses ministres qui était lui aussi célibataire, qui lui donnerai 100 pièces d’argent en échange de la lettre. Le Sultan avait écrit dans la lettre qu’il ordonnait au ministre d’épouser la jeune fille porteuse de cette lettre et de lui donner également la somme de 100 pièces d’argent.
En allant jusqu’à la maison du ministre pour lui remettre la lettre, la jeune fille rencontra en chemin une vieille dame pauvre qui lui demanda de lui donner de quoi se nourrir. La jeune fille eu pitié de la vieille dame et lui donna la lettre à remettre au ministre en lui expliquant qu’il lui donnera 100 pièces d’argent en échange de cette lettre.
La vieille dame se réjouit de la proposition et se rendit chez le ministre pour lui remettre la lettre. Lorsque le ministre ouvrit la lettre, il lut que le Sultan lui ordonnait d’épouser la porteuse de cette lettre. Le ministre exécuta l’ordre du Sultan et épousa la vieille dame.
Quelques temps plus tard, le Sultan organisa une fête à laquelle il convia tous ses ministres.
Sur la table, étaient posées toutes sortes de friandises, et notre ministre prit un morceau de Ra’hat ‘Halkoum (pâtisserie orientale très prisée pour les connaisseurs !!), l’enveloppa soigneusement et le mit dans sa poche.
Le Sultan voyant cela, s’étonna et demanda au ministre :
« Pourquoi mets-tu cette pâtisserie dans ta poche ? »
Le ministre répondit :
« J’ai une femme qui est âgée et qui n’a plus de dents, et c’est pour cela que je prend ce Ra’hat ‘Halkoum qui est une pâtisserie tendre pour elle. »
Le Sultan s’étonna d’avantage :
« Mais qu’est ce que tu racontes !! Ta femme est une belle jeune fille !!! »
Le ministre répondit :
« Majesté ! Je n’ai fais qu’accomplir tes ordres. J’ai épousé cette vieille dame qui m’a remit la lettre que tu m’as envoyé ! »
Le Sultan fit son enquête et comprit ce qu’avait fait la jeune fille. Il alla trouvé le Grand Rabbin et lui dit : « Moshé est vrai et sa Torah est vraie ! Seul Hashem peut composer des couples !! »
Shabbat Shalom
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769
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