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jeudi 13 novembre 2008

Divré Torah sur Vayera

Divré Torah sur

Vayera

Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)

Discrétion inutile

« Hashem lui apparut dans les plaines de Mamré, et il était assis à la porte de la tante, sous la chaleur du jour. » (Bereshit 18-1. Début de notre Parasha)

Avraham Avinou vient de pratiquer sur lui-même la Berit Mila à l’âge de 99 ans.

Au 3ème jour après sa Mila (qui est le jour le plus douloureux après un tel acte), il s’assied comme à son habitude à la porte de la tente – ignorant la douleur - dans l’espoir de pouvoir accomplir une fois de plus la Mitsva de Ha’hnassat Or’him (l’hospitalité).

Hashem qui vient le visiter ce jour là (Bikour ‘Holim – visite aux malades) - ne voulant pas qu’il se fatigue en accueillant d’éventuels voyageurs – fait « sortir le soleil de son enveloppe », et à cause de cette chaleur torride, toute personne va se décourager de sortir ce jour là.

Midrash Rabba (Bereshit Rabba 42-14)

Hashem dit à Mamré : « Tu l’as encouragé à pratiquer la Mila, je jure par ta vie que je ne me dévoilerais à lui ni dans la demeure de Eshkol, ni dans celle de ‘Aner mais uniquement dans ta demeure. C’est exactement le sens du texte : «« Hashem lui apparut dans les plaines de Mamré… »

Avraham Avinou reçoit l’ordre explicite d’Hashem de pratiquer la Berit Mila, mais avant de le faire, il s’interroge si cet acte ne va pas engendrer un certain danger pour Avraham : « Jusqu’à présent, de nombreuses personnes se tenaient à mes côtés, mais maintenant, ils vont me haïre du fait que je me distingue vis-à-vis d’eux. Ils vont s’unir et se mettre en guerre contre moi, et du fait de ma faiblesse physique occasionnée par la Berit Mila, je ne pourrais peut être pas leur résister ! »

C’est pourquoi, avant de pratiquer la Berit Mila, Avraham Avinou prit conseille auprès de ses 3 amis : ‘Aner, Eshkol et Mamré.

Chacun d’entre eux lui donna un conseil différend.

‘Aner lui dit : « Qu’est ce qu’un vieillard comme toi, âgé de 99 ans, va s’exposer à un si grand danger ! »

(Dans le nom de ‘Aner, nous retrouvons son conseil :

‘Inouï Nefesh Ra’ = עינוי נפש רע

= La mortification est mauvaise)

Eshkol lui dit : « Si tu réalises un tel acte, tu t’exposes à la vengeance des tous les proches des rois que tu as tué lors de la guerre ! »

(Dans le nom d’Eshkol, nous retrouvons son conseil :

A’hé Son’im Kabirim Va’atsoumim Le’ha = כבירים ועצומים לך אחי שונאים

= les frères de tes ennemis sont forts et puissants)

Mamré lui dit : « Ce même D. qui t’a sauvé de la fournaise, qui t’a délivré de la main des 4 rois, et qui te demande aujourd’hui de pratiquer la Berit Mila, ne l’écouterais-tu pas de nouveau ?! »

(Dans le nom de Mamré, nous retrouvons son conseille :

Mol Maher Rof’e’ha El = ל -א רופאך מהר מול

= Pratiques vite la Mila car ton guérisseur c’est Hashem !)

Question

Le Da’at Zekenim Miba’alé Hatossafot demande :

Comment est-il concevable qu’un homme aussi important et Tsaddik qu’Avraham Avinou, qui a surmonté les 10 épreuves avec succès, vienne demander conseil avant d’accomplir un ordre d’Hashem qui lui a été donné de façon très explicite ?

Réponse

En réalité, le conseil que demande Avraham Avinou n’est certainement pas s’il faut pratiquer la Mila ou pas, mais plutôt s’il faut le faire publiquement ou dans l’intimité. Mamré lui conseil de le faire en publique afin d’inspirer le monde entier à imiter son acte.

Les commentateurs expliquent que la raison pour laquelle Avraham Avinou demande conseil s’il faut accomplir la Mila en publique ou dans l’intimité, réside dans le fait qu’Avraham Avinou n’avait comme objectif que de rapprocher sous les ailes de la She’hina tous les égarés. Il craignait qu’en faisant la Mila, les gens s’abstiennent de le côtoyer, et qu’ils profèrent de la médisance vis-à-vis de la Torah puisqu’elle n’a pas de pitié envers les créatures, puisqu’elle ordonne de pratiquer la Mila même sur les plus âgés. Toutes ces craintes étaient justifiées puisqu’ en ces temps de barbarie et de sacrifices humains aux idoles, Avraham véhiculait une image plutôt pacifiste de la Torah qui n’impose aucune mortification ni aucun martyr.

C’est pourquoi Avraham craignait que cet acte ne vienne contredire toute son œuvre. Il pensait donc qu’il fallait plutôt le pratiquer dans l’intimité, afin de continuer à tisser des liens d’amour envers les autres, pour rapprocher de nouvelles âmes sous les ailes de la She’hina. C’est pourquoi il demanda conseil à ses amis.

Même si ‘Aner et Eshkol ont totalement rejeté l’accomplissement de la Mitsva pour des raisons de danger, Mamré lui suggéra non seulement d’accomplir cet acte, mais surtout de le faire en publique.

Cette crainte d’Avraham Avinou est décrite dans le Midrash Rabba (Bereshit Rabba 47-13) :

Avraham dit : « Tant que je n’avait pas encore pratiqué la Mila, des passants et des promeneurs venaient me visiter. Maintenant que j’ai pratiqué la Mila, va-t-on dire qu’ils ne viennent plus ?! »

Hashem dit : « Avraham ! Tant que tu n’avais pas encore pratiqué la Mila, ce sont des hommes incirconcis qui venaient te visiter. Maintenant que tu as pratiqué la Mila, c’est Moi-même dans toute Ma Gloire qui vient te visiter ! » C’est ce que veut dire le 1er verset de notre Parasha : « Hashem lui apparut dans les plaines de Mamré… »

Nous pouvons interpréter la plainte d’Avraham : « Tant que je n’avait pas encore pratiqué le Mila, des passants et des promeneurs venaient me visiter… »

« Passants et promeneurs » se dit en hébreux (dans ce contexte) : « ‘Ovrim VeShavim »

Le mot « ‘Ovrim » a la même racine que le mot « ‘Avera » qui signifie « transgression ».

Le mot « Shavim » a la même racine que le mot « Teshouva » qui signifie « repentir ».

La véritable crainte ‘Avraham Avinou était qu’avant la Mila, toutes les personnes qui avaient commis des transgressions (‘Ovrim), pouvaient encore faire Teshouva (Shavim) grâce à l’influence d’Avraham Avinou sur leurs personnes, mais maintenant qu’il a pratiqué la Mila, peut être qu’il ne bénéficiera plus d’aucune crédibilité à leurs yeux, et de ce fait, ils ne se repentiront plus de leurs actes.

Nous pouvons retenir plusieurs messages de morale de toutes les craintes d’Avraham Avinou :

1. Il arrive parfois que l’on hésite à exprimer clairement nos positions religieuses par crainte de choquer ou mettre mal à l‘aise certaines personnes. Nous voyons du conseil de Mamré que lorsqu’il s’agit d’un ordre formel, et surtout explicite, d’Hashem, en d’autres termes, lorsqu’il s’agit de l’accomplissement d’une obligation religieuse, le juif ne doit pas chercher à ménager l’entourage, ni les conceptions des uns et des autres.

2. Une personne qui refuse de faire Teshouva, qui refuse de changer, utilisera toujours des prétextes pour remettre en question les fondements de la Torah. C’est pourquoi, lorsqu’il s’agit d’accomplir nos obligations religieuses – les Mitsvot – il ne faut pas faire l’erreur de croire qu’il faut prendre en compte la « sensibilité » de certains « êtres » encore fragiles psychologiquement, et à cause de cela, hésiter ou mettre des formes à notre pratique religieuse pour ne pas heurter certaines personnes au « choc facile ».

La vérité doit être dite même si elle n’est pas toujours agréable à entendre !!

Tiré du livre Vayomer Avraham du gaon Rabbi Avraham M. PATAL Ha-Levi z.ts.l, beau père de notre maître – qu’il soit distingué pour une longue vie – le Rav Ovadia YOSSEF shalita

Puissance et humililité

Bien que le texte suggère assez clairement à qui Hashem est apparu, ce n’est qu’au 6ème verset de ce chapitre que cette personne est explicitement désignée comme étant Avraham. Pourquoi en est-il ainsi ? N’aurait-il pas été plus approprié de commencer le récit par les mots : « Hashem apparut à Avraham » ?

La personnalité de notre patriarche présentait une dualité paradoxale, explique le Keli Yakar. Pour les gens, il était un grand et puissant prince, comme suggéré par son nom même, qui signifie : « père d’une multitude de nations » (Bereshit 17, 5). Mais sous cette apparence princière se dissimulait le véritable Avraham, un homme humble et modeste, qui ne se considérait que comme « poussière et cendres » (Bereshit 18, 27). Le « vrai Avraham » était donc à l’opposé

de son nom !
Il ne fait aucun doute que c’est son humilité authentique qui lui a valu l’honneur d’une rencontre directe avec Dieu. La Guemara Nedarim (38a) nous enseigne en effet que la Présence Divine réside uniquement aux côtés des humbles. Si la Tora avait dit que « Hashem est apparu à Avraham », nous aurions pu penser que c’était dû à sa stature princière, à l’aspect représenté par le nom « Avraham ». C’est pourquoi le verset emploie délibérément le pronom seul, en nous disant que Hachem « lui » est apparu, à l’homme qui était une incarnation même de l’humilité.

Arrêtons de croire que c’est la puissance nous mène au sommet, car sans de l’humilité, on reste en bas !!

D’après les écrits du Rav Dov Lumbroso-Roth shalita

Shabbat Shalom

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769

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