quelques regards sur la Parasha de
Toledot
Ces Divré Torah sont dédiés à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
1. La force de la prière
Its‘hak supplia Hashem en face de sa femme, car elle était stérile. Hashem l’exauça, et Rivka, sa femme, conçut. (Bereshit 25-21 Début de notre Parasha)
Cette « supplication » de Its‘hak est interprétée par Rashi comme une profusion intense de prières. Pour expliquer ce concept, le Maguid de Douvna indique que selon la procédure en usage dans les palais royaux, ceux qui plaident leur propre cause devant le souverain doivent être aussi brefs que possible. Les discours trop longs ne font que réduire les chances de succès. En revanche, celui qui soutient les prétentions d’un autre peut se permettre d’être beaucoup plus abondant dans son discours. Les justes suivent la même formule dans leurs requêtes devant Hashem. Lorsqu’ils prient pour eux-mêmes, ils sont concis et succincts, mais quand ils implorent pour d’autres, ils s’étendent considérablement.
Celui qui prie pour autrui tout en ayant besoin de la même chose est exaucé en premier, nous enseigne le Talmud (Baba Kama 92a).
Selon le Maguid de Doubno, celui qui prie pour son prochain dispose d’un autre avantage : Etant alors plus abondant dans sa prière, il peut bénéficier lui-même des bienfaits que procurent les longues prières, celles qu’il n’aurait pas osé prononcer pour lui seul.
Telle est la signification de notre verset : Comme il priait pour sa femme, Its‘hak pouvait s’exprimer à profusion. Il en est résulté que Hashem a accueilli sa propre prière, et qu’Il lui a accordé ce dont il avait besoin lui-même.
Le Rashbam interprète ce verset tout à fait différemment. Il interprète l’expression : « en face de sa femme » comme signifiant : « pour le bénéfice de sa femme ». Its‘hak ne s’est jamais inquiété de ne pas pouvoir avoir d’enfants, puisque Hashem avait dit explicitement à Avraham (17-19) : « Tu lui donneras pour nom Its‘hak. J’établirai Mon alliance avec lui, comme alliance perpétuelle pour sa descendance après lui. » Hashem avait ainsi clairement indiqué qu’il n’était pas destiné à rester sans progéniture. Son souci était cependant pour Rivka : Comme rien n’avait jamais été dit à son sujet, il était tout à fait possible que cette révélation divine eût à s’accomplir par une autre femme.
Cette interprétation est explicitement proposée dans le Midrash (Bereshith Rabba 63, 5), qui indique que Its‘hak s’est ainsi adressé à Hashem : « Maître de l’univers ! Puissent tous les fils que Tu me donneras naître de cette femme vertueuse ! » Il était un fait acquis qu’il aurait des enfants ; la seule question était : avec qui ?
Rav Dov Lumbroso-Roth
2. Depuis le ventre de leur mère
Les enfants se bousculaient en elle. Elle dit : « Si c’est ainsi, pourquoi dois je subir cela ! » elle alla consulter Hashem. (Bereshit 25-22)
RASHI : Lorsqu’elle passait devant des lieux d’idolâtrie, ‘Essav poussait pour sortir. Lorsqu’elle passait devant la tente de Shem (lieu de Torah), Ya’akov poussait pour sortir.
Question
Rabbi Issa’har Dov de Beltz demande :
On peut facilement comprendre le désir de ‘Essav à sortir du ventre de sa mère dés qu’elle passait devant des lieux d’idolâtrie, mais pourquoi Ya’akov voulait il sortir dés qu’elle passait devant un lieu de Torah, nos ‘Ha’hamim n’ont-ils pas enseigné dans la Guemara Nidda (30b) : lorsque le fœtus est dans le ventre de sa mère, un ange lui enseigne toute la Torah dans son intégralité ? Pourquoi Ya’akov voulait il donc sortir ?
Réponse 1
Ya’akov Avinou était prêt à renoncer même à l’étude la Torah de la bouche d’un ange, si cela doit lui coûter de résider dans le même environnement que ‘Essav.
Réponse 2
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita explique que Ya’akov Avinou désirait acquérir les connaissances de la Torah par ses propres forces, dans l’effort et la difficulté. Or, la Torah que l’ange enseigne, ne demande aucun effort ni fatigue, et son importance est moins grande, car la Torah ne se trouve pas dans le ciel !
On raconte au sujet du Gaon Rabbi Arieh LEBOUSH (auteur du Shou’t Arieh Debé Il’aï) que même lorsqu’il n’était qu’un enfant, on pouvait déjà reconnaître en lui des signes de piété et des capacités intellectuelles très développées.
Un ‘Ha’ham demanda un jour au petit Arieh :
« Puisque ‘Essav poussait pour sortir du ventre de sa mère dés qu’elle passait devant des lieux d’idolâtrie, pourquoi ne sortait-il pas ? Qu’est ce qui l’empêchait de sortir puisqu’il était placé en premier vers la sortie (car lors de l’accouchement, c’est ‘Essav qui sortit le premier) ? »
Le petit Arieh répondit :
« Il est vrai que ‘Essav désirait fortement sortir du ventre de sa mère dés qu’elle passait près de lieux idolâtres, mais à la dernière minute, il se ravisait : si je sort du ventre de ma mère maintenant – se disait-il – qu’est ce qui empêchera Ya’akov de sortir et d’entrer dans des lieux de Torah ! C’est donc pour cette raison qu’il ne sortit pas, afin d’être sûr que Ya’akov ne se réfugierait pas en entrant dans un Beit Ha-Midrash de Torah ! »
Cette même question fut également posée au Maharal de Prague (Rabbi Leïb Bar Rabbi Betsal’el) lorsqu’il était lui aussi enfant.
Mais Il donna une réponse différente :
« ‘Essav n’avait aucun intérêt ni aucun désir de sortir sans Ya’akov. En effet, qu’est ce que ‘Essav aurait il fait dans un monde aussi vaste sans Ya’akov ? qui aurait il frappé ? A qui aurait il rendu la vie amère ? Sur qui aurait il sortit les pires calomnies ? Sur qui aurait il promulgué les décrets les plus méchants et les plus cruels ? C’est vrai qu’il poussait pour sortir, mais jamais sans Ya’akov ! »
3. « Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? »
‘Essav dit : « Voilà que je suis sur le point de mourir, qu’est ce que peut représenter pour moi le droit aînesse ?! » (Bereshit 25-32)
‘Essav et Ya’akov sont jumeaux, mais ‘Essav est l’aîné. Ya’akov cuisine un plat de lentilles, et en propose à son frère en échange de son droit d’aînesse, qui devait représenter plus tard le privilège pour chaque aîné d’Israël d’assister les Cohanim dans le culte des sacrifices dans le Beit Ha-Mikdash.
Ce jour là, ‘Essav revenait de la chasse, épuisé et affamé également pour avoir accomplit de nombreuses transgressions ce jour là.
Nos maîtres enseignent dans la Guemara Bera’hot (5a) :
On doit toujours mettre en conflit le Yetser Hatov (le bon penchant) et le Yetser Hara’ (le mauvais penchant). Si l’on réussi à le vaincre, tant mieux, sinon, on doit se mettre à étudier la Torah. Si cela suffit pour le vaincre, tant mieux, sinon, on doit lire le Shema’. Si cela suffit pour le vaincre, tant mieux, sinon, on doit lui rappeler le jour de la mort.
L’étude de la Torah a pour propriété d’affaiblir la force du désire de transgresser. Grâce à cela, l’individu peut vaincre son Yetser Hara’.
Si toutefois cela ne suffit pas à soumettre le Yetser Hara’, on doit lire le Shema’ afin d’accepter le joug de la Royauté Divine, et si cela ne suffit pas non plus et que le Satan se mesure encore à l’individu, il doit se rappeler à lui-même le jour de la mort, car lorsque l’homme pense à sa fin, il est certain que cela lui suffira à soumettre le Yetser Hara’, et qu’il accomplira la volonté d’Hashem.
Si l’on observe les versets de notre Parasha, nous restons stupéfaits :
‘Essav se rappelle à lui-même le jour de la mort, qui est un moyen très efficace pour se protéger de la faute, et immédiatement après cela, il dit : « … qu’est ce que peut représenter pour moi le droit aînesse ?! » Qu’est ce que j’ai à faire de tout le culte des aînés et des sacrifices !!
Le même moyen qui sert de remède aux Tsaddikim, « Les Tsaddikim s’en servent pour marcher », fait aussi « trébucher les Resha’im », comme il est dit dans le verset : « Manger et buvez car nous mourrons demain ! » (Isha’ya 22).
Le fait de penser au jour de la mort provoque chez les Resha’im un regain vers les fautes.
‘Essav a échangé le si précieux droit d’aînesse contre quoi ? Contre un plat de lentilles !!!
Comment peut il vendre son droit d’aînesse – le plus haut niveau spirituel qu’il possède – pour une chose si insignifiante !!
Et n’allons pas dire qu’Essav n’était pas conscient de la valeur incommensurable du droit d’aînesse, car il est dit tout de suite après ce verset : Il poussa un cri puissant et amère… « Il a prit mon droit d’aînesse… ». Nous en déduisons qu’Essav connaissait l’importance du droit d’aînesse. Ce cri était tellement puissant que nos maîtres enseignent que bien des siècles plus tard, Morde’haï dû pousser un cri aussi puissant pour effacer l’effet de celui de ‘Essav, comme il est dit dans la Meguila au sujet du cri de Morde’haï lorsqu’il apprit la nouvelle du décret d’extermination promulgué par Haman : Il poussa un cri puissant et amère… afin d’expier la « malhonnêteté » dont avait été victime ‘Essav.
Malgré tout cela, ‘Essav n’hésita pas à perdre son droit d’aînesse, et pourquoi ?
Parce qu’il ne pouvait pas surmonter le désir de manger qu’il ressentait à ce moment précis, et à cause de cette consommation, il perdit une chose éternelle.
La vie est remplie d’épreuves difficiles.
Il n’y a qu’à ouvrir les journaux pour lire différentes propositions alléchantes de vacances dans des endroits qui ne sont pas dignes d’un juif, ou des publicités de restaurants où la Casherout n’est pas observée de façon sérieuse, où la viande n’est pas ‘Halak (Glatt), et malgré cela, on ne prend pas conscience et on se laisse séduire par le plaisir d’un instant, et on perd des niveaux d’éternité.
Mais l’homme dont le cœur est ouvert et qui garde à l’esprit certaines réalités, ne se laisse pas séduire rapidement par la satisfaction d’un instant.
Ya’akov Avinou savait qu’à l’instant où s’emparera de ‘Essav le désir de la nourriture, par un bon plat comme il lui avait préparé, ‘Essav accepterait de renoncer même aux plus haut des niveaux.
C’est pour cela qu’il le séduit et qu’il lui acheta son droit d’aînesse.
Il en est de même pour tout individu.
Même si la chose ne se ressent pas de façon aussi concrète que chez ‘Essav, malgré tout, c’est exactement pareille lorsqu’on se laisse entraîner après l’aspect imaginaire des satisfactions de ce monde, en comparaison à la grandeur de marcher dans le chemin d’Hashem. En définitif, la perte occasionnée sera infiniment grande !
Heureux celui qui sait se préserver, et ne tombe pas dans les plaies du temps !
4. Naïveté rime parfois avec intégrité
La voix est celle de Ya’akov, mais les bras sont ceux de ‘Essav. Il ne le reconnut pas car ses bras étaient poilus comme ceux de ‘Essav, et il le bénit. (Bereshit 27-22)
Its’hak Avinou devenu aveugle et sentant sa fin arriver, demande à ‘Essav son fils d’aller à la chasse et de lui préparer un bon plat, afin qu’il le bénisse. Rivka – ne souhaitant pas voir ‘Essav l’impie bénéficier des bénédictions d’Its’Hak - demande à son fils Ya’akov de prendre la place de son frère. Ya’akov accepte difficilement et se déguise en ‘Essav, puis il se présente devant son père Its’hak avec le plat que Rivka avait cuisiné. Its’hak reconnaît la voix de Ya’akov, mais en le touchant, il pense que c’est ‘Essav puisqu’il a les bras poilus.
Question
Constatant des contradictions puisque la voix est celle de Ya’akov mais les bras sont ceux de ‘Essav, comment ce fait-il qu’Itsa’hak ne s’aperçoit pas d’une tricherie ? Même s’il n’avait que le doute, il aurait dû s’abstenir de donner sa bénédiction jusqu’à qu’il sache de façon certaine à qui il a affaire !
Réponse
Les commentateurs expliquent qu’en réalité, lorsque Its’hak proposa à ‘Essav de le bénir en échange d’un bon plat cuisiné, ‘Essav se doutait que Ya’akov allait prendre sa place en déguisant sa voix comme celle de ‘Essav.
‘Essav passa donc un accord avec son père Its’hak en lui disant que lorsqu’il se présentera devant lui avec le plat, il prendrait la voix de Ya‘akov.
Mais Ya’akov Avinou qui était un homme intègre, vit se réaliser en lui le verset
« C’est la naïveté des justes qui les guides » et lorsqu’il se présenta devant Its’hak, il parla avec sa voix naturelle et ne chercha pas à imiter la voix de ‘Essav.
Ainsi, lorsque Its’hak entendit la voix de Ya’akov (tel qu’ils avaient convenus) et que les bras étaient poilus comme ceux de ‘essav, il n’hésita pas à le bénir.
Shabbat Shalom
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769
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